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Vos accouchements

Baby Iris

Hyperlactation
Waw merci de vos messages, ça me touche 😍 Je me suis relue et en vrai j'ai vĂ©cu ce moment mieux que je ne l'imaginais. @Nienna oui, ça me rassure totalement... 40h 😳... Pfiou !
@MmeMarguerite , je n'ai pas les mots mais ça me va droit au cƓur.

#Teamplusdevoix (prochain tube de l'été : merurlantes)
#Warriormothers (et super bĂ©bĂ©s đŸŒ±)
#VivelesWCperso đŸ€ŁđŸ’©đŸ€Ł
#VivelesSagesFemmes 🧡
 

Pauline C

Lactarium
Adhérent(e) LLLF
Je n’ai pas eu un accouchement de reve, type physio maison de naissance
 mais honnĂȘtement j’en garde un bon souvenir.

Ça a Ă©tĂ© long, mon petit Chat est sorti pile 48h aprĂšs la perte des eaux, mon col ne s’ouvrait pas du coup dĂ©clenchement au bout de 30h, je me suis fais une belle entorse en me rendant Ă  la maternitĂ©, j’ai failli avoir une cĂ©sarienne d’urgence car le rythme de bĂ©bĂ© chutait mais tout s’est dĂ©bloquĂ© au bon moment.

J’ai demandĂ© une pĂ©ridurale alors que je n’en voulais pas mais je n’ai aucun regret car je sais que je n’aurais pas tenu. Les Ă©quipes Ă©taient sympa, mes choix ont Ă©tĂ© respectĂ©s et entendus, on a eu une lumiĂšre tamisĂ©e, un lit 2 places pour le travail donc plein de cĂąlins avec l’amoureux, nos playlist et j’étais sereine. J’attendais juste de rencontrer l’amour de ma vie. Je n’ai ni regrets, ni remords ni traumatisme . Pour moi c’était juste l’attente de la rencontre.
je connais d’autres personnes qui ont bien vĂ©cu aussi leur premier accouchement.
L'entorse en allant à la mater, la loose...ça doit faire plaisir quand la péri cesse de faire effet!
 

Roupillon

Hyperlactation
Adhérent(e) LLLF
L'entorse en allant à la mater, la loose...ça doit faire plaisir quand la péri cesse de faire effet!
En vrai la pĂ©ri m’a vraiment soulagĂ© de l’entorse 😂. J’ai eu super mal pendant prĂšs d’un mois et des piqĂ»res tous les jours Ă  domicile a cause du risque de flebite. C’est marrant je ne m’en rappelais plus avant ta remarque
 

Pauline C

Lactarium
Adhérent(e) LLLF
Je le comprends tout Ă  fait. Moi quand mon premier est sorti j'ai rĂ©alisĂ© que dans l'effervescence du moment j'avais complĂštement oubliĂ© qu'il allait arriver, j'ai Ă©tĂ© trĂšs surprise quand on me l'a posĂ© sur le ventre, genre ah mais oui le but de tout ça c'Ă©tait de faire naĂźtre un bĂ©bĂ© 😅.
3eme accouchement et 4emes "efforts expulsifs", jumelles obligent...j'ai eu du mal à me concentrer pour la 2eme pendant quelques minutes, car ils avaient emmené la premiÚre aprÚs une minute de peau à peau, sans que j'aie eu le temps de leur dire son prénom. Je voulais que mon mari la suive, je ne sais pas pourquoi j'avais l'impression qu'elle ne pouvait pas exister réellement si elle n'était pas nommée...
 

Pauline C

Lactarium
Adhérent(e) LLLF
Il y a toujours pire. Ça veut pas dire qu'on doit accepter.
@Pauline C tu as essayĂ© le indib@ pour ta cicatrice ? Ça doit ĂȘtre dur d'avoir encore des douleurs 5 ans aprĂšs :calincoeur:
Ça ne gĂȘne que rarement lors des rapports, par contre ça s'est plutĂŽt aggravĂ© avec la reprise de l'allaitement. A ce sujet, il y a un fil "allaitement et sexualitĂ©" quelque part ? Je n'en ai pas trouvĂ© pour le moment, et s'il y a bien un sujet oĂč un forum anonyme et sans jugement peut aider...
 

CĂ©lineDehors

Hyperlactation
Adhérent(e) LLLF
Cela fait longtemps que j'ai envie de partager avec vous le rĂ©cit de l'accouchement de mon petit pirate. J'avais rĂ©digĂ© ce texte pour un blog, que je n'alimente plus depuis (le travail, la vie de famille, etc. :( ). Il y a alors des rĂ©fĂ©rences que vous n'aurez pas, mais je pense que l'essentiel y est â˜ș : cette journĂ©e m'a laissĂ© un ardent sentiment de puissance et de rĂ©alisation. J'espĂšre vous le transmettre par le partage de ce texte, rĂ©alisĂ© Ă  chaud.
Pour celles qui recherchent des informations plus concrÚtes, j'ajoute des données factuelles à la fin de mon récit.
Bonne lecture Ă  toutes, je suis plus qu'heureuse d'ĂȘtre accueillie sur ce merveilleux forum đŸ„°

__
J'avais cru que ce serait le moment mercredi et puis dimanche. On m'avait annoncé lundi, et puis non : mardi.

Mardi, on m'a dit aujourd'hui à 11h. J'attendais qu'on me laisse le choix, ou qu'on argumente le sien. Cela ne s'est pas passé ainsi. J'ai tourné en rond dans la chambre, peu de temps : 11h est arrivé, on est venu me chercher. Entre temps, j'avais vu la date, celle du solstice. Le presque palindrome m'a ravie.

C'Ă©tait Ă©trange de surfer ainsi sur la vague de l'envie au dessus d'une mer d'apprĂ©hension. Attention, l'accouchement sera dĂ©clenchĂ©, il faudra rattraper l'avance donnĂ©e par le synto sur la physio. On remplace le c naturel et vaporeux du cirrus par le x trash rĂ©servĂ© aux adultes car aujourd'hui l'ocytocine qu'on Ă©lĂšve aux nues (l'amour, tout ça
) sera devancĂ© par un oxytoxique.

On déguise l'Explorateur en chirurgien. Le bleu lui va bien. Ses yeux scintillent loin derriÚre son masque et sa charlotte. Il glisse dans des petits chaussons faits en gaz. A moi aussi on propose une blouse : bleu pale avec des petits carreaux délavés et une belle fente dans le dos pour les fesses. Je la refuse, ne peut-on pas naitre en pantalon ?

