• ENCOURAGEZ-NOUS !

    Les animatrices donnent bénévolement de leur temps et de leurs compétences pour répondre aux questions que se posent les mamans qui allaitent et accompagner celles qui le souhaitent tout au long de leur allaitement : en réunion, par courriel et au téléphone... et sur le forum !
    Si vous appréciez notre travail, nous vous invitons à nous le faire savoir par quelques mots d'encouragement à notre intention, et/ou par un don ou une cotisation - si ce n'est déjà fait - qui nous permettront de continuer à nous former pour toujours mieux répondre aux besoins des mamans qui choisissent d'allaiter.
    Rendez-vous sur le site LLL et choisissez le groupe 00-Forum pour soutenir l'équipe du forum LLL.

Accouchement physiologique

Mamandoc

Période de pointe
Près de trois semaines se sont écoulées depuis mon incroyable accouchement, il est temps pour moi de vous raconter tout ça avant que les souvenirs ne s'étiolent. Je le fais en deux messages car visiblement c'est tellement un pavé que je dépasse la limite de caractères autorisés !

Mon terme était prévu le 8 mars. J'ai finalement accouché le 18 février vers 8h.

Pour situer un peu le contexte, je précise que ces dernières semaines et mois ont été assez remplis. Une grossesse arrivée très vite après retrait de mon stérilet, un premier trimestre chaotique qui ne m'a pas vraiment permis de m'investir dans la grossesse, un arrêt de travail précoce qui a permis une suite sans encombre. Et toutes les conséquences que cette grossesse a eu : d’abord me faire à l’idée (douloureuse) que j’allais devoir me partager entre mon aîné et mon bébé, puis la décision de sevrer mon grand, puis la décision de quitter nos emplois, de quitter la ville qui a vu naître nos enfants, de vendre notre maison et de déménager après la naissance...

16 février. Déjà quelques jours que cet énorme me ventre me pèse, je n’arrive plus à porter mon grand depuis un moment, chaque changement de position est pénible, je suis fatiguée. J’enchaine les épisodes de faux travail depuis plusieurs semaines. Je suis partagée, j’ai hâte de vivre mon accouchement et que la grossesse se termine, mais j’appréhende énormément l’après, la fatigue, la réaction de mon grand… ce jour là nous avons invité mon amie S et son fils G, qui a le même âge que mon grand, pour le goûter. Ça me fait du bien de papoter pendant que les garçons s’éclatent à retourner la maison. Mais je m’allonge moins que d’habitude. Et après leur départ, même si le plus gros est rangé, je passe un moment à 4 pattes par terre pour finir de réunir les jouets éparpillés. Ce soir là je suis exténuée, et je ne me sens pas très bien sur le plan digestif.. Hop un Sp@sfon et au lit. Avant de dormir je rédige mon projet de naissance, j’ai rendez-vous avec une sage-femme de la maternité le 18, je veux pouvoir discuter de certains points avec elle. J’ai un projet d’accouchement physio, sans péri, sans instruments, en position libre, avec clampage tardif du cordon. J'avais fait une préparation physio pour mon premier mais ai finalement eu une péridurale. Pour ce deuxième accouchement je suis bien plus motivée pour essayer de m'en passer, je n'ai pas refait de prépa mais j'ai beaucoup bouquiné, j'espère que ça suffira.

