Je profite d'un petit moment pour vous raconter mon accouchement.
Il faut que je commence mi-juin, à 1 mois et demi du terme: visite chez le gynéco: col dilaté à 1, après deux précédents accouchements avec pas mal d'avance, on me dit de me reposer un maximum (concept que je ne maîtrise pas très bien). Je m'exécute difficilement… Mais refuse tous les touchers vaginaux jusqu'au jour de l'accouchement, j'ai trop peur que ça le fasse travailler plus.
Finalement, à 1 semaine du terme, je suis toujours là avec mon gros bidon! Deux jours avant l'accouchement, je me dis (et je dis ouvertement) que je n'accoucherai plus, ou en tout cas pas avant le terme. Je m'imagine aller à l'hôpital le jour du terme, mais c'est aussi le jour de l'anniversaire de ma grande, et je voudrais que ça soit un jour pour elle, pas pour le bébé...
Je décide donc d'arrêter de me reposer: je fais le ménage, la poussière, récure, bouge les meubles… Le lendemain, rien. Donc je continue: je fais les vitres, étend les lessives… Le lendemain, rien. Je ne m'arrête pas: je fais les courses, j'emmène les enfants à la piscine, au retour on s'arrête commander des pizzas qu'on mange avec des amis. On rentre à 23h, ils annoncent de l'orage pour la nuit.
Le lendemain matin, le papa se lève pour aller au boulot. tiens, on entend le tonnerre. La phrase de ma sage-femme résonne: "il y a plus d'accouchements les jours d'orage, ça a une incidence sur la poche des eaux"...
A 7h, mon loulou me rejoint dans le lit, je me tourne pour lui faire une place… Et je sens un gros "craaac" dans mon ventre, suivi d'une belle contraction et de la sensation d'un liquide qui coule… je me lève jusqu'aux toilettes, constate que non, je ne fais pas pipi, je perds du liquide amniotique.
J'appelle le papa pour lui dire de rappliquer, j'appelle l'amie qui doit garder nos enfants, puis me remets dans le lit pour câliner mon futur grand et lui expliquer que le bébé va arriver… J'essaie de faire de ce moment un moment doux qui restera gravé dans sa mémoire pour toujours mais la seule chose qu'il me dit c'est "moi j'ai une piqûre de moustique là! Regarde mon bouton! Ca graaaaatte!!!!"
Bref, papa arrive, il court comme un fou. je réveille ma grande, puis j'habille les deux grands pendant que le papa leur prépare un sac.
Ils sont tout cools, je les admire d'être aussi détendus alors que j'ai l'impression d'un cataclysme imminent.
Pendant que papa les amène, je prends une douche (et poste sur le forum
). Les contractions sont intenses, régulières, rapprochées, j'essaie de me mettre dans ma bulle, de trouver une position adéquate, le chaud me fait du bien et je gère. Papa rentre, il est hyper tendu, ne comprend pas que je sois encore sous la douche: bulle rompue. Je suis mécontente, le brasse un peu, mais il me dit que je me mettrai dans ma bulle à l'hôpital, pas ici. Il a raison. Il m'aide à m'habiller, et on part. Il est 8h15.
Sur le trajet, je lance le chrono pour vérifier l'intervalle entre les contractions: toutes les 2 minutes
!! Entre chaque, on rigole, je perds encore du liquide ("Put***!!! La nouvelle bagnole!!!
"), on parle d'autre chose… Bref, je suis détendue quand même. Mais il y a pas mal de circulation, vers
8h40, je sens que ça pousse, je ne rigole plus du tout…
On arrive à 8h45, pas de place pour se garer, le papa se gare n'importe comment près de la porte, un type nous fait une réflexion qu'on ne relève pas. On arrive devant l'ascenseur, j'aperçois un monsieur avec un cathéter dans le bras et le goutte à goutte: ma phobie des aiguilles ma rattrape, il y a plein de monde, je ne veux pas de piqûre, soudain j'ai très peur, je voudrais qu'on soit seuls, on rentre dans l'ascenseur et je pleure doucement contre lui...