Vous souvenez-vous du pique-nique-douille ? De toutes évidences, je ne suis pas tombée sur douille, car on m'annonce qu'on m'a réservé la plus belle salle de la clinique. Le soleil de la radieuse journée s'infiltre au travers d'un store léger et baigne la piÚce dans une douce marée rose. C'est le thÚme de la piÚce : le gris discrÚtement chatouillé par ce rose tantÎt enveloppant ou vif pour éveiller nos sens. La baignoire, par exemple (ou devrais-je dire la mini-piscine) : quasiment fushia. Quelle idée ! C'est la couleur des sex shops.

J'ai peur du cathĂ©ter que l'on me pose. On fait tout pour qu'il ne me gĂȘne pas, mais c'est plus fort que moi : il faut qu'il me dĂ©range. Ce qui va entrer par lĂ , c'est un semi-hostile avec lequel je vais devoir faire Ă©quipe malgrĂ© moi. La pompe est en route. Elle grince Ă  intervalle rĂ©gulier et je vois les bulles qui avancent vers mon bras. « C'est parti. », dis-je du bout des lĂšvres Ă  l'Explorateur. « C'est parti. », me dit ensuite la sage-femme avec un petit sourire. Je crois voir dans la prĂ©ciositĂ© de ses gestes Ă  mon Ă©gard toute la violence tue qui coule dans cette perfusion.

Y. arrive Ă  ce moment. Elle a rĂ©servĂ© toute sa journĂ©e pour nous assister dans cette venue au monde. Son entrĂ©e dans la piĂšce nous dĂ©tend. L'Explorateur ĂŽte son dĂ©guisement, je le retrouve blagueur. Il en a de bonnes et Y. entre dans notre jeu. Les minutes s'Ă©grainent, Y. monte doucement les chiffres sur le boitier de la pompe. Je me prĂ©pare mentalement. Puis, je suis prĂȘte. Je suis toujours prĂȘte. VoilĂ , c'est imminent. Mes pensĂ©es et mon Ă©nergie sont toutes deux tournĂ©es vers ce seul objectif. Mais rien n'avance. Je m'arme de patience.
« Est-il possible que ça ne fonctionne pas ?, je demande.
— Je ne l'ai jamais vu, me rĂ©pond Y. en souriant. »

Puis, au bout de plusieurs heures, mes yeux osant s'aventurer du cÎté du cathéter et de ses quelques by-pass :
« Ont-ils bien ouvert les robinets ?
— A vrai dire, j'ai regardĂ© il y a une heure
 »

La patience laisse place Ă  une certaine dĂ©ception. Je crains que la jolie date ne lui Ă©chappe. Le solstice n'Ă©tait pas encore passĂ© lorsque Y. tente une premiĂšre fois de fendre son Ɠuf. Souple et collĂ©, il lui Ă©chappe et ne laisse aucune prise Ă  son crochet. Je reste plutĂŽt soulagĂ©e qu'il s'en sorte indemne. NĂ©anmoins, les heures qui suivirent et le volume de synto affichĂ© sur le boitier eurent raison de moi : il Ă©tait temps de lĂącher prise. Y. va partir. Sa journĂ©e touche Ă  sa fin. Sa consƓur est en route. Y. prĂ©pare un second crochet et l'Ɠuf se prĂ©sente Ă  elle. La nuit a largement eu le temps de tomber. Je souffle lentement et me prĂ©pare Ă  sentir le liquide couler sous moi. Y. perce la poche, le chemin se trace. Je le serre par deux fois, tarissant ainsi la source, avant d'ĂȘtre bien sĂ»re de ce que je faisais.

Je me relÚve finalement. Je sens immédiatement que la naissance nait dans mon corps. Je sens le liquide tiÚde couler encore lors de certaines contractions qui glissent avec lui mais se heurtent toutes efficacement contre mon col. Je touche du bout des doigts les draps du lit. C'est le juste équilibre quand, les yeux clos, je dirige mon souffle délicat pour ne perdre aucune force de ces contractions tant attendues.

C. arrive et Ă©change discrĂštement avec Y., elles s'Ă©cartent. Je sais que je vais devoir consacrer un peu d'Ă©nergie pour accepter le changement de sage-femme. Ce ne doit pas ĂȘtre une question de personnalitĂ©, et pourtant j'y suis profondĂ©ment sensible. Y. avait un pull doux et soyeux, elle parlait parfois si bas que je devais tendre l'oreille pour la suivre. C. porte une blouse sur des vĂȘtements de travail roses. Son masque si large sur un visage si fin cache complĂštement son sourire. Et moi, que l'engrossement a rendu complĂštement myope, je ne vois mĂȘme pas ses yeux pĂ©tiller avec la distance physique qu'elle instaure.

Y. me propose une seconde séance d'acupuncture. Je refuse. Je comprends sa déception de partir maintenant, aprÚs avoir usé tant de patience. Je ne veux pas qu'elle reste sur le pas de la porte trop longtemps. Plus vite le changement de sage-femme sera opéré, plus vite je pourrais reprendre mon accouchement.

C. ne se laisse pas dĂ©monter par ma rĂ©serve. L'attente de l'aprĂšs-midi m'a laissĂ© dans une certaine passivitĂ©. C. me bouscule, elle voit peut-ĂȘtre des choses Ă©voluer lĂ  oĂč je voudrais m'enliser jusqu'Ă  percevoir le trĂšs juste rythme. Ses propositions s'entrechoquent dans ma tĂȘte. J'opte pour la premiĂšre qui me parle. Sans argument pour l'une plutĂŽt que l'autre, je m'accroche Ă  l'Explorateur qui se prĂ©lasse sur le canapĂ©. Je dis que je voudrais bien faire de mĂȘme, mais je ne suis pas certaine que ce soit vrai.

L'idée est bonne cependant. Je m'allonge confortablement sur le canapé. La main de l'Explorateur, brulante, se pose contre ma cheville. Je ferme les yeux. Et les contractions me bercent et me moussent comme l'écume contre la plage. Je laisse les choses se faire, hors de ma portée.

Petit à petit, je sens venir un inconfort que j'aimerais évacuer. J'hésite, si je me lÚve, je sais que ce moment de repos sera terminé. Alors je retiens un peu trop.