17 février. Mon grand est à la crèche, je me recouche après son départ, mes nuits sont difficiles donc je redormirais bien un peu ! Mais le sommeil ne vient pas, alors je prends une longue douche avant de faire un peu de rangement. En sortant, appel de l’agent immobilier en charge de la vente de notre maison : « nous sommes un peu en avance, on arrive dans 5 minutes ça ira ? » « euh mais c’est pas demain la visite ? MERDE ! ». Hop je fourre le linge sale dans les placards, refais les lits en 3 secondes, mets la vaisselle sale dans le four, planque les jouets sous le lit… en 10 minutes la maison est présentable, mais j’ai pris une bonne suée ! Je sors faire une course pour laisser les visiteurs tranquilles. J’attrape le courrier au passage, que j’ouvre après m’être garée un peu plus loin. Une mauvaise nouvelle par rapport à mon boulot. J’appelle mon mari en pleurs, moi qui pensais passer enfin une journée tranquille et voulais faire mes sacs de maternité dans l’après-midi… au final je passe mon après-midi à pester, à me renseigner sur mes possibilités de recours, je suis très agacée. Je ne fais pas de sieste alors que j'en aurais eu besoin ! L’agent immobilier me rappelle, les gens qui ont visité à midi sont emballés et veulent revenir le soir même, vers 18h. Je vais donc chercher mon fils à la crèche à 17h30 puis je l’amène jouer dans le bureau de son père, pour ne pas gêner les visiteurs. Je ne peux pas m’allonger. On rentre tous ensemble à 19h, la journée a été longue, et ce n’est pas fini. Les visiteurs sont encore là. Ils ont fait une offre. On accepte. En partant mon agent immobilier me glisse « c’est bon j’ai rempli ma mission, tu peux accoucher maintenant ! ». Certainement pas, je ne suis pas prête !
Avec tout ça on est a la bourre pour le repas. Et tant pis pour le bain. Encore une journée épuisante, et demain, il faut faire les courses… ce soir là je dis à mon conjoint « j’ai des contractions toutes les 8 minutes, mais pas douloureuses, encore du faux travail…. ». Hop un Sp@sfon et au lit ! Je finis de rédiger mon projet de naissance et l’envoie à mon conjoint qui valide.

18 février.
2h du matin. Je suis réveillée par une contraction désagréable. Je me rendors à moitié. Rebelotte 15 minutes après… comme des règles. Et ça va continuer comme ça jusqu’à 4h, des contractions désagréables, toutes les 10 à 15 minutes. Je reste allongée à côté de mon grand, je le regarde tranquillement endormi. Et si c’était sa dernière nuit de fils unique ? Je peux rester allongée sans problème mais impossible de me rendormir, trop de choses dans ma tête, je ne suis pas prête, mes sacs ne sont pas faits, mon conjoint doit aller visiter une maison à louer dans 2 jours c’est important… et je commence à calculer, est-ce que je vais tenir jusqu’à l’ouverture de la crèche ? Est-ce que je peux laisser dormir mon grand ? Ce serait mieux pour lui, je veux le préserver au maximum.
4h. Ça devient difficile de rester allongée, alors je me lève. Dans le silence de la nuit je prépare mes sacs tranquillement. Je commence à minuter les contractions : 45 secondes toutes les 4 à 8 minutes. Je les gère assez facilement en respirant bien, debout en appui sur une table. Cette fois je n’ai plus de doute, il arrive. Je laisse mon conjoint dormir encore un peu.
5h. Les sacs sont prêts. Je descends au salon essayer de gérer mes contractions qui sont toujours aux 4 à 8 minutes mais deviennent plus intenses. J’essaye plusieurs positions mais c’est vraiment la position debout qui me convient le mieux, en appui sur la table et en dandinant mon bassin de gauche à droite. J’arrive quand même à rester assise une 20aine de minutes en somnolant entre les contractions, ça fait du bien.
6h. Je commence à avoir du mal à gérer la douleur. Je n’arrive pas à « entrer dans ma bulle », pas tant que mon grand n’est pas à la crèche. Je réveille mon conjoint, on essaye plusieurs positions, les points d’accupression, ça marche un peu, pas trop. Le livre « accoucher sans stress » de Bonapace trône sur la table basse, aucun de nous deux ne l’a encore lu… mon conjoint le feuillette entre deux contractions. Je l’invite à se faire un café, ça va peut-être être long.
6h45. C’est de plus en plus douloureux. Je veux essayer la douche. Pas de bain car je veux rester debout. Mon conjoint m’accompagne, me met le jet d’eau sur le bas du dos, ça n’aide pas vraiment. Je lui dis que j'ai mal, qu'il va falloir qu'on parte. Je regarde l’heure régulièrement. A partir de 7h on doit pouvoir amener mon grand à la crèche. Enfin je crois. En fait je ne sais pas à quelle heure ils ouvrent. On n’est pas prêts ! Notre plan nuit c’est mon amie S, mais vu l’heure autant attendre l’ouverture de la crèche…
7h. Je veux sortir de la douche, je n’y suis pas bien. Je me retourne, je dis à mon mari qu’il est temps de partir, ça devient trop dur. Il est assis sur un tabouret à coté de la baignoire, me regarde les yeux un peu vitreux, sa tasse a café dans une main et sa cigarette électronique dans l’autre, sans faire un mouvement… Houhou on se bouge ! Il veut prendre une douche aussi… OK mais fais vite ! Je le préviens, si en arrivant à la maternité on me dit que je suis dilatée à 4 ou 5, je prends la péri !
7H15. Je suis prête. Les contractions se sont encore intensifiées et rapprochées depuis que je suis sortie de la douche. Mon conjoint est douché. Il a chargé les sacs dans la voiture. Il réveille le grand. Qui n’a pas du tout envie d’être réveillé, et encore moins par son papa. Il pleure, il m’appelle. J’essaye de le rassurer et de lui expliquer entre deux contractions mais je n’ai que peu de répit. Il voit bien que quelque-chose n’est pas normal ! Mon conjoint le rassure tant qu’il peut, il le presse un peu pour aller s’habiller. « Laisse tomber on l’amène en pyjama ils l’habilleront là bas ! » . « Mais non on va pas l’amener en pyjama ! ». Je ne suis pas en état de me battre. Je vais les attendre en bas, essayer d’enfiler mes chaussures. Je souffle fort à chaque fois que je sens la vague monter, toujours debout en appui sur une table, ou le radiateur, ou ce qui me tombe sous la main.
7h30. Je me mets à sangloter, supplie mon conjoint de se dépêcher, je n'en peux plus je n'ai plus aucun répit, je lui dis que je ne vais pas tenir que je voudrais déjà être à la maternité. Je n’ai pas DU TOUT identifié ce moment comme étant la phase de désespérance. Et pourtant….
 
