Je te copie un témoignage du dernier Allaiter Aujourd'hui sur le travail. Au cas où ça t'aide.
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Je voulais faire part de mon expérience de l'allaitement avec la reprise du travail.
Aux 4 mois ½ de ma fille, je devais reprendre le travail, en bossant sur trois horaires différents (je suis infirmière) : de matin (6 h 45/14 h 15), de soir (13 h 45/21 h 15) et de nuit (21 h/7 h) !
J'ai commencé à stresser et à me poser plein de questions deux mois avant de reprendre. Peu soutenue dans mon entourage, j’avais heureusement le soutien de mon homme.
Alors que ma sage-femme m'avait conseillé de sevrer ma fille (quinze jours avant la reprise), j'ai décidé de nous laisser une chance et de me faire aider pas des mamans qui savent de quoi elles parlent.
J'ai commencé à tirer mon lait un mois avant la reprise, tous les jours. J'ai pu accumuler 5 l de stock dans mon congélateur. Je le conservais dans des poches de recueil de lait maternel. Je faisais des poches de 100 et 50 ml, ne sachant pas vraiment combien ma fille allait prendre en mon absence et afin d'éviter tout gaspillage.
Je tirais pendant que ma fille dormait, le matin ou le soir, et si elle ne dormait pas, je tirais avec elle au sein (et ça produisait beaucoup plus). Là où je tirais le plus, c'était incontestablement le matin.
Pas assez satisfaite de mon premier tire-lait (Kitett) avec lequel je tirais entre 60 et 100 ml, j'ai loué un tire-lait double pompage Medela, pas trop gros pour que je puisse l'emporter au boulot ensuite.
Les quantités tirées augmentaient de jour en jour, pour arriver à un rythme de croisière de 300 ml par tirage, alors qu'au départ, je ne dépassais pas 60 ml.
J'ai repris le travail il y a maintenant onze mois.
Au début de la reprise, je tirais le matin au réveil (à 5 h), une fois au boulot (à 10 h) et une fois en rentrant (à 15 h). Mais très vite, au bout d'une semaine, ce n'était plus possible de tirer au boulot quand j'étais de matin. Trop de responsabilités, plus le temps, trop de pression et de stress, le tirage de 10 h était fait dans de mauvaises conditions, alors, j'ai décidé d'arrêter.
Mes seins se sont finalement très bien adaptés : au bout d'une semaine, je n'avais plus les seins tendus ou engorgés, et j'ai donc fini par faire deux tirages par jour (un à 5 h 30 et un à 15 h). Je tirais suffisamment pour remplir les deux biberons dont ma fille avait besoin pour le lendemain.
Quand j'étais de soir, je tirais le matin à 5 h 30, ma fille tétait toute la matinée, je partais, je tirais le soir à 19 h 30 au boulot, et ma fille tétait à mon retour à 22 h.
Quand j'étais de nuit, je tirais à minuit puis à 5 h 30 au boulot, et ma fille tétait le matin quand j'arrivais vers 7 h 30. Elle prenait un ou deux biberons pendant que je dormais chez la nounou. Et je la récupérais à 14 h. De là, elle tétait à volonté jusqu'à 20 h 30, heure à laquelle je devais repartir au boulot.
Je tirais tous les jours, même quand j'étais de repos, ce qui me permettait d'avoir de l'avance sur la semaine. Comme ça, en fin de semaine, je pouvais me permettre de ne pas tirer en rentrant du boulot, de ne pas mettre le réveil à 5 h du matin, et d'être tranquille pour le week-end !
Je gardais mon lait fraîchement tiré jusqu'à six jours au frigo à 3°.
J'ai donné toutes les explications à la nounou, je lui ai fait une feuille de route, avec la conservation du lait, comment le donner, selon les conseils de LLL.
J'ai donné tout l'excédent de lait au lactarium de Marmande pendant six mois, à raison d'1 l tous les quinze jours, car il m'arrivait de devoir jeter de grandes quantités en fin de semaine.
Quand je rentre du boulot ou que je suis en repos ou en week-end, ma fille tète à la demande, elle ne voit pas de biberons, ce qui permet de maintenir la lactation.
Ma fille boit (en mon absence) des biberons avec la tétine Calma de Medela, elle a mis une semaine avant d'y arriver, mais je ne conseille pas le biberon aux mamans, il existe un fort risque de confusion sein/tétine. Il faut le faire en toute conscience de ce risque. Mieux vaut utiliser la soft-cup ou la tasse à bec souple, le verre, la pipette.
