Bonsoir à toutes,
@MmeMarguerite,
@Nim,
@AngyRegg,
@Chocob,
@Eclira,
@Liliju&Co,
@Léonide :),
@Piyo,
@Jud,
@Catherine06,
@Tautau,
@Lumi,
@pauline1,
@nabba et
@bloom, merci à chacune d'entre vous pour vos remarques.
Je ne m'attendais pas à autant de retours, et répondre sur tous les points évoqués va me prendre beaucoup plus de temps que je l'aurai imaginé, mais si mon projet de naissance a soulevé un tel débat, c'est sans doute que c'est pour la bonne cause.
Concernant l'agressivité de l'approche et la nécessité d'adapter la forme avec de la communication non violente, je vous remercie de me l'avoir signalé car je n'ai jamais souhaité être dans cet esprit là. Il ne fait aucun doute cependant que je suis en réaction, à la fois avec mon vécu, celui de plusieurs amies, et avec mes lectures.
Je suis profondément révoltée par ces dernières à chaque fois que je me rends compte qu'on sait (dans le sens où c'est scientifiquement prouvé) des choses depuis longtemps, voire très longtemps, et que ce qu'il y a de meilleur pour le bébé n'est toujours pas appliqué en 2021 dans la majorité des maternités. C'est le problème de la "recherche politiquement incorrecte" évoqué il y a un moment par Michel Odent mais les protocoles restent bien souvent désespérement inertes.
Dans mon vécu, pour la petite histoire, le projet de naissance de 3 pages présenté à ma première grossesse à la chef de service du CH (qui me suit encore pour cette grossesse ci et avec qui j'ai des relations cordiales) qui était beaucoup plus doux et hésitant que celui que vous avez lu, lui avait déjà fait froncer le nez. On avait pris le temps d'en parler mais la discussion s'était soldée par "ça on le fait déjà", "ça ce n'est pas possible" sans justification et sans évoquer tous les points parce qu'on n'en avait pas le temps. À l'époque, je me sentais encore soumise à l'autorité naturelle de la caste des médecins, et la chef de service m'avait d'ailleurs dit : "je suis gynécologue, vous n'êtes qu'archéologue" - elle me l'a ressorti encore deux fois pour la grossesse actuelle mais pour moi elle fait une grave erreur : elle est gynécologue, je suis sa patiente, c'est ça la vraie relation entre nous. Bref Lulu est finalement né à la maison le jour du terme (J+2 selon l'hôpital). Après 9h de contractions douloureuses, on a appelé les secours car la sage-femme AAD nous avait lâchés 3 mois avant le terme et j'étais paumée dans la théorie de l'avancement du travail. Aujourd'hui je sais que j'ai confondu 2 types de contractions. Lulu est arrivé au bout de 10 mn quans les pompiers sont arrivés et ils nous ont emmenés directement à l'hôpital. Pendant qu'on me recousait de 5 points de suture, ils ont fait les soins et tests sur notre fils qu'on avait demandé de ne pas faire si pas besoin dans notre projet de naissance. Mon mari (on n'était pas encore mariés à l'époque mais on avait fait une reconnaissance anticipée à la mairie donc il avait légitimité à donner son accord ou non sur les actes médicaux) était près du bébé pendant ce temps et a dit non à l'infirmière qui voulait mettre un tube dans la gorge et dans l'anus de Lulu. Elle l'a fait quand même. Il lui a redit non en repoussant ses mains du bébé mais elle l'a engueulé et elle n'a fait que ce qu'elle a voulu.
La première fois nous (et surtout notre bébé) n'avons pas été respectés, malgré le projet de naissance, malgré le désaccord du père. Alors en effet, dans ce nouveau projet, j'exige le respect qui nous est dû, et s'il faut malheureusement en passer par le rappel de la loi, eh bien soit. Il y a trop d'enjeux (santé physique, mentale et bonheur de l'enfant et de la mère, estime de soi des parents, relation parents-enfant, etc.), et notre fille ne naîtra qu'une fois. Peut-être même qu'un jour elle donnera naissance à son tour et je suis convaincue que le vécu de sa propre naissance jouera à ce moment-là.
