Bonjour à toutes et à tous, pour les 1 ans de notre petit Lucas, j'ai décidé de publier, avec l'accord de ma compagne, mon témoignage des premiers mois difficiles. Je préfère préciser en préambule que nous avons beaucoup utilisé le site de LLL, qu'il nous a beaucoup aidé, et que nous remercions la communauté pour la bienveillance et le soutient que l'on peut trouver ici, même si l'allaitement était, ici, le problème.. Raison pour laquelle je pense que ce témoignage a sa place ici.
1. Jour 1
On est le 15 Juillet 2019, le jour se lève, je tiens Lucas tout juste né dans mes bras, je marche dans les couloirs de l'hôpital, et j'ai jamais eu autant peur de faire tomber un truc de ma vie.
Je crois me souvenir que Coralie marchait devant moi avec une infirmière mais après l'accouchement et la péridurale, ça me paraît étonnant. Qu'importe.
On est donc dans la chambre, je lutte pour ne pas m'endormir, ne pas le faire tomber.
Les premiers jours sont flous, mais je me souviens: La maternité était débordée et les infirmières , bien que très avenantes, n'arrivaient pas à être disponibles. Elles nous apprennent, enfin à Lucas et Coralie, à téter. Elle a mal, il n'y arrive pas: il se jette en arrière, elle lutte pour ne pas l'arracher de son téton.
Je ne sais pas comment elle arrive à rester éveillée, elle marche, se lève, se lave, avec le ventre et le sexe en bouillie, les seins en feu, les nuits blanches qui s’enchaînent et le stress, et les pleurs.
Les infirmières nous disent que téter c'est difficile, que ça prend du temps à se mettre en place mais que c'est important, les bébés allaités sont en meilleure santé , c'est par là que se construit un des premiers lien affectif mère fils, une des premières manières de communiquer, qu'il faut être courageux, ne pas abandonner, ne pas laisser tomber.
Et donc on y croit. On est de cette classe moyenne qui aime bien quand c'est pas trop chimique, on veut le mieux pour notre enfant, un lien naturel, un peu animal, le retour aux basiques et pas la tétine en plastique. Il y a tellement d'imaginaire, de fantasme, de mode, de culture dans les décisions que l'on prend.
Donc Coralie s'accroche, et en bon père de famille pas macho ,c'est à dire en belle poule mouillé, je lui dit que c'est sa décision: « que tu veuilles allaiter ou arrêter, je suis d'accord, c'est ton corps».
Il faut dire que même avant la naissance, ce n'était pas tellement de mon ressort. Si les femmes enceintes étaient autorisées à « amener le papa » aux cours de préparation à l'accouchement ,si j'ai pu apprendre à faire un sac, les respirations, les ouvertures de bassin, les passages de têtes et les différents trucs qui peuvent partir en couille et faire mourir toute ma famille pendant l'accouchement, je n'ai pas pu assister à un cours: celui sur l’allaitement. Et non pas parce que je travaillais, mais parce que celui là, il était réservé aux futures mamans.
Imaginez bien que j’étais vraiment très déçu de ne pas pouvoir admirer tout ces gros seins attachés à des grosses dames prêtes à exploser. Très déçu.
Le jour ou l'on peut sortir de la maternité arrive, mais comme Lucas pleure encore tout le temps et que la tétée ne se passe toujours pas bien du tout on décide de rester encore un peu.
Certaines nuits, quand les pleurs ne s'arrêtent vraiment pas, que ça dure trop, les infirmières donnent du lait en pipette à Lucas. Et ça marche du feu de dieu
« mais c'est exceptionnel si on l'habitue il ne tétera plus »
On commence à comprendre qu'il pleure parce qu'il a faim. Le lait commence à arriver en plus grande quantité chez Coralie. On dort 3 fois 2 heures en une seule nuit. On rentre à la maison.
2. Retour à la maison.
Première nuit à la maison. Lucas hurle. Il tète, il hurle, il hurle en tétant, il se tortille, il se cambre, il hurle, rien ne le calme. On a les boules, on a peur et je commence vraiment à me demander pourquoi j'ai fais un bébé.
