J'ai le droit d'écrire un pavé ?
J'ai eu la chance d'accoucher dans un hôpital ami des bébés, avec une super sage-femme qui m'a aidé à aller au bout de mon projet sans me laisser craquer...
Pour celles qui veulent zapper les 36-40 heures de (pré)travail, merci d'aller en dessous des
Parce que dis donc, la fatigue des 40h de travail m'a fait craquer plusieurs fois....
J'avais le projet de commencer sans péridurale puis on verrait, parce que je me disais "je ne vais pas choisir maintenant de m'enlever une douleur que je ne connais même... Je veux attendre de voir ce que c'est que cette douleur pour choisir à ce moment-là"...
Donc 25 décembre, après les fêtes où je me suis démené pour que tout se passe bien, je commence à avoir des contractions intenses (habituel depuis le début du 6e mois, mais quand même, là, quelque chose me dit de regarder l'heure.. Tous les quarts d'heure, puis toutes les 10min, puis toutes les 8 min....)
On se couche, dernier câlin à deux
. 1h du matin, ça commence à devenir légèrement douloureux, je réveille mon mari, excitée comme une puce et lui dit que c'est pour bientôt, qu'on a encore le temps mais que c'est douloureux pour la première fois. Lui, overexcited ("j'vais être un daaaaaron") se relève avec moi, et on passe la nuit devant la télé comme des gamins à rigoler et bouffer des crasses (je me rappelle du cordon bleu ketchup à 3h30 du mat' on est vraiment des imbéciles
) très. mauvaise. idée. de ne pas dormir tant qu'on le peut encore
A 4h ça s'intensifie. Mon mari va se reposer un peu, je gère et j'appelle la maternité car même si ça reste supportable c'est toutes les 4 minutes. On me dit de ne pas partir tant que je peux discuter pendant une contraction. À 5h30 je ne peux clairement plus tenir une contraction tranquille et c'est toutes les 3 minutes, je réveille mon mari parce qu'on a quand même 30 minutes de trajet.
J'ai peur d'accoucher dans la voiture (ha. ha. ha...)
On se gare loin, la marche intensifie les contractions, on arrive aux urgences de la maternité, bon accueil on me demande d'évaluer la douleur je dis 6 ou 7 (ha.ha.ha quand on n'a pas encore connu la suite..) et là.... "beeeen vous êtes à 1.... allez marcher un peu dans le quartier et revenez quand c'est plus intense....." la douche froide...
On traverse les petites rues de long en large, s'arrête pour prendre un petit déjeuner, marche et marche et marche... Chaque contraction me demande un effort qui me fait m'accroupir, toutes les 3-4 min toujours.
Retour maternité vers 11h30............. 1 cm.
"si vous voulez vous pouvez rentrer chez vous, ça n'a pas l'air d'être pour tout de suite" vexation intense.
Journée chaotique entre montées/descentes d'escaliers et ballon, les contractions ne sont plus aussi régulières mais toujours très intenses, de plus en plus. Je rentre dans une bulle de douleur dès le début d'après-midi et n'en sors plus.
En bonne obsessionnelle vexée comme un poux d'avoir été renvoyée chez moi, je note chaque heure de fin de contraction et chaque intervalle entre deux contractions sur une longue, très loooongue liste sur mon téléphone.
Mon mari dort dans le canap, j'essaie de me reposer et note les contractions intenses, de plus en plus intenses. À partir de 22h je crois je commence le chant prénatal. Ça m'aide. Je crois que je somnole un peu parfois parce qu'il y a 3 fois dans la nuit des intervalles de 20 à 35 min entre deux prises de note. Sinon je note. Toutes les 9 min. Toutes les 8 min. Toutes les 5 min. 4h je tiendrai
je ne retournerai pas à la maternité si ce n'est pas pour accoucher. Pourquoi pas un bain ? Ça fait du bien. J'ajoute régulièrement de l'eau chaude le travail continue. Je sors du bain à 7h, excédée par l'eau (quelle idée d'y rester si longtemps) oh purée
ça devient intense. Je m'accroche au lavabo pour tenir les contractions qui descendent jusque dans les genoux. Toutes les 4 min. Toutes les 3 min.
Je tiendrai
8h je décide de reprendre une douche et vérifie mon col vite fait
c'est quoi ce col tout chelou oh purée mais il est ouvert nan oh purée mais je vais accoucher oh purée "réveille toaaaaa on y vaaaa"
Mon dieu que le trajet en voiture me paraît long. Arrêt minute devant les urgences, mon mari veut aller garer la voiture dès qu'une infirmière m'accueille je pleure "naaaan je ne veux pas accoucher sans toaaaa" il file l'infirmière m'accompagne elle me dit ça a l'air d'être pour bientôt ? Je lui montre la PREUVE avec ma liste de folle sur mon téléphone "ça va aller madame, ah oui vous avez bien noté... Bravo.. Non non j'ai pas besoin que vous me l'envoyiez
"
La sage-femme de mon cœur
arrive. Alors Doobida, tu as un projet pour cette naissance ? "beeeen.
je croyais commencer sans péridurale mais ça a commencé avant-hier, j'ai pas dormi depuis deux jours et deux nuits, là je commence à me dire...
- on va vérifier le col (me coupe allègrement la parole) Doobida !!! T'es à 5 !!! C'est génial d'avoir fait tout ce travail seule à la maison !!! Bravo c'est pour vraiment bientôt !
- ah tant mieux j'avais peur que les contractions soient jamais efficaces, là je commence vraiment à fatiguer je pense que...
