Près de trois semaines se sont écoulées depuis mon incroyable accouchement, il est temps pour moi de vous raconter tout ça avant que les souvenirs ne s'étiolent. Je le fais en deux messages car visiblement c'est tellement un pavé que je dépasse la limite de caractères autorisés !
Mon terme était prévu le 8 mars. J'ai finalement accouché le 18 février vers 8h.
Pour situer un peu le contexte, je précise que ces dernières semaines et mois ont été assez remplis. Une grossesse arrivée très vite après retrait de mon stérilet, un premier trimestre chaotique qui ne m'a pas vraiment permis de m'investir dans la grossesse, un arrêt de travail précoce qui a permis une suite sans encombre. Et toutes les conséquences que cette grossesse a eu : d’abord me faire à l’idée (douloureuse) que j’allais devoir me partager entre mon aîné et mon bébé, puis la décision de sevrer mon grand, puis la décision de quitter nos emplois, de quitter la ville qui a vu naître nos enfants, de vendre notre maison et de déménager après la naissance...
16 février. Déjà quelques jours que cet énorme me ventre me pèse, je n’arrive plus à porter mon grand depuis un moment, chaque changement de position est pénible, je suis fatiguée. J’enchaine les épisodes de faux travail depuis plusieurs semaines. Je suis partagée, j’ai hâte de vivre mon accouchement et que la grossesse se termine, mais j’appréhende énormément l’après, la fatigue, la réaction de mon grand… ce jour là nous avons invité mon amie S et son fils G, qui a le même âge que mon grand, pour le goûter. Ça me fait du bien de papoter pendant que les garçons s’éclatent à retourner la maison. Mais je m’allonge moins que d’habitude. Et après leur départ, même si le plus gros est rangé, je passe un moment à 4 pattes par terre pour finir de réunir les jouets éparpillés. Ce soir là je suis exténuée, et je ne me sens pas très bien sur le plan digestif.. Hop un Sp@sfon et au lit. Avant de dormir je rédige mon projet de naissance, j’ai rendez-vous avec une sage-femme de la maternité le 18, je veux pouvoir discuter de certains points avec elle. J’ai un projet d’accouchement physio, sans péri, sans instruments, en position libre, avec clampage tardif du cordon. J'avais fait une préparation physio pour mon premier mais ai finalement eu une péridurale. Pour ce deuxième accouchement je suis bien plus motivée pour essayer de m'en passer, je n'ai pas refait de prépa mais j'ai beaucoup bouquiné, j'espère que ça suffira.
17 février. Mon grand est à la crèche, je me recouche après son départ, mes nuits sont difficiles donc je redormirais bien un peu ! Mais le sommeil ne vient pas, alors je prends une longue douche avant de faire un peu de rangement. En sortant, appel de l’agent immobilier en charge de la vente de notre maison : « nous sommes un peu en avance, on arrive dans 5 minutes ça ira ? » « euh mais c’est pas demain la visite ? MERDE ! ». Hop je fourre le linge sale dans les placards, refais les lits en 3 secondes, mets la vaisselle sale dans le four, planque les jouets sous le lit… en 10 minutes la maison est présentable, mais j’ai pris une bonne suée ! Je sors faire une course pour laisser les visiteurs tranquilles. J’attrape le courrier au passage, que j’ouvre après m’être garée un peu plus loin. Une mauvaise nouvelle par rapport à mon boulot. J’appelle mon mari en pleurs, moi qui pensais passer enfin une journée tranquille et voulais faire mes sacs de maternité dans l’après-midi… au final je passe mon après-midi à pester, à me renseigner sur mes possibilités de recours, je suis très agacée. Je ne fais pas de sieste alors que j'en aurais eu besoin ! L’agent immobilier me rappelle, les gens qui ont visité à midi sont emballés et veulent revenir le soir même, vers 18h. Je vais donc chercher mon fils à la crèche à 17h30 puis je l’amène jouer dans le bureau de son père, pour ne pas gêner les visiteurs. Je ne peux pas m’allonger. On rentre tous ensemble à 19h, la journée a été longue, et ce n’est pas fini. Les visiteurs sont encore là. Ils ont fait une offre. On accepte. En partant mon agent immobilier me glisse « c’est bon j’ai rempli ma mission, tu peux accoucher maintenant ! ». Certainement pas, je ne suis pas prête !
Avec tout ça on est a la bourre pour le repas. Et tant pis pour le bain. Encore une journée épuisante, et demain, il faut faire les courses… ce soir là je dis à mon conjoint « j’ai des contractions toutes les 8 minutes, mais pas douloureuses, encore du faux travail…. ». Hop un Sp@sfon et au lit ! Je finis de rédiger mon projet de naissance et l’envoie à mon conjoint qui valide.