N'y tenant plus, je clopine jusqu'aux cabinets. La potence du cathéter peine à rouler sur le lino de la clinique. Je dois la presque-porter pendant tout le trajet. J'aurais des suées à force de maladresse avec, au choix :
‱ les sondes du monitoring qui sautent vers le sol ou dans la cuvette,
‱ une feuille de papier toilette qui s'envole loin de moi,
‱ la potence qui ne se rapproche pas.
Les contractions, à chaque échec, s'intensifient. Je dois accélérer. Et la maladresse prend en ampleur. Je parviens enfin à me relever de la cuvette. Le pantalon à la bonne altitude. Les sondes qui se maintiennent à peu prÚs et le papier avalé par la chasse d'eau. Je porte la potence sur le retour, faisant profil bas devant les puéricultrices qui rodent dans le couloir.

Là, C. me fait une nouvelle proposition. Je mélange mes bras, mes jambes, la droite et la gauche et mon double diabolique : la potence avec la pompe qui me tient par le cathéter ; je suis empotée et j'en perds tout bon sens. C. et l'Explorateur parviennent à m'installer contre un ballon. Les contractions m'y surprennent. Je ne sais pas bien quoi faire d'elles. C. m'avait auscultée au retour des toilettes et m'avait dit : « Tu as fait ta part, maintenant c'est à lui de descendre. » Cela m'avait surprise, la dilatation qu'elle m'avait illustré entre son index et son majeur ne m'avait pas paru si important que cela. Ne parvenant pas à comprendre ce que mon corps attend de moi, je cherche je cherche, je bouge ce que je peux, j'émets quelques sons timides, des presque soupirs. Ce rythme n'est pas le mien. Il est trop impitoyable, sans état d'ùme. Serait-ce l'ocytocique ? C. remplit la mini-piscine rose. J'en voudrais presque à l'eau de faire tant de bruit, alors l'Explorateur éteint la musique, toute sensation est une stimulation de trop à gérer.

Doucement, je compris que je devais marquer l'espace entre le bas de mon dos et mon bassin. Les contractions moulaient complĂštement la forme du petit Ă  naitre. Il apparaissait pleinement Ă  ma conscience. Je croyais reconnaitre la silhouette de ses membres et de son corps. C'Ă©tait comme voir l'ombre d'un ĂȘtre dans les Ă©clairs sauvages d'un orage nocturne.

Je pourrais ici dire que je souffrais presque de la situation. Je ne bougeais pas suffisamment, toujours un peu en retard, mon souffle n'allait jamais assez loin, et pendant ce temps là, la contraction, implacable, traçait son chemin malgré moi.

Soudain, la mini-piscine fut remplie. La mini-piscine, ridicule ronde et rose comme si nous Ă©tions dans la maison d'une Barbie, me tendait les bras. Je me levais avec empressement, avec le mot enfin! au travers de la gorge. Une contraction, il en fallait bien une, me retient juste devant la baignoire. Je pliai mes genoux l'un contre l'autre et soufflai comme pour faire passer un coup de marteau trop maladroit. Elle devait voir oĂč je voulais en venir car la contraction s'Ă©puisa comme elle Ă©tait venue.

Je me dĂ©shabillais avec fĂ©brilitĂ©. C. dĂ©joua les lois de la topologie pour m'aider malgrĂ© le cathĂ©ter. Nue Ă  l'exception de la poitrine, je fus fin prĂȘte.

Je plonge.
L'eau est chaude. Quel bonheur !
Je barbote.
Une contraction m'attrape là. Ma mobilité l'assouplie. Mon corps l'appréhende.
Une nouvelle contraction dĂ©jĂ . J'ai Ă  peine le temps de dire tout mon bonheur d'ĂȘtre lĂ . En fait, je dois me presser de trouver comment aider Ă  naitre pour ne pas souffrir.

A la suivante, je trouve la position. Sur la prochaine, je cale mon souffle. Je suis encore un peu en retard mais je sens que je rattrape du terrain. J'ai de quoi répondre à mes spectateurs. Mais tout se joue à la seconde, il me faut rester concentrée. Je saisis finalement le son de la naissance.

Grave, infiniment grave, et long, qui s'enfonce dans mon corps jusqu'à sa sortie. Le petit à naitre l'utilise pour s'orienter, j'en suis persuadée, je le sens glisser dedans.

Puis, il me faut inspirer. Alors la douleur est vive. Personne ne veut que j'inspire. Je sens le processus qui se brise. Le petit qui remonte, mon corps qui se vrille à l'intérieur. J'optimise mes inspirations pour qu'elles soient les plus brÚves possible. L'inspiration devient notre ennemi numéro un. Mon ambition est de la transcender.

A l'intĂ©rieur de moi, je touche le haut de la tĂȘte du petit qui vient. Je laisse C. faire de mĂȘme juste pour partager. C., subtile, me demande si je veux sortir de la baignoire. Je refuse catĂ©goriquement. AprĂšs quelques contractions supplĂ©mentaires, la dĂ©sespĂ©rance m'attrape comme une claque. C'est le moment que choisit la pompe pour se couper, faute de batterie. Ma peur brutale de ne plus pouvoir accoucher est vivement remplacĂ©e par celle, bien plus dramatique, oĂč l'on me demande de sortir de la baignoire pour approcher la potence d'une prise Ă©lectrique. Hagards, mes yeux recherchent vivement une prise Ă  portĂ©e de la baignoire. Je vois C. et l'Explorateur tranquilles Ă©teindre l'alarme. Je crois que C. dĂ©branche le cathĂ©ter. Et puis je comprends : au point oĂč nous en sommes, l'oxytocine est inutile. C. m'invite Ă  me tourner vers l'Explorateur, mais je crois que j'ai autre chose Ă  faire.

Des deux mains je caresse la tĂȘte de mon petit. Au fur et Ă  mesure que la contraction monte, je sens venir cette tĂȘte si douce entre mes paumes. Et aprĂšs deux poussĂ©es rapides, je perçois les Ă©paules s'Ă©chapper et finalement les jambes. Je vois son visage se tourner vers moi dans l'eau, je saisis dĂ©licatement son corps pour le porter contre ma poitrine. Le petit tousse lĂ©gĂšrement, je sais qu'il va respirer bientĂŽt. Il crie dĂ©licatement. Puis son visage s'incline vers le monde pour en saisir la moindre particule.

