Maman d un bambin, où est le monde d emploi ???

[Oléa]

Bonjour à toutes,
Il y a quelques mois, j écrivais que les deux ans de mon Poupon rythmaient avec douceur et humour...
Les deux ans et 5 mois, ben c'est autre chose.
Mon Poupon a toujours été un petit être rempli d amour, si quelqu'un se faisait mal, il pleurait, s il croyait avoir fait mal à quelqu un, il était inconsolable.
Depuis quelques temps, il s est beaucoup tourné vers les autres enfants et a découvert de nouveaux comportements et sentiments, sans trop les comprendre.
Par exemple, il croit que bousculer et frapper sont des jeux.
Poupon découvre des sentiments et des gestes qu il ne comprend pas lui-même et qui semblent le déstabiliser. Un exemple, avant, s il faisait mal, il suffisait de faire semblant de pleurer pour qu il ne recommence plus, d ailleurs il se mettait à pleurer. Maintenant, il veut voir pleurer ( sans sadisme, hein, juste comme une expérience, mais bon...)
Voilà, je suis toute déboussolée. Je suis habituée à gérer une masse d enfants. Je sais les faire obéir, je sais les gronder et les punir pour éviter d entrer dans l engrenage de la violence. Mais, voilà, ce sont de grands enfants, habitués à l éducation distale, le mien est petit et ne connais que le maternage proximal.
Face à son comportement, je n'ai dans ma tête que les réactions classiques: punitions, chantages, gronder, hausser le ton.
Encore un exemple, ma belle soeur ( qui m a initiée au maternage proximal) m a conseillé de lui montrer ce qu il faisait en reproduisant son geste: il donne une claque, on lui donne une claque.
Honte à moi, après avoir expliquer longtemps qu il ne devait pas frapper son papa, je lui ai donné une claque :-( J en suis encore mal, surtout que le geste n est pas parti de lui-même, je me suis forcée. Bien entendu, ça n'a servi à rien ! Je l'ai également menacé de ne pas lui donner la tétée s il ne se calmait pas, résultats ? Deux soirs consécutifs, il a eu peur de ne pas avoir la tétée :-(
Cet épisode a fait du mal à notre relation :-(
Je suis convaincue que les punitions et le chantage sont inefficaces pour mon Poupon, j essaie de lui parler en me disant qu avec le temps, le message passera, mais j'ai du mal surtout en ayant dans la tête les principes de l éducation classique, comme, " il faut que vous montrez qui est le chef, sinon, il deviendra un tyran". Que penser également du principe " il faut donner des limites ( punir) sinon l enfant se se sentira obliger de jouer le rôle du parent et souffrira " Les seuls limites, que Poupon a, sont pour sa sécurité et ce que nous pouvons/voulons faire ou ne pas faire.


Bref, j'ai besoin de vos conseils...

 

[sophie43]

Coucou Oléa,

Décidément, ce mode d'emploi où est-il caché ?!

Oui c'est difficile de sortir de ce qu'on a appris pour éduquer nos enfants. Le "truc" de taper un enfant qui tape est très répandu sur l'idée que ça apprend à l'enfant que ça fait mal. Dans les faits, on lui apprend en effet que la violence est autorisée de la part de ses parents... et ça ne fait de bien à personne, surtout pas à toi...! Le chantage, c'est surtout déstabilisant, l'enfant est en droit de se demander pourquoi ce qu'il aime faire est subordonné à des conditions : est-ce que l'amour des parents est aussi conditionnel ?...

As-tu lu "J'ai tout essayé" de Filliozat ? C'est un bouquin très intéressant pour comprendre pourquoi l'enfant adopte telle ou telle attitude et propose des solutions alternatives aux trucs classiques (punitions,...). Par exemple un enfant qui tape peut avoir "sa main" qui veut taper. Dans ce cas, on peut lui proposer un exutoire : taper un coussin. L'idée est qu'il puisse expérimenter le geste sans faire mal à quelqu'un et sans se faire mal à lui. Et puis si ça aide à évacuer de la colère, de la frustration, pourquoi pas.

Poser des limites c'est effectivement avoir la certitude que ces limites sont valables pour vous. Mais punir si ces limites sont dépassées, ce n'est pas indispensable. Thomas Gordon propose une méthode d'éducation sans punitions. Ca fait un moment que je ne l'ai pas lu, son bouquin, mais il propose plein de pistes concrètes pour que l'enfant soit dans un cadre rassurant sans pour autant être soumi aux punitions. Son idée est d'ailleurs que les punitions sont contre productives...

Il y a des moyens de faire autrement que ces voies qui visiblement ne sont pas plus pour Poupon que pour toi : il n'y a plus qu'à les découvrir !

