@meleth-marie , oui dit comme ça la réflexion tient plutôt du compliment et reflète la complicité
@sophiechiva , au contraire j'ai toujours eu tendance à remettre un peu trop les enseignements de mon entourage en question, ce qui a d'ailleurs causé quelques disputes entre mon père et moi à l'adolescence et à nouveau maintenant qu'il commence à souffrir des affres de l'âge malheureusement.
Mais ça m'a permis de me rendre compte qu'une grande majorité des gens se trompe régulièrement (parfois beaucoup) dans les domaines dans lesquels ils s'affirment le plus.
Parfois c'est de l'esbroufe, tu as une personnalité charismatique en face de toi et tu ne peux que boire ses paroles, parfois un simple manque d'actualisation des connaissances, involontaire ou carrément par je-m'en-foutisme, et le plus souvent un mélange de tout cela en fonction des intérêts personnels de chacun, sans forcément voir à mal.
J'ai beaucoup changé de services et de domaines d'activités depuis que j'ai fini mes études, en un peu plus de 10ans j'ai fait de la réa-néonat, pédiatrie, un peu d'oncologie, chir, réa-adultes, néphro, et j'en passe, puis de la PMI, et enfin du libéral avec hospitalisation d'enfants à domicile, puis d'adultes, et dans chacun de ces secteurs, dans chaque service, dans chaque cabinet, j'ai rencontré non pas un mais plusieurs collègues, quelques soient leurs catégories, ayant mis en danger ou causé du tort à un patient, pour les raisons sus-citées, et tout ça sans que le patient en question ne s'en rende compte la plupart du temps.
Parfois ils font même l'éloge en parlant de la personne qui a fait l'erreur leur ayant causée tant d'ennuis.
Et ça va de fautes très graves (matériel à usage unique usagé qui est réutilisé chez un autre patient, vu plusieurs fois dans différents cadres avec différents professionnels, ce qui rentre dans la case du je-m'en-foutisme, chir ou anesthésiste pourtant "très sérieux" qui n'est même pas présent lorsque vous vous faites opérer par un étudiant et anesthésier par l'infirmière et vous ne le saurez jamais), à d'autres moins graves (pédiatre ou généraliste ou sage-femme ou inf ou autre qui donne un mauvais conseil qui va faire foirer l'allaitement, qui va aggraver une plaie car mauvaise prescription, et très très TRÈS souvent: mauvais conseil donné le plus sérieusement possible par manque de connaissances et peur/refus de l'admettre (ou de se l'avouer à soi- même), on m'a même déjà sorti à plusieurs reprises quand j'avoue à un patient que j'ai un doute mais que je vais me documenter: "Aies toujours l'air sure de toi, même si tu ne sais pas!", etc etc)
Bref, tout cela est plus ou moins communément admis chez nous et passé sous silence car ça a toujours fonctionné comme ça, et qui sommes- nous, individuellement, pour remettre en question telle ou telle pratique ou théorie?
Et les patients ne voient rien la plupart du temps.
Moi j'ai eu la chance quand j'ai commencé le libéral il y a quelques années de tomber sur une collègue qui, avec ses 30 ans d'expérience et son réseau faramineux dans toute la région, me demandais mon avis sur tout. À moi, jeune débutante inexpérimentée. Pourquoi? Parce qu'elle partait du principe que tout est discutable et que si vous trouvez quelqu'un dont l'argument ou la connaissance est plus logique que le vôtre, vous prenez ce qui est bon à prendre et c'est ainsi que l'on s'améliore et fait au mieux.
Mais c'est beaucoup trop rare malheureusement.
Les professionnels de santé, trop souvent sur un piédestal, ne sont que des humains, sans science infuse, et sujets aux erreurs.