C'est quand même très différent de parler
- avec qqun ayant des enfants en ce moment. Parce que là on partage le même genre de situations, chacun à notre manière. Il y a une sorte d'égalité, on partage, et la bienveillance + l'ouverture d'esprit sont précieux
- avec qqun ayant eu des enfants une voire deux générations plus tôt. Parce que là, les commentaires éventuels qu'on leur ferait sont atténués par le temps passé : "mes enfants vont bien donc j'ai forcément pas mal fait." Mais eux, leurs commentaires, on les prend de plein fouet : on a nos bébés dans les bras, et donc on ne *sait* pas qu'on fait bien, on le pense. C'est beaucoup plus fragile comme position. S'ajoute en plus le rapport de force naturel (mais pas nécessairement justifié) selon lequel les générations précédentes peuvent nous reprocher, imposer, apprendre des choses, là où souvent le mouvement inverse est compliqué.
Une fois, après qu'une tante de mon mec avait partagé un article sur le thème "Pauvres grands parents qui ne peuvent rien faire avec leurs petits enfants parce que leurs enfants les empêchent, alors qu'ils ont élevé X enfants donc ils savent faire", j'avais justement rétorqué qu'être parent c'était une condition qui ne se bonifiait pas nécessairement avec le temps : on était tout autant, et tout aussi bien, mère après 5 mois qu'après 20 ans, et que c'était ce que cet article rejetait, j'ai senti qu'un truc faisait tilt dans sa tête. Je n'ai jamais eu de discussion désagréable avec elle mais je sais que depuis, si on a un jour un désaccord, elle m'écoutera plus et me donnera plus de légitimité que ce qu'elle aurait fait naturellement.