 

[Lili69]

oui, c'est dur d'être confronté à la violence de son enfant, c'est très déstabilisant. Ma deuz a très souvent la main levée, cela m'a laissée perplexe plus d'une fois. Perplexe? Oui un peu mais surtout j'étais folle de rage que cette petite élevée dans la non violence puisse bastonner ses petits copains et parfois gratuitement. J'ai beaucoup crié, j'ai rassuré, j'ai encouragé. Bon résultat : ma puce a la main moins souvent levée mais pas jamais.

Je suis ferme dans mon ton pour bloquer le geste, si ça ne marche pas, je bloque avec ma main. J'explique que les mains sont faites pour attraper des objets, câliner les gens...Que personne ne mérite d'être tapé.

On y arrive peu à peu mais ça prend beaucoup de temps.

Il est sûr qu'il est plus simple d'éduquer un enfant qui répond à nos attentes. Mais on le sait aussi, cela fait partie du développement, de la construction de l'enfant que de sortir un peu du rang. Je crois que le meilleur moyen de faire passer rapidement ces phases pas très cools, c'est de les entourer d'amour tout en cadrant avec bienveillance. C'est facile, hein, sur le papier?! Mais dans la réalité, c'est un combat de tous les jours pour ne pas sombrer dans la sphère de la violence éducative.

Courage à vous pour cette période de perturbations!!

 

[Oléa]

Merci à toutes les deux pour vos réponses
Sophie, merci pour les conseils de livre, je vais me lancer dans la lecture
Lili, merci pour ton partage d expérience et de solutions

 

[toupidek]

Ici aussi on cherche parfois le mode d'emploi !

il y a quelques temps, notre petit hérisson a eu une période où il (nous) tapait quand il n'était pas d'accord ; la première réaction a été la surprise puis beaucoup d'interrogation car même en el disant fermement "on ne tape pas" ça ne fonctionnait clairement pas du tout !
ça a pris du temps et de la patience, nous avons eu finalement plusieurs étapes (je ne sais plus bien l'ordre de tout ça) :
- l'information : "taper ça fait mal à celui qui est tapé et à celui qui tape" (il s'était tapé sur le bord de la table à langer en bois en m'envoyant un coup de pied, résultat il avait eu plus mal que moi !!) ; "je n'ai pas envie d'être tapée" ; " je n'ai pas envie de continuer à jouer si j'ai mal"
- l'arrêt verbal : "stop !"
- l'arrêt physique : arrêter le mouvement et expliquer " je t'arrête parce que je n'ai pas envie d'être tapée"
- l'alternative : "tu peux taper dans un cousin" (proposé pendant très longtemps avant que ça l'intéresse, puis souvent utilisé)
et bien sûr l'écoute : " tu a l'air en colère, triste, fatigué, débordé par... (cocher la bonne situation) et tu aimerais taper pour sortir tout ça de toi" ; "pas facile quand on est fatigué de laisser sortir toutes ces émotions qui sont au dedans"...

pas de recettes miracles quoi, on tâtonne et on espère trouver dans la bienveillance

autre sujet d'étonnement depuis quelques mois chez nous, le petit bonhomme joue avec des armes (bâtons transformés en pistolets, épées etc.) à tuer : il appuie 'sur le bouton' fait un son de tir (pan pan ou autre) et dis "je vais te tuer !" ou "je t'ai tué ! et maintenant tu es toute morte !"
il fait ça sur nous, les arbres, les p'tites bêtes qu'il écrase (et qu'il adore regarder pourtant !)
pour l'instant on a choisi l'option de laisser cette période passer (et de questionner le fait de tuer les p'tites bêtes, on lui suggère de les sortir plutôt... l'idée à l'air de faire son chemin)... en espérant qu'elle ne dure pas trop longtemps

n'hésite pas à échanger Oléa sur ton avancée sur ce chemin, ça servira à bon nombre d'entre nous

 

[Anais]

- l'alternative : "tu peux taper dans un cousin" (proposé pendant très longtemps avant que ça l'intéresse, puis souvent utilisé)

Ici il mord, pour le cousin ça marche aussi ?

Blague à part, je cherche aussi un mode d'emploi !
Mon loulou a tendance à mordre, et en ce moment il crie beaucoup, à la moindre contrariété, c'est usant...Alors on répète, on répète, parfois ça marche un peu, et puis ça repart...

