Codéine
La codéine, utilisée comme antalgique en association
(Aspégic Codéine®, Dafalgan codéiné®, Prontalgine®…), est
un opiacé faible, qui a également un impact analgésique et
sédatif. Elle est faiblement basique et lipophile. Elle est excrétée
dans le lait de façon dose-dépendante. Un impact sur
l’enfant est plus susceptible de survenir pendant les 2 premières
semaines post-partum.
Quatre cas d’apnée néonatale ont été décrits chez des
nourrissons dont la mère prenait 60 mg de codéine toutes les
4 à 6 heures ; la codéine n’était pas détectable dans le sang
des nourrissons, mais l’apnée a disparu à l’arrêt du traitement
maternel (Davis, 1984). Une constipation chez le bébé
allaité semble également possible. Dans une autre étude, le
taux lacté moyen était de 140 μg/l après la prise de 60 mg de
codéine, et les auteurs estimaient que 0,7 mg de codéine seraient
excrétés dans le lait après la prise par la mère de 12
doses de 60 mg en l’espace de 48 heures (Findlay, 1981).
Dans une autre étude (Meny, 1993), la codéine et son métabolite,
la morphine, ont été recherchés dans 17 échantillons
fournis par 7 mères recevant de la codéine pour l’analgésie
du post-partum, et dans 24 échantillons de sang prélevés
chez 11 nourrissons âgés de 1 à 5 jours. Les mères ont reçu 1
à 12 doses de 60 mg de codéine. Les taux lactés de codéine
allaient de 33.8 to 314 μg/l 20 à 240 minutes après la prise
maternelle de codéine, les taux lactés de morphine allant de
1.9 à 20.5 μg/l. Les taux plasmatiques infantiles 1 à 4 heures
après la mise au sein étaient de < 0.8 à 4.5 μg/l pour la codéine,
et de < 0.5 à 2.2 μg/l pour la morphine. Aucun enfant
n'a présenté de trouble iatrogène secondaire. Les auteurs
concluaient qu'une utilisation modérée de codéine est possible
chez une mère allaitant un nouveau-né à terme et en
bonne santé. Par ailleurs, il existe un sirop pédiatrique utilisable
chez les enfants à partir de 12 mois (Codenfan®, dose
pédiatrique pour un traitement antalgique : 3 mg/kg/jour).
Tout récemment (Dyer, 2007) a été rapporté le décès à
J13 d’un nourrisson allaité, attribué à la prise maternelle de
codéine. Son taux sérique de morphine était de 70 μg/l, un
taux très élevé. La codéine est partiellement transformée en
morphine (5 %) par le cytochrome P450 2D6 (CYP2D6). En
raison du polymorphisme génétique de celui-ci certains sujets
(métaboliseurs ultra-rapides) sont exposés à des concentrations
élevées de morphine. Environ 1 % de la population
européenne est métaboliseur ultra-rapide, mais cette mutation
génétique peut concerner jusqu’à 30 % des personnes
d’origine africaine ou asiatique. La mère de ce bébé, mais
également le père et le bébé lui-même étaient métaboliseurs
ultra-rapides. Il est donc nécessaire de mettre la mère en
garde contre cette possibilité, et de lui conseiller de consulter
immédiatement en cas d’apparition d’une sédation ou d’une
moins bonne succion chez son bébé.