En ce qui nous concerne nous n'avons jamais manqué de respect au personnel hospitalier. Certes nous exigeons les mêmes conditions idéales que pour un accouchement à la maison, mais je trouve qu'on ne devrait pas choisir entre naissance respectée et sécurité, car même dans les sociétés où les femmes accouchent seules dans la nature ou un milieu familier, les complications, si elles sont beaucoup plus rares, peuvent quand même exister. Il est vrai que le meilleur compromis reste les maisons de naissance, malheureusement à ce jour il y en a trop peu et il n'y e a pas près de chez moi. Je refuse catégoriquement d'aller en clinique privée où il y a de l'argent en jeu et où il y a ainsi beaucoup plus de risques de voir les actes médicaux multipliés. Nous avons la chance d'avoir en France des hôpitaux publics, donc au service du peuple. Je suis d'accord pour ménager la sensibilité du personnel mais pour moi ça passe après le respect des droits les plus fondamentaux du bébé et de la mère. Je sais que le personnel médical fait de son mieux, mais il arrive qu'il ne sache pas que ça pourrait être encore mieux. Il est arrivé plusieurs fois que je porte à la connaissance de la chef de service maternité des informations publiées de longue date, auxquelles j'avais facilement eu accès et dont elle n'avait jamais entendu parler. Et c'est "normal" : n'importe qui, après des journées comme celles des personnes qui travaillent en hôpital, même s'il aime son métier, aurait envie à la fin de sa journée ou de sa garde de se poser pour dormir, passer du temps en famille ou avec les amis, au lieu de lire sur le sujet. La faute à l'État qui ne met pas les moyens pour qu'il y ait plus de personnel et que le personnel ait plus de temps pour se reposer et faire des formations pour s'adapter aux derniers résultats scientifiques. Cela résoudrait le problème d'une seule sage-femme par accouchement et d'un seul accouchement par sage-femme. Le personnel débordé, pour moi, ce n'est pas compatible avec une naissance respectée. Il y a risque d'imposer un rythme de travail qui n'est pas naturel, que le personnel soit irrité, impatient (c'est humain) et comme l'a souligné
@Chocob, les accouchements à l'hôpital sont un service d'urgence et sur le fond je ne trouve pas ça logique. Malheureusement je crois qu'il n'y a rien à attendre de l'État à ce niveau-là. Alors quoi si ce n'est pas nous qui forçons les lignes à bouger ? On continue à maltraiter (je pèse ce mot pour certaines pratiques) les bébés et les mamans pendant des siècles ? Comme l'a écrit l'une d'entre vous c'est un combat à long terme mais on ne sait pas combien de temps ça va prendre, et pour mon cas, c'est dans trois mois et demi que ma fille arrive au monde...
Je pense sincèrement que tout ce qui est demandé est réalisable, que tout a déjà été réalisé et qu'ainsi il n'y a pas "utopie" : dans d'autres pays, ou à la maternité publique de Pithiviers dans les années 80-90 quand Michel Odent en était le directeur. Pour ce coup-là il n'a suffit que d'un chef de service pour que des milliers de bébés naissent dans le plus grand respect. Et je suis convaincue que plus nombreux seront les parents à prendre à bras le corps (parce qu'il s'agit bien d'une lutte) ces problèmes de protocoles, plus vite les choses évolueront dans le bon sens et que ça se répercutera sur notre société entière, en meilleure santé physique et mentale, débarassée d'un mal être dont l'origine est en apparence inconnue, et qui sera plus libre, plus responsable et moins consumériste car moins de frustrations à gérer.
Pour les attaques pour non suivi de protocole, il suffirait à l'hôpital de signer le projet de naissance qui leur servirait de décharge, ou de brandir une attestation pré écrite dès que le patient refuse un acte médical. On nous donne toujours une demande de consentement, mais jamais une décharge... je trouve qu'on devrait avoir les deux.
Ce projet de naissance a été envoyé quasiment à l'identique (j'ai continué de lire et faire des apports après envoi) en recommandé au service maternité, une semaine avant l'échographie du 2e trimestre. Pour notre rendez-vous, la chef de service nous a dit l'avoir bien reçu, lu et mis dans notre dossier. Mon mari a voulu en parler, moi je n'étais pas très chaude, je préfère des traces écrites vu ce qu'il s'était passé pour le premier projet de naissance, mais la chef de service a accepté et, avec son ton doux et bienveillant (ce qui la rend très agréable), elle est partie dans une tirade où on ne pouvait en placer une. Elle nous a surtout dit sa fierté d'être parfaitement dans le protocole à chaque contrôle de l'État tous les quatre ans. D'un côté je comprends son point de vue et je suis contente pour elle vu l'énergie qu'elle dépense a gérer son service où le personnel s'entend bien et est compétent, mais d'un autre côté, en sachant tout ce que le protocole en question implique, j'ai compris que si nous devons faire tout ou une partie de la naissance à l'hôpital, ce sera le bras de fer le jour J alors que c'est précisément ce que nous voulions éviter en rédigeant un projet car nous savons que ce jour là nous n'aurons pas pleinement nos moyens pour lutter, et nous n'aurons pas du tout envie de lutter.
