Je vais te faire une comparaison, Steph. Supposons que ta fille ait très envie de faire quelque chose de dangereux (par exemple, jouer avec un couteau très coupant). Tu ne l'autoriserais pas à le faire. Tu lui expliquerais pourquoi. Peut-être qu'elle pleurerait, hurlerait de frustration et que rien ne pourrait la calmer. Mais pourtant, tu tiendrais bon parce que tu saurais pourquoi tu lui refuses ça, et tu saurais le lui expliquer.
Là, c'est pareil : tu lui refuses une tétée parce que tu n'en peux plus. Tu as une raison à lui donner : tu n'as pas envie ! Cette raison te parait peut-être moins acceptable que la première, parce qu'il s'agit de ton ressenti et non pas de sa sécurité, mais pourtant, je t'assure que c'est une raison tout à fait acceptable.
La tentative de refus d'une tétée a été difficile. Cependant, ça ne veut pas dire qu'il faille baisser les bras, ça ne veut pas dire que ta fille en gardera un traumatisme ; elle a exprimé sa frustration de manière vive, parce que c'est de son âge, mais je suis certaine qu'elle n'en gardera pas de souffrance à terme.
Tu peux prendre la décision de restreindre le nombre de tétées à un nombre fixé par jour (à toi de voir combien), puis de réduire progressivement ce nombre jusqu'au sevrage complet. Tu es en droit de prendre cette décision, tu es légitime pour le faire.
Ta fille exprimera sa frustration, mais elle ne le vivra pas mal si : tu lui expliques avant ("Maintenant on ne fera plus que [tant] de tétées par jour"), tu lui rappelles au moment où elle demande ("rappelle-toi, on a dit qu'on ne ferait plus que [tant] de tétées par jour"), tu lui expliques pourquoi, en insistant sur ton ressenti à toi ("je n'ai pas envie maintenant/mes seins sont fatigués"), éventuellement tu lui dis quand elle pourra téter ("tu téteras demain au réveil"), et surtout si tu accompagnes sa frustration ("je comprends que tu sois en colère").