Bon bon bon, me revoici pour le rĂ©cit de lâaccouchement tout tranquille du gros pĂ©pĂšre (qui porte donc bien son nom).
CâĂ©tait une grossesse un peu plus simple que la prĂ©cĂ©dente niveau moral, sans aucun souci physique. Beaucoup de monde sâinquiĂ©tait de me voir accoucher prĂ©maturĂ©ment (alors que je nâai jamais eu la moindre alerte ou contraction pendant la grossesse), et câest donc avec un fort esprit de contradiction que jâai retenu mon bĂ©bĂ© jusquâau jour du terme.
Jâavais Ă nouveau trĂšs hĂąte dâaccoucher pour ĂȘtre dĂ©barrassĂ©e de cet Ă©tat de grossesse que je ne supporte pas, et surtout pouvoir revivre ce moment, car jâadore accoucher. Nous avions travaillĂ© avec ma SF sur comment gĂ©rer les contractions, car câĂ©tait cela qui mâavait fait dĂ©faut pour le premier, jâĂ©tais restĂ©e paralysĂ©e par la douleur. Jâenvisageais un accouchement sans pĂ©ridurale, mais sans grande conviction
A noter Ă©galement que je connaissais trĂšs bien la maternitĂ© dans laquelle jâavais prĂ©vu dâaccoucher : une petite maternitĂ© de niveau 1, Ă 30 minutes de chez moi (mais ça valait vraiment le coup de faire ce trajet supplĂ©mentaire), dans laquelle jâavais fait un stage de 2 mois au cours de lâĂ©tĂ© (jâĂ©tais donc enceinte de 4-5 mois). Je connaissais toute lâĂ©quipe, les SF et les auxiliaire, les locaux, le fonctionnement, et jâavais eu lâextraordinaire opportunitĂ© dâassister Ă 3 accouchements au cours de mon stage. JâĂ©tais en terrain connu.
La grossesse se dĂ©roule donc bien, sans aucune contraction. DĂšs le rdv du 9eme mois, mon col est ouvert Ă 2 et bĂ©bĂ© appuie bien dessus. La SF me donne le rdv du terme mais sans conviction, persuadĂ©e que je vais accoucher avant. RatĂ© ! Je me prĂ©sente donc Ă la maternitĂ© le jour du terme, Ă 8h30. Jâai dĂ©posĂ© mon Zazou Ă la crĂšche Ă lâouverture, prĂ©venu sa rĂ©fĂ©rente que jâallais faire un check-up Ă la mater et que je reviendrais le chercher le soir. Jâavais quand mĂȘme pris mon sac de maternitĂ© au cas oĂč.
Je suis accueillie Ă la mater par une SF que je connais et que jâaime bien, ainsi que son Ă©tudiante. Je fais un monito, nickel, lâĂ©tudiante mâexamine. Le col est toujours ouvert Ă 2, voire 3, bĂ©bĂ© appuie bien mais aucune contraction. Jâaccepte un dĂ©collement des membranes, pas si douloureux que prĂ©vu. Elles sortent de la piĂšce en me disant que cela se dĂ©clenchera sĂ»rement le lendemain, que tout se passe bien. Je dois revenir dans 2 jours pour un contrĂŽle, on fait juste lâĂ©cho de contrĂŽle et je peux rentrer chez moi.
Le gynĂ©co arrive, blablate gentiment, me donne lâestimation du poids du bĂ©bĂ©, regarde son cĆur qui va bien, puis je vois quâil ne dit plus rien et insiste Ă plusieurs endroits sur lâĂ©cho. Je sais ce quâil cherche, je lui demande donc sâil y a toujours du liquide. Il continue Ă chercher, puis prend toutes ses prĂ©cautions pour me dire que non, il nây en a plus assez, et que dans ces conditions, ils ne peuvent pas me laisser rentrer chez moi, le bĂ©bĂ© va bien mais on ne peut pas laisser durer la situation.
Je comprends donc quâil cherche Ă me prĂ©parer Ă un dĂ©clenchement. Il me demande si je suis ok avec ça, je le « rassure » tout de suite en disant que ça me va parfaitement, le plus important câest dâavoir un bĂ©bĂ© en bonne santĂ© Ă la fin, peu importe la mĂ©thode. Il va prĂ©venir la SF de garde et son Ă©tudiante.