En effet j'ai prévu de donner naissance à la maison, mais la sage-femme AAD la plus proche de chez moi habite à 1h30 de route, et est la seule à accepter de me suivre (les autres trouvant que j'habite trop loin), mais sera en congé du 13 au 24 septembre, or le terme sera autour du 24 septembre. En plus, après un premier rdv à son cabinet où elle a accepté de nous suivre, elle ne répond pas aux mails et téléphone et je n'ai pas du tout envie de passer mon temps à lui courir après, je ne vois pas comment instaurer un climat de confiance dans ces conditions : si elle ne répond pas le jour J ? Finalement je préfère partir du principe qu'il faut compter sans elle.
La maison de naissance la plus proche est en région parisienne, à plus de 2h de route et je ne le sens pas du tout de me retrouver sur le périphérique alors que ce sera un deuxième enfantement et que ça puisse aller beaucoup plus vite que pour Lulu.
Alors il me reste la solution de la naissance non assistée. Actuellement je m'y sens prête, mais je peux changer de sentiment en cours de grossesse voire tout à la fin et c'est pourquoi je veux m'assurer la solution de l'hôpital. Et je ne suis pas d'accord avec le fait que si on va à l'hôpital on se plie au protocole et c'est tout. Pour moi, avoir un enfant, c'est être responsable de sa santé et son bien être tant qu'il ne peut pas l'être lui-même. Ce sentiment de responsabilité m'a fait lire sur le sujet, et mes lectures m'ont fait entrevoir l'ampleur de cette responsabilité. Je m'en voudrai profondément de ne pas offrir, ou du moins essayer autant que possible, ce que je sais être le meilleur à mon enfant. Tout comme je ne compte pas déléguer l'éducation de mes enfants à l'école, je ne compte pas déléguer leur naissance et leur santé au personnel médical. Personne plus que mon mari et moi ne peut se sentir autant concerné par le bien être de notre famille. Je me sens beaucoup moins concernée par celui des familles du personnel médical, parce que je ne les connais pas et ne ressens pas d'amour pour eux. C'est logique qu'il en soit de même dans le sens inverse et qu'ils fassent passer leurs soucis avant les miens. Donc je ne peux me remettre en totale confiance entre leurs mains, et les nombreux témoignages désastreux d'abus pendant des naissances, sur des personnes que je connais personnellement ou non, me confortent dans ce choix.
Je comprends que la demande d'accompagnement par une sage-femme ayant donné naissance de manière physiologique puisse être choquante. J'ai repris cette idée depuis les ouvrages de Michel Odent, et après tout ce n'est pas une exigence, mais une demande "dans l'idéal". Ce sera un moment d'extrême intimité, ce ne sera (normalement) pas une opération chirurgicale sous anesthésie, et j'ai le droit de souhaiter que mon mari soit le seul homme présent. Après, dans la mesure où ce n'est pas médical, l'hôpital a bien évidemment le droit de refuser d'accéder à cette demande.
Enfin, pour le côté "rapide à lire", je pense qu'entre deux pages ou dix il n'y a pas de différence. J'ai une amie qui avait fourni un projet de naissance de 2 pages sur le mode suggestif dans le même hôpital l'année dernière, et au final la sage-femme a tiré sur le cordon au bout de 30 secondes après la naissance pour faire sortir le placenta. Mon amie pense qu'ils n'avaient pas pris la peine de lire son projet et est révoltée, mais n'ose pas leur écrire car elle veut devenir doula et entretenir de bons rapports avec l'hôpital.
Pour revenir à mon projet, j'ai mis en gras l'essentiel pour favoriser une lecture rapide, mais il était très important pour moi de citer tous ces travaux de recherches et leurs résultats. Je ne suis pas une star en train de demander une suite de luxe, je suis une maman qui demande le respect pour elle et son enfant et je ne suis pas d'accord pour que le personnel ait, lui, le luxe d'avoir "envie" ou non de respecter le projet. Et en effet, je l'ai aussi rédigé dans une volonté de militantisme, en espérant faire accéder le personnel médical qui en a rarement l'occasion à toutes ces informations cruciales. J'espère, sans doute naïvement, amorcer des réflexions ou même dans l'idéal en motiver à passer en libéral pratiquant l'AAD. C'est ma façon de militer... elle n'est peut-être pas la meilleure et la plus efficace, mais je n'ai pas eu d'autre idée pour le moment.
@Chocob, au sujet des informations scientifiques fausses dans mon projet de naissance, aurais-tu la gentillesse de me diriger vers les lectures qui les contredisent pour que je puisse le réajuster ? Je te remercie d'avance.
Voilà j'ai essayé de répondre à toutes vos remarques en structurant au mieux, désolée s'il y a des fautes de grammaire ou de syntaxe, j'ai ajouté mes phrases par ci par là dans les paragraphes au fur et à mesure que je lisais vos messages...
Encore merci à toutes pour vos points de vue.