Allez, je vous raconte la rencontre avec Bébédou !
Il est prévu pour le 14 novembre, mais je peine depuis trois semaines, je dors peu (pas ?), je souffre de ne pas être allée au bout de mon boulot (une semaine de patho, mais à l'époque je travaille en caisse, donc c'était un peu couru d'avance ...), j'ai mal au sternum, bref ! Il me tarde !
Le 4 novembre au matin, dernier rendez-vous avec le gynéco qui me suit. Je lui parle de ma galère de fin de grossesse, et me dit qu'il va essayer de "faire quelque chose pour moi". Pendant l'examen, je ressens comme un gros pincement, aouch ! Gygy me dit que ça marchera peut être, ou pas. Comme il le dit si joliment, "un fruit ne tombe d'un arbre que lorsqu'il est mûr".
Je passe la journée un peu nauséeuse, pas très bien, mal au ventre, j'ai l'impression d'avoir mangé un truc bizarre...
Papadou rentre du travail le soir, c'est vendredi, veille de weekend ! Ses semaines sont difficiles ces derniers temps, beaucoup de boulot et des nuits secouées (le peu de temps où j'arrive à dormir, je ronfle...). Bref, il lui tarde le weekend !
Il part au lit à 22h, je regarde la télé, cherchant le sommeil, après mon huitième pipi en deux heures...
2h30 du matin, pipi is back ! En revenant des toilettes, je m'assieds sur le bord du lit, et paf ! Un ballon d'eau m'explique entre les jambes ! Moi qui avait peur de ne pas reconnaître la perte des eaux, me voilà rassurée !
Je pose la main sur l'épaule de papadou, qui se retourne, ouvre les yeux et me dis le plus naturellement du monde "c'est maintenant hein".
Je file à la douche, excitée comme une puce, prenant conscience des derniers moments juste à nous deux (et le chat), que je rentrerai à l'appartement avec ma vie et mon coeur chamboulés...
Petit thé à la menthe, sourires et câlins échangés, et go la maternité ! (Nota Bene: à 3h10, il n'y a personne sur la route... Penser à réaccoucher dans ces eaux là pour le prochain).
En voiture on chante, on rit de toute cette eau que je perds encore sur les sièges, on se remémore notre rencontre, le trajet est presque trop court !
On arrive à 3h30, admission dans les rires et pose de monitoring; tout va bien, mais dilatation à seulement 2.5, donc on monte en chambre (du coup, je me vois attribuer la dernière chambre particulière, de la bombe !). Papadou écrit aux mamies pour leur dire qu'on est à la mater, et moment un peu exceptionnel... Ma mère répond qu'elle s'est réveillée spontanément à cette heure ci, elle a dû le sentir.
À partir du moment où on arrive dans la chambre, les douleurs pointent le bout de leur nez... Les contractions sont "gérables" (encore que...), mais Bébédou est pressé, et il descend de lui même alors que je ne suis pas encore dilatée à trois... J'ai l'impression d'être la Mer morte devant Moïse ! Au bout d'un moment, papadou somme les sages-femmes de venir parce que je tourne de l'oeil à chaque contraction. Dans ma tête, j'hésite entre tomber dans les pommes ou sauter par la fenêtre... Charmant !
Une éternité et quelques plus tard, on nous descend en salle de travail, à pied (le trajet a été ponctué de multiples mises à genoux pour gérer la douleur) et je réclame la péridurale. Adieu accouchement dans l'eau... Mais là je gère plus rien du tout !
L'anesthésiste, avec tout le tact d'un tractopelle, me dit que si j'arrête pas de bouger comme ça, y'a moyen qu'il me rende tétraplégique. Comment dire mon chou, tu me demandes de me pencher en avant pendant une contraction alors que j'ai l'impression de faire un remake d'Alien...bref, je vais chercher le peu de concentration qu'il me reste, et je bouge (presque) plus.
Cinq minutes après, je dors.