Il m'arrive parfois d'avoir des baisses de lait, que je ne ressens que lorsque je tire mon lait, mais il y a toujours une explication (retour de couches, règles, fatigue extrême, petit coup de déprime, semaine surchargée, moins de stimulation de bébé car maman trop occupée les week-ends), alors, je me fais des cures de tisane et gouttes Weleda pendant une bonne semaine, je fais téter bébé +++ et tout redevient normal.
Je ne peux pas dire que c'est tous les jours facile, ce n'est pas forcément agréable de tirer son lait. Ça ne fait pas mal, mais ça n'a rien à voir avec le fait d'allaiter son enfant dans la tendresse. C'est une machine, et parfois j'en ai ras-le-bol, mais le fait de savoir que c'est pour ma fille, et avec la conviction que je lui donne le meilleur, me donne le courage de faire mes tirages, et ce depuis un an maintenant. Quand je « déprime » sur ma machine, je regarde une photo ou une vidéo de ma chérie sur mon téléphone, ce qui en plus favorise le réflexe d'éjection, et donc le lait coule plus vite. Je prends entre 10 à 15 minutes maximum pour tirer mon lait, on m’a dit qu’il ne faut pas que cela dépasse la durée d'une tétée.
J'ai eu beaucoup de remarques au travail, même dans mon milieu. Quoi ?? Tu allaites encore ?? Alors que ma fille n'avait que 4 mois ½ à la reprise.
Maintenant, à 15 mois, ils ne disent plus rien ! Je m'affirme. Il faut savoir se faire confiance et savoir répondre. Si vous êtes convaincue de donner le meilleur à votre enfant, les autres doivent le savoir. Quand j'ai repris le travail, je n'ai pas demandé « si je pouvais tirer mon lait », j'ai demandé à ma chef « où est-ce que je pouvais tirer ? ». Il faut s'affirmer, c'est notre droit.
Pour ce qui est du pratico-pratique, ma sage-femme m'a fait une ordonnance pour la location du tire-lait en pharmacie, avec marqué « tout au long de l'allaitement ».
Quand je suis arrivée aux 10 mois de ma fille, ma production a baissé au niveau du tire-lait. J'ai eu très peur que ce soit la fin, mais en fait, je me suis aperçue que ma fille avait supprimé une tétée : effectivement, au lieu de se coucher à 22 h/22 h 30, elle a commencé à aller au lit vers 20 h 30/21 h, ce qui fait que la tétée de 21 h 30/22 h avait disparu.
J'ai donc pris la décision de ne plus tirer mon lait, pour éviter du stress et de la pression à devoir « remplir les biberons » pour le lendemain. Je tire de temps en temps le matin quand je travaille de matin, pour entretenir une tétée fictive, afin qu'elle bénéficie d'un mini biberon de 100 ml le matin pendant mon absence, que la nounou mélange à des gâteaux ou des céréales infantiles. Elle se rattrape aisément quand je rentre du boulot.
Ma fille est allergique aux protéines de lait de vache, donc je n'ai pas la possibilité de donner des laitages autres que le mien. Mais je connais des mamans qui, pour compenser un tirage trop faible au tire-lait, remplacent le biberon de lait par des yaourts, du fromage… que bébé consomme pendant l'absence de la maman. Je connais aussi des bébés qui ne prennent pas de biberon, ils attendent que la mère revienne du travail, même après neuf ou dix heures d'absence, ils se rattrapent la nuit.
Il faut toujours savoir que ce qu'on tire au tire-lait n'est pas nécessairement représentatif de ce que le bébé prend directement au sein. Savoir cela évite du stress et les inquiétudes que j'ai connues au début du tire-allaitement.
Mon petit bonheur quotidien, c'était la tétée de retrouvailles après une journée chargée au boulot. C'est un gros plus, toute cette ocytocine qui redonne le moral ! Bien mieux qu'un gros câlin. C'était aussi réconfortant pour moi qui culpabilisais de ne pas pouvoir rester auprès de ma fille. J'avais peur que la nounou profite plus d'elle, qu'elle reçoive plus d'affection que moi. J'étais jalouse, au début de la reprise. J'avais l'impression de passer à côté de tous les bons moments. Mais je me disais que personne d'autre que moi ne pouvait lui donner le sein, que la nounou pouvait tout faire comme moi, mais que ces instants lactées, ils n’appartenaient qu'à nous, ils étaient irremplaçables et importants pour nous deux, pour garder ce lien si magnifique, qui avait commencé pendant la grossesse.
Pour moi c'est une continuité de la maternité, et je suis épanouie dans ce rôle de femme qui travaille et de mère qui peut continuer à materner.
Virginie