Bonbonbon...
Non, je n'ai pas encore accouché (et heureusement, c'est dans deux mois !)
Mais ça fait quelques mois seulement que je me sens enfin en paix avec mon accouchement, la naissance du Petit Loup. En gros depuis que je suis enceinte du petit numéro 2. Pourquoi, je ne sais pas trop, mais voilà, même si ça n'a pas été l'accouchement rêvé, c'est notre histoire et je suis en paix avec.
Vous en avez entendu divers éléments par-ci, par-là, et vous savez déjà que, spoil, mon Petit Loup va bien aujourd'hui
Mais voilà le détail, attention y'a du méga gros pavé... J'espère ne pas dépasser la limite autorisée, sinon je ferai en deux posts !
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**Suivi prénatal**
Petit Loup était suivi, depuis le 5e mois, pour "petit poids". Même si les échographies étaient rassurantes avec le temps, si les examens ne semblaient déceler aucun problème pathologique et qu'on penchait de plus en plus pour un "petit poids constitutionnel", le suivi n'en restait pas moins très rapproché.
Le dernier mois, quand j'ai été prise en charge à la maternité où j'allais accoucher (avant j'étais suivie en ville, c'est une autre histoire mais ça n'a pas grande importance ici), les contrôles se sont multipliés. Comme le bébé était à terme ou presque, on m'avait clairement expliqué, plus d'une fois, qu'au moindre signe de souffrance foetale ou cassure de la courbe de croissance, on déclencherait pour faire sortir le bébé, qui serait mieux dedans que dehors. Cela a beau être rationnellement la meilleure solution, et je le savais, ça n'empêche pas d'être un poil angoissant. Même si les sage-femmes et médecins faisaient du mieux pour toujours présenter le bébé et l'écho sous un angle positif ("regardez, il suce son pouce !", "oh il est mignon !"). Heureusement qu'il y avait ça parce que sinon, bonjour l'angoisse qui s'accumule.[1]
C'est aussi là qu'on m'a expliqué que, non, ils ne voulaient pas me laisser dépasser le terme. Après avoir eu des craintes d'accouchement prématuré, c'était un peu le comble.
Je ne comprenais pas vraiment pourquoi, pour moi si un bébé était crevette autant le laisser grossir quelques jours de plus tant qu'il va bien ?
Ah oui et j'étais en arrêt depuis le 5e mois car y'avait aussi des risques d'accouchement prématuré, le col s'étant un peu raccourci vers 4 mois[1.5], même si ça s'est amélioré depuis (merci l'arrêt maladie).
**Quelques jours avant**
Des contractions fréquentes, mais non douloureuses, parfois intenses, trois jours avant. On a attendu un moment, qu'elles se régularisent, puis on s'est dit "c'est la bonne" et on est partis. Mais en fait "faux travail", ou plutôt, comme la SF s'est corrigée d'elle-même, "pré-travail". Elle m'a dit que peut-être à dans quelques heures ou jours.
Dans les jours qui ont suivi, j'ai eu des contractions, mais moins, cela dit j'ai mal dormi les 3-4 nuits qui ont suivi parce que quand même pas mal de contractions, qui même si elle n'étaient pas douloureuses étaient quand même bien inconfortables.
**La veille du terme**
Dernier rendez-vous. Dernière écho de croissance. Et qu'on m'indique qu'ils veulent me déclencher demain. Groumpf.
Le sage-femme échographiste est adorable, quand il fait l'écho il semble comprendre mon refus du déclenchement, il essaie d'être optimiste à fond. Il me dit que sur l'estimation du poids du bébé il y a de toutes façons 20% d'erreur (!! ouais c'est énorme) à ce terme, alors bon. Il me dit qu'il écrit sur le rapport l'estimation la plus optimiste, histoire qu'on ne m'embête pas trop. Il me dit que peut-être pour accoucher il faut en avoir vraiment envie. Et quand j'y réfléchis après coup, il avait bien raison...
Je me souviens aussi d'une vérification de fuite de liquide, parce qu'avec le beau temps (on était au mois de mai), je n'étais moi-même pas sûre (entre transpiration et sécrétions vaginales...). Ça ne m'a pas gênée. Une SF me propose de me faire un décollement des membranes, "des fois que ça marche", c'est mon choix. Je dis ok, je prends tout ce qui peut marcher. C'est désagréable, on ne va pas se mentir, mais bon.[2]
Puis on (je ne sais plus qui est on) me reparle de ce déclenchement. Je dis que je ne veux pas, limite en larmes. On (j'ai oublié qui) me propose de discuter avec la cheffe de service (du moment). Elle vient.
