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 Sevrage en douceur à cinq ans

Lumi

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
Cette fois, je crois qu'on y est : une page se tourne en douceur pour mon premier allaitement, celui qui a démarré il y a plus de cinq ans 🥰

Parce qu'on trouve encore peu de témoignages détaillés de la manière dont cela peut se passer lorsque l'enfant n'est plus un bébé, j'avais envie de prendre le temps de retracer les grandes lignes de notre aventure lactée. Sautez directement à la fin du post si c'est plutôt la partie sevrage qui vous intéresse ;)

Avant la naissance de mon fils, j'espérais réussir à allaiter. J'avais conscience que ce n'était pas toujours aussi simple et naturel qu'on peut se l'imaginer. Mais, dans ma tête, je risquais de devoir le sevrer au plus tard à ma reprise du travail (à ses trois mois) car je ne me voyais pas du tout tirer mon lait.

Et puis mon fils est né, pas tout à fait comme je le rêvais puisque cela s'est terminé en césarienne. Les débuts n'ont pas été faciles : j'étais fatiguée, douloureuse, très diminuée... et submergée d'angoisses. Mais côté allaitement, heureusement, tout a bien démarré. Mon bébé tétait bien, j'ai eu assez rapidement la montée de lait. Par la suite sa bonne prise de poids m'a peu à peu rassurée. Je donnais cependant le sein d'une manière assez "scolaire", en notant tout : l'heure, la durée, le sein donné... même en pleine nuit ! Je n'arrivais pas à lâcher prise. Je pense que mon inscription sur ce forum a correspondu au moment où j'ai commencé à réussir à me faire un peu plus confiance, à faire un peu plus confiance à mon fils. C'est en allaitant que je me suis construite en tant que mère.

Impossible dans ces conditions d'accepter de sevrer à mon retour au travail : je me suis donc retrouvée à faire ce que je pensais inenvisageable pour moi, tirer mon lait au travail. Je ne tirais qu'une fois par jour et, au début, mon bébé a donc été allaité en mixte : chez la nounou, il avait quelques biberons de lait artificiel. Au bout de quelques mois, je me suis aperçue qu'on commençait à avoir un stock correct au congélateur et qu'il ne buvait pas des quantités folles. On a donc pu abandonner le lait artificiel en parallèle de la diversification. J'ai tiré mon lait jusqu'à son premier anniversaire. Il a pris ensuite des biberons de lait entier et assez rapidement plus rien du tout. En revanche, j'ai continué de l'allaiter à la demande : à ce stade, je n'avais plus aucun objectif, plus aucune "date limite"... J'avais accepté de vivre cette aventure au jour le jour.

Je suis de nouveau tombée enceinte peu avant les deux ans de mon fils (après un retour de couches à ses 17 mois). Pendant les premières semaines de la grossesse, il s'est mis à réclamer très très souvent, et je le laissais faire car c'était un peu la seule manière dont j'arrivais à m'occuper de lui (je pense que j'ai souffert d'hyperémèse gravidique pour mes deux grossesses). J'ai eu la chance que les tétées ne soient pas trop douloureuses, juste désagréables. J'ai instauré le rituel de compter jusqu'à 5 pour achever la tétée lorsque cela devenait trop pénible pour moi, et mon fils l'a très bien accepté. La grossesse avançant, il a petit à petit espacé ses demandes, mais il ne s'est pas sevré. Sur la fin, il ne tétait plus que le matin, à la sieste et le soir (parfois la nuit, mais il était devenu rare qu'il se réveille).

Et puis sa sœur est née. Forcément, ça a quelque peu chamboulé notre relation. De nouveau, il s'est mis à réclamer plus souvent. De mon côté, j'étais partagée entre ma peur de lui donner l'impression de le rejeter, et l'angoisse que sa toute petite sœur puisse venir à manquer de lait. J'ai donc pris le parti d'accepter chaque fois mais de ne lui accorder que "5 et 5" : je comptais jusqu'à 5 pour chaque sein, puis la tétée était terminée pour lui. Là encore, il l'a bien accepté. Et il gardait les tétées du soir, du matin et de la sieste (jusqu'à ce qu'il cesse d'en faire, un peu avant trois ans) comme moment privilégié où je ne comptais pas tout de suite.

