Allez, j'ai enfin fini de le rédiger
Vendredi 1er Juillet, je sens parfois mon ventre qui se tend, je me demande si ce sont des contractions ou la demoiselle qui s'étire. Il n'y en a pas beaucoup et ça ne présente aucune régularité, ce n’est pas douloureux.
Samedi 2 Juillet, le matin, toujours cette sensation, un peu plus souvent mais ça ne semble pas régulier.
À 14h, je décide de faire une sieste. Je ne suis pas plus fatiguée que d'habitude, mais je sens que j'en ai besoin. Une intuition ?
Un peu après la sieste, vers 15h40, je perds le bouchon muqueux. La sensation commence à être un peu gênante, elle est plus présente. Je m’interroge : travail, ou pas travail ? À partir de 17h, je note les heures : c'est régulier, toutes les 5 minutes.
On commence à réfléchir à un éventuel plan d'action pour Loulou.
Vers 18h, on appelle belle maman pour qu'elle vienne garder Loulou à la maison pendant que nous allons à la maternité. Si il n'y a pas de travail, nous rentrerons, sinon elle rentrera chez elle, avec lui.
Nous arrivons à la maternité vers 19h10. J'explique à la sage-femme de garde que je sens qu'il se passe quelque chose, mais je ne suis pas certaine que ce sont des contractions.
Elle m'examine : le col est mou, ouvert à 2 cm. Elle estime qu'il y a une chance sur 2 pour que le travail soit lancé, et propose de me mettre sous monitoring pour voir s’il s'agit bien de contractions : oui, ça en est.
L'équipe de nuit arrive, la nouvelle sage-femme vient se présenter, et après 20 minutes de monitoring elle nous propose d'aller nous promener 1h, et de revenir pour un nouvel examen à comparer avec le premier.
Il devait être 20h quand nous sommes sortis marcher sur le parking. Monsieur me demande si je pense qu’on va rentrer après l'examen. Je dis que je ne sais pas, mais je pense qu’elle arrivera demain. En chemin, Monsieur appelle sa mère pour avoir des nouvelles de Loulou. Après un tour de parking, je prends la direction de la voiture parce que j'ai soif, Monsieur me passe le téléphone. Loulou me parle un peu, puis on décide de se dire bonne soirée. Au moment de raccrocher, entre les voitures, je sens comme une grosse bulle qui descend de mon corps, et SPLATCH ! Je perds les eaux sur le parking ! Ça me fait beaucoup rire (
comprendre : je me marre comme une baleine pendant que l'homme ne sait plus où se mettre ). Il est 20h11. Je bois une gorgée, je prends une serviette dans la voiture pour m'essuyer, et nous retournons voir la sage-femme. La remontée du parking est un peu plus difficile, ça commence à faire un peu mal, là, quand même.
Elle nous emmène en salle de naissance : la fameuse salle nature, mais le monitoring ambulatoire est en panne et je n'aurai accès qu'à la moitié de la salle. J’explique rapidement que j’espérais pouvoir me suspendre sur la liane, j’avais imaginé accoucher accroupie.
Monsieur retourne à la voiture chercher le sac, la sage-femme me donne un magnifique slip filet pour me changer. Pendant que je me change, j'ai déjà des envies de pousser : "mince, comme pour Loulou quand j'avais envie de pousser à 4 cm, c’est étrange.."
Monsieur revient, nous sommes seuls, avec un ballon, et peu de place pour bouger entre la table d'accouchement et le monito, je suis un peu frustrée de voir le sofa et la liane au loin, sans pouvoir en profiter, mais je n’ai pas le temps d’y penser bien longtemps.
La douleur s'intensifie très fort, très soudainement, je suis surprise par la violence de la douleur, je réfléchis aux positions que j'ai apprises pour la gérer : je ne sais pas, je ne sais plus, j'ai mal.
Monsieur Néocortex turbine à plein régime : "ah t'as voulu faire la maligne avec ton accouchement physio, t'as cru que tu pouvais faire, mais là ma p'tite dame, t'es partie pour quoi, allez, 6, 8h comme ça, au moins ! Et ça va encore monter en intensité, oui oui, pire que ça tu vas voir !"
Je dis "purée c'est vachement dur quand même, je ne sais pas si je vais y arriver, tu vas voir que je vais finir par la demander cette put*** de péri !". Je commence à paniquer. La sage-femme est revenue, elle a une voix très douce, très posée, elle me dit juste de respirer, et dès qu’elle me parle, je me calme instantanément et reprends mes esprits. Je lui dis que j’ai envie de pousser, c’est bizarre si tôt… Elle propose de me réexaminer, pour voir où j’en suis.
Je suppose que j'ai dit oui parce qu'elle m'aide à m'installer sur la table d'accouchement.
Pendant qu'elle m'examine, une autre sage-femme entreprend de me poser une intraveineuse à la main gauche. Monsieur me dira après que je ne la laissais pas faire, je retirais toujours ma main. Très franchement, je ne me souviens pas d'avoir vécu cette partie là de la scène, là sur ma gauche, je n'étais pas avec elle.
La sage femme qui m'examine me dit alors, toujours avec cette voix si douce et apaisante : "Vous vous demandiez si vous alliez y arriver madame ? Hé bien, vous n'avez pas le choix : vous êtes à dilatation COMPLÈTE !"
Je n’en reviens pas. Monsieur Néocortex n’en finit pas de tourner : Comment est-ce possible, il y a 30 minutes j’étais sur le parking !
Et alors, je comprends. L’intensité des contractions qui me faisait paniquer, ce n’était pas le début du travail : c’était déjà la fin, et au lieu de m’écouter et de pousser, je me retenais !
Je reprends mes esprits, j’accepte la douleur, volontiers même, je l’accueille, mon bébé arrive !
Je suis encore allongée sur la table, je dis “mais je ne vais pas avoir le temps de m’accroupir !”. La sage-femme est toujours très sereine, elle m’aide à descendre de la table: ”Hé bien, si on ne peut pas avoir la liane, c’est Monsieur qui fera la liane : Monsieur mettez-vous en face de Madame !” Il s’exécute. “Madame accrochez-vous à son cou !”. Je mets les mains derrière son cou et me suspends. La sage-femme est derrière moi. Et là, je me laisse aller à ce que dit mon corps, je pousse en expiration freinée comme j’ai appris, une poussée, deux poussées : il me semble que la tête est sortie ! Je me demande pourquoi la sage-femme ne dit rien, et l’instant d’après elle confirme : “j’ai la tête dans la main !”. Je reprends mon souffle, j’attends la vague suivante : c’est parti ! Une dernière poussée, je sens les épaules qui sortent et tout ce petit corps qui s’échappe du mien, elle pousse son premier cri : wahou, elle est là, on l’a fait ma championne, tu as trouvé ton chemin toute seule !!
Il est 20h52, l’expulsion a duré 3 minutes (une éternité pour Monsieur qui me portait
).
Je me relève, m’assieds sur le bord du lit, la sage-femme me donne mon bébé, je n’en reviens toujours pas.
On s’installe un peu plus confortablement, elle est sur moi en peau à peau, prête à prendre sa première tétée.
La suite se passe sans encombre : le placenta sort sans difficulté environ 15 minutes après, je n’aurai qu’un tout petit point de rien du tout, je peux marcher comme si rien ne s’était passé…
Un accouchement express, sans péridurale, et une princesse en bonne santé dans mes bras, je ne pouvais pas rêver mieux