Elle m'explique alors calmement que non, on ne peut pas me forcer à me déclencher. Qu'il y a en effet des risques dus au vieillissement du placenta qui sont un peu plus élevés dans mon cas. Mais de toutes façons, la décision revient à moi, enfin à nous (mon homme était là). Rien que d'entendre ça je suis soulagée malgré mes larmes.
Mieux, elle nous propose de nous laisser un temps pour y réfléchir, seuls. Et ça c'est top.
On est seuls dans la salle d'examen. Mon homme me dit, avec raison, que si je n'accouche pas, c'est parce que je suis trop focalisée sur le déclenchement justement. Peut-être qu'on peut lâcher prise.
Je prends un temps de réflexion, je pense à mon bébé. Et d'un coup, j'ai hâte de le voir. Je ne sais pas à quoi ressemble un bébé, donc difficile de se projeter, et je ne connais de sa tête que les (nombreuses) échographies... mais tout d'un coup je me dis que j'ai envie qu'on passe à autre chose.
Je propose qu'on déclenche le surlendemain (donc à J+1). Un jour après, c'est pas grand-chose, et c'est MOI qui choisis, zut de zut. C'est important.
On revoit la cheffe, on lui donne notre décision. Je me sens mieux. Elle nous explique le protocole de déclenchement, comment tout se passe ("prévoyez de quoi vous occuper car la maturation du col est looongue pour un premier !"). Il y a même un protocole expérimental randomisé comparant deux méthodes de déclenchement. Mon côté scientifique/geek trouve ça marrant ("c'est pour la science !"). On discute, on pose les questions, on signe les papiers, et on dit à après demain.
**Le soir à la maison**
On ne rentre pas à la maison de suite. On file chez b*t (ou je ne sais plus quel magasin de meuble) pour acheter une armoire d'angle qu'on monte en fin d'après-midi (même si le grobidou n'aide pas des masses, mais à deux ça va).
Je ne sais plus à quel moment j'ai ressenti les premières contractions douloureuses, c'était pas d'un coup, plutôt progressif, mais je commence à sentir justement que ça fait mal (des douleurs de règles). Je me dis que c'est peut-être ça mais j'essaie de ne pas trop y penser (après la fausse alerte d'il y a 3 jours), et je fais à manger. De mémoire, semoule curry aux poivrons, raisins secs, oignons, carottes, crème, et je ne sais plus si y'avait de la viande (oui je me souviens du repas, vous allez piger pourquoi après... hem). Je sens que les contractions deviennent plus fortes, mais j'arrive encore à manger, je me dis que je dois prendre des forces. J'en parle à mon homme, qui me dit qu'on verra bien.
Dans la soirée, ça s'intensifie, je lui demande de commencer à chronométrer. Elles sont régulières, toutes les 4 minutes environ. C'est plutôt douloureux. Je file sous la douche, ça fait du bien, mais pas de baignoire pour m'y plonger.
Puis on attend encore un peu, la SF en cours de préparation nous avait dit de ne pas trop se presser. On a dû partir vers 23h vers la maternité. Au moins il n'y avait pas un chat sur la route, et les contractions n'étaient pas encore trop intenses, mais mine de rien la voiture c'était pas génial génial. Mon homme me demandait si "ça va" je lui disais qu'il s'occupe de la route car je ne voulais pas ajouter une peur d'accident à tout ça.
**Arrivée à la maternité**
On arrive aux "urgences" (enfin l'endroit où on est censés arriver quoi), les mêmes couloirs, les mêmes salles (moches). Le même accueil, juste des gens différents. Une SF (qui sera là toute la nuit, très gentille au demeurant) prend le temps de m'examiner, je ne suis pas très dilatée, à peine 2, mais le travail semble bien parti. On pose le monito, elle veut bien qu'on le pose sans que je sois allongée (ouf), elle nous laisse nous installer comme on veut et nous amène même un ballon.
La salle où je suis est une salle d'examen. La même ou une des mêmes que celles où j'ai eu tout le suivi tout le mois, et plus tôt en journée. Les salles de naissance sont pour "après" quand le travail est plus avancé (pas assez de place tout bêtement). Là vous pouvez déjà voir venir le premier point de blocage inconscient...