Une naissance merveilleuse entre mes mains de mĂšre.

Des serviettes surgissent tout autour de nous et nous enveloppent. Déjà il faut sortir et ne prendre pas froid. Surtout pas lui. Il est petit et léger, je le sais déjà. Cela me conforte dans l'idée que sa date de naissance a été bien choisie.

On m'invite à sortir. Par précaution, j'aimerais qu'on tienne mon enfant le temps que je sorte de la mini-piscine. Bien vite, on me fait comprendre que ce n'est physiquement pas possible : nous sommes encore reliés ! Sans trop d'efforts, je me relÚve et nous emmÚne sur le lit. L'Explorateur et C. me poussent à révéler le sexe de l'enfant, et du fait, son prénom. Je m'amuse à retenir l'information. Le petit est si beau, si doux, ses yeux si profonds, qu'attendent-ils de plus ? C. partage notre joie. Je lui suis reconnaissante pour tout ce qu'elle a su me proposer au cours de cette soirée.

J'accepte finalement de leur prĂ©senter mon enfant. Mais vous, avez-vous peut-ĂȘtre devinĂ©, vous le connaissez dĂ©jĂ  : il s'appelle SĂ©rendipe.

__
Pour les infos concrĂštes promises :

Je faisais une pré-éclampsie, j'avais peur que mon petit ne grandisse plus assez bien du fait du mauvais fonctionnement de son placenta.
J'Ă©tais Ă  39 SA quand le gynĂ©co (payĂ© 2000€ ~, que je n'ai pas vu de la journĂ©e !!!) a dĂ©cidĂ© du dĂ©clenchement. J'Ă©tais d'accord, la prĂ©-Ă©clampsie m'inquiĂ©tait.
J'ai été invitée à la clinique à 8h du matin. Le déclenchement a été lancé à 11h. La poche des eaux a été percée à 18h. Mon petit était dans mes bras à 21h12 !!!
J'avais lu et la sage-femme me l'avait dit, que le déclenchement induisait une avance sur l'aspect physiologique de l'accouchement, que les contractions intenses pouvaient arriver avant que le corps et le mental soient bien raccords. Cette notion (avance à rattraper) ne m'a pas quitté de toute la journée, et pourtant j'ai attendu de nombreuses heures que les "choses" arrivent !
Effectivement, quand les contractions, les vraies, sont arrivĂ©es, elles ne me laissaient aucun rĂ©pit. Je me suis appliquĂ© Ă  me fondre dans ce rythme intense. Quelle fiertĂ© j'avais quand j'ai senti, enfin, que mon corps et l'accouchement ne faisaient plus qu'un ! Je me souviens d'avoir dit Ă  mon compagnon et la sage-femme : "ça y est, j'ai trouvĂ© comment faire !" mon compagnon a dĂ» me dire : "comment faire quoi ?", quel dialogue absurde 😅
"SĂ©rendipe", c'est le nom que je donnais au petit Ă  naitre (et parfois, je le garde dans ma tĂȘte aussi ^^ ça lui va bien finalement).
 
DerniĂšre Ă©dition:

Gabyshka

Hyperlactation
Adhérent(e) LLLF
Je me lance Ă  mon tour dans le rĂ©cit de l'accouchement de mon deuxiĂšme petit garçon. Un accouchement que j'ai vĂ©cu comme intense et difficile, mais avec le petit recul que j'ai maintenant je suis quand mĂȘme fiĂšre et heureuse.

Donc c'était le petit matin, jour de l'anniversaire de ma maman décedée il y a un an et demi, jour que je voulais à tout prix éviter pour accoucher et finalement dÚs que je me suis fait réveiller par le ploc de rupture des eaux à 5h30, je me suis dit que ce petit bébé (je ne savais pas encore le sexe) était un coquinou mais que j'étais heureuse de bientÎt le rencontrer.

Mon mari allait partir au boulot pile à ce moment là donc je l'ai retenu et on s'est tranquillement préparé pour aller à la maternité. J'avais des contractions légÚres depuis 2 jours et là je commençais à les sentir un peu plus forte, je pensais que le travail allait lentement se déclencher dans la foulée. A 7h on a réveillé mon fils pour l'amener chez ma grand-mÚre et on est allé à la maternité dans la foulée. J'appréhendais un peu de perdre les eaux en premier parce que j'avais le souvenir de contractions tout de suite trÚs proches et intenses pour mon premier. Examen, monito, j'étais à 2 cm, on m'a installé en chambre avec un petit déjeuner et un ballon.

Les contractions ont commencĂ© Ă  s'installer, toutes les 3 minutes. J'Ă©tais sur un coussin de maternitĂ©, je testais plein de positions pour me sentir le mieux possible pendant la contraction, et Ă  chaque fois que je trouvais une technique qui me semblait bien, je l'oubliais complĂštement pour la contraction d'aprĂšs. Mais ça allait bien, je gĂ©rais, notamment avec le souffle et la suspension au barreaux du lit. Au bout d'un moment je me dis que si je veux aller dans la baignoire (j'ai le droit ce coup-ci malgrĂ© la perte des eaux et contrairement Ă  mon dernier accouchement), c'est peut-ĂȘtre le moment parce que je risque d'avoir plus de mal Ă  me dĂ©placer aprĂšs. Je constate dĂ©jĂ  que debout les contractions sont bien plus douloureuses. Donc j'appelle la sage-femme pour lui dire que j'ai l'impression que ça a dĂ©marrĂ© et que j'aimerais tester le bain. Je suis Ă  4 cm. Il doit ĂȘtre environ 10h30.

