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Vos accouchements

Poupinetteplume

Lactarium
Adhérent(e) LLLF
Une copine m'avait dit que pour un accouchement qui dure moins de 3h, c'était dur pour la maman d'intégrer que ça y est la grossesse est finie et le bébé né. C trop rapide
Ce que tu as vécu le confirme.
J'ai oublié ses sources par contre.
+1
Comme toi @bloom pour mon 2e j’ai mis un temps certain à percuter qu’il était né, que c’était « fini ».
Moins de 2h entre l’arrivée à la mater et la naissance de Crapichou.
Mon sentiment c’est d’avoir un peu été débordée, de ne pas être arrivée à saisir le début du fil à suivre.
Je vais a contrario, vu l'intensité de l'accouchement (1h15 entre le réveil par les CU et la naissance) , je n'ai eu aucun doute sur le fait que c'était fini et bébé né
Au contraire, soulagée que cela soit fini, c'était vraiment trop intense pour moi (malgré un 2eme sans péri avant)

Je rejoins @Maléo, 2h il me semble entre le "j'ai l'impression que c'est du vrai travail" et la naissance, et j'étais pleinement consciente que c'était fait. Et que même je venais de vivre l'accouchement de mes rêves que je n'aurais même jamais oser espérer !
 

Mamandupetitpoulet

Hyperlactation
Adhérent(e) LLLF
Récit numéro 1 : accouchement du Zazou

On commence direct au rdv donné le jour du terme. J’arrive le jeudi à la maternité, je ne connais pas du tout car nous venons de déménager suite à une mutation. Je suis reçue par une SF plutôt sympa, avec de l’expérience, qui m’examine et me propose un décollement des membranes : ça ne marche pas, celles ci sont déjà décollées. Bébé ok, monito ok, écho ok, je peux repartir avec un rdv dans 2 jours, le samedi matin pour recontrôler.



Je sors de là extrêmement déçue. J’ai passé une grossesse affreuse (je mettrais plus tard le nom de dépression sur cet enfer de 9 mois), je veux accoucher mais vraiment mon corps me trolle jusqu’au bout. Jeudi et vendredi, je marche comme je peux en traînant mes 20 kilos supplémentaires, mes jambes gonflées de rétention d’eau et mon moral dans les chaussettes. Je me couche vendredi soir en me disant (comme tous les soirs depuis 1 mois) : peut-être pour ce soir ?



Samedi, 2h du matin, je suis réveillée par une douleur affreuse qui me tord les boyaux, très brève. Je me précipite aux toilettes car je pense que j’ai la diarrhée, mais rien. Il faut savoir qu’on m’avait prévenu que les contractions ressemblaient à des douleurs de règles, mais ayant eu la chance de n’avoir jamais de douleurs pendant mes règles, ça ne m’avançait pas beaucoup. Je retourne me coucher et je me rendors. 2h20, la même douleur, brève, je retourne aux toilettes : cette fois, c’est sûr, j’ai la gastro. Toujours rien, je retourne au lit. Je somnole. 2h40, nouvelle douleur. Mes neurones s’allument enfin : mais est-ce que par hasard ce ne serait pas des contractions …? Par contre c’est censé être léger au début, là ça fait déjà assez mal.



Je passe dans le salon, m’assois sur le ballon mais me contente de sautiller, je ne sais pas quoi faire. Mon mec se réveille, me demande ce qui se passe, je lui réponds que j’ai peut-être des contractions. Je retourne aux toilettes. Nouvelle contraction à 3h, et là ça part en vrille. D’un coup d’un seul, la douleur s’amplifie et passe dans les reins. Je suis surprise, je pensais que c’était au niveau du ventre que j’aurais mal, la douleur dans les reins me paralyse, m’empêche de bouger, ça s’accélère, je ne sais pas quoi faire, « chéri je te jure ça fait vraiment mal ».