Dernière édition:

Mamandoc

Période de pointe
7h35. Les garçons sont prêts. Enfin presque. « Tu veux un petit déjeuner ? Un gâteau ? Un yaourt à boire ? » Non mais je rêve ! Mon conjoint veut bien faire pour ne pas brusquer le grand qui pleure. Je sais que c’est pour son bien alors je prends sur moi. Je pense qu’il n’y a même pas 1 minute entre chaque contraction. Mon grand me demande d’arrêter de respirer comme ça « fais pas ça maman ! ». Mon conjoint veut lui mettre ses chaussures. « Non on ne perd pas de temps avec ça ! Tu le charges et on roule !!! ». Mon grand dans un sanglot demande un yaourt à boire. « Tu veux boire ? » demande mon mari. « Non il veut un yaourt à boire, attrapes-en un et on y va ! ».
7h45. Enfin le grand est attaché dans son siège auto, doudou dans une main et le yaourt à boire dans l’autre. J’attends la fin d’une contraction avant de m’asseoir à côté de lui sur la banquette arrière. Mon conjoint s’est éloigné pour prévenir la crèche de notre arrivée. « Tu appelleras dans la voiture on y va ! ».
On a à peine fait quelques centaines de mètres qu’une nouvelle contraction arrive. Je ne peux pas rester assise, je me mets à genou, dos à la route, et je m’agrippe à l’appui-tête central. « Non maman c’est pas comme ça qu’on s’asseoit ! ». J'ai trop mal, je crie. « Non maman crie pas ! » Il se met à pleurer. Fin de la contraction. Je tourne la tête pour le rassurer (il est aussi dos à la route). J’entends vaguement la musique d’attente de la maternité que mon conjoint est en train d’appeler pour les prévenir de notre arrivée imminente. Il me rassure, rassure notre fils, tout en restant très prudent vu que je ne suis pas attachée. Pourtant je rêverai qu’il accélère et grille tous les feux ! Mon grand s'est calmé, il me regarde un peu incrédule tout en mangeant son yaourt.
Deuxième contraction du trajet. Je prends sur moi j’étouffe un cri. En fin de contraction je sens un plop puis inondation dans mon pantalon. « N, j’ai perdu les eaux ! ». « C’est pas grave, ça va aller ! » Je sens l’inquiétude dans sa voix.
J’appréhende la prochaine contraction. Maintenant que la poche des eaux est rompue ça va monter en intensité. Alors que je suis au maximum de ce que je peux supporter. Et même au-delà. Mais elle ne vient pas. Une accalmie bienvenue. Quelques secondes, quelques minutes je ne sais pas, pendant lesquelles je peux souffler. Je glisse quelques mots à mon grand, qui a retrouvé son calme et me regarde un peu incrédule. Je me souviens aussi jeter un œil dans la lunette arrière (je suis toujours à genou accrochée à l’appui tête, la tête quasiment dans le coffre !), apercevoir une personne dans sa voiture derrière nous qui doit se demander ce que je fais dans cette position.
7h55. Au lieu d’une contraction, je sens finalement arriver une forte pression sur mon sacrum, par l’intérieur, comme au moment d’aller à la selle. Ce n’est pas douloureux, juste inconfortable. Je comprends immédiatement ce qu’il se passe. Je pousse pour voir. Ça me soulage tellement que je continue. Je descends mon pantalon aux genoux. « Il est là il arrive ! ». « Tu veux que je m’arrêtes ? » me demande N. « Je sais pas ». Je continue de pousser tranquillement, je sens la tête descendre. « Maman c’est quoi qui sent pas bon ? ». J’interromps ma poussée. « Euh j’ai pété ! ». Mon conjoint s’est arrêté et garé sur le trottoir, nous sommes à mi-trajet, sur les boulevards, à l'heure de pointe… il ouvre la portière, passe ma main sur entre mes jambes, sent la tête. « Oh putain oui il arrive ». « Ne touche pas laisse moi faire appelle le 15 ». Il referme la portière et s’éloigne pour appeler le SAMU. Je continue ma poussée, tranquillement. J’appréhendais beaucoup ce moment, que certaines femmes décrivaient comme une brûlure intense ou un écartèlement, mais je ne vis pas du tout comme ca, je trouve ce moment agréable, pas du tout douloureux, et libérateur ! Je sens qu’il faut que je pousse plus fort si je veux qu’il sorte, alors je pousse fort, et pouf la tête passe d’un coup. Je sens le bébé bouger un peu à l’intérieur. Je pousse de nouveau, le reste du corps suit. Je l’accompagne d’une main dans sa « chute » et le pose entre mes jambes, sur mon pantalon, que j’ai toujours aux genoux. Au même moment mon conjoint revient. La poussée a duré à peine 5 minutes !
