@Éden : voilà mon témoignage
Quand j'ai eu 30 ans, je suis allée voir un chirurgien esthétique car je détestais mes seins depuis mon adolescence. Je les qualifiais de "gants de toilette". Je pensais souffrir de ptôse mammaire bien avant l'âge...
Je me demandais ce que j'avais fait de mal pour que mes seins soient comme ça
Pourquoi je ne pouvais pas ne pas mettre de soutien-gorge comme les filles de mon âge ? J'ai dépensé des fortunes en crème pour tonifier le buste... en pure perte évidemment...
Mais le chirurgien m'a alors déculpabilisée : j'avais une malformation des seins. Des seins tubéreux ! Jamais aucun gynéco ne m'en avait parlé... Et le chirurgien m'a aussi dit que l'opération était prise en charge par la sécurité sociale et là, je me suis sentie reconnue car c'était un énorme complexe. J'ai donc décidé de me faire opérer. Concernant l'allaitement malgré l'opération, le chirurgien m'a dit que ça serait peut-être possible ou peut-être pas, que de toutes façons l'allaitement avec des seins tubéreux n'était pas toujours possible non plus... (Je ne me souviens pas avoir demandé pourquoi mais j'ai peut-être juste oublié sa réponse) Bon, j'étais loin de cette problématique à l'époque.
Mon opération a été prise en charge, après un rendez-vous avec le médecin conseil.
2 ans plus tard, j'ai enfin oublié mes seins et pris confiance en moi et mon corps. Je suis enceinte. On me demande si je veux allaiter. Je dis que j'essaierai mais que si ça ne marche pas, tant pis...
Ma fille naît un mois avant terme par césarienne programmée la veille pour le lendemain car siège et oligoamnios. Tétée d'accueil en salle de réveil. Mais rapidement, ça ne se passe pas comme je l'aurais voulu. Elle perd plus de 10% de son poids alors qu'elle ne faisait que 2,630kg à la naissance. J'ai la pression et on me demande de lui donner des compléments et de tirer mon lait pour stimuler. Elle reprend du poids mais moi je suis épuisée et j'ai mal aux seins. Les nuits à donner le sein puis donner le biberon puis tirer mon lait ont rapidement raison de moi : je jette l'éponge au bout de 3 semaines. Je me fais une raison : je n'ai pas beaucoup de lait à cause de mon opération, sûrement parce que le chirurgien a coupé les canaux en opérant en péri aréolaire.
Je précise que pendant ma grossesse j'avais pris de la poitrine, que j'ai eu une montée de lait tardive mais visible au niveau des seins et que j'ai gardé un bonnet en plus après. Ça n'a pas été le cas pour mes grossesses suivantes.
5 ans s'écoulent... Je suis enceinte de ma deuxième fille. Je repense à l'allaitement et j'ai envie de mettre toutes les chances de mon côté. Je dévore "Ma bible de l'allaitement" de Véronique Darmangeat. Ma chirurgie mammaire est un handicap mais j'avais du lait pour la première, c'est bien que des canaux étaient fonctionnels et avaient repoussé. J'ai bon espoir que depuis, d'autres aient encore repoussé et que la situation soit meilleure. Peut-être aussi que je n'avais pas assez persévéré, que je m'y étais mal pris avec ces compléments très tôt, etc... Cette fois-ci, j'accouche par voie basse après le terme. Je fais beaucoup de peau à peau, ma fille ne me quitte pas, je donne le sein à volonté mais le même scénario se répète : perte de plus de 10% de poids et obligation de donner des compléments (ça se passe très mal avec le personnel médical, notamment la pédiatre...). En rentrant à la maison, j'arrête les compléments et ma fille prend du poids mais peu (15g par jour). A sa 3eme semaine de vie, son poids stagne et là je craque et je lui redonne des compléments. Petit à petit, les bibis augmentent, ma lactation diminue et j'arrête au bout de 2 mois.
Encore 2 ans qui s'écoulent et me voilà enceinte de mon troisième. C'est un petit garçon et j'accouche par voie basse en siège à terme. Avant la naissance, j'ai tiré régulièrement mon colostrum pendant environ 6 semaines, tous les jours à la fin. Je l'ai congelé pour m'aider à mieux démarrer l'allaitement. Il faut dire que j'ai encore beaucoup lu sur l'allaitement pendant ma grossesse et même rencontré des consultantes en lactation qui ont évoqué la possibilité de l'hypoplasie...
A la maternité, je l'ai fait téter à volonté, peau à peau, cododo, compression du sein, hyper alternance, etc, etc... Je lui ai donné du colostrum que j'avais tiré avant la grossesse le soir, quand il s'énervait trop au sein. Le 3eme jour, il a repris du poids après n'avoir perdu que 7 à 8% de son poids cette fois-ci : une grande victoire pour moi ! Et un gage de tranquillité avec le personnel médical... De retour à la maison, il a récupéré son poids de naissance à J11. J'étais incrédule, j'avoue... Il était tout le temps au sein en train de téter, sauf la nuit où il avait un seul réveil vers 4h du matin. On le pesait de temps en temps et j'ai vite remarqué que sa prise de poids ralentissait, malgré le fait qu'il tétait beaucoup. La consultante en lactation est venue, a remarqué un frein de langue et m'a envoyé voir le chiropracteur. Celui-ci m'a conseillé la position BN et de faire faire des exercices au bébé pour tonifier son cou. Mais rien à faire, son poids commençait à quasiment stagner à 5 semaines... Il avait à peine dépassé son poids de naissance de quelques centaines de grammes. Donc j'ai commencé à donner des compléments et là son poids a décollé.
Je pense donc produire une certaine quantité de lait et que ça ne suffit pas quand les besoins du bébé augmentent. J'imagine que les freins de langue et de lèvre (que tous mes bébés ont eus en fait, en y réfléchissant...) n'ont pas aidé, mais pour moi ça n'est pas le nerf de la guerre (et je n'ai jamais eu envie de les faire couper). D'autant que je sens bien que mes seins quand il sont pleins de lait ne sont durs que sur le dessus donc pas de glande mammaire sur le dessous...
Là mon fils a 2 mois et demi. Il téte toujours et a des compléments au biberon en plus, lait maternel que je tire ou lait artificiel. Je ne sais pas jusqu'à quand j'aurai l'énergie de continuer l'allaitement. J'ai essayé le DAL mais ça ne m'a pas plu du tout, le lait coulait hors de sa bouche une fois sur deux !
Je vous admire celles qui ont allaité très longtemps dans ces conditions, vous êtes au top
Je prends du Moringa, du Fenugrec, de la Rue de chèvre en teinture mère (grâce à ce groupe), des tisanes d'allaitement, je tire mon lait plusieurs fois par jour même si j'ai un bébé très difficile à poser... Je n'ai pas l'impression que ça change quoi que ce soit.
J'envie ces femmes qui peuvent allaiter exclusivement leur bébé et ne se prennent pas la tête avec l'allaitement !!!
Mais je me dis que j'aurais fait de mon mieux pour y arriver et donner mon lait à mon bébé. Au 10eme bébé j'aurais peut-être pu allaiter exclusivement... Mais je ne le saurai jamais