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Vos accouchements

Mamenrond

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
Les contractions très fortes seraient arrivées de toute façon je pense, tu ne crois pas ?
On a juste passé quelques étapes 😅
 

MmeMarguerite

Fontaine de lait
Félicitations!! Ca me rappelle un peu mon accouchement, je suis passée très vite de 4,5 cm à dilatation complète avec perte de la poche des eaux et envie de pousser et j'avais le même genre de réflexion intérieure avant la perte de la poche des eaux: "quoi, mais ce n'est pas possible, ça n'est pas des contractions "normales" de milieu d'accouchement". Ca n'en était pas, en effet :D . D'ailleurs, ça s'est fait sans le papa qui n'était pas arrivé. Je n'ai pas eu l'occasion de demander à la sage-femme, mais le liquide est noté comme méconial dans le carnet de santé. Est-ce qu'un accouchement rapide comme cela (enfin, d'après mes connaissances) peut-être difficile pour le bébé? Avec les contractions très fortes? Je n'en ai aucune idée, ça peut être mille autres choses.
Oui quand c'est "brutal" des fois ça peut surprendre un peu le bébé. Alors que pour un travail "normal", c'est plus progressif donc le bébé a le temps de s'y habituer et peut moins en souffrir. Je dis bien qu'il peut, hein, rien n'est automatique !
Pour mon petit bonhomme, ce qui l'a fait souffrir c'était d'abord des contractions qui n'ouvraient pas du tout le col, donc lui à chaque fois il se cognait contre mon col tout dur au lieu de descendre paisiblement.

@Mamenrond quelle histoire, quelle battante, quelle équipe... Bravo à vous !!!
 

Caro_le

Hyperlactation
Adhérent(e) LLLF
Je remonte ce post pour raconter mon accouchement de Numéro #2 aussi appelé Petit Lapin.

Le dimanche soir en pleine nuit (vers 1h30 du matin) je commence à avoir quelques douleurs. Des contractions qui me réveillent, dans ma tête je me dis chouette ça commence, à ce moment je suis à 38SA+4. Je descends dans le salon, tout le monde dort. J'y ai mon ballon, mon tapis de yoga, j'allume des bougies et je me mets dans l'ambiance, j'essaye d'accompagner les contractions quand elles arrivent, elles sont moyennement intenses et irrégulières je me dis que ce n'est que le début, j'apprécie le calme de la maison au milieu de la nuit. Je me sens prête et au petit matin, les contractions s'espacent, diminuent en intensité, je n'ai pas dormi de la nuit, je suis dégoûtée et pars me coucher. Je ne dors pas très longtemps, je me lève par habitude vers 8h pour préparer mon grand de 2 ans pour la crèche.

Lundi: la journée se passe bien, j'ai quelques contractions dans la journée mais rien de fou donc je sais que ça ne sera pas pour ce jour, je fais ma petite vie tranquille. Le soir, vers minuit, rebelote, comme la veille, je refais le même rituel, je suis un peu saoulée parce que j'aimerais bien dormir mais bon, on fait avec (il faut savoir que je fais rarement des siestes en journée donc j'ai un déficit en sommeil qui se creuse). Et pareil que précédemment, au petit matin, tout s'arrête. Petite nouveauté du soir j'ai quand même perdu le bouchon muqueux donc ça n'est pas mon imagination, les choses avancent.

