Sertraline (Zoloft®)
Elle est métabolisée en desméthylsertraline, dont
l’activité est d’environ 10 % de celle de la sertraline. Son
excrétion lactée a été suivie chez 9 mères et leurs enfants
âgés de 4 à 22 semaines. La mère prenait au maximum
200 mg/jour de sertraline (Wisner). Le taux sérique de sertraline
était < 2 μg/l chez 7 enfants, et < 3 μg/l chez 1 enfant.
Le dernier enfant avait un taux sérique de sertraline de
64 μg/l ; les auteurs estimaient qu’en raison de la différence
avec les autres enfants et au vu du taux lacté de la mère, une
contamination de l’échantillon de sang ne pouvait pas être
éliminée. Aucun enfant n’a présenté d’effet secondaire. Dans
une analyse, 15 mères qui prenaient 25 à 200 mg/jour de
sertraline avaient un taux lacté d’en moyenne 45 μg/l
(Weissman). Les auteurs estimaient qu’un enfant exclusivement
allaité recevrait en moyenne 1 % de la dose maternelle
ajustée pour le poids. Le taux sérique infantile représentait
en moyenne 2 % du taux maternel, sauf chez 3 enfants pour
qui il représentait > 10 % de ce taux.
Une autre étude portait sur 15 femmes (25 à 200 mg/jour
de sertraline) qui ont donné au total 182 échantillons de lait
sur une période de 24 heures (lait de début et de fin de tétée)
; au total 22 échantillons de sang ont aussi été collectés
chez 11 mères et leur enfant (Stowe). Le taux lacté de sertraline
était d’en moyenne 129 μg/l, celui de la desméthylsertraline
étant de 258 μg/l ; ces taux étaient plus élevés dans
le lait de fin de tétée. Le pic lacté survenait 8 à 9 heures
après la prise dans le lait de fin de tétée. Le rapport
lait/plasma allait de 0,42 à 4,81. Les enfants avaient 4 à 28
semaines, et 20 étaient exclusivement allaités. Les auteurs
estimaient qu’un nourrisson exclusivement allaité recevait en
moyenne 0,54 % de la dose maternelle ajustée pour le poids.
La sertraline était détectable chez 4 enfants (2 à 10 μg/l), et
la desméthylsertraline l’était chez 11 enfants (22 μg/l en
moyenne). Les auteurs ont calculé que la quantité de sertraline
absorbée par l’enfant allait de « indétectable » à
0,124 mg/jour. Les taux lactés étaient plus élevés chez les
mères des enfants chez qui la sertraline était détectable.
Aucun effet secondaire n’a été rapporté chez les enfants.
Dans une étude sur 6 mères, qui prenaient 50 à
100 mg/jour de sertraline et qui allaitaient un enfant de 5 à
34 semaines, les auteurs estimaient qu’un bébé exclusivement
allaité recevait 0,9 % de la dose maternelle ajustée pour
le poids (Berle). La sertraline et la desméthylsertraline
étaient indétectables chez les enfants, et aucun n’a présenté
d’effet secondaire. Chez 4 mères allaitant un bébé de 2 mois,
et qui en prenaient en moyenne 87,5 mg/jour, le taux lacté
était d’en moyenne 26,4 μg/l pour la sertraline, et 29 μg/l
pour la desméthylsertraline. Ces 2 molécules étaient indétectables
chez les enfants, et aucun n’a présenté d’effet secondaire.
(Oberlander). Les auteurs estimaient qu’un nourrisson
exclusivement allaité recevait environ 0,04 mg/kg/jour de
sertraline. Celle-ci et son métabolite actif étaient indétectables
chez les enfants.
Une mère prenait 150 mg/jour de sertraline au moment
de son accouchement, à 33 semaines de grossesse. Le bébé,
exclusivement allaité, a présenté divers troubles suggérant
un syndrome de sevrage : hyperthermie, irritabilité, tremblements,
myoclonies (Muller). Son taux sérique de sertraline
et de desméthylsertraline était de respectivement
13,2 μg/l et 52,1 μg/l. Entre la naissance et J5, on a estimé
que l’enfant avait absorbé 785 ml de lait maternel. Suite à la
dégradation de l’état clinique de l’enfant, l’allaitement a été
stoppé. Le taux lacté de sertraline était en moyenne de
201,3 μg/l (174 à 224 μg/l), et celui de desméthylsertraline
était de 357,8 μg/l (202 à 552 μg/l). On pouvait estimer que
l’enfant avait reçu en moyenne 47 μg de sertraline et 84 μg
de desméthylsertraline par jour. On a constaté chez le bébé
des anomalies au niveau des cytochromes CYP2C19 et
CYP2D6, qui pouvaient expliquer une augmentation de la
demi-vie de la sertraline et de la desméthylsertraline. 11
jours après l’arrêt de l’allaitement, les taux sériques de sertraline
et de desméthylsertraline étaient encore de 4,9 et
8,6 μg/l chez cet enfant.
Dans une étude (Hendrick), la sertraline était détectée
dans 24 % des échantillons de sang des 30 enfants (19 étant
exclusivement allaités) âgés de 3 à 60 semaines suivis, essentiellement
lorsque la mère prenait quotidiennement
100 mg et plus de sertraline. Le taux sérique chez ces enfants
était en moyenne de 7,9 μg/l. Une étude (Kristensen) a suivi
8 femmes prenant environ 1 mg/kg/jour de sertraline et leurs
enfants âgés de 5,7 mois en moyenne. L’enfant recevait
approximativement 0,9 % et 1,32 % de la dose maternelle de
sertraline et de N-desméthylsertraline, le rapport lait/plasma
étant respectivement d’en moyenne 1,93 et 1,64. Ces 2 molécules
étaient indétectables dans le sang des 4 enfants testés,
et aucun effet secondaire n’a été signalé. La sertraline et la
desméthylsertraline étaient indétectables à 4 semaines postpartum
chez 7 enfants dont la mère prenait 50 mg/jour de
sertraline (Sunder). C’était également le cas chez les enfants
de 3 mères qui en prenaient 50 à 100 mg/jour (Mammen).
Chez 13 mères traitées par sertraline depuis au moins 14
jours, la sertraline était indétectable chez leurs enfants âgés
de 5,9 semaines en moyenne, et le taux de desméthylsertraline
allait de < 2 à 6 μg/l (Lanza di Scalea).
Une étude (Epperson) a déterminé le degré de blocage du
transport de la sérotonine chez 14 enfants allaités par une
mère prenant de la sertraline depuis 6 à 16 semaines (25 à
200 mg/jour). Si le taux plaquettaire maternel de sérotonine
était abaissé de 70 à 96 % chez ces mères, il n’était pas ou
quasiment pas modifié chez les enfants, et les produits actifs
étaient indétectables chez eux. Un enfant a présenté à 4 mois
des myoclonies bénignes pendant son sommeil (Mammen),
et un autre a présenté une agitation qui a disparu spontanément
(Rohan). Aucun effet secondaire n’a été constaté chez
2 enfants allaités par une mère traitée par sertraline (Lee).
Cette molécule est considérée comme un bon choix chez la
mère allaitante.