A mon tour de raconter l'accouchement !
Après un premier très mal vécu (j'avais poussé super lgtps mais n'avait pas été examinée, et après vraiment vraiment bcp de temps la SF regarde et je poussais à 7cm - elle avait rompu artificiellement sans me prévenir et là douleur horrible donc péri et l'enchaînement classique arrêt du travail instruments etc), j'avais pour projet sur celui là de privilégier le physio mais ce n'était pas un objectif. L'objectif c'était juste mieux le vivre.
J'avais eu des contractions assez tôt, dès 6m, et le terme arrive et rien de rien. A la consultation je demande un décollement, elle refuse car il y a beaucoup de monde dans le service. Alors je demande si ce sera faisable à J+2, elle dit mmmmh on verra, plutôt à J+4 (leur terme de déclenchement max) et on avisera. Donc je vois venir gros comme une maison que si je n'ai pas accouché à J+4 ce sera surtout déclenchement médicamenteux, ce que je ne souhaite pas.
J'appelle ma SF de ville qui m'explique qu'elle peut faire le décollement mais que je prends aussi le risque d'être transférée si le service est plein. Je dis OK. Elle m'examine et me dit que mon corps est prêt, poche un peu bombante, col ouvert à quasi 3. Elle décolle, il est 20h.
De 21 à 3h j'ai des contractions relativement fortes mais irrégulières. Ma belle-mère vient dormir chez nous au cas où pour garder l'aîné de deux ans et demi la nuit.
Vers 4h je me réveille, plus rien, et impossible de me rendormir malgré tout. En bougeant j'ai l'impression d'avoir fissuré, mais quand je me lève à 7h je m'aperçois qu'en fait je perds le bouchon muqueux. Debout, les contractions reprennent un peu.
8h30, ma BM part, les contractions deviennent modérées mais toujours bien espacées. On convient que mon mari amène le grand à la crèche et revient pour la mater. Ça me laisse le temps d'étendre la lessive qui se finit dans pas lgtps (lol). On prend un peu notre temps, je commence à avoir envie d'aller aux toilettes avec les contractions.
9h : je dois désormais prendre des positions et commencer à souffler vraiment, je dis à mon conjoint qu'en fait je pars avec lui, je ne me sens plus de rester seule et ça devient fort. On se prépare, arrivés dans le parking je dois me mettre à 4 pattes. Le trajet jusqu'à la crèche est un peu dur mais ça va, je pense que je me retiens à cause du grand.
9h50: mon mari et l'aîné sortent de la voiture et là ça prend un clic je passe de 7 à 4 minutes, je dois vraiment faire des sons. Quand je vois qu'il y a vingt minutes jusqu'à la mater je me dis okkkk je vais pas réussir je vais prendre la péri là-bas c'est sûr. On m'avait déjà dit que la voiture en travail c'était terrible, mais je pensais pas à ce point... Attachée assise c'est l'enfer, détachée le siège sonne, je profite d'un feu rouge pour me mettre accroupie par terre. Contractions toutes les deux minutes. A 200m de la mater je sens que je perds les eaux.
10h30 : mon mari me lâche aux urgences, je dois avancer seule car il n'y a pas de parking c'est une seule file et les dépose minutes sont occupés. Je tombe sur une aide soignante qui me regarde de haut en bas et je dis "bonjour je suis en travail" (notez le bonjour quand même le néocortex parle encore). Elle veut prendre un fauteuil roulant mais j'aperçois des toilettes, je m'y engouffre et vide mes intestins. Enorme contraction ensuite, l'aide soignante entre et me rhabille et veut me faire asseoir je dis impossible je me mets à genoux (elle a peur que je tombe elle tient mes mains mais vu comme je tiens le fauteuil ya aucun risque). Je ferme les yeux donc je ne sais pas ce qu'il se passe mais j'entends qu'elle panique, car elle ne sait pas où sont les urgences mater, un mec lui dit c'est cet ascenseur tel étage mais elle arrive elle reconnaît pas... Enfin, on finit par arriver je ne sais pas comment, direction salle de naissance. Forcément ils ne savent pas qui je suis, ils me posent des questions administratives et la permission de regarder dans mon sac. Je m'aperçois que je suis entrée en salle classique, je dis entre deux contractions "je ne souhaite pas de péridurale" et là qqn lance "c'est le moment de vouloir et pas souhaiter". Ah la bienveillance.