Ses trois ans approchant, je l'ai préparé à ce qu'on revienne au rythme qu'on avait à la fin de ma grossesse : plus de tétées en journée, uniquement dans le lit le soir et le matin. L'adaptation n'a pas pris plus de quelques jours, et sans pleurs. Nous avons continué ainsi un long moment. Il était capable de se passer de tétée quand il dormait chez ses grands-parents (une nuit), mais il reprenait lorsque j'étais là. La tétée du matin, en particulier, est devenue souvent un moment de co-allaitement avec sa sœur, dont je garde un souvenir très doux.

Lorsqu'il a eu quatre ans, j'ai commencé à essayer d'initier une nouvelle évolution. Inspirée par certains témoignages ici, j'ai mis en balance un plus long moment de lecture le soir par rapport à la tétée. Bon, ça n'a pas été aussi miraculeux que pour d'autres : il tenait beaucoup aux deux ! Finalement, ça nous a quand même amenés à raccourcir de plus en plus la tétée du soir. Et puis il s'est mis à l'oublier, de plus en plus souvent. Au bout d'un moment, je lui ai fait remarquer qu'il semblait pouvoir s'en passer, et qu'on pouvait donc se mettre d'accord pour ne garder que celle du matin. Il a accepté. Désormais, je comptais jusqu'à 5 pour les deux seins. Sa sœur avait l'habitude : à 5, "on échange !" De temps en temps, nous discutions tous les deux du moment où il n'aurait plus besoin de téter du tout. Il parlait de ses cinq ans. J'en prenais note sans plus de commentaire, et sans lui mettre de pression.

Ses cinq ans sont arrivés. Il a sauté une tétée du matin... et s'est remis à me demander. J'ai accepté. "J'arrêterai quand j'aurai six ans !"
Nous avons eu aussi ce joli échange : "Tu sais, même si tu arrêtes de téter, tu auras toujours mes câlins." "Oui... mais une tétée, c'est quand même mieux. Parce qu'on a le câlin ET du lait." 🥰
J'ai pris le parti de ne plus lui proposer, de le laisser oublier. Parfois, il s'en rendait compte une fois levé, encore dans sa chambre. Si ça le chagrinait, je la lui accordais quand même : toujours 5 et 5.
Et puis les oublis se sont faits de plus en plus fréquents. Un jour, il a annoncé à sa nounou que sa sœur tétait toujours, mais que lui avait arrêté (je n'étais pas là, mais mon mari a entendu et m'a raconté). Quelques jours plus tard, il a de nouveau demandé... Et il m'a dit "On ne le dira pas à A., d'accord ?" Ce à quoi je lui ai répondu que, qu'il tète ou non, ça ne regardait pas A., ça ne regardait que nous.
Et on a continué ainsi quelque temps : beaucoup d'oublis, quelques demandes. Aujourd'hui je ne sais même plus depuis combien de temps il n'a pas tété. Je ne me rappelle probablement pas la dernière fois (mais j'en ai mémorisé beaucoup).
J'ai attendu avant d'écrire ce post parce que je me disais "Je suis sûre qu'il suffira que j'en parle pour qu'il redemande" (#team troll). Mais aujourd'hui je suis sereine, je sais qu'il est sur son chemin, et que même s'il devait effectivement me redemander demain ça ne voudrait pas dire qu'on recule. Il avance. On avance tous les deux, comme depuis le début.

Voilà pour mon témoignage, celui d'un sevrage sur un temps très long, avec de petites négociations entre mère et enfant, de petits ajustements, de petites impulsions pour passer au chapitre suivant. Je suis tellement heureuse de la manière dont nous l'avons vécu, sans pleurs, sans heurts. Ce n'est bien sûr pas la seule bonne façon, mais c'était la bonne pour nous : je me suis écoutée, je l'ai écouté, et je suis fière de nous deux 🥰
Je ne peux pas non plus conclure ce long post sans évoquer le soutien indéfectible de mon mari, qui du premier jusqu'au dernier jour s'est fié à moi. Jamais il n'a émis la moindre réserve, le moindre rejet, et cela m'a beaucoup aidée à vivre cette aventure jusqu'au bout ❤️
Et je remercie aussi bien sûr la communauté des mamans de ce forum, avec qui échanger m'est toujours très précieux 🥰

J'espère que ce post pourra aider quelques mamans. Si vous avez des questions, en tout cas, n'hésitez pas !
 