Bon le chéri en question appelle la maternité, elle nous rappelle de prendre un bain puis de préparer nos affaires pour venir. S’ensuit 1h30 de vague brouillard. Je vais prendre ma douche, j’ai mal, je finis à 4 pattes. Je passe une robe ample sur ma tête, je me traîne dans la chambre, j’ai mal. Je passe dans le salon, j’ai mal, je vomis. Mon mec a tout préparé et essaye de me faire enfiler des tongs pour aller à la voiture. Je lui jette les tongs à la tête, j’ai mal. Il finit par appeler les pompiers, moi j’ai mal. Les pompiers arrivent à 4h30, ça me fait redescendre de voir 3 inconnus dans mon salon qui me regardent bizarre. Heureusement, la nana pompier a déjà eu 2 enfants et prend les choses en main.



Je pars avec eux dans le camion, je meurs de froid en tongs et robe, je suis prise de gros tremblements qui arrêtent la douleur des contractions. On arrive à l’hôpital en 5 minutes (on habite à côté), je passe en salle de naissance direct à 5h du matin. Je suis déshabillée puis rhabillée en 2 temps 3 mouvements, installée sur le lit, examinée « vous êtes à 7 madame, bravo vous avez bien travaillé. Vous voulez la péri ? » OUI 🙌🏼

J’oublie de dire que la SF m’annonce que j’ai perdu les eaux, ce qui explique pourquoi les douleurs ont pris brusquement de l’ampleur. Par contre j’ai rien senti; il ne devait plus rester beaucoup de liquide. Elle m’annonce aussi que bébé regarde vers les étoiles, et que c’est pour ça que j’ai ressenti la douleur dans le dos.



Une fois la péri posée, 3 couvertures installées sur mon lit car j’ai froid, on se tape une petite sieste réparatrice, je crois que je n’ai jamais aussi bien dormi de ma vie. Les SF passent toutes les 2h : à 7h je suis à 9, à 9h à dilatation complète. Elles laissent 3h au bébé pour descendre.

Vers 11h je sens les douleurs revenir, 11h30 je commence à pousser toute seule en chambre car ça fait mal. Je me débrouille comme un pied. Elles s’installent pour pousser à 11h45, bébé naît à 12h22. Elles étaient à deux doigts d’appeler le gyneco, mais j’ai réussi à le sortir avant.



Déjà, là, beaucoup se joue pour moi. De 1, je ne suis plus enceinte. Ça y est, la grossesse est terminée, j’y suis arrivée, j’ai survécu. De 2, ce corps difforme, gros, handicapant, incapable, douloureux que je me suis traîné pendant 9 longs mois, a réussi un exploit que je considérais impossible. Dépasser une douleur comme je n’en avais jamais connue, se canaliser pendant la pose de la péridurale, pousser pendant quasiment 1h pour expulser mon bébé. Mon accouchement m’a immédiatement réconcilié avec mon corps, et pour la première fois depuis 9 mois je suis fière de moi.



Il reste toutefois un gros morceau à régler. Pendant cette grossesse, je me suis persuadée que ce bébé ne m’aimerait pas. Qu’il avait lu dans mes pensées, qu’il ne voudrait pas d’une mère dépressive et bonne à rien. Et puis de toute façon, je serais incapable de m’en occuper, incapable de l’aimer, rien n’irait pour nous.



Me revoilà donc sur ce lit, mon mec qui parle/sanglote dans mon oreille gauche, un bébé qui hurle dans mon oreille droite, l’auxiliaire qui s’agite partout dans la salle et la SF et son étudiante qui regardent entre mes jambes et se demandent pourquoi le placenta ne vient pas. Je suis sonnée. Je sens que le bébé glisse dans mon cou, mais je n’ose pas le toucher, alors je demande à l’auxiliaire. Elle décide de l’installer dans le creux de mon bras pour qu’on puisse se voir.



Et là. Je croise les yeux de mon bébé, qui arrête immédiatement de pleurer, et me regarde avec ses yeux grands ouverts. Tout calme. Il m’a reconnu. On s’est reconnus. Ce premier regard a sauvé ma maternité.

Il m’a reconnu, sans même que j’ai besoin de parler, juste en me regardant. Ça veut dire qu’il sait qui je suis, qu’un lien s’est bel et bien tissé pendant cette grossesse chaotique. Il a arrêté de pleurer, donc je peux le calmer. Je suis en capacité de faire quelque chose pour ce bébé. Et on se regarde comme ça, un instant qui restera grave à tout jamais dans ma mémoire. Et je commence à lui parler, et il m’écoute, avec toujours ce regard observateur si particulier qu’il a encore aujourd’hui.