Il est dix heures du matin, on rigole, on envoie des SMS et des photos, et je me moque de papadou qui m'explique à quel point il a mal au dos à force d'être assis par terre contre le mur.
Les sages-femmes -toutes adorables, je tiens à le dire, passent régulièrement, notamment pour me remettre de l'anesthésiant toutes les 1h30 (je savais même pas que la péridurale pouvait fonctionner comme ça). Donc, toutes les 1h30, les douleurs reviennent, et une gentille madame vient voir mon col (j'ai l'impression d'être le tour de France) et me remet de la magie en perfusion.
Jusqu'à ce que... Dilatée à dix, le grand moment approche ! Je dois la rappeler quand je commence à avoir mal, et on se mettra sûrement au travail. Oui mais. Pas de bol, on est six à accoucher en même temps. Oui oui. Et quand ça me refait mal, ben elle est...comment dire...occupée avec une dame qui hurle des vocalises dans la salle à côté. La douleur monte, monte... Et personne. Papadou s'inquiète, moi ça pousse grave au portillon, et je crois qu'il angoisse de devoir m'accoucher lui même ! J'ai déjà réussi à le convaincre de venir avec moi en salle d'accouchement, ça fait un peu beaucoup !
La sage-femme arrive, me retrouve chancelante, jette un œil, les deux... et sort les étriers. Omagad, on y est. Oui mais. A pu produit. Pas le temps. Donc on est sympas, mais on va sortir Bébédou sans péri.
Ok, ben go alors ! Papadou m'attrape par la main, et m'encourage comme si j'étais la France en finale de coupe du monde. Quel bonheur de l'avoir là, avec moi ! Je plante mes yeux dans les siens, je vais chercher toute la force et le courage nécessaire, je trouve de l'admiration au passage, et je pousse. Apparemment, je me débrouille pas mal, tant mieux !
Au bout de dix minutes, la madame m'annonce guillerette qu'elle voit la tête ! Woohoo ! Libérée, déliv... Ah non, en fait, quand elle dit qu'elle voit la tête, c'est qu'elle voit deux centimètres carrés de cheveux.
J'arrête. Laissez le là où il est cet enfant. Il ira en primaire depuis mon utérus; en plus, pas besoin de couches, de fringues... Économies ! Mais on me souffle dans l'oreillette que c'est pas possible. Donc allez, on y retourne !
Je pousse encore huit minutes, la sage-femme est devenue trois sages-femmes qui commencent à parler d'appeler du renfort... L'obstétricien arrive et lance "allez, pour elle aussi on va sortir les spatules !".
Wut ??? Ah non, vade retro, spatulas ! Je lui dis que merci, mais non merci, et là je pousse comme jamais. La sage-femme me dit d'y aller tant que je sens que je peux pousser, et je pense que je bats un record d'apnée.
Une tension énorme, une pression folle et d'un coup, d'un seul, la libération. Il ne reste que les épaules, mais Bébédou se débrouille tout seul, il pousse lui même son petit corps !
Le voilà, il ne pleure pas. Il est posé sur mon ventre, et il nous regarde, papadou et moi. L'air de dire "c'est ici que ça se passe ?". Papadou pleure, moi j'ai plus assez d'eau (si, encore un peu pour pleurer quand même).
Il est beau, merveilleux, et il rampe directement pour aller téter goulûment. Je sens déjà que je vais adorer cet allaitement.
Puis la sage-femme, sachant que nous ne voulions pas connaître le sexe, nous demande si nous avons vu...et non, on n'a même pas regardé ! Elle le redresse sur mon ventre, et voici donc un petit bonhomme, attendu, aimé, chéri.
Je ressors de cette salle d'accouchement sans points, sans déchirures, sans ventre, sur mes deux jambes, et je pousse dans un petit berceau le centre de notre univers.
C'était douloureux, c'était éprouvant, c'était fusionnel, c'était le bonheur. On est trois à être nés ce jour là.
Voilà ! Désolée pour la longueur, mais je n'arrivais plus à m'arrêter !