Maintenant qu'il est sevré, je suis contente de son sevrage, il a été très lent, et sans traumatisme. Mais j'ai ressenti ce besoin de rejeter le grand, pendant la grossesse, et pendant le co-allaitement. J'ai posé des limites, j'ai mis en place un sevrage partiel pendant la grossesse, les tétés étaient douloureuses. J'avais des impatiences dans les jambes et envie de me sauver quand il tétait. Après la naissance de sa soeur, j'ai bien géré, j'ai posé des limites aussi, il tétait après sa soeur, et pas le même sein, il a très bien accepté ces règles. Quand je ne voulais pas donner le sein, je n'avais pas peur de lui dire "plus tard", je ne refusais pas, mais j'essayais de remplacer par autre chose, plus d'attention, un gouter, très souvent ça marche. Il ne restait plus que les tétés vraiment importantes, et il patientait, il attendait son tour. Je pense qu'il était rassuré que je ne refuse pas, mais juste que parfois ce n'est pas possible "tout de suite". En grandissant, j'ai intégré cette réponse " pas tout de suite", il est rassuré que je l'ai entendu mais il comprend que je ne peux pas toujours répondre immédiatement. J'ai valorisé ses progrès et combien j'appréciais qu'il patiente. Mes enfants ont très rarement tété ensemble, c'était au début du co- allaitement. Petit à petit, j'ai pu allaiter les deux enfants, partager mon temps et les tétés, mais pas en même temps.
Ce n'est pas mal de poser des limites, pour un grand, mon fils avait plus de 3 ans. Ma fille sait très bien que je ne montre pas les tete devant les gens. Mon fils a très bien compris aussi. La tété est devenue intime et privée.
Mes enfants ont 3 ans d'écart. C'est plus difficile si ils sont plus jeunes. Paul a tété énormément pendant 4 ans, ce n'est que depuis peu qu'il a espacé ses demandes, pour ne garder que les deux ou trois tétés par jour, il va à l'école, il ne pouvait plus téter toute la journée. Maintenant il est sevré, mais je l'ai guidé et encouragé sur ce chemin. C'est venu lentement, mais je n'étais pas soumise à ses demandes. J'avais ce sentiment que je ne pouvais pas me couper en 4, il fallait trouver une solution, et je ne voulais pas le priver du sein. J'ai trouvé comment rendre cette période plus supportable, dire "pas tout de suite", ce n'est pas pareil que dire "non". Avec le nourrisson, il ne pouvait pas continuer la tété continue, mais les premiers mois du co allaitement il tétait plus que sa petite soeur. La frenotomie a aidé aussi, je culpabilisais moins de limiter l'accès au sein puisqu'il était plus efficace. Il demandait quand même très souvent, comme sa petite soeur, jusque 5 ans au moins.... et il a pu prendre ses distances avec le sein finalement, peut être le déclic avec l'entrée au cp, il est "chez les grands".
J'ai aussi culpabilisé de ne pouvoir me couper en 4, mais j'ai pris conscience que je ne devais pas m'oublier dans la balance. Je donne beaucoup à mes enfants, et je devais trouver mes limites pour que ça reste supportable, et pas une corvée ou perte de temps.
J'ai eu beaucoup de difficultés à poser des limites, je donne beaucoup à mes enfants, jusque épuisement, j'ai toujours fait passer mes enfants avant moi, et j'ai pris conscience que je ne pouvais pas continuer à m'oublier comme ça. Leur imposer des limites, c'est comme leur demander de me respecter moi aussi, j'ai le droit de ne pas être disponible tout de suite. Je ne pouvais pas me laisser étouffer "pour leur bien". J'ai posé des limites, je n'étouffe plus, et ils ont très bien compris, comme je tolère que eux aussi ne peuvent pas être disponible "tout de suite", pour moi c'est pareil, on a trouvé notre équilibre.
Mais j'ai eu des période difficiles, épuisantes, et probablement suite à ces périodes j'ai pris conscience que je ne devais pas m'oublier.
Pendant la grossesse, j'ai senti aussi cette culpabilité de ne pouvoir répondre à chaque demande par le sein, mais c'était tellement insupportable.... j'ai lu le livre sur le sevrage et ça m'a beaucoup aidé. J'ai pris conscience que passé un âge, on peut répondre à l'enfant autrement que avec le sein, et que ça peut très bien se passer, je n'ai pas eu peur de mettre en place le sevrage partiel, j'ai trouvé cette alternative idéale pour moi à cette période, et lors de la naissance de la petite, certaines limites étaient déjà en place, certaines réponses autrement que avec le sein aussi, l'endormissement sans le sein commençait.
J'ai lu ce livre au bon moment, et il m'a aidé à moins culpabiliser et dédramatiser le sevrage du sein, surtout le sevrage partiel. Avant de lire ce livre, je n'avais pas pensé à essayer de répondre aux demandes autrement que avec le sein. Et pourtant ça s'est très bien passé pour beaucoup de fois, en public par exemple. Avant je donnais le sein très vite, j'avais toujours une écharpe de portage, il avait le sein même quand je faisais mes courses. Et quand j'ai senti que je ne tolérais plus cette fréquence de tété, j'ai commencé à dire "pas tout de suite, quand on sera à la voiture" , j'avais des jouets et des biscuits dans mon sac etc... et comme ça se passait très bien, j'ai été très soulagée et rassurée que je ne traumatisais pas mon fils parce que je ne voulais plus lui donner le sein aussi souvent qu'un nourrisson.