8h. On entend tous en même temps le premier cri. Ouf, il va bien ! Mon grand se penche pour essayer de l’apercevoir. « C’est Émile mon chéri, c’est le bébé du ventre qui est sorti ! » Je demande à mon conjoint de prendre le bébé entre mes jambes et de m’aider à me retourner. A ce moment là je ne peux pas le voir, juste l’entendre, car je suis à genoux dans un espace petit, entravée par mon pantalon, je ne veux pas bouger pour ne pas le faire tomber ou lui mettre un coup de genou ! Mon conjoint, les yeux plein de larmes, prend le bébé et le serre contre lui. Il me dit qu’il faut le couvrir il va avoir froid (j’ai tellement eu chaud que ça ne me vient même pas à l’esprit !), il me dit « mon manteau ! », repose le bébé entre mes jambes et commence à enlever son manteau. Je lui dit que sinon on a une couverture dans le sac naissance. Il file la chercher, reprend le bébé, l’emmitoufle dans la couverture, m’aide à enlever une chaussure et une jambe de pantalon et je peux enfin m’asseoir (sur la banquette qui est froide et mouillée, pas très agréable !). Je prends mon bébé dans les bras. Il est couvert de vernix, toujours un peu gris, mais il a l’air d’aller bien ! Je le présente à mon grand. « Regarde, c’est bébé Émile ! ». Il nous regarde avec des grands yeux éberlués, son yaourt à boire toujours dans une main. « Non, ça c'est pas bébé Émile, c’est bébé Léonard ! » (prénom que nous avions choisi avant de changer d’avis quelques jours plus tôt, malgré l'avis de son grand-frère). On est tous un peu abasourdis. Mon conjoint rappelle le SAMU pour les prévenir que le bébé est né. Mon grand me demande pourquoi la voiture de papa est mouillée. « Euh c’est Émile qui a fait pipi ! ». Au même moment les pompiers arrivent. Ils jettent un œil au bébé sans me le prendre, clampent le cordon sans le couper, me couvrent avec une couverture. Le chef d’agres (qui est une femme !) est adorable, je la connais un peu, elle n’essaye pas du tout d’intervenir pour faire des choses inutiles. Elle m’aide à enlever ma deuxième chaussure et ma deuxième jambe de pantalon. Elle me demande si j’ai de nouveau des contractions. Maintenant qu’elle le dit, oui, ça revient ! Je voudrais me remettre a genou mais ce n’est pas pratique. Elle me tend une poche en plastique, j’approche mes fesses du bord de la banquette et pousse une bonne fois, le placenta sort et je le réceptionne dans la poche. Il est toujours relié au bébé ! Il a dû s’écouler une 10aine de minutes entre la naissance et la délivrance, rapide ! « Maman, pourquoi t'es rouge sur les jambes ? » « C'est rien mon grand, un peu de sang qui a coulé mais j'ai pas bobo ». A ce moment là arrive le SAMU. Salut salut ! Ce sont des collègues, puisque j’y travaille. Je leur confie le bébé et ma poche de placenta (un peu gênant quand ce sont des personnes qu'on connaît), ils rentrent se mettre au chaud dans le camion des pompiers, couper (enfin) le cordon, vérifier que le bébé va bien. Quant à moi il est temps de sortir de la voiture, le brancard est juste devant, ils veulent me porter mais je préfère m’y installer seule, je n’ai que deux pas à faire. Pendant ce temps N a sorti notre grand de la voiture, il lui montre le camion des pompiers. Il est content, jusqu’à ce qu’il me voit entrer dedans, il m’appelle, il pleure, il veut que je reste avec lui dans la voiture. Une fois que je suis installée et sanglée, on me rend mon bébé que je mets en peau à peau, il va bien, moi aussi, à part que je sens des caillots couler entre mes jambes, mais on verra ça à la mater, pas trop envie de montrer mon intimité à mes collègues ! Le trajet dure quelques minutes, le temps de rigoler un peu avec mes collègues que j’aime bien, puis nous voilà à la mater. On emmène bébé pour les soins. 3,510 kg. 36,2°, il a eu un peu froid mais rien de catastrophique. Mon conjoint, qui a déposé le grand à la crèche, arrive enfin, tout ému. Je l’envoie auprès du bébé. La sage-femme m’examine, une petite déchirure à recoudre. Elle appuie sur mon utérus (ça fait mal !!!) pour éliminer les caillots, il y en a pas mal mais ils s’évacuent bien, rien de méchant. J’ai droit à 3 points internes que je ne sens pas du tout, et 3 externes qui sont plus douloureux malgré l’anesthésie locale.
9h. On me remet bébé en peau à peau, il est débarrassé de son vernix, il est tout rose, bien éveillé, c’est parti pour le première tétée. Il n’a pas trop envie, l’auxiliaire de puériculture insiste un peu en le changeant de position, finalement il accroche le sein et prend ses premières gouttes de colostrum.
11h. Les familles sont prévenues de la naissance incroyable de Émile. Je me lève pour aller aux toilettes, c’est fou la rapidité de récupération après un accouchement sans péri ! Papa a pu faire un long moment de peau à peau avec Émile. On a appelé la crèche, tout va bien pour le grand il vit sa vie comme d’habitude.
11h15. On monte en chambre. Juste à l'heure pour le repas !

