Vers 3-6 ans il y a une période dite de "bégaiement physiologique", ça n'est pas vraiment du bégaiement, mais plutôt des aléas de fluidité de la parole, qui peuvent se présenter comme tu le décris. Dans certains cas ça évolue vers du bégaiement si on y met de l'engrais et que ça cristallise le truc. Autrement ça passe en grandissant. L'explication en vigueur actuellement repose sur un décalage entre maturation de la pensée, et maturation du contrôle des organes de la parole, la pensée irait plus vite que la langue, et ça met du chaos.... Pis il faut coordonner avec la respiration, et quand on pense à plein de trucs en même temps et qu'on a du mal à découper en morceaux de phrases compatibles avec la prise de souffle, ben forcément ça achoppe un peu... (Dans ma famille ça a été le cas quand on était petits)
Les engrais : Mauvais réflexes qui ancrent des bugs de la parole :
Induire l'idée que parler demande un effort, un contrôle, voir que la parole est une lutte : C'EST L'IDEE LA PLUS NAZE POSSIBLE !!
Il faut absolument éviter tout appel à la volonté de l'enfant genre "concentre toi" "fais un effort" "parle doucement" "calme toi" (vous contrôlez toujours vos émotions vous?) "prends ton temps" "applique toi" : TOUT CE GENRE DE TRUCS EST TOUT POURRI.
Le stress et le manque de sommeil, la pression sociale ("bien parler" devant papi mami maitresse etc), l'excitation (noël, sorties...) peuvent avoir un impact. Il ne s'agit pas d'en priver l'enfant, ni de l'obliger à dormir sous prétexte que sinon il va "mal parler"(gore en plus!!), mais plutôt d'avoir conscience de ces facteurs et de relativiser leur impact, de savoir que ça va passer... Moi aussi quand je suis enthousiaste, crevée ou furax je cherche mes mots...
LES BONNES IDEES :
0) Avant toute chose, qui est-ce que la situation dérange ? Les parents qui s'inquiètent, ou l'enfant aussi ? Tant que l'enfant ne s'inquiète pas lui-même, ne se sent pas gêné, il est inutile de lui imposer des "aides" dont il n'a aucun besoin....
1) Garder en tête que la parole parfaite et impeccablement fluide est impossible, même pour des orateurs d'exception. Alors pour un apprenti parleur... Faire l'exercice, pour toi adulte, d'écouter une conversation de groupe pour observer ces dysfluences, est très intéressant...
2)
Considérer la rupture de fluidité comme un non-évènement. (Dans la même idée que quand un enfant tombe, on évite d'en faire des tonnes, sinon l'enfant pleure à cause de nos peurs à nous, et non à cause de la réalité de ses sensations, qui souvent sont bien moins pire que ce qu'on a redouté...)
3) Garder à la relation de parole son naturel : En général, entre adultes, quand un locuteur bloque, l'autre donne un coup de pouce en proposant un ou plusieurs mots qui pourraient être celui recherché... Et pompelop, ça repart ni vu ni connu...Car tout est normal !! On peut faire pareil avec un enfant (Bon, pas 20 000 propositions non plus hein, si on le surcharge, c'est crispant aussi)
4) Etre l'avocat de l'enfant et le défendre vis à vis de toutes les moqueries, et de toutes les "exigences mal placées" des adultes tiers, style des grands parents avec des idées éducatives d'un autre âge..... (*Ton de vieux croulant inside* "Quand j'avais ton âge, j'avais eu le prix d'élocution à l'école, à ton âge, tu n'arriveras à rien si tu ne fais pas d'efforts pour t'exprimer mieux que ça" *Ton de vieux croulant off*) (Sans méchanceté aucune, c'est juste que ça m'évoquait le vieux de la banque dans Mary Poppins là...)
5) En cas de pépin un peu plus sérieux, on peut jouer avec la parole : chuchoter, grosse voix, parler robot (haché) exprès, bégayer exprès, ne dire qu'un seul mot, dire un mot pour un autre (Je le fais tout le temps avec mon conjoint, juste pour le fun ^^), faire la voix d'ado qui mue et qui déraille... Après tout, ça serait dommage de louper une occasion de rigoler, mais condition sine qua non, l'enfant doit être le premier à y prendre plaisir !!
6) Ah oui, et tellement évident que j'ai failli l'oublier : Quand l'enfant parle, évidemment, il faut être disponible et l'écouter, être attentif. Il ne faut surtout pas qu'il aie le sentiment (parce qu'on le lui dit ou bien de part la situation) de devoir se dépêcher. La pression temporelle est le deuxième pire engrais !
Bon après il y a des enfants qui "occupent l'espace d'attention parentale" avec la parole, mais là on est sur autre chose...
Moralité, tu peux toujours prendre rendez-vous discretos quand ton enfant n'est pas dans le coin (Si il entend la conversation de prise de rdv, c'est loupé..) pour anticiper sur la très longue attente, mais tant que ton enfant n'exprime pas de gêne, un soutien empathique habituel comme pour le reste de la vie, et le fait de "ne pas en faire tout un plat" devraient suffire...
Il ne faut pas oublier que des fois les enfants sont gênés d'un truc uniquement parce qu'ils comprennent qu'ils devraient l'être... Alors autant leur éviter ça..
EDIT : J'ai oublié le principal : Ce que tu décris pour ton fils ne semble pas du tout poser problème, au contraire, il prends le temps de s'organiser comme il a envie, et avec le temps, il le fera en fonction des conventions de discours (pas au milieu d'une phrase mais entre deux)
Si il est du genre perfectionniste, évite de lui dire qu'il s'est arrêté au mauvais endroit. Tu peux aussi "faire comme lui", des pauses dans tes phrases, mais en le faisant "au bon endroit", vu que de manière générale il a l'air malin (autres conversations) , il devrait assez probablement s'en inspirer en douceur... Mais il faut le faire avec subtilité, l'air de rien, si ça sent le donnage de leçon, c'est fail...