Les seins de ma femme se mettent à la mode post partum, ça suinte, ça saigne. Elle gémit de douleur pendant les tétées elle supplie sont fils d'arrêter. Le bébé tête tant bien que mal pendant 45 minutes, ensuite on soigne les tétons, crème coquillage et après on essaye de dormir 1 à 2 heures. Souvent moins. Le reste du temps Lucas hurle. Il ne pleure pas : il hurle.
Mais ça quand on est jeune parent, on ne fais pas la différence, on ne sait pas. On est mort de trouille mais quand la sage femme passe à la maison et nous dit que tout est normal...
On la croit. Sauf que Lucas lui, soit il dormait, soit il hurlait.
3. Soigner bébé
A partir de là le vrai combat commence. Petit à petit, pendant ces quatre mois, on a cherché à faire taire bébé. On a cherché à se faire entendre. Et surtout on a cherché à le soulager. On a vite compris que s'il hurlait, c'est parce qu'il avait mal .
« Il a tout le temps faim. Non en fait, manger le soulage. Mais il n'arrive pas à téter. Les seins sont vides. Il a tout le temps faim. Ou tout le temps mal? »
On l'accroche avec l'écharpe et on marche autour de la table du salon. Une, deux, une deux, haut, bas, haut, bas. Qu'est-ce qu'on a marché! A toutes les heures du jour et de la nuit, pendant des heures, jusqu'à ce qu'il tombe de fatigue.. Terrifiés ensuite de le sortir de l'écharpe. Terrifiés du réveil du bébé..
Nous avons sollicité tous les professionnels de santé à notre disposition, en 3 mois nous avons vu 2 sages femmes, 2 fois chacune, 1 généraliste, nous sommes allés aux urgences... et puis comme « c'est normal qu'un bébé pleure » nous sommes aussi beaucoup allés sur internet, sur les forums, sur le site de la leche league.
Et puisque que personne ne nous écoutait et surtout ne nous proposait de solutions, on est allé voir des gens moins « professionnels de santé » . Ostéo, conseillère en allaitement, je me suis même retrouvé chez un mec qui « sentait » le corps de mon bébé à travers l' « électricité de mon bras » . Le fin fond du cageot des « soignants » disponibles...
A force de faire le forcing et notamment grâce aux forums et au site de la Leche League, nous avons réussi à soulager Coralie en faisant couper le frein de langue de Lucas. Il a fallu trouver où le faire, et qui le fait mais on y est arrivés.
Les seins vont mieux, le bébé mange mieux.. et hurle toujours. Aux urgences, on nous parle de RGO ( Reflux Gastro Oesophagien ), on nous file des médocs et surtout, on souhaite du courage à Coralie, on lui dit de ne pas abandonner l'allaitement.
Les deux mois arrivent et on a enfin réussi à avoir un rendez vous chez un pédiatre.
Ce mec ! Un vieux bonhomme, fin de carrière , à l'ancienne. La sage femme nous avait prévenu, « attention il n'est pas pour l'allaitement, il est vieux jeu, vous laissez pas faire » .
Il voit notre fils, les gestes sont rapides, doux, fermes et précis, il le trouve en bonne santé, mais dit que les hurlements ne sont pas normaux. Il nous écoute, il nous entend, il nous questionne et il nous prescrit tout ce qui peut se mettre dans un nourrisson pour soulager les RGO.
Inexium , Gaviscon, et Polysilane. Doses maximales .
Et puis il nous dit : « essayez de changer de lait. »
Sauf que nous, on nous a bien expliqué, que c'est plus les années 40 et que aujourd'hui c'est pas la faute de la maman si y a pas assez de lait et que la maman elle fait pas un mauvais lait . Il ne faut surtout pas dire à madame que son lait est mauvais.
Mais le monsieur il nous dit :
« Vous savez le lait maternel c'est mieux pour le développement de l'enfant mais pas forcément pour le reste. » Sur le coup, j'ai pas bien compris .
