Salut tout le monde,
Je reviens ici parce que... ça va pas ^^"
J'ai l'impression d'être une corde sur laquelle on tire, encore et encore, et dont l'épaisseur se fait de plus en plus fine.
Déjà depuis la naissance de ma fille je n'ai plus le temps pour mes projets personnels. J'avais senti une partie de mon "épaisseur" s'en aller à cette occasion, mais je m'y attendais.
Je n'avais plus non plus le temps de m'occuper de moi. De me laver, de bien manger. Je m'y attendais aussi, je savais que ça reviendrait. Et c'était un peu revenu, ce temps, mais là ça s'en va à nouveau. Ma fille ne sieste pas, ses nuits sont redevenus compliquées et le temps pour prendre soin de ma santé s'en est allé.
Je cours entre le ménage (pour éviter qu'elle ne rampe dans des amas de moutons... mais ce n'est jamais assez car elle est quand même couverte de cheveux et de poussières :/), le "rangement" (je me pose et VLAM elle se rue sur la poubelle / mes pantoufles sales que je viens de retirer), et bien sûr les soins à ma fille (que ce soit la nourriture et son lot de préparatifs / ménage ou juste le fait de ne pas pouvoir quitter la pièce car elle pleure derrière). Et encore, y'a des fois où même dans la même pièce elle pleure : elle veut du jeu, de la stimulation et se lasse d'agir avec des objets toute seule ou d'observer. Me préparer et la préparer pour sortir quand on est que toutes les 2 est un parcours du combattant jonché de larmes : je n'ai plus l'énergie de le faire qu'en de rares occasions (surtout qu'on est dans une banlieue grise toute naze, ça aide pas à se dire qu'une belle sortie nous attend).
Je prend des vitamines, j'essaye de me reposer dès que possible (chaud avec le mental derrière qui n'arrête pas) mais malgré ça je puise dans mes réserves jours après jours. Ma fille pèse de plus en plus lourd et j'ai le dos défoncé à juste la déplacer dans l'appart / me courber pour l'aider à marcher. J'en parle quand je peux à mes proches, mais "personne ne peut rien". Tout le monde bosse ou, en cas de jours de repos, "se fatigue trop" à faire le transport pour venir. Ma mère vient quand j'insiste mais me rappelle à chaque fois que ça lui en coûte et me fait me sentir mal si il m'arrive de ne pas être agréable avec elle pendant son séjour (pour elle, elle se sacrifie donc elle mérite qu'on la fasse se sentir bien sur place).
Pour tenir, je me dis que ça ira de mieux en mieux, en gagnant en autonomie, elle, je retrouverais la possibilité de m'occuper de moi. Mais je ne sais pas quand ça va arriver et je commence à flipper que ça n'arrive pas quand je lis d'autres mamans dire que leur enfant de 3 ans leur pompe toute énergie et qu'elles n'en peuvent plus. Et j'ai beau appeler à l'aide dans mon entourage, j'ai l'impression que les gens comprennent, sympathisent, mais ne veulent rien faire. Je dis volontairement veulent. Parce qu'avec mon esprit fatigué, même si je comprend les contraintes de la vie quotidienne (boulot, etc) je me dis que si ils voulaient vraiment, ils pourraient. Après tout, y'en a qui trouvent moyen d'enchaîner 15j de vacances tous les 3 mois, donc quand ils sont motivés ils le trouvent le temps. Je me dis que je ne suis juste pas assez importante pour eux, ou que mon mal-être n'est pas pris au sérieux.
Mais, paradoxe de mon esprit, dès que je me dis sérieusement que quelqu'un pourrait venir près de moi autre que ma mère (si j'appelais des amis en larmes et en leur demandant de venir par exemple), je me met à culpabiliser. Je me dis "tu te rends compte qu'ils ne sont pas responsables de toi ? tout le monde s'en sort, parfois même avec 2 ou 3 enfants, au pire en appelant la famille, mais toi, tu vas carrément faire chier des connaissances pour passer chez toi et leur faire faire... quoi ? tu vas pas les faire faire le ménager ou torcher ton gosse pendant que tu dors non plus ? Tu n'y arriverais pas de toutes manières. Ils vont jouer avec (et si tu leur casse les couilles en disant que telle ou telle manière de faire est pas OK tu vas en plus te faire détester) pendant que tu vas encore courir partout à faire le ménager etc... tu seras quand même crevée et tes amis n'auront même pas pu profiter d'une conversation agréable avec toi. Tu vas pas les garder longtemps tes rares "potes"."
Bref, je me dis que du coup je ne vais pas les solliciter... continuer à juste dire à ceux (devenus rares) qui prennent des news que c'est dur, que j'ai beaucoup de mal.
J'ai une voisine qui m'a proposé de garder ma fille quelques heures quand j'ai des rdv médicaux (je devrais faire une rééduc du périnée puis des abdominaux d'après mon médecin). C'est gentil à elle. Mais rien que quand je suis là, elle pleure quand elle va dans ses bras. Je ne suis pas tranquille à l'idée d'accepter sa proposition. Et je ne me sens pas non plus, si on me "rend un service" de donner des conditions (pas la laisser pleurer, pas la mettre devant la TV, etc...). On va me traiter de chieuse et je vais me juste me brouiller avec du monde sans avoir de solution de garde derrière.
Du coup, je m'isole. Doucement. Le papa est là mais à bout aussi et n'a plus de jours de congés à poser. Il en a posé un aujourd'hui parce que ça ne va pas. Et ma fille gémit pendant que je tape mon message, car son papa, claqué, ne la diverti sans doutes pas ou pas "assez bien" à son goût. Il m'interrompt toutes les 15 min pour suggérer que j'aille *encore* donner le sein car pour lui, si elle chouine, la solution de facilité c'est que je propose le sein (seul truc que lui n'a pas donc forcément si elle chouine c'est ça qu'elle veut dans son esprit. Même si elle l'a pas pris les 2 fois d'avant "maintenant elle le veut peut-être"...). J'ai l'impression que même quand il est là pour aider, je ne peux pas me reposer...
Je sais qu'on ne va pas tenir sur la durée comme ça. Ma mère me martèle de "prendre un parc" et de la "laisser pleurer dedans 10 min le temps de prendre une douche". Je ne veux pas, mais je risque de m'y résoudre un jour. Ca me meurtrira l'âme car ça va à l'encontre de mes convictions maternantes. Je m'en voudrais du "moment de faiblesse" qui m'aura fait tout abandonner.
Je suis pas douée pour conclure, alors je m'arrête là. J'avais envie de faire sortir tout ça.