Avec mon conjoint nous ne voulions pas d'enfant. On m'avait diagnostiqué un syndrome des ovaires polykystiques qui me rendait donc 'normalement' infertile.
N'ayant pas vraiment de règles et des taux d'hormones anormaux en temps normal, je n'ai pas su très tôt que j'étais enceinte. J'ai fais deux tests de grossesse d'affilé pensant à une erreur au premier positif
La nouvelle est bien acceptée malgré tout
Concernant l'accouchement, je rêvais d'un accouchement le plus naturel et physiologique possible. J'essaie de m'inscrire en maison de naissance, plus de place. Et dans les cliniques proposant accouchement dans l'eau etc. Plus de place non plus. Je m'y étais prise trop tard et entre temps la France a été confinée. À côté de tout ça je m'investis à fond dans mon nouveau travail que j'ai trouvé en étant enceinte donc je ne pense pas trop à mon suivi de grossesse ni à l'accouchement. J'ai une grossesse qui se passe à merveille, je travaille jusqu'à la fin malgré un boulot physique (port de poids) et passe même pendant mon congé maternité donner des coups de main, jusqu'à quelques jours avant l'accouchement.
Dans la nuit du 4 au 5 novembre, impossible de dormir à cause des contractions, je prépare mes affaires en laissant mon homme dormir le plus possible. S'ensuit la perte du bouchon muqueux puis rupture de la poche des eaux. Là je décide de le réveiller pour partir. Nous allons dans la clinique la plus proche (je ne me suis inscrite nulle part finalement).
Je suis très mal accueillie car non inscrite et pas suivie chez eux mais ils sont obligés de me garder car je suis déjà dilatée à 4 (je leur avais dis que j'allais ailleurs si ça posait problème). Mon conjoint peut me rejoindre assez vite en salle de travail. Je souhaite accoucher sans péridurale.
On m'annonce que la poche des eaux n'est que seulement fissurée donc il faut la rompre. La sage femme fait plusieurs essais mais bébé n'est pas assez engagé. À un moment il a la bonne position, on attend une contraction pour pouvoir rompre la poche mais il décide de bouger avant qu'elle n'arrive.. On attend une heure de plus pour retenter.
Après ça, le gyneco est appelé pour venir voir. Je suis dilatée à 9, les contractions deviennent vraiment douloureuses mais je tiens le coup, fière de moi.
Et là tout s'écroule.
En m'oscultant le gyneco annonce une césarienne en code rouge. Je panique, mon cauchemar se réalise. Je vois du monde arriver pour me préparer à l'opération, je pleure sans pouvoir m'arrêter. Les contractions deviennent intenses sur le chemin vers le bloc, je n'arrive plus à gérer, je crie de douleur et j'angoisse.
Dans le bloc je suis complètement nue sur une table froide, je souffre énormément, il y a au moins une dizaine de personnes dans la pièce si ce n'est pas plus. Des visages défilent au-dessus de ma tête pour me poser des questions. Je n'arrive même plus à donner mon âge ni mon poids. J'ai une anesthésie générale.
À mon réveil je me sens en forme, je demande de suite des nouvelles de mon bébé. On me dit qu'il va bien, qu'il est avec son papa et que ce dernier et très inquiet pour moi.
On me fait attendre 1h, pendant ce temps on m'annonce qu'on a dû donner un biberon de lait artificiel à mon bébé car il avait trop faim pour m'attendre. Je suis déçue mais je me dis que c'est pour son bien..
Puis on me remonte en salle de travail (plus de chambre de libre à ce moment-là..). La vision de mon chéri en peau à peau avec notre bébé restera mon plus beau souvenir. Je suis sur un petit nuage. Je le met au sein sans encombre. J'ai énormément de mal à réaliser ce qui vient de se passer et le fait que je tiens MON bébé dans les bras.
Je vais ensuite mettre plusieurs semaines à m'en remettre. Je repense à mon accouchement tous les jours sans arriver à faire le deuil de ce que j'espérais, sachant que c'était ma seule chance car je ne veux pas d'autre enfant. J'ai un bébé que je n'arrive pas à aimer dans un premier temps et qui ne me semble pas être le mien, avec des regrets de l'avoir eu. Les premières semaines sont donc très éprouvantes avec une fatigue extrême et je pense une grosse dépression post-partum avec beaucoup de pleurs.
Aujourd'hui mon bébé a un mois et demi et je suis heureuse. Je n'arrive toujours pas à encaisser le fait de ne pas avoir vraiment accouché mais j'y pense moins. Je ne pensais pas que l'on pouvait aimer quelqu'un avec autant de force.
Et cette expérience m'a permis de réaliser que j'avais un chéri vraiment exceptionnel qui a tout fait pour que je puisse me reposer le plus possible malgré son travail et s'est occupé de nous deux à chaque tétée. Je n'avais rien à penser à part m'occuper de bébé.
Ça me fait beaucoup de bien de pouvoir écrire ça ici