Pendant ce temps jâavertis mon mec (il doit se faire dĂ©poser par ses parents puisque jâai pris la voiture pour aller Ă ce rdv), ma mĂšre, 2 copines Ă qui je pose la question qui me taraude : mais si on me dĂ©clenche, ça va ĂȘtre chaud patate de le faire sans pĂ©ri non ? Ma copine trouve les mots quâil faut : « tu as eu tellement mal et ça sâest passĂ© tellement vite pour Zazou que câest comme si tu avais dĂ©jĂ vĂ©cu un dĂ©clenchement, tu connais et ton corps aussi. Tu peux tenter si tu veux ».
La SF revient avec son Ă©tudiante, et mâannonce quâau vu de la dilatation de mon col, je vais ĂȘtre dĂ©clenchĂ©e par une perf dâocytocine et quâon va sâinstaller direct en salle dâaccouchement. Je suis suprise, mes affaires sont dans la voiture, mon mec nâest pas lĂ , mais elles me rassurent en disant que je ne vais pas accoucher dans la minute.
Elles me demandent quel est mon projet dâaccouchement, je dis que je voudrais essayer sans pĂ©ri. Aucun problĂšme pour elles, elles mâaident Ă enfiler la blouse, me mettent la perf dans le bras et me donnent un ballon sur lequel mâassoir. Puis elles repartent. Il est 10h30. LĂ câest trĂšs Ă©trange, je suis dans une piĂšce froide, aucune contraction, assise sur un ballon, seule, et jâai un peu de mal Ă intĂ©grer que ça y est câest maintenant. En mĂȘme temps, je suis soulagĂ©e dâĂȘtre prise en charge par le corps mĂ©dical, je me sens bien.
Mon mec finit par arriver Ă 11h, il sâassoit tranquille, « ça y est câest pour bientĂŽt ? », lui aussi Ă un peu de mal Ă conscientiser le truc, mais on se fait tranquillement Ă lâidĂ©e. Je suis la seule Ă accoucher ce jour, donc on est Ă la cool avec les SF. LâĂ©tudiante SF repasse vers 12h, le monito dit que jâai 3 contractions toutes les 10 minutes, je ne les sens pas, lâĂ©tudiante est surprise car ça avance bien.
Vers 12h30, ça y est, je sens les contractions. Câest lĂ©ger, mais ça arrive. Comme un petit chatouillis dans le bas ventre. 13h : je commence Ă souffler Ă chaque contraction comme me lâa appris ma SF, en 3 inspirations la contraction est terminĂ©e, ça mâaide. La douleur est facile Ă supporter.
13h30 : les SF demandent si je veux ĂȘtre examinĂ©e, je suis Ă 4 cm. Je pars aux toilettes entre 2 contractions, mon mec les chronomĂštre car le monito les enregistre mal. Je reviens des toilettes, je commence Ă avoir vraiment mal. Mon mec me demande si les contractions ne se sont pas rapprochĂ©es, on compte grĂące Ă lâhorloge et effectivement environ 1 minute entre chaque.
Je souffle, mais la douleur commence Ă ĂȘtre trĂšs intense. Je suis Ă 4 pattes par terre, appuyĂ©e sur le bord du lit. Je souffle toujours Ă chaque contraction, je tiens 2 inspirations mais je perds les pedales sur la 3eme, ca fait trop mal. Jâai le temps de relever la tĂȘte pour regarder mon mec entre chaque, il finit par appeler les SF.
14h : elles proposent de me rĂ©examiner, je suis Ă 7 cm. Là ça fait tilt dans mon cerveau, jâĂ©tais Ă 7 quand je suis arrivĂ©e Ă la mater pour accoucher de Zazou, je connais cette douleur mais jâai pas envie dâaller au delĂ , je ne mâen sens pas capable. Je demande la pĂ©ri. LâanesthĂ©siste arrive vite mais met 1.000 ans Ă se prĂ©parer, je suis assise au bord du lit, je douille. 14h30 pĂ©ri posĂ©e, la SF me rĂ©examine je suis Ă 9.
