C'est délicat tout ça, parce que le sujet est difficilement abordable sans qu'on ne fasse culpabiliser les mamans, d'une manière ou d'une autre...
Par exemple... on ne s'est jamais rencontrées... mais au lire de mes posts, et sachant que je suis en fin d'allaitement de mon 2e, qui a bientôt 14 mois, que j'utilise encore bien mon Manduca, et que je connais le terme "cododo"... diriez-vous que je suis une maman définie comme "maternante"?
Pour une partie de la définition, oui, peut-être...
Et pourtant... pourtant, j'ai lu ici aussi des mamans qui exprimaient le fait que pour elles, une maman maternante ne pouvait pas justement être trop longtemps absente... Et Yoda, tu disais aussi que "le profil rare de la mère très active qui laisse beaucoup ses enfants à des tiers pour faire ses multiples activités, c'est forcément une biberonnante... ".
Bon. Je laisse mes enfants à leur nounou à 8H00. C'est elle qui les emmène à l'école, elle qui console quand ils tombent, elle qui prépare leur repas, leur goûter... Je les récupère à 18H30, et je cale dans l'urgence de cette 1H15 qui nous reste 1 préparation de repas, 1 repas, 2 mises en pyjama, un câlin du soir, le coucher de 2 enfants.
Alors, maternante, ou pas? Finalement, ça dépend de la définition de chacune, pas vrai? Et également, on voit bien que le sujet n'est pas neutre, qu'il est à manipuler aussi avec respect pour les autres mamans, qu'on vit toutes aussi avec nos doutes, et qu'on est toutes très très bonnes pour se coller la pression ;-)
Par exemple... Allaiter "longtemps", c'est quoi? Allaiter en mixte, vous le voyez comment? Passer "beaucoup" de temps avec ses enfants, c'est combien? J'achète des produits locaux, souvent, mais le WIFI est touojours allumé, chez moi... Est-ce que je suis "environment-conscious", ou pas?
Tout est affaire de fait ou de jugement... et c'est surtout affaire de jugement finalement, donc avec une réalité toute relative.
C'est la même chose que dire qu'une personne "éduquée", qui a fait des études, serait nécessairement une personne "intelligente"... c'est un jugement, pas un fait.
:-/
Bref, c'est complexe, tout ça... mais ça confirme pour moi quelque chose que j'ai déjà eu l'occasion d'évoquer ici. Nous nous plaignosn souvent de "pression" ressentie autour de l'allaitement, nous déplorons les regards lors de nos tétées en extérieur, nos conversations avec nos belle-mères mal informées, les phrases à la c.n de nos collègues... et nous collons la même pression - la même!- sur les épaules de celles qui n'allaitent pas / de celles qui allaitent en mixte (ooh! je me souviens avoir lu que "le LA, c'est de la m...." sur ce forum, où cohabitent pourtant des mamallaitantes et des mamallaitantes mixtes) / de celles qui arrêtent avant 6 mois / de celles qui donnent du lait de vache, etc, selon notre propre compréhension de ce que doit être le maternage et l'allaitement.
J'AIME ce que dit la LLL en introduction de son site, sur le texte qui marquait la nouvelle année: mettre un peu plus de douceur dans la vie de chaque maman, parce que franchement, ça n'est vraiment vraiment pas un luxe... Pour moi, ça passe par reconnaître la valeur des choix éducatifs des autres (parfois! ;-)) même si ça ne sont pas les miens.
Bouclette, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, hein ;-) mais je réitère... Si le titre FEMME ALLAITANTE = FEMME INTELLIGENTE laisse la place au débat, le titre FEMME INTELLIGENTE = FEMME ALLAITANTE est pour moi justement la démonstration de ce qu'on aime pas nous voir appliquer par la société perçue comme anti allaitement, type Femme allaitante = Femme d'un autre siècle / femme babos/ femme qui ne coupe pas le cordon, etc. c'est à dire qu'il stigmatise, qu'il culpabilise, qu'il est potentiellement blessant pour la femme qui n'allaite pas (bon, on s'en fiche, elles ne lisent pas le forum, hein ;-)). (et attention, c'est juste le titre, hein! le reste de ton post, on l'a déjà dit, mettait beaucoup d'eau dans son vin!
)
J'ai commencé ma participation sur ce forum par dire ça, je tourne en boucle!
Mais pour moi, ça n'est pas tant/pas seulement que la société est anti-allaitement, c'est surtout qu'elle colle la PRESSION sur
toutes & tous, qu'elle nous donne des noms selon une partie de nos actes, qu'elle juge avant d'entendre, et qu'elle sépare entre:
- Les allaitantes et les non allaitantes qui seraient alors NECESSAIREMENT PRO ou ANTI (? Pourquoi?)
- Les allaitantes longues et les allaitantes courtes (C'est quoi long?)
- Les allaitantes complètes et les allaitantes mixtes
- Les mamans qui travaillent et celles qui ne travaillent pas
- Les "porteuses"/"cododoteuses" et celles qui dorment autrement et utilisent une poussette
- Les mamans qui "aident leurs enfants à faire leurs nuits" (hooooo! les vilaines mamans ;-)) et celles qui prennent vaillamment leur mal en patience (hoooo! courageuses mamans!)
- etc.
Pourquoi séparer? Nous subissons des pressions équivalentes, même si pas placées sur les mêmes endroits où ça fait mal, nous avons les mêmes challenges, les mêmes inquiétudes en laissant nos enfants à l'école, les mêmes moments où on est "trrrrop de la balle" et où on est "vraiment des mauvais parents, moins bons que ceux de Coline"... On adopte juste des solutions différentes, on fait des choix contre ou avec la pression, mais à notre niveau de tolérance, qui n'est pas le mien, qui n'est pas le tien, qui est individuel.
Pour ma part, je n'ai JAMAIS ressenti de pression anti allaitement... Pas pour les tétées en public, pas au travail, pas chez mon médecin, pas chez mes proches (qui n'ont pas allaité au delà de 2 mois pour ma famille), pas chez mes copines (qui, contrairement à moi, ont allaité + de 2 ans)... et pourtant je ne remets pas en cause la pression REELLE ressentie et vécue par certaines mamans qui allaitent. Je ne remets pas en cause non plus la pression ressentie par certaines mamans biberonnantes à qui on dit qu'elles sont "moins pour une relation de proxilmité avec leur enfant" parce que c'est un biberon qu'elles donnent plutôt qu'un soutien-gorge qu'elles dégraffent.
Pour moi les gens ne sont pas contre l'allaitement, ils sont juste complètement pas informés. Dans le noir. Et ça ne les intéresse pas de s'éclairer. D'accord, j'accepte... mais en ce cas, leur jugement n'est pour moi que ça: un jugement et pas un fait - en soi, il n'a donc que la valeur qu'on veut bien lui accorder.
Je devais m'insurger à la fin de ce poste, convaincue de tout ça, pour dire qu'il nous faut éviter de reproduire à notre manière des comportements de jugement que nous déplorons chez les autres vis à vis de nous
. La société est rude, hein.. mais la société, c'est nous, aussi...
Nan?
Je vous bise,
L