18 février.
2h du matin. Je suis réveillée par une contraction désagréable. Je me rendors à moitié. Rebelotte 15 minutes après… comme des règles. Et ça va continuer comme ça jusqu’à 4h, des contractions désagréables, toutes les 10 à 15 minutes. Je reste allongée à côté de mon grand, je le regarde tranquillement endormi. Et si c’était sa dernière nuit de fils unique ? Je peux rester allongée sans problème mais impossible de me rendormir, trop de choses dans ma tête, je ne suis pas prête, mes sacs ne sont pas faits, mon conjoint doit aller visiter une maison à louer dans 2 jours c’est important… et je commence à calculer, est-ce que je vais tenir jusqu’à l’ouverture de la crèche ? Est-ce que je peux laisser dormir mon grand ? Ce serait mieux pour lui, je veux le préserver au maximum.
4h. Ça devient difficile de rester allongée, alors je me lève. Dans le silence de la nuit je prépare mes sacs tranquillement. Je commence à minuter les contractions : 45 secondes toutes les 4 à 8 minutes. Je les gère assez facilement en respirant bien, debout en appui sur une table. Cette fois je n’ai plus de doute, il arrive. Je laisse mon conjoint dormir encore un peu.
5h. Les sacs sont prêts. Je descends au salon essayer de gérer mes contractions qui sont toujours aux 4 à 8 minutes mais deviennent plus intenses. J’essaye plusieurs positions mais c’est vraiment la position debout qui me convient le mieux, en appui sur la table et en dandinant mon bassin de gauche à droite. J’arrive quand même à rester assise une 20aine de minutes en somnolant entre les contractions, ça fait du bien.
6h. Je commence à avoir du mal à gérer la douleur. Je n’arrive pas à « entrer dans ma bulle », pas tant que mon grand n’est pas à la crèche. Je réveille mon conjoint, on essaye plusieurs positions, les points d’accupression, ça marche un peu, pas trop. Le livre « accoucher sans stress » de Bonapace trône sur la table basse, aucun de nous deux ne l’a encore lu… mon conjoint le feuillette entre deux contractions. Je l’invite à se faire un café, ça va peut-être être long.
6h45. C’est de plus en plus douloureux. Je veux essayer la douche. Pas de bain car je veux rester debout. Mon conjoint m’accompagne, me met le jet d’eau sur le bas du dos, ça n’aide pas vraiment. Je lui dis que j'ai mal, qu'il va falloir qu'on parte. Je regarde l’heure régulièrement. A partir de 7h on doit pouvoir amener mon grand à la crèche. Enfin je crois. En fait je ne sais pas à quelle heure ils ouvrent. On n’est pas prêts ! Notre plan nuit c’est mon amie S, mais vu l’heure autant attendre l’ouverture de la crèche…
7h. Je veux sortir de la douche, je n’y suis pas bien. Je me retourne, je dis à mon mari qu’il est temps de partir, ça devient trop dur. Il est assis sur un tabouret à coté de la baignoire, me regarde les yeux un peu vitreux, sa tasse a café dans une main et sa cigarette électronique dans l’autre, sans faire un mouvement… Houhou on se bouge ! Il veut prendre une douche aussi… OK mais fais vite ! Je le préviens, si en arrivant à la maternité on me dit que je suis dilatée à 4 ou 5, je prends la péri !
7H15. Je suis prête. Les contractions se sont encore intensifiées et rapprochées depuis que je suis sortie de la douche. Mon conjoint est douché. Il a chargé les sacs dans la voiture. Il réveille le grand. Qui n’a pas du tout envie d’être réveillé, et encore moins par son papa. Il pleure, il m’appelle. J’essaye de le rassurer et de lui expliquer entre deux contractions mais je n’ai que peu de répit. Il voit bien que quelque-chose n’est pas normal ! Mon conjoint le rassure tant qu’il peut, il le presse un peu pour aller s’habiller. « Laisse tomber on l’amène en pyjama ils l’habilleront là bas ! » . « Mais non on va pas l’amener en pyjama ! ». Je ne suis pas en état de me battre. Je vais les attendre en bas, essayer d’enfiler mes chaussures. Je souffle fort à chaque fois que je sens la vague monter, toujours debout en appui sur une table, ou le radiateur, ou ce qui me tombe sous la main.
7h30. Je me mets à sangloter, supplie mon conjoint de se dépêcher, je n'en peux plus je n'ai plus aucun répit, je lui dis que je ne vais pas tenir que je voudrais déjà être à la maternité. Je n’ai pas DU TOUT identifié ce moment comme étant la phase de désespérance. Et pourtant….