Elle m'emmĂšne donc vers les salles d'accouchements et je ne sais pas trop pourquoi mais elle veut faire un petit monito de contrĂŽle avant le bain, le temps qu'il coule. J'accepte mais sur le ballon, pas allongĂ©e, je ne me sens pas de supporter les contractions autrement que dans la position que j'ai trouvĂ©. Donc on m'installe le monito et je trouve les capteurs trĂšs dĂ©sagrĂ©ables. Mon mari m'aide Ă  les maintenir mais on perd rĂ©guliĂšrement le rythme du bĂ©bĂ©. La sage femme me demande de faire un petit quart d'heure sur le dos avec le monito parce qu'elle voudrait ĂȘtre sĂ»re que le bĂ©bĂ© va bien. Bon j'accepte. Au bout d'un quart d'heure je craque et je me mets sur le cĂŽtĂ©. La sage femme m'aide un peu Ă  m'apaiser, Ă  me recentrer, je lui accroche le bras et je demande Ă  mon mari de la remplacer (je lui ordonne au passage d'enlever son pull parce que je voulais sa peau contre moi). Je suis Ă  6 cm. Je tiens un moment dans cette position. Le rythme du bĂ©bĂ© semble irrĂ©gulier et elle retarde encore le bain. Mais je n'ai pas jetĂ© l'oeil sur le monito une seule fois. En fait Ă  partir de lĂ  je suis un peu Ă  distance avec ce qui se passe autour de moi. On parle de bulle et oui j'ai l'impression d'ĂȘtre dans une bulle mais une bulle avec la douleur et moi oĂč j'essaie de ne pas lutter, de ne pas me laisser dĂ©border. J'y arrive Ă  peu prĂšs mais les contractions me laissent des tous petits rĂ©pits, une trentaine de seconde Ă  chaque fois. Dans ma tĂȘte il se passe des choses comme "c'est atroce, tiens le coup, pense Ă  ton bĂ©bĂ©, tu seras fiĂšre de toi" en boucle. Je transpire Ă©normĂ©ment. LĂ  je dis Ă  mon mari que je voudrais la pĂ©ri (mais je sais trĂšs bien que c'est pas possible) il me dit non, que je vais y arriver comme je lui avais demandĂ©. Alors je me tourne directement vers la sage femme et elle me confirme que c'est trop tard. Cette idĂ©e me sort de la tĂȘte.

Je dirai peut-ĂȘtre une dizaine de contractions plus tard je suis Ă  dilatation complĂšte. La sage femme commence Ă  s'inquiĂ©ter du rythme du bĂ©bĂ©, elle me dit qu'il ne faudrait pas trop que ça dure. Elle me demande si j'ai envie de pousser. Pas encore. Je me mets Ă  quattres pattes avec le ballon entre les bras. Je gĂšre quelques contractions comme ça. J'ai pas encore trop criĂ© (sauf une fois un "Je vais pas y arriver") mais j'ai dĂ©jĂ  tester toute une panoplie de sons. J'ai vraiment trĂšs mal, quand la contraction arrive Ă  son paroxysme je me demande comment une telle douleur est possible. Et parfois ça ne redescend pas vraiment, ça s'enchaĂźne o_O Mon mari est bien, il me donne du positif, il me dit que c'est bien ce que je fais et que le bĂ©bĂ© sera bientĂŽt lĂ . Ces petits mots me donnent Ă©normĂ©ment de courage. De l'autre cĂŽtĂ© je reçois plutĂŽt du stress, le bĂ©bĂ© est pas au top et il faut le faire sortir. Je sens sa tĂȘte appuyer en moi pendant la contraction, la sage femme me dit de me concentrer sur lui, je trouve cette sensation bien trop puissante pour moi.

LĂ  je commence Ă  sentir une petite envie de pousser, mais c'est pas encore franc. En fait, j'ai envie de faire caca et je le dis tel quel. On essaie quelques poussĂ©es dans cette position. La sage femme est inquiĂšte, elle veut me mettre sur le dos. Je rĂąle. Mais une petite part de moi commence Ă  prendre son inquiĂ©tude. J'accepte. La douleur est vraiment intense mais comme je pousse avec les contractions je ne suis plus focalisĂ© sur elles. Je pousse comme ça pendant peut-ĂȘtre un quart d'heure. ça avance, mais pas assez vite, le bĂ©bĂ© est encore bloquĂ© un peu trop haut dans mon bassin. (J'avais eu une ventouse pour mon fils pour la mĂȘme raison). Elle appelle le gynĂ©co et cette idĂ©e me soulage. MĂȘme si je n'ai pas eu beaucoup le temps de penser, Ă  force d'entendre que son rythme n'est pas top, il y a eu un petit Ă©clair "Et s'il arrivait quelque chose Ă  mon bĂ©bĂ© ?" et je veux qu'il sorte.

La gynĂ©co arrive et installe aussi une ventouse. Elle me dit "ça va pas ĂȘtre sympa, mais c'est la tĂȘte du bĂ©bĂ©". Sur la contraction, je pousse et elle tire en mĂȘme temps. LĂ  je pousse un hurlement, je pensais pas que je pouvais crier comme ça. Une deuxiĂšme contraction, un deuxiĂšme hurlement, la tĂȘte sort, une troisĂšme pour les Ă©paules, et le bĂ©bĂ© est lĂ , c'est un garçon. On me pose mon bĂ©bĂ© dans les bras. Il est nĂ© Ă  12h59 mais ça je le saurais aprĂšs je n'ai pas regardĂ© l'heure une seule fois. Pas trop longtemps, les contractions reprennent tout de suite (et pas d'injection d'ocyto pourtant), j'ai encore trĂšs mal, en 10 minutes le placenta sort lui aussi. LĂ  je n'ai pas - du tout - ressenti la libĂ©ration et le bien-ĂȘtre dont parle certaines mamans. J'avais trĂšs mal au coccyx/sacrum, encore des contractions bien douloureuses et je me suis mise Ă  trembler. Tellement que j'Ă©tais gelĂ©e et que je n'ai pas fait le peau Ă  peau en premier. C'est mon mari qui a pris le bĂ©bĂ© torse nu contre lui le temps que j'arrĂȘte de trembler et que je me rĂ©chauffe (ça a durĂ© une bonne demi heure, mais j'Ă©tais heureuse pour eux et heureuse de savoir que quelqu'un Ă©tait lĂ  pour prendre le relais le temps dont j'avais besoin). Quand je peux, on me mets mon bĂ©bĂ© dans les bras et il prend sa premiĂšre tĂ©tĂ©e et c'est lĂ  que toute l'Ă©motion monte.

