@anicetlaviolette J'ai fait des études de psycho, et mon homme de pharmacologie (il est passionné de neurobiologie et aurait rêvé de devenir psychiatre ou psycho-pharmacologue)

Donc je sais tout ça. Je pense pas que ce soit une dépression post-partum mais une dépression péri-natale puisque c'était pire pendant la grossesse que maintenant...
(Enfin de toute manière c'était une dépression au long court qui a gravement empiré pendant cette grossesse plutôt, mais encore une fois, tout le monde s'en fout puisque de l'extérieur j'ai l'air "normale"...)
Le truc c'est que des psys, depuis mon enfance, j'en ai vu une 20aine sans grand succès, puisque 1 seule m'est vraiment convenue (même pas psy mais infirmière) et que je n'ai pas beaucoup de sous donc je n'ai pour seul choix à peu près que le CMP... J'ai une amie qui fait de l'hypnose aussi (elle est psycho-analyste) et qui va me faire quelques scéances à moindre coût, mais je pense qu'il vaudrait mieux que je vois quelqu'un d'autre pour une vraie thérapie (enfin honnêtement, si elle me convient bien, je dirais zut à la déontologie et j'irais la voir elle malgré le fait que ce soit une amie, au vu des problèmes soulevés plus haut).
Les médicaments sont certes une béquille mais qui peut devenir indispensable si ça va vraiment trop mal. J'ai toujours été contre, jusqu'à février dernier. Vous avez pas idée de ce que c'est de vivre des états dissociatifs presque à longueur de journées (dépersonnalisation/déréalisation), d'avoir des phobies d'impulsion, des délirs proches de ceux des schizophrènes sans être schizophrène (la schizophrénie ètant principalement une confusion du réel et de l'imaginaire) et donc de savoir que ce que tu penses n'est pas réel, d'être parfaitement conscient de ce qui t'arrive et donc de te dire que ton cerveau est complètement dérangé de s'imaginer des trucs pareils, de te dire que tu vas devenir folle, que tu vas finir par faire du mal à tes proches, que si tu deviens folle tu ne pourras plus t'occuper de tes enfants, et au final de n'avoir plus que la mort pour solution... À contre-coeur je vais donner un exemple, parce que j'ai peur que vous me preniez pour dingue mais que je voudrais vraiment que vous comprenez l'ampleur du problème. Un jour, j'étais tellement discossiée que je me suis demandée si je n'étais pas morte et que c'était mon fantôme qui s'inventait une réalité parallèle, que j'avais du faire un teuc atroce pour être restée à l'état de fantôme et que donc je pourrais bien tuer tout le monde autour de moi ce serait pas grave puisque j'étais dans une réalité parallèle... Le tout en sachant parfaitement que ces pensées n'étaient pas réelles, en pleine crise d'angoisse en boule sur un canapé, en essayant de rationnaliser tout en ayant cette impression de ne plus exister. Est-ce que tu comprends la violence de la chose et à quel point c'était pas possible de supporter ça ? Que je refuse totalement de revivre ça en ayant un bébé de 2 mois et demi à gérer ?
Alors j'ai été à l'hôpital voir en urgence une psychiatre qui m'a dit que si j'avais vraiment des phobies d'impulsion je n'aurais pas un comportement normal et que j'avais beau avoir perdu 6kg, dormir 5h par nuit, passer mon temps à faire des crises d'angoisse, avoir des idées noires et ne plus rien arriver à faire, au point de retourner vivre chez ma mère quelques mois parce que je n'arrivais plus du tout à gérer mon quotidien, le tout enceinte, je ne présentais pas, pour elle de symptômes dépressifs xD Puis j'ai été vour mon médecin traitant, qui dès que j'ai prononcé le mot "dissociation" a fait de grands yeux effrayés en me disant "mais c'est un symptôme de schizophrénie ça ! " (p*tain mais révises tes cours, tu sais ce que c'est la schizophrénie, zut ?). Je suis de quite partie, voyant très bien qu'elle n'avait aucunes notions de psychologie. J'en ai parlé à ma sage femme, qui m'a proposé de la sophro et de l'accupuncture, moi je veux bien mais c'est loin d'être suffisant à ce stade. Je suis allée voir une psy du CMP, comme toujours émerveillée par ma capacité de résilience et d'analyse malgré tous les traumatismes graves vécus dans ma vie, limite à se demander pourquoi je viens la voir alors que je sais très bien démeller mon esprit toute seule, donc ça ne m'a absolument pas avancée. Puis je suis retournée voir un psychiatre, parce que j'avais tellement peur de devoir m'occuper d'un nouveau-né dans cet état... Et les anxiolytiques que je prenais (à des doses minimes, juste pour surmonter les crises d'angoisse) n'étaient pas compatibles avec l'allaitemevousJe lui fait une description la plys clinique et précise possible de mes symptômes, sachant très bien que la scéance ne dure que 20 minutes et que flûte, je veux une solution à la fin ! Le mec, spécialisé dans la schizophrénie et la bipolarité, me dit "alors déjà rassurez-vous, vous n'êtes ni schizophrène ni bipolaire c'est certain !'