Bonjour
A ma dernière réunion, on a parlé diversification. Voici un recap que j'ai envoyé aux participantes avec notamment des infos sur le pourquoi certains proposent une diversification dès 4 mois.
L'OMS propose un allaitement exclusif jusqu'à 6 mois (sans eau). A LLL on parle plus de diversification aux alentours du milieu de la première année, en observant les signes du bébé, donc pour certains ce peut être avant 6 mois, pour d'autres ce sera à 6 mois révolus, ou bien au delà…
Des données relativement nouvelles sont avancées par certains médecins pour revenir à des indications de diversification à 4 mois, elles reposent sur des études qui ont été commentées en 2011 dans un communiqué de l'unicef GB (très intéressant sur le sujet du manque de fer) ci-dessous, suivi d'une déclaration de l'OMS à ce sujet.
Amicalement
Marie-Florence
Maman et animatrice bénévole LLL
Réponse de l’UNICEF Grande Bretagne aux communiqués dans les médias suite aux études remettant en question l’introduction des solides à 6 mois
Les médias ont largement évoqué un article publié dans le Bristish Medical Journal (BMJ) qui s’interrogeait sur l’intérêt de l’allaitement exclusif jusqu’à 6 mois pour les bébés britanniques (1). Cet article ne se fonde pas sur des constats nouveaux, c’est plutôt une nouvelle analyse d’un constat plus ancien, dont l’essentiel sert de base aux recommandations en matière d’allaitement de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et du Ministère de la Santé Britannique (1, 2).
Au regard de cette analyse, il faut noter que parmi les quatre auteurs, trois ont admis des liens avec l’industrie de l’alimentation infantile. Un allaitement moins long et une introduction plus précoce des solides sont profitables à cette industrie.
Il est largement démontré que l’allaitement sauve des vies et protège à la fois à court et à long terme la santé des mères et des bébés dans les pays industrialisés. L’allaitement réduit le risque d’infection, de diabète et d’obésité pour les enfants, le risque de cancer du sein pour les mères. Il favorise aussi la compétence maternelle des mèresdéfavorisées, en réduisant le risque de négligence maternelle ou de dépression postnatale, et par conséquent en augmentant les chances d’un bon début dans la vie pour les enfants (1, 2, 3, 4).
L’OMS a recommandé en 2001 d’introduire les solides aux alentours de 6 mois tout en poursuivant l’allaitement, se fondant sur la démonstration que l’introduction précoce des solides augmentait le risque d’infection et de maladie. Depuis 2003, le Ministère de la Santé Britannique recommande également l’introduction des solides aux alentours de 6 mois (contre une introduction entre 4 et 6 mois précédemment). Les auteurs de l’article du BMJ s’interrogent sur le bien fondé de cette recommandation pour les bébés britanniques. Ils avancent que retarder l’alimentation des solides pourrait augmenter le risque d’anémie ferriprive, de maladie cœliaque et d’allergies alimentaires, et qu’introduire plus tôt de nouveaux goûts habituerait aux légumes verts, et favoriserait ainsi une meilleure hygiène alimentaire en grandissant.
Anémie ferriprive
L’anémie ferriprive dépend fortement des stocks de fer à la naissance (eux mêmes liés au statut maternel en fer et à la durée de la grossesse) et de la section précoce du cordon ombilical (geste toujours couramment pratiqué qui peut réduire les stocks de fer de plus du tiers). L’anémie ferriprive est aussi associée à la pauvreté et à la malnutrition. Si la mère n’est pas elle-même carencée en fer, et si le cordon n’est pas coupé trop tôt, alors les stocks initiaux de fer du bébé et le lait maternel suffiront à assurer les besoins en fer au-delà de 6 mois (1).
La plupart des aliments proposés aux bébés dans les premiers mois tels que les céréales, les fruits et les légumes, contiennent peu de fer, et par conséquent ne servent à rien pour prévenir l’anémie ferriprive. En outre, s’ils sont introduits avant que le bébé n’en ait besoin, ils se substitueront au lait maternel dans le régime alimentaire du bébé, et pourront par conséquent réduire la quantité de fer absorbée (1).