On s'installe, on avait amené un tapis pour se mettre par terre, de la musique, tout. On gère avec l'homme les contractions, il m'aide beaucoup, on trouve des positions (tiens je n'ai jamais réussi à être bien "sur" le ballon, j'étais mieux à genoux en m'appuyant dessus). Globalement je suis beaucoup par terre. Ça va à peu près, je douille mais c'est gérable (le monito n'est pas resté heureusement), avec l'aide précieuse de mon homme qui est très à l'écoute de mon corps.
Je ne sais plus combien de temps s'est passé quand j'ai ressenti la première envie de vomir sur une groosse contraction bien douloureuse. J'étais paniquée car je ne savais pas que c'était possible, et je ne savais pas où vomir (c'est con !). Je finis par vomir dans le lavabo/éviter présent dans la salle. Je me sens très très mal (pour rappel : émétophobie...). Là c'est le deuxième gros point de blocage[3].
On a appelé la SF, je crois qu'en plus j'ai re-vomi devant elle (j'ai oublié quelle heure il était hein). Elle me voit dans mon état physique et psychologique, elle a clairement pitié de moi. Elle me propose un antivomitif. Problème, si je vomis en boucle et qu'en plus j'ai la diarrhée (parce que oui j'avais la chiasse de ouf, bon, c'est pas un truc qui me rend phobique comme les vomissements, mais j'avoue que ça n'arrangeait pas mon moral), je ne vois pas comment le prendre, ni par en haut, ni par en bas !
Elle me propose : comme on va me poser une voie ouverte (pour la délivrance), on peut la poser maintenant et mettre l'antivomitif en perf. Ok (il faut savoir que les piqûres je m'en contrefous totalement, je suis une abonnée aux dons de plaquette... bref c'est vraiment pas un souci pour moi). Elle la pose sur le milieu de l'avant-bras gauche, à un endroit bien pensé, ça ne gène absolument pas mes mouvements (parce qu'au creux du coude ou sur la main ça gênerait sûrement). Et pour être honnête j'ai complètement oublié ce truc plus tard.
La perfusion me gêne un peu dans mes mouvements, mais j'arrive encore à bouger (pas d'obligation d'être allongée sur cette petite table étroite). Mais ça commence à être dur dur quand même les contractions. Il est super tard dans la nuit, je suis crevée, vidée (au sens littéral comme au sens physique vu que j'ai tout sorti par les deux orifices !). Au moins je ne vomis plus.
Manque de bol, une fois la perf' terminée, les vomissements reprennent de plus belle. Et mon estomac ayant ressorti tout le couscous curry (vous comprenez pourquoi je m'en souviens...), bah je vomis pas grand chose mais c'est pas beaucoup plus agréable.
J'essaie de me reposer sur le tapis, mon homme aussi. J'ai des moments où je crève de chaud, d'autres où j'ai froid. Et puis bon avec des contractions aussi intenses... difficile de souffler. Mon homme est HS, il essaie de dormir. Je n'y arrive plus. J'ai mal. Je me sens terriblement seule. Je vois sur le dernier monito posé (que j'ai galéré à maintenir car les contractions le faisaient "sauter" groumpf) que les contractions sont espacées de... 2 minutes (et durent une minute chacune). Tu m'étonnes que je n'aie pas l'impression de souffler !
Je vois l'aube se pointer à l'horizon. Je n'en peux plus. J'ai mal.
La SF se pointe, je crois que c'est moi-même qui lui demande de voir où j'en suis. 2... et demi ? Me dit-elle pour essayer de m'encourager. J'en peux plus. J'ai l'impression que mon bébé ne va jamais naître, que je vais juste rester là, coincée au milieu de ces contractions sans répit, limite je veux qu'on m'ouvre le ventre et que ça finisse.
C'est le matin, l'heure de passation entre les SF. J'ai donc les deux avec moi. Elles me proposent d'aller me promener un peu dehors, des fois que ça débloque les choses. On fait ça. J'en ai un souvenir un peu vague, j'ai toujours trop mal, et puis en plus j'ai méga froid (l'aube est fraîche, et je n'ai plus de réserve), je me sens super sale (vomissements + diarrhée). Quand on revient, je leur demande la péridurale.
Elles savaient que mon voeu n'était pas l'accouchement dirigé, donc elles comprennent. Elles me disent que je peux, éventuellement, rentrer chez moi me reposer, après tout le bébé supporte bien les contractions, y'a pas de raison. Mais je ne m'imagine pas retourner à la maison, prendre la voiture, 20 minutes de route c'est 10 contractions, je ne vais jamais supporter ça.
