Bonjour à toutes!
Je sais pas si je suis dans la bonne section, si ça n'est pas le cas, je m'en excuse, et j'espère que vous pourrez bouger ce message.
Aujourd'hui, j'ai besoin de vider mon sac.
J'ai accouché d'un petit garçon le 25 février 2011, après 30h de travail.
Dès que j'avais appris pour ma grossesse, je savais que j'allais allaiter. J'avais acheté des guides sur la grossesse, lu tout ce qui me tombait sous la main, lu des livres sur l'allaitement au sein, évidemment. Mon objectif était simple: je veux allaiter. Mais à chaque jour suffit sa peine, et pour la durée, on verra. (Mais secrètement, je rêve de le faire le plus longtemps possible, en me fixant comme deadline la reprise de mon boulot le 12 septembre, ou la percée de sa première dent)
Quand mon fils est arrivé, je n'ai pas pu le mettre au sein immédiatement, étant né le cordon autour du cou (oui, j'ai accouché d'un Schtroumpf), sa température était trop basse, il a donc été mis en couveuse deux heures, au terme desquelles j'ai pu le mettre au sein.
Les premiers jours, j'étais un peu perdue, je pensais que l'allaitement au sein était quelque chose de très facile, de naturel, et je suis tombée de haut. Les contractions étaient douloureuses, mais je tenais bon. J'avais mal aux seins, mais je tenais bon, en me disant qu'une fois la montée de lait arrivée, tout irait mieux.
La montée de lait est arrivée, nous sommes sortis de la maternité, et pourtant, il continuait à perdre du poids. La SF qui venait à la maison m'a appris que j'avais trop de lait, qu'il fallait que j'en fasse un peu sortir avant de mettre mon fils au sein, parce que sinon il n'arrivait pas à prendre mon téton, qui était trop gonflé. Et qu'il fallait aussi que j'y aille mollo sur le lansinoh, parce que mon sein était une vraie patinoire
Les semaines ont passé, mon fils a pris du poids. A un mois, il a eu une bronchiolite. 8 jours d'hospitalisation en unité mère-enfant, pour que je puisse continuer à l'allaiter, même quand il était sous oxygène. A aucun moment il n'a été question d'arrêter mon allaitement, j'étais même (et je le suis encore) persuadée que s'il a si bien traversé cette épreuve, c'est parce qu'il était au sein. J'ai donné le sein, tire-allaité, tout fait pour qu'il continue à recevoir ce don de moi.
Et puis, plus tard, ça a commencé. Les "tu vas l'allaiter combien de temps?", les "non mais s'il a des coliques, c'est parce que tu l'allaites, passe le au biberon ça ira mieux, c'est sûr".
L'entourage qui, pensant bien faire, donne des conseils.
Un jour, j'en ai eu marre. Marre d'avoir l'impression de passer mon "permis maman". Même mon mari s'y était mis, me disant que peut-être il fallait que je songe à le passer au biberon, pour me reposer, prendre du temps pour moi.
Moi, j'étais au bout du rouleau. Persuadée de ne pas savoir m'occuper de mon fils, en train de me perdre au milieu de ce chamboulement de vie qu'est la naissance d'un bébé. Quand je me regardais dans un miroir, je ne me reconnaissais plus. Où était passé la jeune mariée, qui ne sortait pas sans maquillage ni coiffure, celle qui, enceinte, était encore plus coquette? Qui était cette nana en jogging, les cheveux gras, la mine triste, avec des cernes? Où étais-je passée?
Alors, j'ai acheté une boîte de lait, et j'ai commencé à sevrer mon fils. Il avait 3 mois. J'ai tenu quelques semaines à faire du mixte, conservant la tétée du matin et celle du soir.
Un matin, j'ai pris mon téléphone, et j'ai pris en photo mon fils au sein. Parce que je savais que c'était une des dernières fois que je verrai ça. Elle date du 24 juin.
Pourquoi j'ai lâché l'affaire? Pour qu'on me laisse tranquille, parce que j'étais faible, parce que je manque de confiance en moi, parce que ça me paraissait plus facile de faire comme ça.
Mais non. Ca n'est pas plus facile de nourrir son bébé au biberon: laver les biberons, compter les mesures (même en pleine nuit) sans se tromper, chauffer le biberon (merci béaba qui te vend pour 75€ une machine qui chauffe en 30 sec à 37° pile, vive le capitalisme), vider le biberon quand il est pas fini (parce que faut jeter le lait, hein, après c'est plein de vilaines bactéries qui vont bouffer ton bébé de l'intérieur, c'est pas comme si déjà tu lui filais de l'huile de palme), et recommencer toutes les 3 heures.