Voilà, au final malgré les circonstances je garde un très bon souvenir de cet accouchement, on a formé une super équipe mon conjoint et moi. Même si il n'a compris l’imminence de la naissance qu’au moment où il a senti la tête, il a quand même parfaitement géré l’à côté. On a vécu la naissance en famille, sans personne pour m’imposer quoi que ce soit, j'ai pu accoucher dans une position physio, le cordon a été clampé tardivement, ça a été douloureux mais rapide, j’ai parfaitement senti la progression du bébé.. Et heureusement tout le monde allait bien. Je me suis beaucoup inquiétée pour mon grand, qui, même si il n’a pas vu la sortie du bébé à proprement parler (son siège haut et enveloppant lui permettait surtout de voir ma tête), a quand même vécu des choses que je voulais lui épargner. A trop vouloir le protéger (en le laissant dormir le plus tard possible, en ne le brusquant pas) on s'est fait avoir…
Le revers de la médaille c’est que je ne me suis autorisée à aimer mon bébé qu’une fois que j’ai été sûre que mon grand allait bien. Le jour de la naissance, j’étais abasourdie par ce qu’il m’était arrivé. Les sage-femme m’avaient prévenue, après un accouchement traumatisant les sentiments peuvent être un peu anesthésiés. Le lendemain soir j'ai commencé à souffrir de l’absence de mon grand, nous avions fait une visio la veille et il était choyé par ses grands-parents, il avait l’air d’aller bien, mais j’avais un besoin viscéral de le voir en vrai. Je voulais sortir en prado précoce à J2, manque de bol c’était un dimanche, pas de prado précoce un dimanche, donc 3 nuits de séparation. Et visites des fratries interdites pour cause de covid. Ça plus la chute des hormones… Heureusement je suis tombée sur une merveilleuse sage-femme pendant le week-end, elle m’a beaucoup écoutée, et a compris que j’étais en souffrance de ne pas voir mon fils, la dernière fois que je l'ai vu il hurlait dans les bras de son père parce-que les pompiers m’embarquaient.. alors elle a autorisé sa venue le dimanche après midi. La rencontre (enfin la re rencontre) a été merveilleuse, belle et émouvante. On a passé 2h ensemble et ça a tout changé. La suite de mon séjour a été bien plus douce, et j’ai enfin pu me concentrer sur mon bébé. Non pas que je m’en occupais pas avant, bien sûr je faisais tout le nécessaire avec beaucoup de tendresse et d’affection, mais mon esprit était ailleurs. Nous devions sortir le lundi matin mais finalement ça a été décalé à l’après-midi en raison d’une jaunisse. Le retour à la maison à été super, on a enfin pu démarrer notre vie à 4 ! Au final, après plusieurs debriefings, mon grand ne semble garder aucun traumatisme de ce qu'il a vécu, la seule chose qu'il semble avoir retenu de ce jour là c'est que bébé Émile a fait pipi dans la voiture de papa...
 