J’ai mon bébé dans les bras, et tout va bien. J’ai accouché comme une reine (à mon humble opinion) et j’ai eu le bliss, cette vague d’amour immédiate qui m’a emporté. La grossesse est déjà un lointain mauvais souvenir, c’est oublié maintenant que ce petit bonhomme est arrivé.



Demain, Zazou va avoir 2 ans et demi. Et vu comment on a commencé tous les 2, je peux dire aujourd’hui qu’on forme une bien belle équipe 🥰
 

Pangolin

Hyperlactation
Adhérent(e) LLLF
Merci @Mamandupetitpoulet.
Cela fait des mois que je n'ose pas lire ce fil, qui remue trop de trucs en moi. Ton témoignage est un des premiers que je lis, et c'est magnifique 🥰
Exactement ce dont j'avais besoin, savoir qu'on peut bien vivre son accouchement même quand ce n'est pas l'accouchement dont on aurait rêvé (une heure de poussée quand même!), et même quand on a eu une grossesse pourrie.
Je vais peut-être finir par oser en lire d'autres.
 

Carine2597

Colostrum
Bonjour à toutes,
Voici mon récit d'accouchement d'il y a quelques mois.
Tout commence à 3h du matin ou j'ai commencé à avoir pas mal de contractions rapproché comparé à la veille, je dis à mon mari de ce lever et de commencer à prendre les bagages, pendant ce temps je me prends une bonne douche, je vois que ça me fait du bien mais que je sent que ça accélére, je monte dans la voiture (ont a 25min de routes jusqu'à la maternitée) et je commence à souffrir et j'avais envie de pousser naturellement quand j'ai senti le bouchon muqueux (exploser) , je dis à mon mari tkt continue je gère, j'étais en suenceur et j'avais tellement mal que la seule chose est que j'avais envie qu'il sorte. Par chance je m'étais mise en robe et à 3h35 du matin je dis à mon mari STOP!!! Je commence à sentir que bébé descend, je fais quelques poussé et je commence à sentir ça tête. En panique mon mari appel le 18 et pendant ce temps là il c'était garé en bordure de forêt. Même pas 5min plus tard quesque je sens venir mon petit bébé 🥺🥰 . Mon petit Mathieu est donc née au milieu de la route le 17/02/24 et une foie les pompiers arrivée tout le monde étais heureux 😌
 

Masylasw

Lactarium
Adhérent(e) LLLF
Bonjour à toutes,
Voici mon récit d'accouchement d'il y a quelques mois.
Tout commence à 3h du matin ou j'ai commencé à avoir pas mal de contractions rapproché comparé à la veille, je dis à mon mari de ce lever et de commencer à prendre les bagages, pendant ce temps je me prends une bonne douche, je vois que ça me fait du bien mais que je sent que ça accélére, je monte dans la voiture (ont a 25min de routes jusqu'à la maternitée) et je commence à souffrir et j'avais envie de pousser naturellement quand j'ai senti le bouchon muqueux (exploser) , je dis à mon mari tkt continue je gère, j'étais en suenceur et j'avais tellement mal que la seule chose est que j'avais envie qu'il sorte. Par chance je m'étais mise en robe et à 3h35 du matin je dis à mon mari STOP!!! Je commence à sentir que bébé descend, je fais quelques poussé et je commence à sentir ça tête. En panique mon mari appel le 18 et pendant ce temps là il c'était garé en bordure de forêt. Même pas 5min plus tard quesque je sens venir mon petit bébé 🥺🥰 . Mon petit Mathieu est donc née au milieu de la route le 17/02/24 et une foie les pompiers arrivée tout le monde étais heureux 😌
Woow!
Alors là chapeau madame :jap: :pom pom:
C’était le timing, point !