Mardi: je passe la journée tranquille, mon compagnon me demande de me reposer quand même, après 2 nuits sans sommeil j'arrive à faire une sieste en milieu de journée. Mon compagnon est commercial option pompier volontaire il a une garde pour la nuit (19h-7h). J'ai des contractions dans la journée mais ça va et après la crèche comme d'habitude j'emmène Grenouille au parc. Il fait de la draisienne avec un copain de la crèche (ici il faisait 26°C) pendant 1h les enfants se défoulent. Ensuite on rentre à la maison pour dire aurevoir à papa qui part pour la nuit et il me prévient qu'il garde son téléphone allumé en permanence et si besoin de l'appeler ou de faire le 18 et de demander spécifiquement son nom pour l'intervention. A 19h je dois donner à manger à l'aîné mais je n'arrive pas à tenir debout alors que j'ai juste du riz à faire. Pas grave, on va au fast-food, passage en drive, mon aîné est très facile même si il est fatigué, après le repas douche puis histoiressss (oui, 1 c'est pas assez). J'ai quelques contractions assez fortes à ce moment-là mais je prends sur moi, à 21h dodo. Je retourne dans ma chambre, je textote mon compagnon, et je lui dis qu'encore une fois ça va être une nuit de contractions et il me demande de dormir autant que possible et il me dit qu'il va faire sauter sa garde de fin de semaine c'était la dernière avant le congé paternité et il me dit, ça sera sans doute pour ce weekend.
Je m'endors, et me réveille régulièrement et vers 00h30, là je sens que les choses deviennent intenses +++, je fais des allers-retours au toilette voir, j'y reste entre 2 contractions. Je n'arrive pas à trouver une position : debout, 4 pattes, accroupie, allongée dos/ventre/côté, par terre, sur le lit, j'essaye tout, tout en accompagnant les contractions. Je suis aussi silencieuse que possible pour ne pas réveiller l'ainé. Je me dis que je vais arriver jusqu'à 9h, le temps qu'on l'emmène à la crèche et ensuite on ira à la maternité. Le temps passe, j'ai du mal à tenir, je ne chronomètre pas les contractions mais je sais que j'ai de moins en moins de répit. Vers 3h, je me dis que je vais tenter de tenir jusqu'à 7h. Vers 3h30, je craque. J'appelle ma belle-mère pour qu'elle vienne garder l'aîné, elle ne décroche pas. J'appelle mon compagnon...qui ne décroche pas...mais suis-je donc la seule à savoir que je vais accoucher ?😁
J'envoie un message à Monsieur et je lui dis que je ne peux plus attendre, les choses s'emballent, je n'arrive pas à joindre ses parents. Là, il me rappelle dans la foulée, me demande de contacter le SAMU et de bien dire qu'il est de garde pompier caserne de notre ville et de donner son nom et il va ré-essayer pour sa maman.
J'appelle le 15, pas trop d'attente, ouf. J'explique entre 2 contractions, on me passe le médecin, qui m'indique qu'ils arrivent. Entre temps ils ont du déclencher aussi les pompiers, là je suis dans le salon, j'ai posé les sacs pour la maternité à l'entrée (sac pour la salle de naissance, sac de bébé, ma valise est restée dans ma chambre) j'allume la lumière, je déverrouille la porte et je ne tiens plus, je suis par terre en train d'essayer de gérer les contractions, j'ai à peine le temps de reprendre mes esprits qu'une nouvelle contractions tout aussi intense s'enchaîne. Je sens que bébé descends, je commence à ne plus pouvoir rester silencieuse. J'entends les pompiers arriver, monsieur essaye de m'aider, ils me posent des questions :
- est-ce que vous avez rompu la poche des eaux ? Non
- temps entre chaque contractions ? Aucune idée
- papiers d'identité ? J'en sais rien

Heureusement que mon compagnon est présent, il donne tout, commence à chronométrer les contractions. Ils veulent absolument que je m'allonge pour m'examiner mais je n'y arrive pas. Je veux être debout pendant les contractions, et là, la poche des eaux éclatent. Le SAMU arrive, un médecin m'aide à m'allonger, je suis soutenue par mon compagnon, je suis en mode automatique, mon corps prends le contrôle. Je m'entends dire que je veux pousser et une médecin arrive et me dit de pousser si je veux. Je veux être debout mais on me dit qu'il me faut être semi allongé au pire. On me met des coussins dans le dos, mon compagnon est à côté en train de me soutenir et je fais abstraction du reste. Je pousse et je sens tout au point de visualiser mon col s'ouvrir et la tête qui sort parce que c'est ce que je ressens. Une fois la tête sortie, je sens que tout le reste sort. Bébé ne crie pas, je le trouve gris et quelqu'un le prend, il est enveloppé dans des serviettes, je crois l'entendre pousser un cri à un moment et on finit par me le montrer et je demande à mon compagnon de vérifier comment va l'aîné (je sais que j'ai crié quand la tête est passée).

On me met sur le brancard, et là je me rends compte qu'il y a beaucoup de monde chez moi. Monsieur amène l'aîné qui vient de se réveiller apparemment (finalement c'est mon compagnon qui l'a réveillé pour qu'il voit maman avant de partir. D'habitude, tu tousses à côté de sa chambre, il se réveille mais un accouchement, il est dans son meilleur sommeil😅).