Elle m'examine, je suis à 8cm. J'ai super soif je demande à boire, elles me répondent qu'elles s'occupent d'abord du bébé (=poser un monito). Moi je sais juste que j'ai un besoin primaire non satisfait (c'est mon mari qui finira par me donner à boire quelques minutes après en arrivant, une éternité).
Bon là je perds un peu la notion du temps. Je sais que je demande à me suspendre (salle nature), en fait elles ne savent pas installer la barre sur laquelle on prend appui en position gynéco. Donc déjà je comprends que l'équipe est pt pas super formée physio. Je suis broyée par les contractions, donc je cherche à descendre du lit je me mets à genoux par terre mais pas du bon côté pour elles, je suis entre le lit et un meuble elles n'ont pas "accès à moi" donc elles veulent que je bouge, je dis que je ne peux pas, elles me portent sous les bras.
J'hurle "aidez moi aidez moi !!" à chaque contraction, je malaxe toutes les mains qui passent et je crie "plus fort" quand elles appuient dans mon dos.
Elles cherchent à tout prix à poser le monitoring, elles serrent trop la sangle ça me fait mal, elles tiennent à la main mais je bouge trop, il ne capte pas bien et elles ont peur que ce soit en fait le vrai rythme du bébé. Idem, j'ai arraché la perf, donc l'absence de voie veineuse les stressent. En fait les évènements sont flous mais j'ai très bien ressenti toutes les émotions de la pièce.
Je sens des doigts dans mon vagin et j'hurle "enlevez votre main ça me gêne". Selon le CR d'accouchement c'est là qu'elles voient que je suis à 10. Elles me demandent de pousser mais je sais, je ne peux pas l'expliquer, je SAIS que non. Je leur dis (ou crie car je crois avoir hurlé tout du long) non non le bébé est trop haut, mais elles veulent absolument que je pousse, ce qui s'avère inefficace donc elles me disent que je dois aller sur le lit.
Moi je veux me mettre accroupie ou debout mais je n'arrive à relever qu'une seule jambe, impossible de bouger la deuxième... Elles me portent sur la table, et me forcent à me mettre en position gynéco. Une véritable torture, je me tords dans tous les sens (vous voyez Endoloris dans Harry Potter ?), je ne peux pas rester comme ça. Là une SF (elles étaient 3, 2 étudiantes et 1 auxi, ça faisait du monde et ça a ajouté au stress j'en suis sûre) me plaque une épaule sur la table pour que je reste immobile et utilise ce truc que je trouve totalement débile : elle essaie de m'inquiéter pour que je suive les consignes. "Votre bébé va pas bien son coeur ralentit faut vraiment qu'il sorte" - elles m'avaient dit ça pour le premier aussi et en fait ça ne donne pas d'énergie supplémentaire (en tout cas pas à moi), ça fait juste peur. Bref, je pousse et je sens la tête qui descend mais remonte. Elles relèvent mes jambes (en fait une épaule est coincée - forcément je pousse un bébé de 3.75kg en gynéco - et elles tentent la manœuvre McRoberts car elles pensent dystocie) et me disent encore de pousser mais j'ai aucun appui sous les plantes de pieds. J'en réclame, c'est quand même vachement plus facile de pousser avec une force et là qqn dit "va falloir faire sans" (si seulement j'avais pu retenir les visages de ceux là) avant qu'une âme charitable daigne mettre sa paume sous mon pied.
Ça passe pas, elles basculent mon bassin dans le vide et là ô miracle la gravité fonctionne, je sens que notre bébé va sortir. J'entends mon mari tout près qui me dit "je vois sa tête il est presque là !" avec la voix pleine de larmes.