8h50, on sonne à la porte. il y a une dame qui attend, assise sur une chaise. On reste debout devant la porte, le papa sonne à nouveau: "Bonjour, ma femme a perdu les eaux à 7h ce matin". Erreur suprême. On aurait dû dire: "Vite!!! ça pousse!!!". Je reste accrochée à la sonnette, devant la porte. derrière moi d'autres femmes arrivent. M'en fous, là je galère, je voudrais vraiment qu'on soit seuls le papa et moi. Je reste la tête dans son cou pendant les contractions qui sont de véritables supplices, les bras toujours suspendus à la sonnette.
8h55, on ouvre: "Mais madame, où est votre masque?" Le papa s'énerve d'emblée: "Non mais là elle va accoucher!" S'ensuit une discussion stérile et détestable: "Non mais moi je dois faire respecter les règles…" "oui mais là c'est pas l'urgence…" "Oui mais comment on fait si tout le monde fait comme vous?" "Non mais vous comprenez rien?" Bref, elle finit par lâcher l'affaire mais ne s'occupe toujours pas de moi: "Votre carte vitale? Votre carte de groupe? Votre nom? Votre adresse? votre numéro de téléphone?" Tranquillement attablée pendant que je suis à 4 pattes et que les larmes roulent sur mes joues dans la salle d'examen, elle remplit sa fiche...
Enfin, elle m'examine: "Ah mais vous êtes à dilatation complète!" (grumpfff… Ben oui va
)
9h, je ne sais pas comment, je me retrouve assise sur un fauteuil roulant et la sage-femme court dans le couloir. Drôle de sensation que mes cheveux qui volent dans un couloir d'hôpital… En arrivant, une autre sage-femme est là, je n'écoute pas son nom. Je m'installe sur une table dans une position que j'ai oubliée, suspendue au cou du papa. La seule chose que je veux, c'est garder mon visage enfoui dans son cou. La première sage-femme parle de cathéter. le papa, tout doucement, explique ma phobie… La deuxième sage-femme dit de laisser tomber, qu'il n'y a pas le temps, je la bénis intérieurement… Elle me dit de pousser quand je veux. Mais là je ne veux pas, je ne veux plus. c'est allé trop vite, je ne sais pas où je suis, j'ai pas eu le temps de comprendre ce qui nous arrivait. Je dis "J'ai changé d'avis, je ne veux plus accoucher" Tout le monde rit, et j'ai envie de les égorger.
9h05: en fait, les contractions me font trop mal... Je crois que je suis obligée d'accoucher... Je "poussote" une première fois, j'ai trop peur d'avoir mal. Je sens le bébé qui descend, et je sens que je n'ai pas poussé assez fort, que si je continue comme ça ça risque de durer plus longtemps et de me faire encore plus mal… La sage-femme et le papa m'encouragent, me disent d'aller à mon rythme, de m'écouter, de me faire confiance... Je pousse pour de bon cette fois, deux autres fois (et je mords le papa sans le vouloir!), et à 9h12, mon bébé est sur mon ventre, tout chaud, tout potelé
.
Le reste s'est bien passé, même si j'ai eu très peur lorsqu'il a fallu recoudre la déchirure... Mais la sage-femme a été au top: pas d'injection d'ocytocine et une délivrance qui s'est finalement très bien passée; pour me recoudre elle a pris en compte ma peur des aiguilles et m'a proposé du gaz hilarant pendant que bébé était avec papa (le gaz hilarant, c'est vraiment hilarant: j'ai parlé comme Roseline Bachelot pendant un bon quart d'heure, je me prenais pour une ministre de la culture
). Après coup, elle est revenue en me disant qu'elle avait lu mon projet de naissance, et qu'elle trouvait qu'il avait été très bien respecté, même si elle n'avait pas eu le temps de le lire avant. J'ai été d'accord avec elle, et je l'ai vivement remerciée d'avoir été si écoutée pendant cet accouchement express
On a vraiment eu beaucoup de chance pour finir...