La mamie arrive quand le brancard est dans le camion, je reprends mes esprits, je pense que l'adrénaline que j'ai eu pendant l'accouchement se dissipe. Je suis emmenée à la maternité. Je finis d'expulser le placenta, pas de point de suture nécessaire et je vais au toilette en marchant, tout va bien. Déception du papa, il n'a pas fait de peau. C'est après coup qu'il m'a informée que bébé avait le cordon autour du cou et que tout s'est passé extrêmement rapidement, j'ai appelé le 15 à 3h55, et Lapin est né à 4h26😊🥰.

Vraiment, le pavé, bon courage pour la lecture
 

Sekhmet

Modératrice
Adhérent(e) LLLF
C'est mon tour. Ça date un peu mais j'ai mis du temps à tout rédiger...
Attention, y'a du pavé (et va falloir que je poste en plusieurs fois à tous les coups).

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[Contexte : filière ANAE]

J'étais suivie à partir du 4e mois de grossesse dans la filière physiologique de l'hôpital d'Eaubonne. Le principe est un accompagnement en ce sens, avec un suivi adapté. Cinq sage-femmes sont impliquées, et pour toutes les connaître, deux font mon suivi, et les trois autres sont rencontrées lors des cours de préparation à la naissance. Le jour J, selon le planning, une de ces cinq SF est présente tout du long avec moi, dans une salle dite "nature".

[Une semaine et demi avant]

Dernier rendez-vous de suivi, puis le lendemain, "cours particulier" sur l'accouchement. Comme j'avais eu le covid une semaine plus tôt, j'avais annulé mon cours sur l'accouchement, et il n'y avait plus de cours collectif disponible. Nous prenons le temps de faire le point avec H., une des sage-femmes, sur ce qu'il reste à savoir, sachant que j'avais fait tous les autres cours, plus le spécial "méthode Bona Pace" avec mon homme. "Je te sens prête", me dit-elle. J'ai des contractions, j'en ai eu toute la grossesse, mais des petites gentillettes, qui ne font pas mal.

On vérifie le col, il est encore bien fermé, 1cm, et l'utérus encore haut. Pas pour tout de suite, donc. Ce n'est pas plus mal, après le covid j'ai bien besoin d'encore une petite semaine ou d'au moins quelques jours à ne rien faire et me reposer. Et le Petit Loup était arrivé pile poil le jour du terme prévu...
On programme une séance d'acupuncture la semaine prochaine (le mercredi) avec A., pour faire maturer le col.

Il faut savoir que ces deux jours-là, grève surprise dans les transports en commun (ou pour préciser, spécialement sur les lignes de transilien dont j'ai besoin pour aller à l'hôpital). Donc j'ai dû un peu batailler pour venir et rentrer de la maternité. Pas de stress spécialement (je n'ai que ça à faire !), mais des trajets longs et assez chaotiques. Je sens pas mal de contractions après un trajet en bus sur la route mal entretenue, toujours des contractions non douloureuses. Je me souviens que pour le Petit Loup, j'avais eu ce genre de choses pas mal de temps avant, donc bon.

La semaine passe, de plus en plus de ces petites contractions, qui ne m'empêchent pas de vivre ma vie. Du pré-travail comme on dit. Bah, tout ce qui prépare le corps est bon à prendre.

[Quelques jours avant, mercredi]

Je vais à mon rendez-vous à la maternité, avec quelques loupés sur l'horaire. Je n'ai pas encore accouché, on est mercredi et le terme est prévu dimanche ! Mais je sens que "ça" travaille, ou plutôt pré-travaille. Pas mal de ces petites contractions gentilles, je sens mon ventre qui est descendu...

La séance d'acupuncture se passe bien (une première pour moi ^^), je somnole en pensant à mon bébé, à mon grand garçon qui sera tellement fier de le voir, à nous quatre quand nous serons quatre pour de bon.
A. propose qu'on vérifie le col ensuite, 2cm, bien mou, bref, ça s'approche ! En même temps je n'ai pas contracté toute la semaine pour rien...