Je suis restĂ©e un peu sonnĂ©e un moment par l'intensitĂ© du travail et de l'expulsion. Dans les heures aprĂšs l'accouchement je me disais que je ne voudrais plus jamais revivre ça. Je commence Ă  porter un regard plus positif. J'avais l'impression d'avoir Ă©tĂ© hystĂ©rique, d'avoir rien gĂ©rĂ© du tout et mon mari m'a apportĂ© un regard vraiment diffĂ©rent (j'ai pas tant criĂ© d'aprĂšs lui, juste Ă  la fin), il Ă©tait trĂšs fier de moi et il a Ă©tĂ© super car il est le seul Ă  ne m'avoir donnĂ© que du positif quand c'Ă©tait vraiment dur. J'ai eu un gros oedĂšme mais aucune dĂ©chirure malgrĂ© la ventouse et mon bĂ©bĂ© n'a pas Ă©tĂ© douloureux du tout au niveau de la tĂȘte et du cou, il est trĂšs calme pour le moment. Et je me sens hyper zen et heureuse dans mon nouveau rĂŽle de maman de ce bout de chou.
 

Jud

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
Je me lance Ă  mon tour dans le rĂ©cit de l'accouchement de mon deuxiĂšme petit garçon. Un accouchement que j'ai vĂ©cu comme intense et difficile, mais avec le petit recul que j'ai maintenant je suis quand mĂȘme fiĂšre et heureuse.

Donc c'était le petit matin, jour de l'anniversaire de ma maman décedée il y a un an et demi, jour que je voulais à tout prix éviter pour accoucher et finalement dÚs que je me suis fait réveiller par le ploc de rupture des eaux à 5h30, je me suis dit que ce petit bébé (je ne savais pas encore le sexe) était un coquinou mais que j'étais heureuse de bientÎt le rencontrer.

Mon mari allait partir au boulot pile à ce moment là donc je l'ai retenu et on s'est tranquillement préparé pour aller à la maternité. J'avais des contractions légÚres depuis 2 jours et là je commençais à les sentir un peu plus forte, je pensais que le travail allait lentement se déclencher dans la foulée. A 7h on a réveillé mon fils pour l'amener chez ma grand-mÚre et on est allé à la maternité dans la foulée. J'appréhendais un peu de perdre les eaux en premier parce que j'avais le souvenir de contractions tout de suite trÚs proches et intenses pour mon premier. Examen, monito, j'étais à 2 cm, on m'a installé en chambre avec un petit déjeuner et un ballon.

Les contractions ont commencĂ© Ă  s'installer, toutes les 3 minutes. J'Ă©tais sur un coussin de maternitĂ©, je testais plein de positions pour me sentir le mieux possible pendant la contraction, et Ă  chaque fois que je trouvais une technique qui me semblait bien, je l'oubliais complĂštement pour la contraction d'aprĂšs. Mais ça allait bien, je gĂ©rais, notamment avec le souffle et la suspension au barreaux du lit. Au bout d'un moment je me dis que si je veux aller dans la baignoire (j'ai le droit ce coup-ci malgrĂ© la perte des eaux et contrairement Ă  mon dernier accouchement), c'est peut-ĂȘtre le moment parce que je risque d'avoir plus de mal Ă  me dĂ©placer aprĂšs. Je constate dĂ©jĂ  que debout les contractions sont bien plus douloureuses. Donc j'appelle la sage-femme pour lui dire que j'ai l'impression que ça a dĂ©marrĂ© et que j'aimerais tester le bain. Je suis Ă  4 cm. Il doit ĂȘtre environ 10h30.

Elle m'emmĂšne donc vers les salles d'accouchements et je ne sais pas trop pourquoi mais elle veut faire un petit monito de contrĂŽle avant le bain, le temps qu'il coule. J'accepte mais sur le ballon, pas allongĂ©e, je ne me sens pas de supporter les contractions autrement que dans la position que j'ai trouvĂ©. Donc on m'installe le monito et je trouve les capteurs trĂšs dĂ©sagrĂ©ables. Mon mari m'aide Ă  les maintenir mais on perd rĂ©guliĂšrement le rythme du bĂ©bĂ©. La sage femme me demande de faire un petit quart d'heure sur le dos avec le monito parce qu'elle voudrait ĂȘtre sĂ»re que le bĂ©bĂ© va bien. Bon j'accepte. Au bout d'un quart d'heure je craque et je me mets sur le cĂŽtĂ©. La sage femme m'aide un peu Ă  m'apaiser, Ă  me recentrer, je lui accroche le bras et je demande Ă  mon mari de la remplacer (je lui ordonne au passage d'enlever son pull parce que je voulais sa peau contre moi). Je suis Ă  6 cm. Je tiens un moment dans cette position. Le rythme du bĂ©bĂ© semble irrĂ©gulier et elle retarde encore le bain. Mais je n'ai pas jetĂ© l'oeil sur le monito une seule fois. En fait Ă  partir de lĂ  je suis un peu Ă  distance avec ce qui se passe autour de moi. On parle de bulle et oui j'ai l'impression d'ĂȘtre dans une bulle mais une bulle avec la douleur et moi oĂč j'essaie de ne pas lutter, de ne pas me laisser dĂ©border. J'y arrive Ă  peu prĂšs mais les contractions me laissent des tous petits rĂ©pits, une trentaine de seconde Ă  chaque fois. Dans ma tĂȘte il se passe des choses comme "c'est atroce, tiens le coup, pense Ă  ton bĂ©bĂ©, tu seras fiĂšre de toi" en boucle. Je transpire Ă©normĂ©ment. LĂ  je dis Ă  mon mari que je voudrais la pĂ©ri (mais je sais trĂšs bien que c'est pas possible) il me dit non, que je vais y arriver comme je lui avais demandĂ©. Alors je me tourne directement vers la sage femme et elle me confirme que c'est trop tard. Cette idĂ©e me sort de la tĂȘte.

Je dirai peut-ĂȘtre une dizaine de contractions plus tard je suis Ă  dilatation complĂšte. La sage femme commence Ă  s'inquiĂ©ter du rythme du bĂ©bĂ©, elle me dit qu'il ne faudrait pas trop que ça dure. Elle me demande si j'ai envie de pousser. Pas encore. Je me mets Ă  quattres pattes avec le ballon entre les bras. Je gĂšre quelques contractions comme ça. J'ai pas encore trop criĂ© (sauf une fois un "Je vais pas y arriver") mais j'ai dĂ©jĂ  tester toute une panoplie de sons. J'ai vraiment trĂšs mal, quand la contraction arrive Ă  son paroxysme je me demande comment une telle douleur est possible. Et parfois ça ne redescend pas vraiment, ça s'enchaĂźne o_O Mon mari est bien, il me donne du positif, il me dit que c'est bien ce que je fais et que le bĂ©bĂ© sera bientĂŽt lĂ . Ces petits mots me donnent Ă©normĂ©ment de courage. De l'autre cĂŽtĂ© je reçois plutĂŽt du stress, le bĂ©bĂ© est pas au top et il faut le faire sortir. Je sens sa tĂȘte appuyer en moi pendant la contraction, la sage femme me dit de me concentrer sur lui, je trouve cette sensation bien trop puissante pour moi.