Mon terme était prévu le 8 mars. J'ai finalement accouché le 18 février vers 8h.
Pour situer un peu le contexte, je précise que ces dernières semaines et mois ont été assez remplis. Une grossesse arrivée très vite après retrait de mon stérilet, un premier trimestre chaotique qui ne m'a pas vraiment permis de m'investir dans la grossesse, un arrêt de travail précoce qui a permis une suite sans encombre. Et toutes les conséquences que cette grossesse a eu : d’abord me faire à l’idée (douloureuse) que j’allais devoir me partager entre mon aîné et mon bébé, puis la décision de sevrer mon grand, puis la décision de quitter nos emplois, de quitter la ville qui a vu naître nos enfants, de vendre notre maison et de déménager après la naissance...
16 février. Déjà quelques jours que cet énorme me ventre me pèse, je n’arrive plus à porter mon grand depuis un moment, chaque changement de position est pénible, je suis fatiguée. J’enchaine les épisodes de faux travail depuis plusieurs semaines. Je suis partagée, j’ai hâte de vivre mon accouchement et que la grossesse se termine, mais j’appréhende énormément l’après, la fatigue, la réaction de mon grand… ce jour là nous avons invité mon amie S et son fils G, qui a le même âge que mon grand, pour le goûter. Ça me fait du bien de papoter pendant que les garçons s’éclatent à retourner la maison. Mais je m’allonge moins que d’habitude. Et après leur départ, même si le plus gros est rangé, je passe un moment à 4 pattes par terre pour finir de réunir les jouets éparpillés. Ce soir là je suis exténuée, et je ne me sens pas très bien sur le plan digestif.. Hop un Sp@sfon et au lit. Avant de dormir je rédige mon projet de naissance, j’ai rendez-vous avec une sage-femme de la maternité le 18, je veux pouvoir discuter de certains points avec elle. J’ai un projet d’accouchement physio, sans péri, sans instruments, en position libre, avec clampage tardif du cordon. J'avais fait une préparation physio pour mon premier mais ai finalement eu une péridurale. Pour ce deuxième accouchement je suis bien plus motivée pour essayer de m'en passer, je n'ai pas refait de prépa mais j'ai beaucoup bouquiné, j'espère que ça suffira.
17 février. Mon grand est à la crèche, je me recouche après son départ, mes nuits sont difficiles donc je redormirais bien un peu ! Mais le sommeil ne vient pas, alors je prends une longue douche avant de faire un peu de rangement. En sortant, appel de l’agent immobilier en charge de la vente de notre maison : « nous sommes un peu en avance, on arrive dans 5 minutes ça ira ? » « euh mais c’est pas demain la visite ? MERDE ! ». Hop je fourre le linge sale dans les placards, refais les lits en 3 secondes, mets la vaisselle sale dans le four, planque les jouets sous le lit… en 10 minutes la maison est présentable, mais j’ai pris une bonne suée ! Je sors faire une course pour laisser les visiteurs tranquilles. J’attrape le courrier au passage, que j’ouvre après m’être garée un peu plus loin. Une mauvaise nouvelle par rapport à mon boulot. J’appelle mon mari en pleurs, moi qui pensais passer enfin une journée tranquille et voulais faire mes sacs de maternité dans l’après-midi… au final je passe mon après-midi à pester, à me renseigner sur mes possibilités de recours, je suis très agacée. Je ne fais pas de sieste alors que j'en aurais eu besoin ! L’agent immobilier me rappelle, les gens qui ont visité à midi sont emballés et veulent revenir le soir même, vers 18h. Je vais donc chercher mon fils à la crèche à 17h30 puis je l’amène jouer dans le bureau de son père, pour ne pas gêner les visiteurs. Je ne peux pas m’allonger. On rentre tous ensemble à 19h, la journée a été longue, et ce n’est pas fini. Les visiteurs sont encore là. Ils ont fait une offre. On accepte. En partant mon agent immobilier me glisse « c’est bon j’ai rempli ma mission, tu peux accoucher maintenant ! ». Certainement pas, je ne suis pas prête !
Avec tout ça on est a la bourre pour le repas. Et tant pis pour le bain. Encore une journée épuisante, et demain, il faut faire les courses… ce soir là je dis à mon conjoint « j’ai des contractions toutes les 8 minutes, mais pas douloureuses, encore du faux travail…. ». Hop un Sp@sfon et au lit ! Je finis de rédiger mon projet de naissance et l’envoie à mon conjoint qui valide.