Les jours qui viennent, encore des petites contractions "sages" bien qu'elles soient plus nombreuses. Mais rien qui ne m'empêche de vivre ma vie, de geeker sur mon ordinateur (je sais que le temps libre sera bientôt fort limité ^^), de finir la valise...

[Nuit du vendredi au samedi]

On se couche tard. On fait l'amour. Je commence à être fatiguée de toutes ces petites contractions, je pense que c'est pour bientôt, et j'espère parce que j'en ai marre d'être enceinte, j'ai envie de rencontrer mon bébé. Et en même temps ça me travaille, je ressens comme le trac : à la fois de la peur et de l'excitation.

Vers 1h du matin, je ne dors pas encore, je sens d'un coup un peu de liquide dans ma culotte. Oups. Je me lève précautionneusement, je vais dans la salle de bains. Un filet de liquide me coule le long de la jambe. Le liquide est clair. Aucun doute possible, j'ai fissuré la poche des eaux ! Je ressens un frisson d'excitation, ça commence !

Comme je me sens un peu crado, je prends une bonne grosse douche chaude, en laissant mon chéri dormir. Je sais que pour moi ça sera nuit blanche, mais s'il peut gagner quelques heures de sommeil ça sera bien. Je sens que les contractions deviennent inconfortables, mais largement supportables. Après un bon moment, je sors, mets une bonne serviette hygiénique (ça ne coule pas de fou) et retourne dans le lit, pour me reposer au max. Je sais que je ne dormirai pas, mais l'odeur, la douceur, l'obscurité de la chambre me font du bien. Les contractions commencent à faire mal. J'essaie de respirer au max pendant, et de me détendre entre deux.
Je ne reste pas longtemps allongée, je me lève, je marche, je vais prendre un spasfon, je me mets à genoux au bord du lit, bref j'essaie de gérer seule.

Au bout d'un moment, je réveille mon homme, je lui dis que je n'arrive plus à gérer seule, j'ai besoin de lui. Il met un moment à comprendre de quoi je parle (il dormait vraiment malgré mes allées et venues !), il est un peu dans les vapes. Il se lève et va aux toilettes. Pile au moment où je lui dis que j'ai la nausée... je me retrouve à vomir dans la baignoire. Glamour. Il est bien réveillé, il a enfin émergé, il a compris, ouf. Il gère derrière moi, nettoie tout.

La suite est un peu dans le désordre, mes souvenirs sont peu clairs.

J'ai eu plusieurs épisodes de vomissements (dans les toilettes) et de diarrhée. Comme pour le Petit Loup, je vide mon tube digestif pour mieux repartir à neuf. Je le vis mieux que la première fois, j'y étais préparée psychologiquement. Et je suis à la maison, dans un environnement familier. Je me balade entre la chambre, la salle de bains et les toilettes.

Mon homme me soutient, physiquement et psychologiquement. Son visage est inondé de bonheur, de ce qui est en train de se passer, de notre bébé qui va naître. C'est comme un phare au milieu de la tempête, l'ouragan que je suis devenue.
Il m'aide en pinçant le point d'acupression entre le pouce et l'index, celui-là marche bien, pendant les contractions pour "diluer" la douleur. Il m'aide à me détendre entre deux contractions.
Je n'ai aucune idée du temps qui passe ni du temps qui les sépare. Je suis dans une sorte de bulle, je n'avais pas vraiment réalisé ce que ça voulait dire avant de le vivre, j'ai les yeux fermés la plupart du temps, je me concentre sur ma respiration et je sens la présence de mon homme qui me réconforte, qui m'encourage, me soutient. Je jure un peu (beaucoup ?) de temps en temps parce que mince, ça pique sacrément !

À un moment donné, il appelle sa maman, qui viendra garder le Petit Loup, comme on l'avait prévu. Un peu plus tard il appelle aussi la SF de garde, M., pour la prévenir que ça sera pour ce matin tôt.

Je vais reprendre un bain/douche, dans quel on met un peu du mélange d'huiles prescrit par les SF de l'hôpital. J'aime bien l'odeur. Je fais couler l'eau sur mon corps par la pomme de douche en laissant le bouchon fermé, ça fait du bien. Je re-vomis encore depuis mon bain mais heureusement mon homme avait amené une bassine (il gère !).