Personne pour perturber ce moment, je suis fan. Bon j’imagine que ça devait être légèrement flippant quand même…
 

MmeMarguerite

Fontaine de lait
Bonjour à toutes,
Voici mon récit d'accouchement d'il y a quelques mois.
Tout commence à 3h du matin ou j'ai commencé à avoir pas mal de contractions rapproché comparé à la veille, je dis à mon mari de ce lever et de commencer à prendre les bagages, pendant ce temps je me prends une bonne douche, je vois que ça me fait du bien mais que je sent que ça accélére, je monte dans la voiture (ont a 25min de routes jusqu'à la maternitée) et je commence à souffrir et j'avais envie de pousser naturellement quand j'ai senti le bouchon muqueux (exploser) , je dis à mon mari tkt continue je gère, j'étais en suenceur et j'avais tellement mal que la seule chose est que j'avais envie qu'il sorte. Par chance je m'étais mise en robe et à 3h35 du matin je dis à mon mari STOP!!! Je commence à sentir que bébé descend, je fais quelques poussé et je commence à sentir ça tête. En panique mon mari appel le 18 et pendant ce temps là il c'était garé en bordure de forêt. Même pas 5min plus tard quesque je sens venir mon petit bébé 🥺🥰 . Mon petit Mathieu est donc née au milieu de la route le 17/02/24 et une foie les pompiers arrivée tout le monde étais heureux 😌
Wahou !! Quelle sang froid tu as eu !!
Impressionnant !
 