Elles disent que c'est pas top une péri à 2cm, car souvent ça stoppe le travail, et ça demande d'induire avec de l'ocytocine artificielle et évidemment c'est pas génial (plus de risques, surtout pour un petit poids) et elles savent bien que ce n'était pas ce que je voulais (oui oui elles souhaitent le respecter !). Je leur dis, en larmes, que tant pis. Je ne vois pas comment faire autrement, je suis coincée au fond de l'impasse. Elles hésitent, mais comme de toutes façons on devait me déclencher, ça ne sera pas moins pire qu'un déclenchement...
Il est 8h du matin, ça fait au moins 12h qu'on avait commencé à chronométrer les contractions (donc qu'elles commençaient à être sérieusement douloureuses et régulières).
**La pose de la péri(pétie !)**
On m'amène dans une autre partie de l'hôpital, les salles de naissance. Il y a l'anesthésiste, une infirmière, et je ne sais plus qui. Je me mets vraiment à poil avec la chemise super sexy (jusque là j'étais en tenue "normale"), mon homme me rejoindra plus tard.
L'infirmière me dit que je dois faire le dos rond pendant une dizaine de minutes pour la pose de la péri, j'ai peur car j'ai tellement mal que je redoute la moindre contraction (c'est vous dire où j'en suis !!).
Elle me prend dans ses bras. Elle m'aide à faire le dos rond. Elle me dit de respirer, de m'imaginer une scène avec mon bébé. Je me projette, je me vois avec mon homme, un bébé dans les bras, chez des amis accueillants. Cette femme est formidable. J'ai l'impression que ça passe tout seul, que ça fait du bien. Mais pourquoi je n'ai pas eu cette nana-là pendant tout l'accouchement ?[4]
La péri est posée, la douleur s'estompe. Le soulagement. C'est une péri avec une pompe pour auto-doser, y'a toujours une dose min et y'a une dose max, pas de crainte de se louper. On me pose une perfusion, on m'explique que c'est juste du sérum phy pour éviter les baisses de tension. Pas d'ocytocine encore, on verra bien.
En me posant les monitos (pour ma tension, bébé, et les contractions), y'a un truc qui disjoncte dans la salle (si, si !). Ils essaient de redémarrer la machine. Rebelote.
"Bon, bah, euh, on va vous changer de salle d'accouchement..."
On m'amène dans une toute petite salle (la seule dispo), qui n'a quasi pas de lumière naturelle, où il est difficile de passer. Mon homme m'y rejoint. La SF me dit qu'on va me laisser me reposer là, y'a pas d'urgence, et qu'on reviendra voir dans une heure ou deux pour voir où en est le travail et si on induit la suite de l'accouchement ou pas. Je trouve ça plutôt cool comme réaction.
On fait connaissance avec la mini salle, l'homme a un vrai fauteuil "spécial papas" pour se caler (il n'en peut plus lui non plus !). Il y fait bon (je me caillais dans l'autre salle), et ça s'appelle une "salle de naissance" pour de vrai (le vocabulaire est important).
Il y a une baignoire dans le fond de la pièce, qui est désaffectée d'après la SF (dommage !). Et surtout, il y a une petite table à langer. On en discute avec l'homme, il y a des petits flacons prévus et une minuscule couche... Rien que ça me (nous ?) fait fondre. Comme si je réalisais (enfin) que oui, le bébé allait bien naître, qu'il allait mettre cette mini-couche et tout... ah oui merde je suis là pour mettre un enfant au monde ! Ça me fait pleurer d'émotion.[5]
Je finis par m'endormir d'épuisement (merci l'absence de lumière naturelle !), l'homme aussi, la SF avait coupé la lumière (cool), on dort un peu tous les deux, même si je suis réveillée régulièrement par le machin qui prend ma tension, ça fait du bien.
Deux heures plus tard, la SF est là, elle m'examine, et oh, je suis à 4 ! Les contractions ont beau être devenues plus erratiques et espacées, le col s'ouvre enfin car je suis détendue. Soulagement de partout, du coup on part sur ne pas me mettre de perf' d'ocytocine. Elle propose de percer la poche des eaux pour quand même accélérer un peu, je dis ok. Le liquide est vert (méconial), pas de quoi s'inquiéter mais il était temps que ça se mette en route !
Un peu plus tard, elle me propose de me déplacer dans une (troisième ! C'te blague) salle, plus grande et lumineuse, car ça s'est libéré et ça sera plus confortable pour tout le monde. Ok.