Dans ma bulle, j'ai même par moments des hallucinations (!). Sous le volet fermé de mes paupières, je vois d'un coup un voile de couleur vive, sur une contraction. Un coup c'était orange, une autre contraction rouge, une autre fois bleu vif, ou vert... Je ne sais plus combien et quelles couleurs, mais c'était... bizarre.

À un moment donné, mon homme, à qui il arrive de faire des choses un peu étranges, a posé ses mains sur mon ventre quand j'étais aux toilettes. Il souffle. La douleur de la contraction est nettement diminuée. Lui fait une sacrée grimace. Je lui demande si ça va, il fait une moue. Il a "absorbé" la contraction. Il ne le refera pas, ce n'est pas son travail (haha), mais ouf, ce petit répit m'a fait du bien, et me donne du courage. Surtout comme preuve de ce qu'il est prêt à faire pour moi, pour nous.

Un peu plus tard, je vois que je perds du sang. Une belle "grosse goutte" qui tombe d'un coup par terre. Je panique un peu, si quelque chose se passait mal ? Mon homme rappelle M., qui nous rassure. D'ailleurs on n'est pas encore partis ? Non, ma belle-mère n'est pas encore arrivée (elle ne devrait plus tarder ?). Je vois le jour poindre. Il me dit qu'on part dès qu'elle arrive, je hoche la tête. Oui, je sens que ça va devenir difficile de prendre la voiture si on attend trop.

Ma belle-mère arrive enfin. On apprendra plus tard qu'elle a eu des soucis en venant (elle est censée avoir une heure de route), en manquant de perdre sa carte bleue (embêtant pour le péage !) et avec sa voiture qui faisait un bruit chelou. Mais bref, mon homme lui dit qu'on va y aller. On ne traîne pas. Je suis un peu triste de ne pas dire au revoir au Petit Loup, mais en même temps je lui aurais fait peur dans mon état.

J'enfile une robe par-dessus ma culotte et zou. Même pas le courage d'attacher mes sandales, j'avance par tous petits pas. Mon homme pense même à mettre une serviette sur le siège passager. Et zou. Il est environ 5h30 du matin. Et ça pique sévère quand même.

[En route pour la maternité]

5h30 c'est bien, il n'y pas un chat (ni une voiture) sur la route. On roule 25 minutes, ce qui est rapide. J'appréhendais ce trajet, mais j'arrive à ré-entrer dans ma bulle même si la position n'est pas optimale. J'ai l'impression de "garder la tempête en-dedans". Je garde les yeux fermés la plupart du temps (j'aurai encore une ou deux hallucinations citées plus haut, c'est rigolo), et je me cramponne à la poignée au-dessus de la fenêtre. Mon homme me tient la main, l'avantage de la boîte auto c'est qu'il peut la tenir pendant tout le trajet. Sur les contractions je lui dis parfois juste "pince" et il appuie sur le point d'acupression entre le pouce et l'index, ça aide (même si j'ai l'impression que ce n'est jamais assez fort !). Je lui serre la main, je souffle au mieux pour me détendre au max entre deux contractions, même si c'est dur. Très dur. Par moments j'ouvre les yeux pour voir un magnifique lever de soleil. Je me dis que c'est pour bientôt... Je sens que "quelque chose" descend, commence à peser en bas. Est-ce que je rêve ou... ?

Nous arrivons à la maternité. Mon homme se gare juste devant (ouf une place). Puis nous avançons à petits pas (je ne peux pas aller vite, et je n'ai toujours pas attaché mes sandales je crois), avec les affaires.

[La salle nature, 1]


Nous sommes accueillis par M.. C'est la SF que j'ai le moins vue de toute la préparation (surtout avec les aléas du covid !), mais je sens toute de suite son aura de douceur. Elle aussi, elle est un pilier. Je me sens vite mieux quand nous nous installons dans la salle nature. Je vire rapidement mes sandales, ma robe, ma culotte. Au départ j'avais prévu deux ou trois trucs pour être habillée à l'aise (paréo, etc), mais non, au stade où j'en suis, c'est à poil que je me sens le mieux. M. nous laisse le temps de nous installer (je vomis une dernière fois d'ailleurs, youpi), puis elle prend le temps de poser le monito : bébé va bien ! Ensuite on essaie de voir si il y a une position où elle peut regarder où en est le col. On finit par trouver, une position pas trop affreuse, allongée sur le côté.