18 février.
2h du matin. Je suis réveillée par une contraction désagréable. Je me rendors à moitié. Rebelotte 15 minutes après… comme des règles. Et ça va continuer comme ça jusqu’à 4h, des contractions désagréables, toutes les 10 à 15 minutes. Je reste allongée à côté de mon grand, je le regarde tranquillement endormi. Et si c’était sa dernière nuit de fils unique ? Je peux rester allongée sans problème mais impossible de me rendormir, trop de choses dans ma tête, je ne suis pas prête, mes sacs ne sont pas faits, mon conjoint doit aller visiter une maison à louer dans 2 jours c’est important… et je commence à calculer, est-ce que je vais tenir jusqu’à l’ouverture de la crèche ? Est-ce que je peux laisser dormir mon grand ? Ce serait mieux pour lui, je veux le préserver au maximum.
4h. Ça devient difficile de rester allongée, alors je me lève. Dans le silence de la nuit je prépare mes sacs tranquillement. Je commence à minuter les contractions : 45 secondes toutes les 4 à 8 minutes. Je les gère assez facilement en respirant bien, debout en appui sur une table. Cette fois je n’ai plus de doute, il arrive. Je laisse mon conjoint dormir encore un peu.
5h. Les sacs sont prêts. Je descends au salon essayer de gérer mes contractions qui sont toujours aux 4 à 8 minutes mais deviennent plus intenses. J’essaye plusieurs positions mais c’est vraiment la position debout qui me convient le mieux, en appui sur la table et en dandinant mon bassin de gauche à droite. J’arrive quand même à rester assise une 20aine de minutes en somnolant entre les contractions, ça fait du bien.
6h. Je commence à avoir du mal à gérer la douleur. Je n’arrive pas à « entrer dans ma bulle », pas tant que mon grand n’est pas à la crèche. Je réveille mon conjoint, on essaye plusieurs positions, les points d’accupression, ça marche un peu, pas trop. Le livre « accoucher sans stress » de Bonapace trône sur la table basse, aucun de nous deux ne l’a encore lu… mon conjoint le feuillette entre deux contractions. Je l’invite à se faire un café, ça va peut-être être long.
6h45. C’est de plus en plus douloureux. Je veux essayer la douche. Pas de bain car je veux rester debout. Mon conjoint m’accompagne, me met le jet d’eau sur le bas du dos, ça n’aide pas vraiment. Je lui dis que j'ai mal, qu'il va falloir qu'on parte. Je regarde l’heure régulièrement. A partir de 7h on doit pouvoir amener mon grand à la crèche. Enfin je crois. En fait je ne sais pas à quelle heure ils ouvrent. On n’est pas prêts ! Notre plan nuit c’est mon amie S, mais vu l’heure autant attendre l’ouverture de la crèche…
7h. Je veux sortir de la douche, je n’y suis pas bien. Je me retourne, je dis à mon mari qu’il est temps de partir, ça devient trop dur. Il est assis sur un tabouret à coté de la baignoire, me regarde les yeux un peu vitreux, sa tasse a café dans une main et sa cigarette électronique dans l’autre, sans faire un mouvement… Houhou on se bouge ! Il veut prendre une douche aussi… OK mais fais vite ! Je le préviens, si en arrivant à la maternité on me dit que je suis dilatée à 4 ou 5, je prends la péri !
7H15. Je suis prête. Les contractions se sont encore intensifiées et rapprochées depuis que je suis sortie de la douche. Mon conjoint est douché. Il a chargé les sacs dans la voiture. Il réveille le grand. Qui n’a pas du tout envie d’être réveillé, et encore moins par son papa. Il pleure, il m’appelle. J’essaye de le rassurer et de lui expliquer entre deux contractions mais je n’ai que peu de répit. Il voit bien que quelque-chose n’est pas normal ! Mon conjoint le rassure tant qu’il peut, il le presse un peu pour aller s’habiller. « Laisse tomber on l’amène en pyjama ils l’habilleront là bas ! » . « Mais non on va pas l’amener en pyjama ! ». Je ne suis pas en état de me battre. Je vais les attendre en bas, essayer d’enfiler mes chaussures. Je souffle fort à chaque fois que je sens la vague monter, toujours debout en appui sur une table, ou le radiateur, ou ce qui me tombe sous la main.
7h30. Je me mets à sangloter, supplie mon conjoint de se dépêcher, je n'en peux plus je n'ai plus aucun répit, je lui dis que je ne vais pas tenir que je voudrais déjà être à la maternité. Je n’ai pas DU TOUT identifié ce moment comme étant la phase de désespérance. Et pourtant….
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