L'autre jour, mon fils avait faim. J'ai préparé son biberon (pendant qu'il pleurait, évidemment, facile de compter des mesurettes avec les pleurs de ton bébé), l'ai pris dans mes bras, l'ai posé comme d'habitude sur des coussins pour le soutenir, et là... Il a tourné la tête vers mon sein et ouvert la bouche.
Un peu plus tard, j'ai constaté que j'avais encore un peu de lait.
Quelques jours après ça, une amie à la maison. Une maternante, qui a allaité au sein son fils pendant 2 ans, qui le porte encore en écharpe. Elle me fait remarquer que mon fils tète au biberon comme au sein (donc mon sein ressemble à une tétine Avent n°2)
Du coup, je me mets à rêver d'une relactation, et commence à me renseigner.
Mais devant l'ampleur de la tâche qui m'attend, je renonce. Pas la force de me lancer un défi pareil, en plus sans aucune garantie que ça marche.
Tout ça pour dire une chose à celles qui viennent ici pour prendre des renseignements, et faire le plein de courage: écoutez-vous!
Il n'y a qu'une seule personne qui sait ce qui est le mieux pour votre bébé, et c'est vous!
A 1 mois et demi, mon fils faisait ses nuits. Et il a continué... Jusqu'à ce qu'il soit totalement au biberon. Maintenant, il se réveille au mieux une fois par nuit. Cette nuit ça a été minuit, 3h30, 7h. Je suis encore plus fatiguée que quand je donnais le sein.
Et puis je suis encore plus isolée qu'avant. Quand je donnais le sein, je venais ici, je lisais les messages, me sentais un peu moins seule.
Aujourd'hui, la seule conversation que j'ai c'est avec mon mari quand il rentre du travail, ou avec la boulangère quand je vais chercher mon pain.
Je ne cherche pas la compassion, loin de là. Je me suis mise dans cette situation toute seule. J'ai cru que j'étais forte, mais je ne l'étais pas.
Je voudrais juste que mon expérience serve à d'autres. Faites comme vous le sentez, comme vous le voulez. Mais assumez vos choix.
Aujourd'hui, je donne le biberon en pleurant, parce que j'ai l'impression d'avoir raté mon entrée dans la vie de maman.
Je sais pas si tout ce message a un sens, ou s'il est totalement fouillis. Mais il est sorti comme ça, et merci à celles qui le liront en entier.
Je sais pas si je suis dans la bonne section, si ça n'est pas le cas, je m'en excuse, et j'espère que vous pourrez bouger ce message.
Aujourd'hui, j'ai besoin de vider mon sac.
J'ai accouché d'un petit garçon le 25 février 2011, après 30h de travail.
Dès que j'avais appris pour ma grossesse, je savais que j'allais allaiter. J'avais acheté des guides sur la grossesse, lu tout ce qui me tombait sous la main, lu des livres sur l'allaitement au sein, évidemment. Mon objectif était simple: je veux allaiter. Mais à chaque jour suffit sa peine, et pour la durée, on verra. (Mais secrètement, je rêve de le faire le plus longtemps possible, en me fixant comme deadline la reprise de mon boulot le 12 septembre, ou la percée de sa première dent)
Quand mon fils est arrivé, je n'ai pas pu le mettre au sein immédiatement, étant né le cordon autour du cou (oui, j'ai accouché d'un Schtroumpf), sa température était trop basse, il a donc été mis en couveuse deux heures, au terme desquelles j'ai pu le mettre au sein.
Les premiers jours, j'étais un peu perdue, je pensais que l'allaitement au sein était quelque chose de très facile, de naturel, et je suis tombée de haut. Les contractions étaient douloureuses, mais je tenais bon. J'avais mal aux seins, mais je tenais bon, en me disant qu'une fois la montée de lait arrivée, tout irait mieux.
La montée de lait est arrivée, nous sommes sortis de la maternité, et pourtant, il continuait à perdre du poids. La SF qui venait à la maison m'a appris que j'avais trop de lait, qu'il fallait que j'en fasse un peu sortir avant de mettre mon fils au sein, parce que sinon il n'arrivait pas à prendre mon téton, qui était trop gonflé. Et qu'il fallait aussi que j'y aille mollo sur le lansinoh, parce que mon sein était une vraie patinoire
Les semaines ont passé, mon fils a pris du poids. A un mois, il a eu une bronchiolite. 8 jours d'hospitalisation en unité mère-enfant, pour que je puisse continuer à l'allaiter, même quand il était sous oxygène. A aucun moment il n'a été question d'arrêter mon allaitement, j'étais même (et je le suis encore) persuadée que s'il a si bien traversé cette épreuve, c'est parce qu'il était au sein. J'ai donné le sein, tire-allaité, tout fait pour qu'il continue à recevoir ce don de moi.
