La mésalazine (Fivasa®, Pentasa®, Rowasa®)
Elle passe faiblement dans le lait, mais son métabolite (Nacétyl-5-ASA), inactif sur le plan anti-inflammatoire, y passe bien, et on ignore s’il peut avoir un impact chez l’enfant allaité. Une femme (Jenss) prenait 500 mg de mésalazine 3 fois par jour (âge de l’enfant allaité non donné). Un seul échantillon de lait a été analysé, exprimé 5,25 heures après une prise. Le taux lacté de mésalazine était de 0,11 mg/l, et celui de son métabolite était de 12,4 mg/l. Chez une femme qui en prenait 1 g 3 fois par jour, un échantillon de lait prélevé à 1 semaine post-partum 5 heures après une prise contenait 0,1 mg/l de mésalazine, et 18,1 mg/l de N-acétyl-5-ASA (Klotz). Un autre échantillon exprimé 4 jours plus tard 5 heures après une dose en contenait respectivement 0,1 mg/l et 12,3 mg/l. Les mêmes auteurs rapportent le cas d’une mère traitée à la même posologie, et chez qui le taux lacté de mésalazine était inférieur à la limite de détection, le taux de N-acétyl-5-ASA étant de 2,2 mg/l. Ils estimaient qu’un enfant exclusivement allaité par une mère prenant 1,5 g/jour de mésalazine recevrait quotidiennement 0,015 mg/kg de mésalazine, et 2,3 mg/kg de N-acétyl-5-ASA.
Christensen et al (1994) ont étudié l’excrétion lactée de la mésalazine chez 12 femmes qui en prenaient à des doses variables. Elles ont donné 1 à 8 échantillons de lait répartis sur une journée, 2 à 4 semaines après la naissance. La mésalazine était indétectable (< 20 μg/l) chez la plupart des femmes. Elle était détectable dans le lait de 3 femmes ; l’une d’entre elles en prenait 3 g/jour per os, la seconde en prenait tous les soirs 1 g sous forme de suppositoire, et la dernière en prenait 1,8 g/jour. Le taux lacté de mésalazine allait de 20 à 81 μg/l. Le N-acetyl-5- ASA était retrouvé dans tous les échantillons de lait, mais il n’existait aucune corrélation claire entre les posologies, le temps écoulé entre la prise et le prélèvement du lait, et le pic lacté. Son taux lacté moyen variait suivant les mères, et allait de 0,24 g/l (chez une femme qui prenait 800 mg/jour de mésalazine) à 10,5 mg/l chez une femme qui en prenait 2 mg/jour. Le taux lacté de N-acetyl-5-ASA le plus élevé était de 16,2 mg/l. En prenant ce taux comme base de calcul, les auteurs estimaient qu’un enfant exclusivement allaité recevrait environ 15 mg/jour de N-acetyl-5-ASA. Une étude (Silverman) a porté sur 4 femmes traitées par mésalazine pour une pathologie inflammatoire intestinale. Les auteurs ne précisent pas à quel moment les échantillons de lait ont été prélevés par rapport à la prise. Le taux lacté de mésalazine allait de 4 à 40 μg/l, et celui de son métabolite allait de 5 à 14,9 mg/l. Les auteurs estimait que l’enfant exclusivement allaité recevrait 0,6 à 6 μg/kg/jour de mésalazine, et environ 1000 fois plus de N-acetyl-5-ASA.
Un bébé de 6 semaines a présenté une diarrhée acqueuse 12 heures après la première prise par sa mère d’un suppositoire à 500 mg de mésalazine (elle devait en prendre 2 par jour). Le traitement a été arrêté et repris à 4 reprises, et à chaque fois le bébé a présenté une diarrhée dans les 8 à 12 heures suivant la reprise, la diarrhée disparaissant dans les 8 à 12 heures suivant l’arrêt du traitement (Nelis). Un bébé de 4 mois a présenté une thrombose du sinus sagittal supérieur (Barriuso). La mère de cet enfant avait pris 1 à 1,5 g/jour de mésalazine pendant la grossesse et l’allaitement, et elle avait brutalement sevré son bébé une semaine avant la survenue chez lui de la thrombose. Les auteurs estimaient que le traitement maternel pouvait être en cause. Dans une étude sur 8 mères traitées par mésalazine, une mère a fait état d’une diarrhée chez son bébé (Ito). Mais une autre étude n’a pas constaté davantage d’effets secondaires chez les enfants allaités par 121 mères traitées par mésalazine ou sulfasalazine (Moretti) par rapport à 121 mères ne prenant pas de traitement. La mésalazine (mesalamine en anglais) est utilisable pendant l’allaitement. Le bébé sera suivi à la recherche d’une diarrhée.