Maladie coeliaque
La maladie coeliaque est associée à l’introduction précoce du gluten (des céréales). Il existe quantité d’études qui indiquent que le moment exact de l’introduction du gluten pourrait jouer un rôle dans le développement de la maladie. Le Comité Consultatif National de Nutrition et le Comité sur la Toxicité des Produits Chimiques dans la Nourriture, les Produits de Consommation et l’Environnement britanniques ont été chargés de déterminer le degré de véracité de cette allégation, et voici leur projet de déclaration que l’on trouve ici
www.sacn.gov.uk/meetings/sub_groups/maternal_child_nutrition/19012011.html
« Pour le moment, les conclusions sur le moment de l’introduction du gluten dans le régime infantile et ses conséquences sur le risque de maladie coeliaque et le diabète de type 1 sont insuffisantes pour qu’on soit en mesure d’émettre des recommandations sur le moment idéal de
l’introduction de gluten, aussi bien en général que pour les populations à risque. Par ailleurs, certains indices montrent que l’absence d’allaitement au moment de l’introduction du gluten est associée à un risque majoré de développer la maladie coeliaque. »
Allergies alimentaires
L’incidence d’une véritable allergie alimentaire (au contraire d’une intolérance alimentaire) est rare (1). Il existe des spéculations et quelques données objectives selon lesquelles, en présence d’antécédents familiaux d’allergie, l’introduction précoce de certains aliments pourrait être bénéfique. Des essais cliniques randomisés sont en cours pour tester cette théorie. Si elle était démontrée (ce qui n’est absolument pas certain), les familles à haut risque devraient être conseillées au cas par cas. Cela n’affecterait pas les recommandations applicables à la majorité des enfants non allergiques.
Introduction de goûts variés
L’article du BMJ soutient que l’introduction précoce de goûts variés favoriserait l’acceptation des légumes verts et préviendrait ainsi l’obésité. C’est une pure spéculation. Le lait maternel change de goût selon ce que mange la mère et expose ainsi le bébé à des goûts variés depuis la naissance. Les préférences alimentaires dépendent aussi d’un certain nombre de facteurs incluant ce qui est proposé à l’enfant, de quelle façon, et quelle est l’attitude des parents. Les recommandations actuelles du Ministère de la Santé Britannique tiennent compte de ces
facteurs et invitent les parents à introduire un choix d’aliments sains de manière appropriée (1).
Recommandations
L’Initiative Ami des Bébés de l’UNICEF Grande Bretagne soutient la recherche continue dans l’amélioration de la santé infantile. Pour autant, toute nouvelle recherche doit être considérée comme une partie d’un ensemble de résultats et toute recommandation doit être basée sur
des résultats concordants plutôt que sur des éléments isolés. Il est dommage que le service de presse du BMJ et les médias grand public aient mis l’accent sur un seul point, qui a fait l’objet de gros titres sensationnels, au risque d’induire les parents en erreur et de nuire à la santé des enfants.
Le Ministère de la Santé Publique britannique recommande l’introduction des solides aux alentours de six mois. On sait bien que le développement individuel peut varier largement d’un enfant à l’autre et que des bébés peuvent être prêts pour les solides avant ou après l’âge de six mois.
Depuis la mise en œuvre de cette recommandation, le nombre de bébés exposés au risque d’une introduction des solides avant l’âge de 4 mois a diminué (2).
Les professionnels de santé devraient continuer de soutenir les mères avec des informations précises basées sur les conseils du Ministère de la Santé et de l’OMS , et les aider à reconnaître les signes que leur bébé est prêt à essayer de nouveaux aliments, tout en poursuivant l’allaitement.
1. Frewtrell M, Wilson D, Booth I, Lucas A (2011) Six months of exclusive breastfeeding: how good is the evidence? BMJ 2011; 342:c5955
http://www.bmj.com/cgi/doi/10.1136/bmj.c5955
2. World Health Organization (2002), 55th World Health Assembly. Infant and young child nutrition. World Health Organization,(WHA55.25).
http://apps.who.int/gb/archive/pdf_files/WHA55/ewha5525.pdf.