Tatian@

Modératrice
Membre de l'équipe
Animatrice LLL
Je te laisse juge ;)
Je te laisse l'envoyer à la rédaction de AA par mail. Tu peux signer avec ton pseudo ou avec ton prénom.
 

Poupinetteplume

Lactarium
Adhérent(e) LLLF
Très beau témoignage @Lumi
Je rebondi sur ton message @Tatian@ , qu'est ce qui est attendu dans "allaitement non écourté" ? Car le notre s'est terminé vers 28mois ce qui n'est pas forcément extraordinaire, mais sans sevrage du tout ou en tout cas totalement inconscient 😅, on n'a jamais pris la décision de limiter les tétés ou d'en supprimer certaines, ça a diminué puis finalement cessé tout seul.

Edit : J'avais d'ailleurs fait un petit post ici j'avais complètement oublié 😂
 

Lumi

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
En me relisant je m'aperçois que j'ai oublié un facteur qui nous a menés, je pense, vers ce sevrage : la perte de ses deux dents du bas. Quand elles bougeaient, j'ai remarqué que les tétées m'étaient plus désagréables, et je le lui ai dit (en lui disant aussi que je pensais que c'était à cause de ses dents). Je crois qu'il en a pris compte et que ça a été un déclic pour lui pour sauter quelques tétées, et ça a suffi pour que l'habitude n'en soit plus tout à fait une. C'est d'ailleurs assez symbolique : il est en train de perdre ses dents de lait...
 

Tatian@

Modératrice
Membre de l'équipe
Animatrice LLL
Très beau témoignage @Lumi
Je rebondi sur ton message @Tatian@ , qu'est ce qui est attendu dans "allaitement non écourté" ? Car le notre s'est terminé vers 28mois ce qui n'est pas forcément extraordinaire, mais sans sevrage du tout ou en tout cas totalement inconscient 😅, on n'a jamais pris la décision de limiter les tétés ou d'en supprimer certaines, ça a diminué puis finalement cessé tout seul.

Edit : J'avais d'ailleurs fait un petit post ici j'avais complètement oublié 😂
Non écourté c'est ce que tu décris : ne pas chercher à sevrer.
Un de nos concepts à LLL dit :
"Idéalement, la relation d’allaitement se poursuivra jusqu'à ce que l’enfant n'en ait plus besoin."
c'est ça l'idée ;)
L'équipe de la rédaction de AA prend tous les témoignages, et même si ils ne sont pas publiés tout de suite, ils peuvent l'être dans le courrier des lectrices ;)
 

Cactus2002

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
Si jamais moi j'ai un allaitement non écourté mais toujours par fini (5 ans et demi). Mais vous cherchez des témoignages de servages ?
 

Tatian@

Modératrice
Membre de l'équipe
Animatrice LLL
Le numéro suivant parlera du sevrage ;)
"comment les mères vivent la fin de l'allaitement" date limite le 1er août
 

Lumi

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
Ce matin l'hippocampe m'a vue seins nus alors que je m'habillais. Il s'est rué sur moi en riant : "Tétée, tétée !" puis comme je riais aussi en disant "Ben qu'est-ce qu'il te prend ?" il a fait demi-tour.
Il m'a ensuite dit depuis sa chambre "Ça fait longtemps que je n'ai pas tété."
J'ai répondu "Oui, c'est vrai. Et qu'est-ce que tu en penses ?"
Il a commencé une phrase sans achever. Il m'a dit qu'il m'aimait.
Je suis allée le voir pour l'encourager à parler, et il a fini par dire qu'il aimerait bien téter. Je n'ai pas fait de commentaire, je lui ai accordé 5 et 5.
Il a tété, avait un grand sourire, et m'a redit qu'il m'aimait.
Fin de l'épisode (mais à l'avenir je ferai un peu plus attention à fermer ma porte pour m'habiller ;)).
 
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