 

[Muwan]

Je me joins à vous mesdames et d'ores et déjà merci pour vos échanges et conseils lus plus haut!!! Ça aide!!!
Bébé crie de plus en plus dès que ça va pas dans son sens ou tout simplement pour rien. Alors lui "crier" d'arrêter bien sûr ne sert à rien, il nous entend crier alors que lui n'aurait pas le droit! Mais il y a des moments où ça devient tellement strident que malgré nous ça nous est arrivés de crier. Bref à part lui expliquer de ne pas le faire, de lui détourner son attention, d être à son écoute du mieux possible ça lui plaît toujours autant de crier!! Zen soyons zen...! Si je trouve la solution miracle bien sûr je l'apporte de suite

 

[Oléa]

Merci beaucoup pour les conseils Toupidek
Ce que tu décris avec les armes, me fait penser que ton hérisson est rentré à l école. Dans l école où je travaillais les jeux de combat et de tuerie étaient la norme dès la petite section. Il y a peu, un petit de trois ans était surpris que mon Poupon n ait pas d armes parmi ses jouets...
Une solution serait d interdire ce genre de jeux à l école, mais c'est parfois mal vue. Je suis également intéressée par l évolution de ce comportement et comment vous avez interagi, surtout que je n'ai pas des références " classiques " pour la violence et les armes à feu.

Pour l évolution de mon Poupon vis à vis de la violence, j'ai l impression que tout est redevenu comme avant, ou presque, pleurer quand il fait mal ne le fait plus pleurer.
Je me demande si ses coups étaient une imitation du comportement des petits camarades ou de ses parents. Mon mari est assez brusque, par exemple, pour jouer, il lance des coussins sur Poupon, je me suis déjà prise le coussin et franchement ça fait mal. Il y a d autres exemples du même type, au final, nous lui apprenions que faire mal est un jeu. J en ai parlé à mon mari, et je ne sais pas si c'est lié mais les choses se sont apaisées.
Mon mari a repris le chemin du travail, je pense donc des moments seule avec Poupon, ce sont des moments privilégiés où je suis entièrement disponible pour lui. Même s'il ne réclame pas d attention, il en a profondément besoin et cela l apaise également, du moins j en ai l impression.

Des fois j'ai l impression que mon Poupon est différent des autres enfants. J'ai dû lui demander une seule fois de prêter à un enfant, après coup j'ai regretté car cet enfant lui prend toujours tous ses jouets sans jamais jouer avec lui ou vouloir les lui rendre. Poupon ne comprend pas non plus que les enfants puissent avoir des gestes violents et méchants. La dernière fois, un garçon l a mordu ( enfin d après le père du petit), Poupon souriait, il m'a dit qu'il n avait pas eu mal. Depuis on lui répète que personne n'a le droit de l embêter, de le pousser, de le frapper ou de la mordre, que ce n'est pas bien et que si ça arrive, il doit dire " non" sévèrement et venir nous voir.

Sinon, comme les autres enfants, il fait des choses qu on aimerait qu il ne fasse pas ou plus: prendre un jouet et s en servir comme un marteau piqueur sur le sol ( mes oreilles et celles du voisin souffrent ), jeter les couverts au sol ( à 2,5 ans, je me dis que j aimerai bien qu il arrête) essayer l écho dans le couloir et répétant des cris stridents, etc.
Pour l instant, comme vous, j essaie de lui expliquer que ça fait mal aux oreilles du voisin ou de maman et si je peux j essaie de m occuper de lui, car c'est souvent quand je ne m occupe pas de lui que ça arrive.
Pour mon Poupon, j ai également remarqué qu'il était plus dure fatigué ou quand on lui disait qu'il était pénible.

 

[toupidek]

joli lapsus le cousin !!!

pour les cris, ici ils sont autorisés à la condition qu'ils soient faits dans une pièce porte fermée ou dehors : "si tu as besoin de crier tu peux le faire dans la chambre ou sortir sur la terrasse et dans le jardin" (après avoir expliqué que ça fait mal aux oreilles)
il a très bien compris le principe et y est rapidement allé tout seul en disant "je vais crier dans la chambre maman, je ferme la porte" ou "là on est dehors ça te fait pas mal aux oreilles ?!"

pour les armes, ça date d'avant l'école (crèche ou nounou qui a des enfants plus grands)... ça reste de l'imitation pour l'instant et même si ça m'interroge j'ai pris le parti de ne pas y donner trop d'importance à partir du moment où
1/ on en tape pas pour de vrai
2/ ça reste avec de la récup (épées de chevaliers en roseaux, pistolet en petit bois ou herbe du jardin etc.) et donc aucune ressemblance avec des armes réelles

je te rejoins également Oléa sur la fatigue, c'est souvent là que les enfants deviennent durs... et nous aussi. J'aime me répéter dans ces moments là une phrase (Filliozat ??) qui dit à peu près : "c'est quand votre enfant est le plus insupportable qu'il a le plus besoin de vous", ça m'aide à rester accueillante ! (je me dis ça pour mon homme aussi des fois )

 

[Oléa]

C est aussi vrai pour les hommes, mais c'est plus dure à gérer qu un enfant ;-)