3. Scientific Advisory Committee on Nutrition (SACN), Subgroup on Maternal and Child Nutrition (SMCN). Paper for discussion: introduction of solid foods, agenda item: 3. 2003. SMCN/03/08.
www.sacn.gov.uk/pdfs/smcn_03_08.pdf
4. Ip S, et al (2007) Breastfeeding and Maternal Health Outcomes in Developed Countries. AHRQ Publication No. 07-E007. Rockville, MD: Agency for Healthcare Research and Quality.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK38337/
5. Horta B et al (2007) Evidence on the long-term effects of breastfeeding. WHO.
http://www.who.int/child_adolescent_health/documents/9241595230/en/index.htm
6. Gutman LM, Brown J, Akerman R (2009) Nurturing Parenting Capability: The Early Years. Centre for Research on the Wider Benefits of Learning.
http://www.learningbenefits.net/Publications/ResRepIntros/ResRep30intro.htm
7. Strathern L, Mamun AA, Najman JM et al (2009) Does Breastfeeding Protect Against Substantiated Child Abuse and Neglect? A 15-Year Cohort Study. Pediatrics; 123; 483-493.
http://pediatrics.aappublications.org/cgi/content/abstract/123/2/483
Dewey K, Chaparro M (2007) Mineral metabolism and body composition Iron status of breastfed infants. Proceedings of the Nutrition Society (207), 66, 412–422
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17637094
9. Geissler C, Powers H (2007) Human Nutrition, 11th Ed Elsevier
10.
http://www.nhs.uk/Livewell/Allergies/Pages/Foodallergy.aspx
11. Weaning (Department of Health, 2007)
http://www.babyfriendly.org.uk/page.asp?page=115&category=10
12. Bolling K, et al (2007) Infant Feeding Survey 2005, Department of Health, London
http://www.ic.nhs.uk/pubs/ifs2005
Alimentation au sein exclusive pendant 6 mois pour les nourrissons du monde entier
Déclaration
15 janvier 2011
L’OMS recommande aux mères du monde entier l’allaitement exclusif de leur nourrisson pendant les six premiers mois de façon à lui garantir une croissance, un développement et une santé de qualité optimale. Passé ce délai, il convient d’introduire des éléments nutritifs de complément, tout en poursuivant l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans, voire au-delà.
Le dernier examen systématique des données factuelles sur cette question a été publié en 2009 ( Durée optimale de l’alimentation au sein exclusive (Étude), Kramer M. S., Kakuma R. The Cochrane Library, 2009, Numéro 4). Les conclusions de cet examen, qui comportait deux essais cliniques comparatifs et 18 autres études menées dans des pays développés et des pays en développement, corroborent les recommandations actuelles de l’OMS en la matière.
Les conclusions de cet examen systématique semblent indiquer que l’alimentation au sein exclusive jusqu’à six mois sans aucun autre apport solide ni liquide complémentaire procure à la mère et à son enfant plusieurs avantages par rapport à l’allaitement au sein exclusif pendant 3-4 mois, suivi d’une alimentation mixe.
Parmi ces avantages figurent un moindre risque d’infection gastro intestinale pour le bébé, une perte de poids plus rapide après l’accouchement pour la mère et un retour de couches différé. La réduction des risques n’a pas été mise en évidence pour d’autres infections ou maladies allergiques. Aucun effet indésirable sur la croissance n’a été rapporté dans le cas d’un allaitement exclusif pendant six mois. Par contre, une diminution du taux de fer a été observée dans certains pays en développement.
L’OMS suit de près les conclusions des nouvelles recherches conduites et dispose d’un système de réexamen périodique de ses recommandations. Des examens systématiques, assortis d’une évaluation de la qualité des éléments factuels, servent à faire le point sur les lignes directrices dans le cadre d’un processus visant à garantir que les recommandations se fondent sur les meilleurs éléments factuels disponibles et ne sont pas biaisées par des conflits d’intérêts.
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