Plusieurs semaines sont normalement nécessaires avant que leur efficacité soit établie. Toutefois, s’ils sont pris par une femme aménorrhéique, et donc a priori infertile, il n’est pas nécessaire de recommander à la femme d’utiliser une autre méthode de régulation pendant la période de prise de la première plaquette : elle bénéficie d’une double protection. Les progestatifs sont susceptibles de provoquer des saignements et des irrégularités menstruelles (qui semblent toutefois moins fréquentes chez les femmes qui allaitent). Ils semblent la plupart du temps n’avoir aucun impact sur l’allaitement. Toutefois, leur utilisation en post-partum précoce peut interférer avec la lactogénèse (Kennedy et al) : le démarrage de la lactation est stimulé par la chute brutale du taux de progestérone en post-partum précoce, qui pourra être contrecarrée par une pilule progestative. La plupart des études n’ont retrouvé aucun impact sur la croissance de l’enfant allaité (Chen et al, Diaz et al), mais ces études sont d’une qualité méthodologique très médiocre, comme l’a constaté une étude de Truitt et al (voir en encadré). Ces études ne permettent pas de savoir si ce type de contraception est ou non susceptible d’avoir un impact sur la lactation, ni de faire des recommandations fiables quant à leur utilisation (Truitt et al).
Un certain nombre de cas de baisse de la sécrétion lactée ont été rapportés (voir par exemple Dos All n°52, 5-7, 2002), surtout avec la médroxyprogestérone (Depo-Provera®). Certains auteurs, ainsi que l’OMS, considèrent donc préférable d’attendre 6 semaines post-partum avant de commencer à les utiliser, et d’éviter l’utilisation d’un progestatif injectable, tout au moins avant 3 mois post-partum. Les progestatifs donnés seuls sont à privilégier pendant les 6 premiers mois lorsque la femme souhaite une contraception hormonale. Il est utile de savoir qu’ils augmentent le risque de survenue d’un diabète chez les mères allaitantes qui ont présenté un diabète gestationnel (Kjos et al). Une étude (Bassol et al) a constaté une baisse du taux de TSH chez des bébés de sexe masculin allaités par une mère utilisant un implant de lévonorgestrel (Norplant®, non commercialisé en France). Une autre a constaté une prévalence plus élevée d’infections respiratoires, de problèmes cutanés et de conjonctivites chez les enfants allaités par une mère utilisant le Norplant® (Schiappacasse et al). Le laboratoire commercialisant Implanon® (étonogestrel) déconseille son utilisation pendant l’allaitement. La mère devrait être informée de l’impact possible sur la lactation ; si l’enfant pleure davantage, semble beaucoup plus affamé, obtient visiblement moins de lait, que sa prise de poids se ralentit, il faudra envisager la responsabilité de la contraception hormonale ; la mère pourra alors si elle le désire cesser de l’utiliser (il est plus facile de cesser de prendre une pilule que d’enlever un implant).