1. Jour 1
On est le 15 Juillet 2019, le jour se lève, je tiens Lucas tout juste né dans mes bras, je marche dans les couloirs de l'hôpital, et j'ai jamais eu autant peur de faire tomber un truc de ma vie.
Je crois me souvenir que Coralie marchait devant moi avec une infirmière mais après l'accouchement et la péridurale, ça me paraît étonnant. Qu'importe.
On est donc dans la chambre, je lutte pour ne pas m'endormir, ne pas le faire tomber.
Les premiers jours sont flous, mais je me souviens: La maternité était débordée et les infirmières , bien que très avenantes, n'arrivaient pas à être disponibles. Elles nous apprennent, enfin à Lucas et Coralie, à téter. Elle a mal, il n'y arrive pas: il se jette en arrière, elle lutte pour ne pas l'arracher de son téton.
Je ne sais pas comment elle arrive à rester éveillée, elle marche, se lève, se lave, avec le ventre et le sexe en bouillie, les seins en feu, les nuits blanches qui s’enchaînent et le stress, et les pleurs.
Les infirmières nous disent que téter c'est difficile, que ça prend du temps à se mettre en place mais que c'est important, les bébés allaités sont en meilleure santé , c'est par là que se construit un des premiers lien affectif mère fils, une des premières manières de communiquer, qu'il faut être courageux, ne pas abandonner, ne pas laisser tomber.
Et donc on y croit. On est de cette classe moyenne qui aime bien quand c'est pas trop chimique, on veut le mieux pour notre enfant, un lien naturel, un peu animal, le retour aux basiques et pas la tétine en plastique. Il y a tellement d'imaginaire, de fantasme, de mode, de culture dans les décisions que l'on prend.
Donc Coralie s'accroche, et en bon père de famille pas macho ,c'est à dire en belle poule mouillé, je lui dit que c'est sa décision: « que tu veuilles allaiter ou arrêter, je suis d'accord, c'est ton corps».
Il faut dire que même avant la naissance, ce n'était pas tellement de mon ressort. Si les femmes enceintes étaient autorisées à « amener le papa » aux cours de préparation à l'accouchement ,si j'ai pu apprendre à faire un sac, les respirations, les ouvertures de bassin, les passages de têtes et les différents trucs qui peuvent partir en couille et faire mourir toute ma famille pendant l'accouchement, je n'ai pas pu assister à un cours: celui sur l’allaitement. Et non pas parce que je travaillais, mais parce que celui là, il était réservé aux futures mamans.
Imaginez bien que j’étais vraiment très déçu de ne pas pouvoir admirer tout ces gros seins attachés à des grosses dames prêtes à exploser. Très déçu.
Bref.
Le jour ou l'on peut sortir de la maternité arrive, mais comme Lucas pleure encore tout le temps et que la tétée ne se passe toujours pas bien du tout on décide de rester encore un peu.
Certaines nuits, quand les pleurs ne s'arrêtent vraiment pas, que ça dure trop, les infirmières donnent du lait en pipette à Lucas. Et ça marche du feu de dieu
« mais c'est exceptionnel si on l'habitue il ne tétera plus »
On commence à comprendre qu'il pleure parce qu'il a faim. Le lait commence à arriver en plus grande quantité chez Coralie. On dort 3 fois 2 heures en une seule nuit. On rentre à la maison.
2. Retour à la maison.
Première nuit à la maison. Lucas hurle. Il tète, il hurle, il hurle en tétant, il se tortille, il se cambre, il hurle, rien ne le calme. On a les boules, on a peur et je commence vraiment à me demander pourquoi j'ai fais un bébé.
Les seins de ma femme se mettent à la mode post partum, ça suinte, ça saigne. Elle gémit de douleur pendant les tétées elle supplie sont fils d'arrêter. Le bébé tête tant bien que mal pendant 45 minutes, ensuite on soigne les tétons, crème coquillage et après on essaye de dormir 1 à 2 heures. Souvent moins. Le reste du temps Lucas hurle. Il ne pleure pas : il hurle.