La pĂ©ri met un bout de temps Ă faire effet, on peut la doser soi-mĂȘme donc je rappuie sur le bouton 1 ou 2 fois, mais je nâose pas plus. Au final, au bout de 15 minutes, la pĂ©ri fait effet, je ne sens plus rien. Je suis soulagĂ©e, bien couverte, je mâautorise Ă somnoler. Le gynĂ©co qui avait demandĂ© le dĂ©clenchement repasse me voir pour prendre des nouvelles (je rappelle que je suis la seule Ă accoucher, il a le temps), voit le monitoring et sâexclame « ah mais vous ĂȘtes Ă 9, vous nâavez pas besoin de moi » et repars.
LâĂ©tudiante SF passe me voir plus tard, me demande comment jâenvisage la poussĂ©e. Je lui explique que pour lâaccouchement de Zazou, jâavais mis trĂšs longtemps Ă pousser, que jâai un peu peur de ne pas rĂ©ussir Ă nouveau et que je souhaiterai quâelles me laissent dâabord pousser un peu seule avant de compter les 20 minutes. Elle acquiesce.
Plus tard, nouvel examen, bĂ©bĂ© est bien engagĂ©, on peut commencer la poussĂ©e. Il doit ĂȘtre 16h30 ? Elles sâinstallent en papotant, on rigole, me demande de mettre les pieds dans les Ă©triers et lĂ on se rend compte que je ne peux plus soulever la jambe gauche. Oups, la pĂ©ri a Ă©tĂ© trop dosĂ©e ! La SF pose ses doigts sur mon col ou la tĂȘte du bĂ©bĂ©, en me demandant si je sens ses doigts. Non. Elle me rĂ©pond penaude que câĂ©tait Ă cet endroit quâil fallait diriger la poussĂ©e. Bon on fera sans sensation, jâessaie dĂ©jĂ de ressentir les contractions mais câest pas vraiment ça.
16h45: dĂ©but de la poussĂ©e. 1er cycle, jâentends lâĂ©tudiante SF mâencourager « câest trĂšs bien ce que vous faites, continuez ». Sur les 3 accouchements que jâavais vu + le prĂ©cĂ©dent mien, je savais que les SF encouragent toujours la maman comme si elle allait accoucher dans la seconde, mĂȘme si cela nâĂ©tait pas du tout le cas. Je mets la voix de la SF de cĂŽtĂ©, garde les yeux fermĂ©s et continue de pousser.
2Ăšme cycle de poussĂ©e : « il descend bien votre bĂ©bĂ©, câest bien continuez ».
16h49. 3Ăšme cycle de poussĂ©e : « ça y est arrĂȘtez de pousser, il est lĂ votre bĂ©bĂ© ! » Euh⊠quoi ?


Je ne sens rien, jâouvre les yeux, regarde mon mec, lui demande si câest une blague. Lui : « ah non non pas du tout, je vois la tĂȘte ».
Et câest lĂ quâon me pose un gros bĂ©bĂ© tout violacĂ© sur le ventre. Jâai rien compris, Chouchou non plus car il a mis un peu de temps Ă atterrir et crier, et puis jâai voulu le prendre un peu mieux quand tout Ă coup : « monsieur, vous allez prendre le bĂ©bĂ© en peau Ă peau. Madame, nous allons devoir vous faire une rĂ©vision utĂ©rine la membrane de la poche des eaux nâa pas Ă©tĂ© expulsĂ©e ». Argh. On rappelle lâanesthĂ©siste pour rajouter une dose dâanesthĂ©siants. On attend 10 minutes. La SF est toute prĂ©cautionneuse, elle insĂšre sa main petit Ă petit, et câest lĂ que je remercie lâanesthĂ©siste pour la pĂ©ri bien chargĂ©e car je nâai absolument rien senti.
Une fois la révision utérine terminée, je récupÚre mon gros pépÚre et je le mets au sein. Il prend super bien puis se rendort. Déjà le futur bébé cool et calme dont on a eu la chance de faire la rencontre

. On est raccompagnĂ©s en chambre par la SF et le gynĂ©cologue qui devait bien sâennuyer et avait dĂ©cidĂ© de papoter un peu, et puis câĂ©tait parti

Edit : câest super long dĂ©solĂ©e, mais je veux vraiment tout me rappeler