"Je crois que tu es à dilatation complète". Wahou, pas étonnant que je douille autant ! J'ai un sentiment de victoire et de soulagement, j'ai dépassé le blocage de mon premier accouchement (le col qui ne s'ouvrait pas malgré les contractions), et je dis même tout haut que "la première porte est ouverte". J'en viens presque à me demander ce que je vais faire maintenant. Mais zut, c'est quoi la suite ? Ben des contractions...

Car elles continuent, toujours plus intenses. Mon homme et M. m'encouragent. Il me fait des massages dans le bas du dos, ça fait du bien. Je gigote sur le super grand lit (top !), ça fait toujours super mal mais je me sens encouragée.
Pendant un temps "pas trop mal" elle me pose la voie fermée, sur l'avant-bras, elle a trouvé un point où ça ne gêne pas mes mouvements et où la veine est facile à attraper.
En vrai j'avais hâte qu'elle me la pose car je voulais que ça soit "fait et plus à faire", comme j'ai eu une délivrance artificielle pour mon premier accouchement, ça me rassure que ça soit posé pour l'injection d'ocytocine. Et puis je me fous des piqûres donc...

Puis il y a des moments où je "sens" quelque chose qui descend dans mon vagin. La sensation est surprenante, et une envie de pousser me prend. "J'ai envie de pous...gggnnnnn" impossible de résister ! Je me mets à faire des sons graves, gutturaux, ce genre de son qu'on fait en soulevant un truc bien lourd.
La sage-femme me dit que je prends beaucoup dans la gorge, je risque d'avoir mal ensuite. Tant pis, je m'en tape, et je ne peux pas faire autrement de toutes façons. L'envie de pousser reste erratique, parfois forte, parfois pas selon les contractions. Je me suspends au tissu, c'est très agréable pour pousser. En même temps ça stimule les abdominaux donc ça aide. Et puis c'est familier comme sensation, ça me rappelle le tissu aérien, même si je n'en ai pas fait depuis longtemps.
Mais je commence à fatiguer, c'est si dur de pousser.
La SF m'encourage, me dit que je dois pousser plus longtemps et plus fort. Je m'exécute, de toutes mes forces. C'est très dur, mais je sens le bébé qui avance un peu à chaque fois. Mais ce n'est pas assez, il remonte entre deux. Et je manque de souffle, c'est si dur ! Entre deux contractions je n'ai presque pas de répit de douleur, il reste une "barre" en bas du ventre.

Je ne sais plus à quel moment l'aide-soignante est arrivée, elle s'appelle N., je sens tout de suite une bonne connexion avec elle et entre elle et M. Indispensable car elles agissent en équipe !

La SF me dit que bébé a du mal à passer le bassin parce qu'il est gros et que je suis trop en avant (il doit buter sur le bassin). Elle me propose d'essayer autre chose, je ne sais plus quoi ou la chaise d'accouchement, je dis la chaise, la chaise. Elle me faisait de l'oeil depuis le début cette chaise-là, une intuition ?

Je me lève difficilement, aidée par mon homme et par la SF qui tient le monito (ce que j'apprécie de pas avoir à y penser !). Je n'en peux plus. J'ai si mal, j'ai peur, peur que mon bébé n'arrive jamais à sortir (il ne va jamais passer mon bassin ! Il est trop gros !), je dis, je crie même que je n'en peux plus, que je vais mourir. La fameuse phase de désespérance ? Mon homme me regarde et me répond "Non tu ne vas pas mourir, tu vas donner la vie". Il est magique, mon homme. Son visage est illuminé, là encore, il met du bonheur partout, c'est magnifique, et ça me donne tellement de courage.
 

Sekhmet

Modératrice
Adhérent(e) LLLF
[La salle nature, 2 : l'expulsion pour de bon]

Je ne sais plus trop comment je me retrouve dans la "bonne" position sur la fameuse chaise, mais une fois que j'y suis, je m'y sens bien. La SF et l'aide-soignante ont installé un petit matelas et des alèses sous moi (le bébé, le bébé il va passer par là !). J'ai besoin d'aller en arrière, un peu mais pas trop, et mon homme me soutient (il y a un fauteuil spécialement installé à l'arrière de la chaise pour ça, c'est bien fichu !), et j'attrape les suspensions. J'ai des bras musclés, il est temps de s'en servir !

