"Le diagnostic
Toute suspicion d’un trouble thyroïdien fera d’abord effectuer un bilan biologique : dosage de la T3 libre et de la T4 libre, de la TSH, recherche d’anticorps antithyroïdiens, antithyroglobuline ou antimicrosomiaux, et une échographie thyroïdienne en cas de goitre. Ces examens n’interfèrent pas avec l’allaitement, et pourront suffire à établir le diagnostic. Une scintigraphie pourra être demandée devant la découverte d’un nodule isolé, d’une hyperthyroïdie, d’une hypothyroïdie ou d’une thyroïdite.
Le technetium99m (1/2 vie : 6 heures) n’est pas incorporé au métabolisme thyroïdien, mais seulement capté. L’examen peut être pratiqué rapidement après l’injection (20 mn) ; il est plus facilement disponible et beaucoup moins coûteux que l’iode radioactif. Il est en outre peu irradiant, et il permet d’obtenir de bonnes images. Il est donc le produit à utiliser en première intention, tout particulièrement lorsque l’on souhaite étudier le caractère fixant ou non d’un nodule ou effectuer la surveillance d’un goître. Il permet de plus d’obtenir une cartographie thyroïdienne, même en cas de carence iodée modérée. Il présente aussi l’avantage majeur de ne pas nécessiter d’interruption de l’allaitement pour la plupart de ses dérivés (99mTc DTPA, DISIDA, DMSA, glucoheptonate, gluconate, HDP, HMDP, MDP). Si toutefois la mère est très anxieuse au sujet de la radioactivité, on peut lui proposer une interruption « de principe » de l’allaitement de 4 heures, destinée à la rassurer.
L’iode radioactif 123 (I123) est le traceur biologique de référence ; il permet d’obtenir un reflet fidèle de l’hormonogénèse. L’examen est réalisé 2 à 3 heures après l’injection. Sa demi-vie dans le lait est de 5,8 heures, et il est nettement plus irradiant que le technetium, ce qui implique un arrêt de l’allaitement d’au moins 24 heures (un produit est virtuellement éliminé de l’organisme au bout de 5 demi vies). Exprimer un maximum de lait juste avant l’examen accélèrera l’élimination.
L’iode131, du fait de sa demi-vie beaucoup plus longue (8 jours), de son caractère fortement irradiant, et de son passage très important dans le lait, doit être réservé aux mesures de fixation préthérapeutiques, pour traitement et suivi des cancers thyroïdiens différenciés ; en effet, la suspension de l’allaitement recommandée est d’au moins 40 jours, ce qui implique quasiment toujours le sevrage définitif de l’enfant. Eviter de porter le bébé devant la glande thyroïde en raison de la radioactivité locale.
DA n°40 © La Leche League France Juillet-Août-Septembre 1999 - Le coin du prescripteur p75 - Les pathologies thyroïdiennes
Les hyperthyroïdies
Elles seront traitées par des antithyroïdiens de synthèse.
Benzylthiouracile (Basdène®)
Il n’existe aucune donnée sur son passage lacté. Il est donc préférable de l’éviter.
Carbimazole (Néo-Mercazole®)
Il est rapidement transformé en méthimazole, qui est le métabolite actif. Sa demi-vie varie de 4 à 12 heures suivant les patients. Il n’est quasiment pas lié aux protéines plasmatiques.
La posologie pédiatrique est de 0,5 à 0,7 mg/kg/jour en traitement d’attaque, puis de 30 à 60% de cette dose en traitement d’entretien. Son passage lacté a été étudié chez des femmes qui étaient soit déjà traitées pendant leur grossesse, soit qui ont débuté un traitement pendant leur allaite
ment ; les posologies allaient de 5 à 40 mg/jour. Lorsque la mère reçoit des doses élevées (30 à 40 mg/jour), le taux lacté pourra être suffisant pour avoir un impact thyroïdien chez l’enfant allaité ; en particulier, des taux sanguins proches des taux thérapeutiques ont été retrouvés chez des jumeaux allaités par une mère prenant 30 mg/jour de carbimazole. En revanche, des posologies allant jusqu’à 20 mg/jour pour des traitements au long cours n’ont pas induit d’effets secondaires chez les enfants ; les études qui ont suivi leur statut hormonal ont retrouvé chez eux des valeurs normales. Il est donc possible d’utiliser le carbimazole pendant l’allaitement ; l’exposition de l’enfant peut être minimisée si l’administration se fait par prise unique, et si la mère attend 4 heures avant de mettre son enfant au sein. Les fonctions thyroïdiennes de l’enfant seront suivies toutes les 2 à 4 semaines.
Propylthiouracile ou PTU
Il est unanimement considéré comme le traitement de première intention chez la mère allaitante. La posologie habituelle est de 200 à 300 mg/jour chez les adultes, et de 50 à 150 mg/jour chez les enfants (5 à 10 mg/kg/jour en traitement d’attaque, puis 1/3 à 2/3 de cette dose en traitement d’entretien). Il est lié à 80% aux protéines plasmatiques, et sa demi-vie est de 1 à 2 heures. Le rapport lait/plasma est compris entre 0,1 et 0,6 après des posologies allant jusqu’à 400 mg/jour, avec des taux lactés allant de 0,7 à 7 mg/l. On a calculé que le bébé allaité absorbait au maximum 0,18 mg/kg/jour de propylthiouracile ; un quelconque effet indésirable chez l’enfant allaité est hautement improbable avec une dose aussi faible, et aucun n’a jamais été rapporté. Les fonctions thyroïdiennes de l’enfant seront suivies toutes les 2 à 4 semaines par mesure de précaution. De rares cas de réactions idiosyncrasiques ont été signalés (rash, fièvre, atteinte de cellules sangui-nes) ; il pourra donc aussi être utile de pratiquer une numération-formule sanguine toutes les quelques semaines.
Visiblement, concernant la scintigraphie, je n'ai pas le choix car justement je n'ai pas de nodules (enfin jusqu'à présent) et donc seule la scintigraphie permet de suivre la maladie.