Des laits qui n’en sont pas (article publié dans les Dossiers de l'Allaitement n°70 Janvier – Février – Mars 2007 p.23) :
A Elbez. Médecine & Enfance, février 2006, 103-108. Mots-clés : lait animal, lait végétal, composition, alimentation infantile.
La réglementation réserve normalement la dénomination « lait » au produit issu des mamelles des mammifères. C’est donc improprement que certaines boissons végétales fabriquées à partir de graines ou de céréales sont dénommées « laits végétaux ». De plus, cette dénomination amène les consommateurs à penser que leurs compositions sont équivalentes, ce qui est loin d’être le cas ; cela peut être particulièrement dangereux lorsque ces laits sont donnés à des bébés.
Le lait humain est l’étalon or pour l’alimentation du petit humain. Lorsque la femme ne peut pas ou ne souhaite pas allaiter, le lait donné à l’enfant doit répondre à ses besoins spécifiques. Les laits industriels pour nourrissons doivent répondre à certains critères définis par des arrêtés à l’échelle européenne, qui en fixent les limites de composition en fonction de l’âge de l’enfant, la liste des substances autorisées, les normes d’étiquetage. Sont interdites des mentions telles que « maternisé » ou « humanisé ». Par rapport au lait humain, les autres laits animaux (vache, chèvre, jument, ânesse) sont trop riches en protéines, glucides et minéraux, et pauvres en acides gras essentiels. Le lait de chaque espèce est adapté au petit de cette espèce. Le petit humain a une croissance pondérale lente, mais une croissance cérébrale très importante.
On trouve de plus en plus de « laits » végétaux (amande, riz, châtaigne…) dans les magasins diététiques, sous forme de poudre ou de liquide. Par rapport au lait humain, ces laits végétaux sont beaucoup plus riches en glucides, leurs protéines sont de mauvaise qualité, et ils sont carencés en acides gras essentiels et en calcium. Outre le risque allergique, ces laits ne répondent pas aux besoins nutritionnels des nourrissons, chez qui leur utilisation est dangereuse. Par rapport aux protéines du lait humain, les protéines du lait de soja assurent un apport insuffisant en méthionine, L-carnitine, cystine et taurine. Les phytates du lait de soja abaissent la biodisponibilité de divers minéraux. Les laits industriels infantiles à base de soja sont enrichis en méthionine, en carnitine, en minéraux, et leur taux de protéines est abaissé ; tous sont sans lactose (NDLR : l’impact de l’absence de lactose dans l’alimentation d’un nourrisson ne présentant pas d’intolérance congénitale en lactose n’a jamais été évalué) ; en France, ils ne contiennent pas d’OGM. Ils contiennent des taux élevés de phyto-œstrogènes. Il a été constaté, chez des nourrissons de 4 mois nourris avec un tel lait, des taux d’œstradiol considérablement plus élevés que la normale. Il paraît donc prudent de ne pas recommander l’utilisation de laits industriels à base de soja tant que leur teneur en isoflavones ne sera pas réduite. Ces laits peuvent être utilisés chez les enfants de familles végétaliennes, ou en cas d’intolérance sévère au lactose au même titre que d’autres produits sans lactose. En cas d’allergie aux protéines du lait de vache, les hydrolysats constituent le premier choix.
En conclusion, ni les laits animaux, ni les laits végétaux, ne correspondent aux besoins du nourrisson. Leur utilisation est vivement déconseillée, car elle risque d’induire des carences sévères à un moment crucial de la croissance neurologique et staturo-pondérale. Les laits végétaux ne devraient pas être consommés avant 12 mois, voire 3 ans pour les enfants ayant des antécédents familiaux d’atopie.