Sur le viol : effectivement, la définition est débattue, faut-il intégrer le consentement, l’intention de l’auteur… ça donne des articles intéressants dans les journaux. De ce que j’ai lu dans des bouquins de socio, l’élément central du viol est la volonté de l’auteur de soumettre / dominer, plus qu’une recherche de plaisir sexuel (ce qui est cohérent avec l’usage du viol comme arme de guerre, comme outil génocidaire).
Je ne pense pas que ce soit la même démarche chez un soignant qui insiste pour un TV à l’accouchement (sauf si c’est aussi un criminel sexuel, style un ex chirurgien du coin). On peut s’agacer, ne pas vouloir déroger à la procédure, ne pas vouloir/ pouvoir prendre le temps de comprendre ce qui bloque. Ça peut être considéré comme un traitement inapproprié, une violence institutionnelle / soignante, mais j’aurais du mal à en faire un acte de même nature qu’un crime sexuel.
Sur l’intérêt du TV, les gens qui font de l’obstétrique sont pris entre deux feux, l’envie de plus de physio, et l’inacceptabilité des complications, avec la dégradation des indicateurs de morbimortalité périnatale, qui n’aide pas à lâcher prise. Mon expérience en gynéco est loin, mais sans TV, à part si la patiente connaît très bien le déroulé de l’accouchement et hurle qu’elle doit pousser, c’est dur de savoir où on en est, comment est la présentation, si le fœtus est engagé, s’il y a une dystocie… Et louper ça, c’est inacceptable, avoir un dossier incomplet, c’est inacceptable. Parce que ce qui se passe à l’hôpital relève de la responsabilité de l’hôpital (une dame âgée qui se casse la figure aux toilettes alors qu’elle n’a appelé personne et qu’elle aurait pu sonner, c’est notre faute), et qu’on a tous appris à réfléchir en éliminant d’abord les complications et les hypothèses graves. Apprendre à lâcher du lest et tolérer le risque et l’incertitude, ce n’est vraiment pas dans la mentalité des hospitaliers (suffit de voir comment est traité un motif de cs bénin suivant qu’on aille au cabinet ou aux urgences).
Sur l’impact du relationnel avec les soignants, c’est quelque chose qui m’interroge au quotidien. J’en ai parlé avec mon interne, c’est compliqué avec mon mari en ce moment, et je trouve dur de passer outre quand je ne vais pas bien et d’être pleinement disponible pour les patients. Je fais beaucoup de suivi, quand on connaît bien les gens c’est facile de voir si ça va ou pas, mais je sais que j’ai parfois fait des faux-pas totalement involontaires qui ont eu des conséquences parce que les gens se sont raccrochés à deux mots (un peut-être, un « pas tout à fait » mal placés, une blague qui tombe à plat, un sourire raté qui se transforme en rictus, une question maladroite…). Sur des situations aiguës et ponctuelles (consultations aux Urgences, accouchement), à fort impact émotionnel, et où les circonstances font que le niveau de stress peut être important, c’est encore pire. Je n’ai pas la réponse à cette question...