. Super ! Bonne nouvelle, ça me rassure mais youhou, je suis quoi du coup ? "Je pense que comme vous avez vécu beaucoup de choses difficiles par le passé vous vous êtes juste mal construite et que vous êtes très fragile, mais à priori je ne vois aucune pathologie mentale puosque vouq avez des symptômes divers et invalidants mais ne correspondant à priori à aucune pathologie"
Non mais j'en peux plus, mec je fais un score de 26 au test d'Hamilton (test de dépression, correspond à une dépression sévère) mais comme j'ai un super bon discernement, que je m'exprime clairement et avec des termes un peu pointus et du recul, que je ne pleure pas comme une madelaine, je suis juste fragile ? Mais on est où ! Le mec me dit "par contre c'est vrai que vu vos symptômes et votre demande, je vais vous prescrire ça (antipsychotique)". Discussion avec mon conjoint, effaré, qui me dit de surtout pas prendre ça pour telle, telle et telle raisons, grandes réflexions sur le bénéfice/risque... J'ai décidé de pas le prendre.
Accouchement, ça allait bien mieux et voilà, ça recommence mais super différemment avec un pôle déprime bien plus grand que le pôle angoisse (heureusement, je la gère mieux). Je vais chez le médecin que je ne connais pas, qui ne comprend pas pourquoi je vien au départ et qui après que je lui ait expliqué les choses et un eu larmoyé me prescrit ENFIN un inhibiteur de récapture à la sérotonine (et une benzodiazepine en attendant que l'autre fave effet, que je ne prendrais pas, parce que ça rend dépendant très vite, malgré ses dires, les médecins ne s'y connaissent pas bien du tout en pharmacologie).
Alors un conseil, si vous êtes mal, même si vous y êtes habitués, surtout ne cherchez pas à être le plus précis possible en utilisant le peu de termes scientifiques que vous connaissez, donnez l'impression d'être incapable de prendre du recul, pleurez, criez, arrachez vous les cheveux, donnez l'impression que vous n'avez plus aucun discernement, en tout cas sachez que les symptômes psychologiques de la dépression seuls ne vous permettront pas d'être diagnostiqués ! Je connais même une personne très proche qui est allé voir un psy après une tentative de suicide, dont il n'a pas parlé tout de suite par honte, même problème que moi, même speech. Voilà, maintenant vous savez !
Et sinon j'ai posté sur maman blues, et je me suis sentie jugée. Parce que j'ai précisé des choses sur ma vie et le fait entre autre que j'ai jamais été très bien dans ma peau (ni mon homme), et j'ai senti comme une distance s'installer... Des fois je me dis que les gens sur Internet doivent se dire "mais pourquoi ces gens ont fait des enfants ?" et ça me rend triste, parce que malgré tout ça on est des bons parents... Si j'zvais su à quel point mon esprit allait dérailler, je ne pense pas que j'en aurais fait.
En tout cas pour revenir au sujet de départ, je pense (j'espère) que tu comprends mieux pourquoi je veux prendre des médicaments. Je préfère encore devenir dépendante à un médicament et y laisser quelques neurones plutôt que de seulement risquer de mal m'occuper de mes enfants ne serais-ce que quelques mois (j'entends par là ne pas être dispo psychologiquement, agire comme un robot ou déléguer sans cesse ma responsabilité de maman à mes proches, être toujours exténuée, etc...)
Et je pense que pour la sécurité de mon p'tit loup, mieux vaut encore subir 1 % d'une molécule qu'une mère à ce point mal dans sa peau.
Pour autant je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur et de culpabiliser de lui infliger ça à lui qui n'a rien demandé.
Voilà, c'était tréèèès long, mais au moins tout est expliqué !