cosmic_b

Montée de lait
Adhérent(e) LLLF
C'était il y a 3 mois et je ne me lasse pas de le raconter !
Je commencerai par dire que j'ai eu une grossesse idyllique, avec un suivi au top du top en maison de naissance. Alors malgré ma tendance à l'anxiété, j'étais plutôt sereine en l'imaginant.
Le terme était prévu pour le 7 février mais dans ma tête, Bébé (dont on ne connaissait pas le sexe) arriverait le 2, comme mon grand père, avec début du travail le 1er.
Le 1er fevrier donc, je passe ma journée au potager, comme d'habitude. Je sens bien quelques contractions mais j'ai un gros chantier d'irrigation que je veux terminer. Et puis les contractions ce mois ci, c'est pas ce qui manque...
Vers 16h30 je termine mes branchements et me cache derrière un arbre pour faire pipi. Tiens tiens, ça ressemble bien à un bouchon muqueux ce truc dans ma culotte !
Je préviens mon amoureux que j'ai terminé, que j'ai mal au dos, que je vais rentrer par mesure de précaution parce que même si on peut perdre le bouchon bien longtemps avant l'accouchement, la petite sonnette d'alarme dans ma tête est bien présente. Mais je lui dis aussi qu'il peut prendre son temps, pour terminer ce qu'il avait commencé, qu'il n'y a rien d'urgent.
Arrivée dans la voiture je commence à comprendre que quand même, quelque chose est en train de se passer. Durant les 15 minutes de trajet jusqu'à la maison je ne pense plus qu'à une chose : prendre un bain chaud pour voir si les contractions se calment, et aussi aller vérifier l'état de mon col avec mes doigts.
C'est ce que je fais en arrivant. Les contractions ne passent pas. Je mets les doigts et je sens que c'est dur au fond, pas comme d'habitude, avec un bourrelet tout autour. Évidemment je suis pas experte, il faudrait que j'appelle la sage femme. Allez, je sors du bain ! Et là OUPS une petite flaque sur le tapis, pas grand chose, mais un peu de sang dedans quand même, et puis c'est déjà une nouvelle contraction ça ? La dernière date de même pas 5 minutes, c'est trop rapproché, ça va pas, comment on va faire pour rouler plus d'une heure jusqu'à la maison de naissance ?
Non non non, calme toi, appelle la sage femme, appelle le chéri, tout va bien.
Évidemment entre deux contractions je suis parfaitement moi-même donc la sage femme ne me prend pas vraiment au sérieux "à ta voix je pense qu'on a le temps donc trouvez votre petit Airbnb, dirigez vous par ici et quand vous êtes installés on se rappelle"
Le chéri rentre en catastrophe, tout sale du potager, et me trouve accroupie dans la chambre en train d'essayer de réserver un hôtel pour la nuit, il est déjà 18h donc difficile de réserver un Airbnb
--pause-- je précise un peu cette histoire d'hôtel et d'airbnb pour celleux qui ne connaîtraient pas le fonctionnement des maisons de naissance : en fait on ne dort pas sur place, une fois l'accouchement terminé si tout va bien on rentre chez soi et le suivi post partum se fait à domicile, mais quand on vit loin de la maison de naissance, il est conseillé de prendre un logement pour 3 ou 4 jours afin que la sage femme puisse assurer le suivi. --fin de la pause--
L'amoureux prend les choses en main, il nous trouve un hôtel avec baignoire à 2 pas de la maison de naissance, prépare une glacière avec des snacks, de l'eau, et la montagne de crêpes qu'on avait faites le matin même, pendant que je finis tant bien que mal de me préparer, il est 19h je monte péniblement dans la voiture "Attends il faut que j'arrose les semis, on va être absents 4 jours"
Je râle dans ma barbe, je vais quand même pas accoucher sur la route pour 3 semis ?
On est enfin partis ! La position semi-allongée dans la voiture est la pire, je me mets à beugler toutes les 5 minutes, mon amoureux en pleure tellement il est décontenancé par la violence et la rapidité du truc, il est pratiquement 21h quand on arrive à l'hôtel. Là il faut la jouer fine, je vais pas m'écrouler et hurler dans le hall, donc il part seul récupérer les clefs de la chambre et repérer le trajet, puis revient me chercher. On attend la prochaine contraction et on y va, vite vite !!
Enfin dans la chambre. Ça pue la cigarette mais tant pis. Il fait couler un bain, les 3 premières contractions dans l'eau sont un soulagement, je mange une banane en prévision du marathon. Et puis soudain, l'eau chaude ne fait plus de bien, ou alors c'est cette fichue position sur le dos, oh punaise, CA POUSSE ! Je veux pas accoucher là, dans une chambre d'hôtel qui pue la clope, vite vite appelle la sage femme !
"Elle file à la maison de naissance préparer la chambre, elle nous rappelle quand tout est prêt"
Je sors de l'eau, du sang sur le tapis, sur la serviette, tant pis. Je beugle toujours à intervalles réguliers, je ris un peu entre deux en pensant à nos voisins de chambre qui doivent sérieusement se questionner !
Je roule sur le lit même pas défait, aucune position ne me soulage, je m'accroupis au sol, punaise ça pousse ! Les minutes s'allongent comme des heures, enfin la sage femme rappelle ! A nouveau, il faut être prudents pour traverser le hall sans que je m'écroule au milieu. Les gens de l'accueil nous regardent bizarrement.
La voiture, la torture. Mais déjà, je m'endors entre 2 contractions.
22h30 nous arrivons à la maison de naissance, enfin ! Le stress retombe, ça y est je suis en sécurité ! Ça y est je retrouve mes repères. La sage femme qui m'a suivie ces derniers mois, la lumière tamisée de la chambre orange, la stagiaire rencontrée au dernier rendez vous. Tout va bien. Par terre, devant le lit, il y a un matelas couvert d'alaises jetables
"Tu fais comme tu le sens, tu t'installes comme tu te sens bien"
Je me déshabille, vite vite avant la prochaine contraction, et puis je tombe au sol, prête à faire mon travail.
Ça pousse, de plus en plus. Je suis à quatre pattes, et entre chaque contraction je me jette en avant sur les oreillers que mon chéri a à peine le temps de glisser entre mon front et le sol. Magistral, il jongle entre oreillers, verre d'eau, fruits secs, banane, petites blagues, mais je suis déjà dans l'autre monde.
"Je vais me déchirer ça brûle"
"Mais non tu vas pas te déchirer, tu veux que Cyril te mette un gant mouillé sur le périnée quand tu pousses ?"
"Ok"
Certes, je suis très lucide sur ma position et l'angle de vue de mon chéri désormais derrière moi en train de me rafraîchir la pépette, mais ça n'a plus vraiment d'importance, et je n'ai pas envie de m'encombrer l'esprit avec cette pensée. Allez hop, au rebut ! Est ce que c'est du caca sur mon pied ? Probablement. Bon j'étais prévenue. Allez, au rebut aussi. On se concentre sur cette boule énorme que je sens avancer.
"Ça fait une grosse boule là, c'est gros, t'es sûre que je vais pas me déchirer ?"
"C'est la tête de ton bébé, tu veux aller toucher ?"
Doucement, un peu apeurée, je touche cette masse
"Non mais c'est pas la tête du bébé, c'est à moi ce que je touche, tu veux pas aller voir s'il te plaît ça me rassurerait"
"OK je vais mettre ma main, c'est bon pour toi ?"
"Vas y"
"Si si c'est la tête de ton bébé. Tu sais ce qu'on peut faire ? Tiens Cyril passe derrière elle et assieds toi sur le lit, comme ça elle peut s'accrocher à tes jambes. Je vais mettre un miroir comme ça tu vois ce que tu fais d'accord ?"
"Ok"
Et là, accroupie, suspendue aux genoux de mon chéri, je vois sous moi cette boule de cheveux qui commence à apparaître. Avec chaque contraction elle sort, puis rentre à nouveau quand la contraction passe. C'est le moment de tout donner, alors j'y vais. Une fois la tête passée, on m'a expliqué que j'aurai un temps de répit avant les épaules alors je peux le faire, je sais que je peux.
Je pousse, et je vois cette boule de cheveux qui grossit, plus rien n'existe que le reflet du miroir placé sous moi, et puis plif plaf plof mon bébé dégouline de moi, et les sage femmes jusque là calmes et discrètes s'affairent autour comme des petites fourmis, elles frictionnent, elles remplacent les alèses, et bébé pleure et moi aussi, et Cyril aussi, et je prends cette petite chose contre moi pour la réchauffer et puis quelqu'un demande
"Alors, finalement, fille ou garçon ?"
Il est 00h11, et je leur dis :
"On vous présente Inès"