LĂ  je commence Ă  sentir une petite envie de pousser, mais c'est pas encore franc. En fait, j'ai envie de faire caca et je le dis tel quel. On essaie quelques poussĂ©es dans cette position. La sage femme est inquiĂšte, elle veut me mettre sur le dos. Je rĂąle. Mais une petite part de moi commence Ă  prendre son inquiĂ©tude. J'accepte. La douleur est vraiment intense mais comme je pousse avec les contractions je ne suis plus focalisĂ© sur elles. Je pousse comme ça pendant peut-ĂȘtre un quart d'heure. ça avance, mais pas assez vite, le bĂ©bĂ© est encore bloquĂ© un peu trop haut dans mon bassin. (J'avais eu une ventouse pour mon fils pour la mĂȘme raison). Elle appelle le gynĂ©co et cette idĂ©e me soulage. MĂȘme si je n'ai pas eu beaucoup le temps de penser, Ă  force d'entendre que son rythme n'est pas top, il y a eu un petit Ă©clair "Et s'il arrivait quelque chose Ă  mon bĂ©bĂ© ?" et je veux qu'il sorte.

La gynĂ©co arrive et installe aussi une ventouse. Elle me dit "ça va pas ĂȘtre sympa, mais c'est la tĂȘte du bĂ©bĂ©". Sur la contraction, je pousse et elle tire en mĂȘme temps. LĂ  je pousse un hurlement, je pensais pas que je pouvais crier comme ça. Une deuxiĂšme contraction, un deuxiĂšme hurlement, la tĂȘte sort, une troisĂšme pour les Ă©paules, et le bĂ©bĂ© est lĂ , c'est un garçon. On me pose mon bĂ©bĂ© dans les bras. Il est nĂ© Ă  12h59 mais ça je le saurais aprĂšs je n'ai pas regardĂ© l'heure une seule fois. Pas trop longtemps, les contractions reprennent tout de suite (et pas d'injection d'ocyto pourtant), j'ai encore trĂšs mal, en 10 minutes le placenta sort lui aussi. LĂ  je n'ai pas - du tout - ressenti la libĂ©ration et le bien-ĂȘtre dont parle certaines mamans. J'avais trĂšs mal au coccyx/sacrum, encore des contractions bien douloureuses et je me suis mise Ă  trembler. Tellement que j'Ă©tais gelĂ©e et que je n'ai pas fait le peau Ă  peau en premier. C'est mon mari qui a pris le bĂ©bĂ© torse nu contre lui le temps que j'arrĂȘte de trembler et que je me rĂ©chauffe (ça a durĂ© une bonne demi heure, mais j'Ă©tais heureuse pour eux et heureuse de savoir que quelqu'un Ă©tait lĂ  pour prendre le relais le temps dont j'avais besoin). Quand je peux, on me mets mon bĂ©bĂ© dans les bras et il prend sa premiĂšre tĂ©tĂ©e et c'est lĂ  que toute l'Ă©motion monte.

Je suis restĂ©e un peu sonnĂ©e un moment par l'intensitĂ© du travail et de l'expulsion. Dans les heures aprĂšs l'accouchement je me disais que je ne voudrais plus jamais revivre ça. Je commence Ă  porter un regard plus positif. J'avais l'impression d'avoir Ă©tĂ© hystĂ©rique, d'avoir rien gĂ©rĂ© du tout et mon mari m'a apportĂ© un regard vraiment diffĂ©rent (j'ai pas tant criĂ© d'aprĂšs lui, juste Ă  la fin), il Ă©tait trĂšs fier de moi et il a Ă©tĂ© super car il est le seul Ă  ne m'avoir donnĂ© que du positif quand c'Ă©tait vraiment dur. J'ai eu un gros oedĂšme mais aucune dĂ©chirure malgrĂ© la ventouse et mon bĂ©bĂ© n'a pas Ă©tĂ© douloureux du tout au niveau de la tĂȘte et du cou, il est trĂšs calme pour le moment. Et je me sens hyper zen et heureuse dans mon nouveau rĂŽle de maman de ce bout de chou.
Tu as Ă©tĂ© une reine, mĂȘme si ça a Ă©tĂ© dur pour toi. Bravo et merci pour ce rĂ©cit !
 

Chocob

Hyperlactation
Adhérent(e) LLLF
Pour Nounours j'ai pensé "Mais quel bébé ?" quand la SF m'a dit "Allez, faut le sortir, ce bébé !". Jusqu'au bout, je n'y ai jamais cru.
Et maintenant tu y crois ?
Quand je regarde mes deux "bĂ©bĂ©s", je n'arrive pas Ă  assimiler l'accouchement comme le lien entre eux maintenant et eux quand ils Ă©taient dans mon ventre. Ce sont pour moi 3 temps distincts. Il y a le temps oĂč j'Ă©tais enceinte avec un bĂ©bĂ© que je sentais bouger, que j'imaginais, avec lequel je me projetais...puis les bĂ©bĂ©s que j'ai maintenant, comme si on me les avait "donnĂ©s". Et puis il y a l'accouchement comme quelquechose hors du temps, un Ă©vĂ©nement en soi mais qui dans mon esprit n'est pas vraiment la transition entre les 2 temps o_O
 

Marnie

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
@Chocob , non, mes grossesse restent trĂšs distinctes de leurs aprĂšs, et tout autant pour Korrichou que pour Nounours, voire davantage vu le contexte bien particulier. La grossesse de Korrichou, je la rattache Ă  la prĂ©cĂ©dente et Ă  mon grelot, comme si Korrichou Ă©tait apparu en naissant seulement, tirĂ©, directement tel quel, de sous la table d'accouchement. Ou alors je me figure deux grossesses parallĂšles, superposĂ©es, un doublon de celle de mon grelot, avec tout ce qui allait de travers, et celle de Korrichou, oui, mais qui n'aurait existĂ© que dans les moments positifs ou du moins ordinaires... Quand Korrichou est sorti, il m'a paru tellement "normal" qu'il ne pouvait pas ĂȘtre le rĂ©sultat d'autant d'angoisses et de menaces. Donc dĂ©finitivement, l'accouchement comme transition ne me parle pas non plus 😅
 

