JulietteAli
Montée de lait
Hello Aude,Coucou,
Courage d'abord à toi pour le début de la garde !
Je voulais juste te répondre sur quelques points, même si je suis pas tout à fait dans la même situation que toi.
Quand notre fille est née en début d'année, on avait pas forcément décidé qu'on voudrait la garder, je pensais personnellement que j'allais vouloir rester très active professionnellement. Finalement, j'ai gardé ma fille jusqu'à ses sept mois, j'ai fait que du télétravail presque et des horaires super décalées, sans dire à personne que je gardais ma fille, donc ça passait. Ensuite on a dû déménager, et depuis, mon conjoint est en congé parental, moi j'ai dû reprendre en présentiel dans une nouvelle équipe, et je suis obligée de mentir tout le temps au travail, parce que j'ai peur qu'on me flique sur le télétravail et que je passe moins de temps avec ma fille. A un moment on pensait la faire garder à partir de ses un an, et c'est ce que j'ai dit au travail, mais on ne la sent pas prête, et nous non plus, donc on pense continuer à la garder sans en parler au travail.
Je trouve que c'est vraiment difficile de garder son enfant soi-même quand on travaille, ça crée un enchaînement de galères: financière avec la perte d'un salaire (et potentiellement plus de cotisation pour la retraite), mais aussi pas mal de jugement et le déséquilibre dans le couple aussi (l'un travaille et pas l'autre). Je me rends compte que j'ai vraiment de la chance de pouvoir faire cela, télétravailler et puis perdre un salaire pendant un moment, mais même quand tu as ça, c'est quand même la galère. Je me reconnais dans tes questions sur le sens de notre existence, si on ne peut même pas élever nous-même notre enfant, sur la société de consommation, sur le travail... Je voulais juste te partager ça parce qu'en lisant tes questionnements, je me suis dit que j'étais pas seule, et qu'il y avait quand même espoir que ça change ce système
Personnellement, je vais dire on car ça inclut aussi mon conjoint, on est coincés entre on aimerait travailler moins pour avoir plus de temps pour notre enfant et on est quand même en galère de confort financier avec un seul salaire, ça fait un gros changement par rapport à avant qui est difficile à assumer, encore plus car on vient de devenir parents. Je rajoute aussi qu'un des problèmes en ce moment pour moi, c'est que je ne peux pas prendre de congé parental avec mon nouveau boulot, donc mon conjoint le prend à 100% (sinon on aurait sûrement fait 50/50), et du coup tout repose sur mon travail pour le côté financier, alors que moi je n'ai aucune envie de travailler en ce moment.
Mon conjoint a demandé un congé parental de la même durée que mon congé maternité de trois mois et sa RH lui a répondu droit dans les yeux qu’elle ferait « tout pour s’y opposer » parce que ça ne servait à rien, l’enfant serait trop petit pour s’en souvenir et que son mari à elle ne l’avait fait pour aucun de leurs trois enfants. La nana tient une sorte de blog sur les réseaux sociaux pour donner des conseils aux mamans…
De mon côté je suis chef d’entreprise d’une usine de 150 personnes. Ce n’est pas mon entreprise, je suis gestionnaire en quelques sorte. Donc je n’ai pas de contrat de travail ni les protections du code du travail et tout se négocie. Il aurait fallut prendre une photo de la tronche des actionnaires quand je leur ai dit que j’étais enceinte après moins d’un an de mandat social. Cela étant ils ont été plutôt compréhensifs, enfin ils n’avaient pas le choix j’imagine. Mon boulot n’est clairement pas compatible avec une vie de famille épanouie.
Le PIB par habitant n’a jamais été aussi important que maintenant. Il y a de plus en plus de valeur mais elle n’est pas redistribuée. Les écarts de richesses entre les plus riches et les plus pauvres se creusent tous les ans. Si la valeur était mieux répartie nous pourrions tous moins travailler. Le sujet est d’autant plus d’actualité qu’entre les automates et l’IA soit on va vers un changement de paradigme où l’on redistribue mieux et où l’on travaille moins soit il y aura bientôt beaucoup de gens dans une très grande pauvreté. Puisqu’il n’y aura plus de travail pour tout le monde, il va bien falloir trouver un moyen de partager autrement la richesse que par le travail. Voilà ce que je pense à l’échelle de la société.
A mon échelle je vais changer de boulot, pour faire quoi je ne sais pas. On aimerait bien changer de région aussi et se rapprocher de la Bretagne ou du nord du Gard. Là où nous vivons la campagne n’est pas très belle. J’ai l’impression que ça fait un an qu’il pleut.
Bonne chance de votre côté pour trouver votre équilibre. On est dans la même galère ! Je pense qu’on se pose les bonnes questions en tout cas que c’est le moment pour se les poser. Mon père ne se les ait jamais posé résultat aujourd’hui ma mère est décédée deux ans avant sa retraite et il en veut à ses enfants d’avoir « sacrifié sa vie au travail pour eux ». Ma mère était au foyer et a souffert toute sa vie d’un regard stigmatisant. Elle était partagée entre ses enfants et trouver un travail sans diplôme. Rien n’est simple et chacun fait les choix qui lui correspondent.
J’ai toujours été méfiante vis à vis des gens qui faisaient l’école à la maison à leurs enfants. Aujourd’hui je comprends que je ne vais sûrement pas beaucoup voir mon fils dans sa toute petite enfance je me dis que je prendrais plaisir, si j’arrive à créer les conditions favorables pour, à lui faire l’école à la maison à la place de la maternelle.
Est ce que tu ne peux pas demander une rupture conventionnelle en expliquant ta situation ? Ça te permettrait d’avoir des droits au chômage et de prendre du temps pour ta fille et y voir plus clair. Normalement si ton employeur est humain et pas trop bête il comprendra.
Je me dis aussi que je vais tout faire pour aider mon fils à avoir la maturité pour comprendre qu’il est vraiment important de chercher et de choisir un métier qui soit une passion, une vocation. Je trouve qu’on est mal conseillé et orienté à l’école. On fait des choix sans saisir qu’ils sont parfois irrémédiables. À 18 ans on pense qu’on aura cent vies et qu’on pourra tout faire.
Je vais aussi essayer de trouver du temps pour m’engager politiquement auprès de gens qui partagent mes opinions. Je veux que des gens continuent à se battre pour que les enfants aient des chemins de vies qui puissent être autres que le métro boulot dodo et d’autres rêves que le dernier iphone ou la vie d’un youtubeur crétin.
Ça me fait du bien de poser ça à l’écrit même si on s’éloigne du sujet de l’allaitement. Avec mon conjoint on s’est dit qu’on allait se consacrer des temps de paroles et de réflexion autour de ce projet de vie et définir des étapes et des objectifs. Ça nous permettra de tenir sur la durée.
En attendant c’est pas la société de consommation qui va nous empêcher de donner du bon lolo à nos bébés ! Bon dimanche