J'ai beaucoup aimé aussi "J'accouche bientôt , que faire de la douleur". Ce livre et celui d'Isabelle Brabant m'ont donnée beaucoup de force.
Tu te souviens du passage dans "j'accouche bientôt..." où Maïtie Trelaün fait la comparaison avec une rivière: soit on accepte de se laisser porter par le courant, et on glisse, on est emportée; soit on a peur, on essaie de s'accrocher aux branches, au rivage, et c'est plus compliqué. Pour moi, c'est exactement ça. Ce n'est pas tant une question de préparation, que d'accepter qu'on ne gèrera rien.
Après une première naissance par césarienne, un accouchement physiologique était très important pour moi. Mais j'avais peur de ne pas y arriver, de ne pas gérer, ou bien d'être trop dans l'intellectuel et de ne pas me laisser porter. Finalement, je n'ai pas géré et c'est pour ça que tout s'est bien passé. Je me suis laissée (je n'ai pas eu le choix, c'est la nature qui fait ça à partir du moment où on ne t'insécurise pas par des paroles déplacées ou des actes malvenus) emporter, je ne gérais rien.
Tu évoques la douleur et la phase de désespérance:
- la douleur: oui. Terrible. Mais pas une souffrance (j'aime bien la différence qui est faite entre les deux, il me semble que Maitie Trelaun en parle...sinon c'est dans le livre d'Isabelle Brabant). Et je ne la gérais pas, je n'ai pas été une guerrière, une amazone ou quoi que ce soit. Plus c'est monté, plus j'aurais donné n'importe quoi pour que ça s'arrête... et on comprend vite que le "n'importe quoi", c'est que ce bébé sorte! Pour ne pas "craquer" pour la péri: arriver le plus tard possible à l'hôpital! C'était mon projet, mais je n'avais pas prévu d'arriver si tard quand même (45 min entre mon arrivée aux urgences, et ma fille dans mes bras). Je me souviens avoir pensé au début des contractions : "c'est pas possible, je ne gère pas du tout la douleur, faut que je me reprenne, là, sinon, je ne vais jamais y arriver". En fait le travail avançait très vite, donc la douleur a été intense dès les premières contractions alors que j'imaginais que ça serait graduel. Je n'ai pas eu de toucher vaginal, au début je me suis dit faut que je gère. Puis j'ai perdu les eaux, et là, je savais (je le "savais" c'est tout) que ça s'accélérait et qu'il fallait partir à l'hôpital. Quand je suis arrivée, ma sage-femme m'attendait, elle a fait le seul toucher de l'accouchement. Je n'ai pas été surprise (j'étais un peu ailleurs de toute façon) quand elle m'a dit que j'étais complètement dilatée, je n'y avais pas réfléchi, mais je savais que c'était imminent. Pendant la grossesse, j'avais peur de ne pas sentir, de ne pas gérer à nouveau, mais ce jour-là, sans y réfléchir, je savais; mon corps savait plus que ma tête, en fait.
- la phase de désespérance: c'est déjà bien que tu connaisses, tu sais que ça existe, donc même quand tu la vivras, tout au fond de toi, quelque chose te soufflera que c'est normal. Pendant ce moment, je répétais juste que je n'allais pas y arriver, j'avais la sensation physique que mes jambes ne répondraient pas, et que je n'arriverais pas à pousser. Je pensais (mais je ne l'ai pas dit car je me rendais bien compte que c'était ridicule et trop tard!): "péridurale, par pitié!". La réponse que j'ai eue: ma sage-femme, souriante, confiante, qui me répondait doucement et tranquillement "tu vas y arriver, c'est toi qui va le faire" "si, tu vas voir, tu vas le faire"... Et au bout d'un moment, il y a un comme un souffle qui revient et je me suis dit "qu'elle sorte, qu'on en finisse". Et j'ai poussé comme une dingue, donné tout ce que j'avais (pas vraiment une poussée spontanée du coup!), la poussée a duré très peu de temps. Je pense qu'avec une péri je n'aurais pas été aussi "efficace".
Plutôt que de dire que je ne "gérais" pas ou que j'étais à l'ouest, je préfère dire, et je pense que c'est le cas, que j'étais dans un état de confiance modifiée. Et il me semble que c'est normal, que c'est sain pour une femme qui accouche d'être dans sa bulle, vraiment, psychiquement, d'être un peu ailleurs.
Plus concrètement:
- plusieurs chouettes livres, dont les deux cités au-dessus
- du yoga prénatal (même si je n'ai pas fait de pose ou d'exercice de respiration entre les contractions, je n'y ai même pas pensé au moment M)
- un mélange d'hypnose et de pleine conscience, proposé par les sages-femmes qui me suivaient (même si pareil, le jour de l'accouchement, je n'ai pas fait de visualisation, je pense que ça a créé un climat global pendant ma grossesse, qui m'a aidé à prendre confiance en mes capacités, sans que j'aie eu à y penser quand j'étais dans l'action)
- du repos (je ne sais pas si ça compte hahah)
- ostéopathie quelques heures avant d'accoucher; j'ai précisé à l'ostéo que je ne voulais en aucun cas qu'elle essaie de déclencher quoi que ce soit, ce n'est pas ce qu'elle a fait. Par contre j'avais un blocage au niveau de la symphyse pubienne qu'elle a travaillé (j'ai souffert de cela toute la grossesse)
- tisane de framboisier dans les 10jours précédents
- homeopathie prescrite par les sages-femmes, mais il n'y a eu qu'une prise avant l'accouchement.