Nienna

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
C'est drĂŽle, mon homme a ce ressenti, comme vous @Chocob et @Marnie ! Il dit souvent que la petite est arrivĂ©e par hĂ©licoptĂšre (car l'obstĂ©tricienne l'a posĂ©e sur moi dans un mouvement du haut vers le bas). De mon cĂŽtĂ© j'ai le trĂšs net souvenir d'avoir dĂ» la sortir de moi 😄
 

Marnie

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
C'est drĂŽle, mon homme a ce ressenti, comme vous @Chocob et @Marnie ! Il dit souvent que la petite est arrivĂ©e par hĂ©licoptĂšre (car l'obstĂ©tricienne l'a posĂ©e sur moi dans un mouvement du haut vers le bas). De mon cĂŽtĂ© j'ai le trĂšs net souvenir d'avoir dĂ» la sortir de moi 😄

Alors que moi, je me demandais (pour Nounours) pourquoi on m'infligeait cette ignoble torture gratuite 😁
 

MmeMarguerite

Fontaine de lait
Merci @Gabyshka pour ce magnifique récit !!
C'est normal d'ĂȘtre un peu perdue face Ă  l'intensitĂ© du moment je pense. En tout cas, ton petit recul te met sur la bonne voie : tu peux en effet ĂȘtre super fiĂšre de toi ! Ton homme te voit comme tu es : forte et merveilleuse !

@Marnie @Chocob à la fois je comprends votre sentiment de plusieurs moment séparés (surtout l'accouchement qui reste pour moi un moment bien à part), et à la fois quand je repense à mes grossesses, je me rends compte que je percevais déjà des traits caractéristiques de mes enfants quand j'étais enceinte.
Je savais que mon petit bonhomme était trÚs nerveux par exemple. Et que ma belette serait plus posée tout en étant trÚs dynamique (difficle à décrire). Quand j'étais en stress pour le rdv des 36sa à la clinique pour l'accord de plateau technique et que ma belette se retournait 2x par jour dans mon ventre, ma sf m'avait dit "Mais Marguerite, ton bébé est comme toi : il a de l'humour ! T'en fais pas, elle fera ce qu'il faut le jour J !" Et bien il se trouve qu'elle avait raison : la belette a fait ce qu'il fallait le jour J et elle a beaucoup d'humour, elle passe son temps à essayer de faire rire les autres !
 

Bigfiel21

Hyperlactation
Je rebondis sur les attentes et besoins au moment de l'accouchement...vous ne pensez pas qu'il y a eu aussi beaucoup de tabous chez les mĂšres qui se sont autocensurĂ©es ? En discutant autour de moi j'ai l'impression que les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes verbalisaient peu autour de l'accouchement et qu'il y avait Ă  la fois une idealisation notamment autour du post parfum qui ne correspond pas Ă  la rĂ©alitĂ© faut bien le dire...le concret c'est qu'on est toutes defoncees Ă  tout point de vue, extrĂȘmement vulnĂ©rables pendant l'accouchement...ici c'est une maternitĂ© labellisee Amis des bĂ©bĂ©s (premiĂšre en France de mĂ©moire) et l'approche est bienveillante soutenante et orientĂ©e vers le respect des volontĂ©s des parents mais je sais que ce n'est pas pareil partout...pour l'exemple en 2017 on a quand mĂȘme dit Ă  ma belle sƓur qu'elle ne devait allaiter que toutes les trois heures sinon la petite mangerait trop...moralitĂ© elle avait faim et l'allaitement Ă  complĂštement foirĂ© en mode "vous n'avez pas assez de lait"...c'est sur que je pense bien qu'au moyen Ăąge les tĂ©tĂ©es Ă©taient chronomĂ©trĂ©es....
 

Gabyshka

Hyperlactation
Adhérent(e) LLLF
Tu as Ă©tĂ© une reine, mĂȘme si ça a Ă©tĂ© dur pour toi. Bravo et merci pour ce rĂ©cit !
Encore fĂ©licitations, @Gabyshka ♄
Félicitations @Gabyshka, quel bel accouchement, quel belle réussite, tu as été incroyable et tu es à jamais une reine aux yeux de ton mari, c'est merveilleux !!
Merci @Gabyshka pour ce magnifique récit !!
C'est normal d'ĂȘtre un peu perdue face Ă  l'intensitĂ© du moment je pense. En tout cas, ton petit recul te met sur la bonne voie : tu peux en effet ĂȘtre super fiĂšre de toi ! Ton homme te voit comme tu es : forte et merveilleuse !

Merci Ă  toutes đŸ„° J'ai eu une certaine frustration de pas avoir rĂ©ussi Ă  sortir ce bĂ©bĂ© complĂštement toute seule, je pense que quand on choisi d'accoucher sans pĂ©ridurale c'est souvent parce qu'on veut se sentir capable de mettre au monde son enfant par soi mĂȘme, mais je me dis que les facteurs extĂ©rieurs ont aussi une influence qui font que ça s'est passĂ© comme ça. Peut-ĂȘtre qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiĂ©ter mais peut-ĂȘtre aussi que mon bĂ©bĂ© avait vraiment besoin de sortir vite, et maintenant il est lĂ  et il est merveilleux đŸ„°đŸ„° D'ailleurs j'ai lu le compte rendu de l'accouchement qu'ils avaient glissĂ© dans le carnet de santĂ© de mon fils et ils ont notĂ© 2h de travail et 32 minutes d'"efforts expulsifs" donc j'imagine qu'ils ont vraiment voulu qu'il vienne sans traĂźner parce qu'une trentaine de minutes ne me parait pas excessif. Bref, pas un accouchement parfait mais un accouchement qui me laissera un souvenir inoubliable ça c'est sĂ»r 😁
 

Marnie

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
@Gabyshka , j'ai entendu aux Maternelles une cheffe de clinique dire qu'en France, on ne laissait pas dépasser 30 minutes de poussées, mais à te lire je me demande si les pratiques sont vraiment si homogÚnes... On t'avait laissé pousser davantage pour ton premier ? J'ai poussé 15 minutes pour Nounours, j'aurais pas pu davantage, trop mal, trop épuisée. Vraiment bravo !
 
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