Et puis, plus tard, ça a commencé. Les "tu vas l'allaiter combien de temps?", les "non mais s'il a des coliques, c'est parce que tu l'allaites, passe le au biberon ça ira mieux, c'est sûr".
L'entourage qui, pensant bien faire, donne des conseils.
Un jour, j'en ai eu marre. Marre d'avoir l'impression de passer mon "permis maman". Même mon mari s'y était mis, me disant que peut-être il fallait que je songe à le passer au biberon, pour me reposer, prendre du temps pour moi.
Moi, j'étais au bout du rouleau. Persuadée de ne pas savoir m'occuper de mon fils, en train de me perdre au milieu de ce chamboulement de vie qu'est la naissance d'un bébé. Quand je me regardais dans un miroir, je ne me reconnaissais plus. Où était passé la jeune mariée, qui ne sortait pas sans maquillage ni coiffure, celle qui, enceinte, était encore plus coquette? Qui était cette nana en jogging, les cheveux gras, la mine triste, avec des cernes? Où étais-je passée?
Alors, j'ai acheté une boîte de lait, et j'ai commencé à sevrer mon fils. Il avait 3 mois. J'ai tenu quelques semaines à faire du mixte, conservant la tétée du matin et celle du soir.
Un matin, j'ai pris mon téléphone, et j'ai pris en photo mon fils au sein. Parce que je savais que c'était une des dernières fois que je verrai ça. Elle date du 24 juin.
Pourquoi j'ai lâché l'affaire? Pour qu'on me laisse tranquille, parce que j'étais faible, parce que je manque de confiance en moi, parce que ça me paraissait plus facile de faire comme ça.
Mais non. Ca n'est pas plus facile de nourrir son bébé au biberon: laver les biberons, compter les mesures (même en pleine nuit) sans se tromper, chauffer le biberon (merci béaba qui te vend pour 75€ une machine qui chauffe en 30 sec à 37° pile, vive le capitalisme), vider le biberon quand il est pas fini (parce que faut jeter le lait, hein, après c'est plein de vilaines bactéries qui vont bouffer ton bébé de l'intérieur, c'est pas comme si déjà tu lui filais de l'huile de palme), et recommencer toutes les 3 heures.
L'autre jour, mon fils avait faim. J'ai préparé son biberon (pendant qu'il pleurait, évidemment, facile de compter des mesurettes avec les pleurs de ton bébé), l'ai pris dans mes bras, l'ai posé comme d'habitude sur des coussins pour le soutenir, et là... Il a tourné la tête vers mon sein et ouvert la bouche.
Un peu plus tard, j'ai constaté que j'avais encore un peu de lait.
Quelques jours après ça, une amie à la maison. Une maternante, qui a allaité au sein son fils pendant 2 ans, qui le porte encore en écharpe. Elle me fait remarquer que mon fils tète au biberon comme au sein (donc mon sein ressemble à une tétine Avent n°2)
Du coup, je me mets à rêver d'une relactation, et commence à me renseigner.
Mais devant l'ampleur de la tâche qui m'attend, je renonce. Pas la force de me lancer un défi pareil, en plus sans aucune garantie que ça marche.
Tout ça pour dire une chose à celles qui viennent ici pour prendre des renseignements, et faire le plein de courage: écoutez-vous!
Il n'y a qu'une seule personne qui sait ce qui est le mieux pour votre bébé, et c'est vous!
A 1 mois et demi, mon fils faisait ses nuits. Et il a continué... Jusqu'à ce qu'il soit totalement au biberon. Maintenant, il se réveille au mieux une fois par nuit. Cette nuit ça a été minuit, 3h30, 7h. Je suis encore plus fatiguée que quand je donnais le sein.
Et puis je suis encore plus isolée qu'avant. Quand je donnais le sein, je venais ici, je lisais les messages, me sentais un peu moins seule.
Aujourd'hui, la seule conversation que j'ai c'est avec mon mari quand il rentre du travail, ou avec la boulangère quand je vais chercher mon pain.
Je ne cherche pas la compassion, loin de là. Je me suis mise dans cette situation toute seule. J'ai cru que j'étais forte, mais je ne l'étais pas.
Je voudrais juste que mon expérience serve à d'autres. Faites comme vous le sentez, comme vous le voulez. Mais assumez vos choix.
Aujourd'hui, je donne le biberon en pleurant, parce que j'ai l'impression d'avoir raté mon entrée dans la vie de maman.
Je sais pas si tout ce message a un sens, ou s'il est totalement fouillis. Mais il est sorti comme ça, et merci à celles qui le liront en entier.