Et je pousse de toutes mes forces. Comme je suis en arrière, M. et N. m'aident à lever mes jambes, elles sont accroupies devant moi et j'ai une jambe sur chacune d'elles. J'ai l'impression qu'on est cinq à s'y mettre dans l'histoire. Je sens le bébé qui avance, mais qui recule entre deux. Mais il avance un peu plus ! Il faut que je pousse, encore plus fort car bébé commence à fatiguer vraiment. Oui, même entre les contractions, tant pis !

M. me masse le périnée. Et ça commence à faire mal là. Ça brûle même ! N. pulvérise de l'eau dessus, j'ai un peu l'impression que c'est un tuyau d'arrosage sur un incendie, mais c'est mieux que rien. Je lui dis de continuer car ça brûle vraiment fort. La SF continue de masser, et tout le monde m'encourage. Il faut que je pousse, encore plus fort car bébé commence à fatiguer vraiment. Oui, même entre les contractions !

Je suis à bout. Et je me mets à crier. Fini les sons gutturaux de bûcheronne, là je suis au cri à pleins poumons de la guerrière berserk, de la charge des walkyries ou de la louve (garou ?) qui hurle à la lune (ou au soleil, dans mon cas). Sans retenue, sans blocage, avec une voix si "claire" que je me demande si, même en m'exerçant, j'ai déjà, dans ma vie posé aussi bien ma voix pour chanter. C'est à la fois un cri de douleur (oui, j'ai très mal on ne va pas se mentir !) mais aussi un cri de force, un cri incroyablement libéré. Quand dans ma vie me suis-je autorisée à crier avec autant de puissance ? Ça me donne du souffle et de la force pour pousser encore plus fort. Ce n'est pas pour rien qu'on dit "pousser" un cri...

Et là alors que je pousse de toutes mes forces combinées, je sens une contractions arriver. Et d'un coup je sens un truc. La tête qui passe doucement ! Puis d'un coup une autre sensation, floup, tout le corps du bébé, d'un coup. J'arrête de crier, je suis haletante, en sueur, alors qu'on me pose un beau gros bébé tout gluant sur moi et qu'on le frictionne très fort.

Bébé est tout bleu du visage. Il a dû avoir du mal lui aussi ! La SF et l'aide-soignante se regardent. "On l'emmène ?" "Non ça va il se met à respirer". Je regarde ce petit être, autant sous le choc que moi, qui doucement, prend ses premières inspirations, et set met à râler puis à crier vraiment. L'émotion est là.

Il est né. Il est 7h50.

"Il s'appelle [Dragonneau]."

[Délivrance]

La tempête s'est terminée. Notre enfant est là, dans mes bras, il pleure puis se calme petit à petit. Je le serre contre moi très fort. Je dis que j'aimerais bien aller sur le lit, la chaise n'est quand même pas idéale pour se reposer.
Avec un peu d'aide pour marcher et tenir le bébé, je marche jusqu'au lit et on s'y installe avec mon homme.
Je suis épuisée mais heureuse, et le papa aussi. Notre petit bébé est dans mes bras, tout gluant, mais si beau ! Et gros aussi... plus gros que son aîné à la naissance, c'est incontestable !

On attend un peu, puis la SF me fait la petite injection d'ocytocine pour aider à la délivrance. C'est le dernier point qui m'inquiète, pour mon premier accouchement le placenta n'avait pas voulu sortir tout seul... mais là, bien gentiment, il prendra de lui-même la sortie (avec une mini poussée et hop). Il est tout entier, parfait !
Je demande à le voir. C'est très beau (chacun ses goûts !), à la fois la partie côté bébé où on voit plein plein de vaisseaux sanguins, la poche amniotique qu'on peut "presque" reconstituer façon puzzle, mais aussi l'envers, le côté utérus, qui ressemble à de grosses boules marron foncé.
N. nous propose d'en faire un "arbre de vie", une empreinte avec de l'encre pour garder un souvenir. Pourquoi pas !