Mais ça quand on est jeune parent, on ne fais pas la différence, on ne sait pas. On est mort de trouille mais quand la sage femme passe à la maison et nous dit que tout est normal...
On la croit. Sauf que Lucas lui, soit il dormait, soit il hurlait.
3. Soigner bébé
A partir de là le vrai combat commence. Petit à petit, pendant ces quatre mois, on a cherché à faire taire bébé. On a cherché à se faire entendre. Et surtout on a cherché à le soulager. On a vite compris que s'il hurlait, c'est parce qu'il avait mal .
« Il a tout le temps faim. Non en fait, manger le soulage. Mais il n'arrive pas à téter. Les seins sont vides. Il a tout le temps faim. Ou tout le temps mal? »
On l'accroche avec l'écharpe et on marche autour de la table du salon. Une, deux, une deux, haut, bas, haut, bas. Qu'est-ce qu'on a marché! A toutes les heures du jour et de la nuit, pendant des heures, jusqu'à ce qu'il tombe de fatigue.. Terrifiés ensuite de le sortir de l'écharpe. Terrifiés du réveil du bébé..
J'ai sorti les boules quies, j'ai des acouphènes.
Nous avons sollicité tous les professionnels de santé à notre disposition, en 3 mois nous avons vu 2 sages femmes, 2 fois chacune, 1 généraliste, nous sommes allés aux urgences... et puis comme « c'est normal qu'un bébé pleure » nous sommes aussi beaucoup allés sur internet, sur les forums, sur le site de la leche league.
Et puisque que personne ne nous écoutait et surtout ne nous proposait de solutions, on est allé voir des gens moins « professionnels de santé » . Ostéo, conseillère en allaitement, je me suis même retrouvé chez un mec qui « sentait » le corps de mon bébé à travers l' « électricité de mon bras » . Le fin fond du cageot des « soignants » disponibles...
Et mon bébé qui hurle et ma femme qui déprime..
Bien sûr que j'ai pensé à partir.
Bien sûr que j'ai pensé à partir.
A force de faire le forcing et notamment grâce aux forums et au site de la Leche League, nous avons réussi à soulager Coralie en faisant couper le frein de langue de Lucas. Il a fallu trouver où le faire, et qui le fait mais on y est arrivés.
Les seins vont mieux, le bébé mange mieux.. et hurle toujours. Aux urgences, on nous parle de RGO ( Reflux Gastro Oesophagien ), on nous file des médocs et surtout, on souhaite du courage à Coralie, on lui dit de ne pas abandonner l'allaitement.
Hurler , dormir, hurler, dormir.
Rien ne bouge.
Rien ne bouge.
Les deux mois arrivent et on a enfin réussi à avoir un rendez vous chez un pédiatre.
Ce mec ! Un vieux bonhomme, fin de carrière , à l'ancienne. La sage femme nous avait prévenu, « attention il n'est pas pour l'allaitement, il est vieux jeu, vous laissez pas faire » .
Il voit notre fils, les gestes sont rapides, doux, fermes et précis, il le trouve en bonne santé, mais dit que les hurlements ne sont pas normaux. Il nous écoute, il nous entend, il nous questionne et il nous prescrit tout ce qui peut se mettre dans un nourrisson pour soulager les RGO.
Inexium , Gaviscon, et Polysilane. Doses maximales .
Et puis il nous dit : « essayez de changer de lait. »
Sauf que nous, on nous a bien expliqué, que c'est plus les années 40 et que aujourd'hui c'est pas la faute de la maman si y a pas assez de lait et que la maman elle fait pas un mauvais lait . Il ne faut surtout pas dire à madame que son lait est mauvais.
Mais le monsieur il nous dit :
« Vous savez le lait maternel c'est mieux pour le développement de l'enfant mais pas forcément pour le reste. » Sur le coup, j'ai pas bien compris .