Dernière édition:

Caro_le

Hyperlactation
Adhérent(e) LLLF
@Mamandoc superbe récit. Ton mari ressemble étrangement au mien. Le mec qui ne comprend pas l'urgence de la situation. Quand tu as parlé du petit-déjeuner de ton grand, j'étais tellement à fond que j'ai voulu lui dire de prendre ce yaourt et de le mettre dans la voiture 🤣.

Finalement tu as eu ton accouchement physio sans péridurale et un beau souvenir pour la voiture.
 

Masylasw

Lactarium
Adhérent(e) LLLF
Wouah @Mamandoc tu m’as transportée 🥺🥰😭
Merci de ton témoignage, tes souvenirs sont précis et ton ressenti est tellement intéressant vis à vis de ton grand…


Bravo pour cette aventure vécue à 4, ton grand a vu que sa maman était capable de choses incroyables !!
 

cerise

Modératrice
Adhérent(e) LLLF
Pas de prise de tête de ce côté là, notre domicile, le lieu d'accouchement, et la mater sont tous dans la même ville ! (On habite à 10-15 mn de la mater... on s'est vraiment mal débrouillés pour pas arriver à temps !)
Tu voulais attendre que ton grand soit à la crèche pour ne pas le perturber dans ses habitudes :) Bon ça a été un peu loupé de ce côté-là, mais quel souvenir incroyable il en gardera ! Il pourra raconter qu'il a vu naître son petit frère <3
 

bloom

Lactarium
Moi j ai beaucoup ri!!! Et eu les larmes aux yeux à la fin. Ton récit est magnifique et émouvant!!! Bienvenue à Emile (quel joli prénom) et bravo à tous les trois d avoir si bien géré. C est génial de vivre des moments aussi forts en famille.
 