Apparemment une SF me pressait encore à mort pour que je fasse plus (aucun souvenir), mais quand mon mec m'a dit cette phrase là avec toute son émotion, j'ai vraiment senti que c'est ce qu'il fallait et pouf il est sorti.
Je l'ai attrapé et grosse décharge d'ocytocine.
Au passage, au premier pipi j'utilise les WC de la salle et c'est là que je découvre qu'en fait j'étais pas côté nature de la salle nature. Où il y avait les suspensions déjà installées
et une baignoire qui m'aurait pt permis de moins bouger ou de savoir me relever quand il fallait, ou juste décompresser. Mais bon je suis arrivée à 30, à 58 il était né. Placenta dans les 5min. Pas de clampage tardif, pas le temps de voir le placenta non plus mais bon on fait avec les conditions du moment et la lecture du projet de naissance n'était pas la priorité.
Ce que j'en retiens :
- se faire confiance à soi : je pense qu'arrivée à la mater j'ai lâché, je me suis dit je vais être guidée etc mais j'aurais pas dû. Surtout sans temps de travail avant pour apprendre à connaître l'équipe, voir comment on va avancer ensemble etc. Mais je pense aussi qu'arrivée plus tôt j'aurais pt demandé la péri et elles me l'auraient donnée.
- le naturel et encore plus "en urgence" n'est clairement plus la norme ni bien enseigné, je le savais déjà mais là c'était flagrant. En fait j'ai eu l'impression que tout pouvait mal tourner dans l'esprit de l'équipe, ce qui est bien sûr possible mais en soi il n'y a pas de raison à priori... En prépa on m'avait dit un bébé qui prend l'autoroute c'est qu'il n'y a pas d'obstacle. Ne pas avoir mon dossier tout de suite les a inquiétées, ce que je comprends, le monitoring était leur base plutôt que mes sensations (mais j'entends aussi que ce papier c'est ce qui reste dans le dossier donc elles engagent leur responsabilité dessus)...
- je suis très fière de mon périnée qui s'en sort avec un petit point, malgré la manœuvre, la mauvaise position et un périmètre crânien de 36.5cm pour le petit bout !
- tout tout tout ce qui est non verbal se communique à la femme qui accouche. Et la seule personne dont je retiens le visage c'est une des trois SF, celle qui me massait, la seule douce et à ne pas crier, qui m'a souri compatissante et attendrie même quand je lui ai demandé à un moment si elle pensait que ça allait encore être long. Elle et mon mari.
Si on a un troisième je m'inspirerai de tout ça pour mieux composer avec la réalité du milieu d'accouchement auquel j'ai accès (pas de mdn dans le coin). Oui j'ai accouché sans péri ce que je voulais, mais j'ai subi la douleur de fin de travail et l'équipe (le coup de me tenir de force sur la table reste un peu en travers même si je conçois que d'un point de vue médical elles le justifient). Donc pas mon accouchement de rêve mais très constructif.
En suite de couches j'ai demandé à voir le CR d'accouchement fait par écrit avant de sortir pour poser mes questions éventuelles, comme ça a été hyper vite. Elles l'ont lu avec moi mais elles ont été hyper surprises voire méfiantes et m'ont demandé pourquoi je voulais le voir, s'il y avait des réclamations que je voulais faire...
Ah et le lendemain de l'accouchement, quand les douleurs sacrum notamment ont commencé à s'estomper, je m'aperçois que j'ai hyyyper mal dans le bas ventre, comme un énorme bleu. Genre enlever ma culotte me fait mal sur cet endroit. J'en parle et elles me posent la question à chaque passage dans la chambre donc je sens que ça les interpelle. Et en fait, à la lecture du CR on a compris : dans la fameuse manœuvre pour la dystocie (je précise que ce n'était pas une dystocie, j'ai demandé plusieurs fois et elles ont dit non juste une difficulté), il y a une pression sus pubienne effectuée, et c'est cette séquelle que je ressens. Si ce n'est pas passé dans 3 semaines je dois revenir à la mater pour une radio. Aucun souvenir qu'on m'ait appuyé si fort sur le pubis cependant.