- (m'interrompt encore) je vais prévenir les collègues et voir si ton mari arrive"
Bon.... Dans la voiture je m'étais déjà fait tout mon film de demander la péridurale et de dormir un peu... Tant pis. Je lui dirai quand elle reviendra. Toujours dans ma bulle de douleur.
Mon mari arrive, je continue le chant les balancements, j'ai besoin de mon mari pour des appuis dans le bas du dos... Toujours dans la bulle de douleur. Je me rappelle que j'avais tellement besoin de lui pour ces appuis, et en même temps s'il me touchait à un autre endroit c'était une attaque... Je le dégageais violemment s'il m'effleurait... Dans ma tête "oh la la mais il va être soûlé par moi mais j'ai tellement besoin qu'il appuie pendant les contractions s'il part parce que je le soûle je vais mourir faut pas que je le dégage comme ça" et paf je le dégage
1h30-2h ? Plus tard, sage-femme (qui passait de temps en temps pour m'aider à aller bien dans les graves en chant)
"alors Doobida, comment ça va
-ben franchement je fatigue de ouf je ne crois pas que je tiendrai sans...
- attends je vais chercher le gaz hilarant j'arrive......
.....
Bon ça ne va pas empêcher la douleur, hein, faut pas espérer, mais entre deux contractions tu seras un peu stone et ça te reposera "
Elle part. Avec les 2 min entre chaque contractions je ne vois pas comme ça me reposerait mais soit.
Encore 1h30-2h plus tard
-ça va Doobida ?
- non ça va pas
je n'en peux plus ça n'avance pas et veux dormir je veux..
- chez toi le bain t'a fait du bien non ?
- non j'en pouvais plus de l'eau, ça sert à rien, je veux..
- nan mais évidemment, 3h de bain, qui fait ça franchement, là on va essayer un bain de 20 min tu vas voir
J'accepte le bain. 13h20. On m'emmène vers une salle avec une baignoire de pré-travail (pas les grandes baignoires d'accouchement, une baignoire comme chez nous juste pour me détendre avant de retourner en salle d'accouchement) sur le trajet interminable, de la glaire entre mes cuisses

"AH MAIS C'EST QUOI ÇA C'EST DÉGUEULASSE" (ah je vous ai dit que le gaz hilarant désinhibe un peu ?)
"c'est le bouchon muqueux ! C'est bien ça avance ! Allez mets toi dans l'eau
- ÇA VA PAS C'EST IMMONDE !!! JE VEUX ESSUYER ÇA AVANT !"
Mon mari à 4 pattes se casse le dos les mains dans l'eau pour continuer les appuis sur les reins.
Au bout de 5? min "J'ARRIVE PLUS À ME RETENIR DE POUSSER APPELLE LA SAGE-FEMME !!!" (je crois bêtement qu'en mettant mes mains entre mes cuisses je vais m'aider à retenir le bébé)
2 sage-femmes 1 infirmière arrivent
SF1 "c'est pas possible je viens de vérifier elle était à 7
- JE PEUX PLUS ME RETENIR
SF1- oh purée ben oui on est a 10
SF2- ça va pas du tout c'est pas une baignoire d'accouchement c'est pas le protocole
- JE POUSSE !!!"
Sage-femmes 1 et 2, infirmière et mon mari a 4 pattes autour de la baignoire et moi toujours avec mon GAZ treeeees désinhibant
" OH J'AI PEUR DE LUI CHIER DESSUS !"
" J'AI SOAAAAF" (boit l'eau de la baignoire)
"VOUS ÊTES PRÊTES LES FILLES PARCE QUE ÇA VIENT"
"OH LA LA ET EN PLUS JE PUE" (tentative de me laver les aisselles entre deux poussées)
"JE VOUS ENTENDS VOUS SAVEZ" (elles marmonnaient dans leur barbe qu'elles allaient perforer la poche des eaux)
"C'EST POSSIBLE MAINTENANT LA PÉRIDURALE ?!"
"AAAAH MA C'EST QUOI CE TRUC DÉGUEU" (j'ai touché la peau de la tête qui commençait à sortir)
SF2 "et ben on rigole bien pour un accouchement sans péri"
"PURÉE MAIS Y A VRAIMENT UN BÉBÉ !!!!!" (j'ai rêvé plusieurs fois que j'accouchais, mais y avait rien lol, on repartait de la maternité tout content de ne plus être enceinte mais sans bébé...)
SF1 13h58 "ça y est Doobida, ton bébé est là tu peux venir le chercher"
"IL EST TOUT BLEU
"
Je le récupère entre mes cuisses et vient poser mon tout petit Grec sur mon torse.
Mon mari "oooh c'est un garçon"
Je me calme un peu
"il est doux comme un chiot"
"je peux lui chanter une chanson ?"
Placenta sorti mais reste un bout de la membrane de la poche, j'ai eu droit à une révision (mon pire cauchemar) "tu as de la chance Doobida, j'ai les plus petites mains du service" mais je m'en fichais. J'avais reçu une décharge d'un arc-en-ciel hormonal rien ne m'atteignait. Petit Grec parti en peau à peau avec son papa qui a enregistré ses premiers cris
Je suis bien, je suis heureuse, je suis maman ?
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Remerciements à mon mari d'avoir supporté le chant prenatal (il a eu les heeeeueeuuuu en tête pendant des semaines) et d'avoir accompagner CHAQUE contraction avec l'appui sur mes reins.
A cette sage-femme qui m'a coupé la parole chaque fois que j'ai voulu prononcer le mot péridurale.
A ce forum qui m'a ouvert à plein de choses auxquelles je n'aurais jamais pensé seule.