Mamenrond

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
Wahou quelle aventure incroyable, ton accouchement est fabuleux, tu as été une reine de gérer aussi bien !!
Félicitations et encore bienvenue à Emile ! 🤩
 

Mamandoc

Période de pointe
Merci les filles, c'est vrai que c'était incroyable ! On s'est refait le film tellement de fois avec mon conjoint... on a mis du temps avant de réaliser ! On a aussi passé beaucoup de temps à regarder les horaires, avec les heures d'appel aux différents services (la crèche, la maternité, le SAMU), on n'avait pas trop notion du temps mais grâce à ça on a pu tout remettre dans l'ordre et on a bien vu que c'était allé très vite. Et où on avait "merdé" pour ne pas arriver à temps.

J'ai suggéré à mon conjoint de mettre par écrit SON récit d'accouchement, c'est intéressant parce-que son ressenti était assez différent du mien, il m'a expliqué à posteriori ses pensées et réactions et on voit qu'on était en léger décalage. Il m'a dit par exemple que quand je me suis mise à sangloter il a immédiatement pensé à la phase de désespérance... avant de se dire que c'était sûrement pas ça mais mon impatience de mettre le grand à la crèche pour vraiment "rentrer dans mon accouchement". Et inversement quand je lui ai dit "il est là il arrive !" il pensait que c'était une façon de parler, pas que j'avais la tête entre les jambe... Si il le fait je vous le posterai !

En tout cas il a tout fait pour préserver mon grand, même si sur le coup je le trouvais désespérant de lenteur (en vrai il n'a pas été si lent que ça !) au final la façon dont il l'a géré a été parfaite, je lui en aurai sûrement voulu si il avait sorti notre garçon du lit sans ménagement pour le jeter dans la voiture sans lui expliquer. Vous l'avez compris la gestion de mon aîné que j'aime d'amour a été une préoccupation centrale dans ma grossesse et mon accouchement...

Ce qui est marrant aussi c'est que plusieurs personne m'ont dit "mais c'est N qui t'a accouchée du coup ??". Euh non je me suis accouchée toute seule ! Dans les bouquins que j'ai lu et notamment "la naissance en BD", ils insistent sur le fait que la femme SAIT accoucher, qu'elle n'a besoin de personne, et c'est vrai, je savais exactement ce qu'il fallait faire, j'ai été maître de mon accouchement. J'ai accouché, personne ne m'a accouchée ! Bon après je ne recommande quand même pas ce type d'accouchement hein, heureusement tout s'est bien passé, mais au cas où il y ai un problème avec le bébé où la maman il vaut mieux être accompagné par une sage-femme... et heureusement que papa a géré à côté, si il était tombé dans les pommes j'aurais été bien embêtée. Ne serait-ce parce-qu'il a récupéré et réchauffé le bébé juste à sa naissance alors que j'en étais incapable, car sidérée, soulagée que la douleur s'arrête, épuisée, et accessoirement entravée par mon pantalon.

Au fait, pour celles qui s'inquiètent, la voiture va bien ! On la garde, on l'offrira à Émile pour ses 18 ans :
"- euh maman c'est quoi ce truc entre les deux sièges avant ?
- Un levier de vitesse mon chéri !
- Et cette tâche sur la banquette arrière ?
- Ah ça mon chéri... je ne t'ai jamais raconté ??"
 

cerise

Modératrice
Adhérent(e) LLLF
Ce qui est marrant aussi c'est que plusieurs personne m'ont dit "mais c'est N qui t'a accouchée du coup ??". Euh non je me suis accouchée toute seule !
Ah oui, ça... Il faut que les gens comprennent qu'"accoucher" est un verbe intransitif :p
(Comme "culpabiliser" : "Tu culpabilises les mamans qui donnent le bib en défendant l'allaitement !" "Non elles culpabilisent toutes seules...").
 

Siana

Lactarium
Adhérent(e) LLLF
@Mamandoc Même remarque que toi après l'accouchement à domicile, beaucoup de gens demandent à mon conjoint "alors du coup c'est toi qui a fait l'accouchement??"
Réponse: Non, c'était un travail d'équipe, mais c'est elle qui a fait le plus difficile.

Les gens... 🤨

(Mais bon, le commun des gens a l'image de l'accouchement à l'hôpital en position gynéco comme un accouchement "normal", or en effet dans cette position la femme est passive, ils ne conçoivent pas que ça puisse se passer différemment. )
 
Haut