Bilan final : 100mL de sang perdus (la norme, quoi), et une petite éraillure du périnée. C'est tout ! Pour un si gros et beau bébé ! Je suis soulagée, l'accouchement est bel et bien terminé. M. passe le flambeau à l'autre sage-femme A. qui est de garde ensuite, c'est elle qui restera dans le coin dans les deux heures qui suivent pour surveiller.

Ces deux heures se passent dans une bulle de douceur. Le grand lit est très confortable pour nous, j'en profite pour manger et boire parce que je meurs de faim (ça ne sert pas qu'au papa les provisions), et mon homme envoie quelques messages à la famille, surtout à sa maman et donc indirectement au Petit Loup, qui, heureusement n'a pas été surpris ou paniqué de voir sa grand-mère au réveil lui expliquant que papa et mamant étaient partis à la maternité. Et puis il n'aura pas eu à attendre longtemps l'annonce de son petit frère...

Notre Petit Dragon est éveillé, il nous regarde avec ses yeux neufs, d'un bleu foncé magnifique. Il prend le sein et tète avec appétit, voilà qui augure bien !

C'est deux heures plus tard qu'on se décide à peser bébé. On fait des paris sur le poids. A. dit "3 kilos 8 ?", je dis "4 kilos ?".
Et la balance répond... 4,2 kgs !
Je n'en reviens pas. Et ça me fait penser que c'est le poids de ma petite soeur, celle que j'ai vue naître...
On est tellement surpris qu'A. décide de tester une nouvelle balance, parce que ça s'est vu des balances qui déconnent apparemment. Mais l'autre balance confirme ! Je me sens doublement fière d'avoir fait grandir et naître un si gros bonhomme. Il est habillé (le naissance lui va, mais tout juste...), et je lui trouve un air de ressemblance avec son grand frère... avec en plus des bonnes joues, un double menton et des bourrelets partout !

N. nous apportera l'arbre de vie, il est tout simplement magnifique.

Ensuite, c'est mon tour. Un petit tour aux toilettes (un peu d'aide est quand même apprécié même si ça va), un habillage sommaire, et en route pour la chambre.

Et pour une belle aventure qui ne fait que commencer... <3 <3 <3
 

Lullalynne

Lactarium
J'en pleure encore quand j'écris ce message.
C'est une superbe naissance et c'est exactement le genre de récit que j'avais besoin de lire en ce moment <3 (j'ai beau avoir connu un accouchement physio la première fois, je me sens moins sereine là).
2 petites questions :
- quelles sont les huiles qui t'ont été prescrites pour le bain ?
- le point d'acupression dont tu parles, ça consiste à pincer la zone de peau entre le pouce et l'index ?
 

Sekhmet

Modératrice
Adhérent(e) LLLF
J'en pleure encore quand j'écris ce message.
C'est une superbe naissance et c'est exactement le genre de récit que j'avais besoin de lire en ce moment <3 (j'ai beau avoir connu un accouchement physio la première fois, je me sens moins sereine là).
Merci. Moi aussi j'en ai pleuré en le rererererelisant. Surtout à la phrase magique "Tu ne vas pas mourir, tu vas donner la vie", à chaque fois que j'y pense j'ai les larmes aux yeux. :')
- quelles sont les huiles qui t'ont été prescrites pour le bain ?
Un mélange prescrit par les SF, si tu veux je peux te scanner l'ordonnance en privé. Je l'ai fait faire en pharmacie ça m'a coûté une vingtaine d'euros.
- le point d'acupression dont tu parles, ça consiste à pincer la zone de peau entre le pouce et l'index ?
Oui, il y a un endroit où ça fait mal quand on pince mais ça n'a aucune conséquence (parce que oui tu peux aussi te frapper les orteils avec un marteau mais la douleur reste après donc c'est pas top quoi) et il a un effet sur jesépluquoi j'ai oublié :lol:
 

Lullalynne

Lactarium
@Sekhmet Si t'as l'occasion, je veux bien jeter un œil à ce mélange d'huiles. Mais seulement si t'as le temps hein (parce que, de toute façon, je ne suis pas sûre d'avoir le temps, moi, de passer à la pharmacie avant le jour J, lundi).
Et je suis en train de me renseigner sur les divers points d'acupression du coup. Très intéressant, je vais montrer ça au papa aussi :)
 
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