Quelques minutes plus tard, Cyril coupe le cordon un peu court pour que je puisse délivrer le placenta dont on prendra l'empreinte sur une feuille A3, magnifique arbre de vie.
Puis tétée d'accueil, vérification que tout se passe bien, on mange quelques crepes et puis enfin la sage femme prononce les mots magiques : "il est déjà 2h du matin, vous pouvez dormir ici quelques heures, demain je reviens vers 10h" entre la chambre d'hôtel qui pue et mon cocon d'ocytocine le choix est vite fait !

Bien sûr je ne dors pas de la nuit, bien sûr. Vers 7h je partage une autre crepe avec la femme de ménage. Et puis on file. Il faut repasser par l'hôtel rendre les clefs et récupérer le chargeur que Cyril a oublié. Moi je reste dans la voiture avec bébé. On rira encore longtemps de s'imaginer leur point de vue à eux : "ils sont arrivés à deux Mr l'Agent, elle a beuglé une heure et ils sont repartis. Il est revenu tout seul et tout ce qu'ils ont laissé c'est du sang sur le tapis... elle, on ne l'a jamais revue"

Le reste, c'est l'histoire en train de s'écrire... mais je l'avais bien dit qu'elle naîtrait le 2 !
 
Dernière édition:

Framboisine

Voie lactée
Adhérent(e) LLLF
Bravo et félicitations @cosmic_b pour cet accouchement rondement mené 💪🥰

Je beugle toujours à intervalles réguliers, je ris un peu entre deux en pensant à nos voisins de chambre qui doivent sérieusement se questionner !
C clair qu'en dehors du contexte de la maternité ils ont dû se demander ce qu'il se passait !

Pendant mon 1er accouchement, 2-3h avant d'accoucher, on entendait une femme crier fort dans une salle à côté, c t impressionnant vu de l'extérieur. On s'est regardé avec mon mari, interloqués et en se demandant à quelle sauce j'allais être mangée 😅
G dû faire peur à qqs femmes aussi au moment d'accoucher s'il y en avait en travail dans les salles à côté...
 

Sekhmet

Modératrice
Adhérent(e) LLLF
On rira encore longtemps de s'imaginer leur point de vue à eux : "ils sont arrivés à deux Mr l'Agent, elle a beuglé une heure et ils sont repartis. Il est revenu tout seul et tout ce qu'ils ont laissé c'est du sang sur le tapis... elle, on ne l'a jamais revue"
Franchement je rigolerais bien de les rappeler un peu plus tard pour leur demander xD

Magnifique récit <3 Vous avez géré :)
 
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