In boobs we trust
Colostrum
Voilà, je me décide enfin à poster sur le forum après des mois à le parcourir.
J'ai accouché d'une petite fille en février dernier, par césarienne programmée pour un siège décomplété, une cholestase gravidique, un placenta preavia, et petit poids de naissance, la totale. J'était un peu sous le choc après tout ça.
Malgré tout je voulais vraiment allaiter, ça me tenais d'autant plus à coeur que j'ai mis 5 ans à tomber enceinte, après 5 inséminations, 1 FIV suivie d'une fausse couche à 8 SA... Après ce parcours tant médicalisé (inévitable car je suis en couple avec une femme), j'avais besoin de créer ce lien naturel avec mon bébé.
J'avais toujours eu en tête que ca serait difficile au démarrage car j'ai des petits mamelons peu érectiles, et ma mère n'a pas réussi à nous allaiter mes deux frères et moi (pour cause d'un sein bouché). Alors je me suis bien renseignée avant. Je pensais être bien préparée, j’avais prévu des compléments alimentaires, noté tous les numéros utiles et lu le manuel très illustré de l’allaitement mais je n’étais pas préparée à la difficulté principale : garder confiance en soi dans une période de grande vulnérabilité.
J'ai réussi à démarrer mon allaitement grâce au soutien de ma femme et d'une conseillère en lactation à la maternité en or qui avait compris à quel point ça comptait pour moi, même si je doutais beaucoup de moi. D'abord au DAL au sein avec les bouts de seins puis dans le DAL et beaucoup de peau à peau.
A un mois je n'arrivais que rarement à les retirer seule, sauf avec la conseillère.
Je doutais beaucoup de moi, j'étais obsédée par ses couches, sa succion, par ma lactation qui fluctuait au gré de ma fatigue, mes humeurs et de ses besoins qui augmentaient. Elle n'a repris son poids de naissance (2.460kg) qu'à ses deux semaines et j'étais inquiète de ne pas la nourrir suffisamment. Pourtant elle n'a jamais cassé sa courbe mais elle ne prenait qu'entre 15 et 20g par jour au début.
La conseillère m'a suggérée de pratiquer la double alternance dès qu'elle ralentissait sa succion pour stimuler mes seins et la compression pour aider ma fille à prendre plus de lait. Je le faisais à chaque tétée et ça aidait un peu.
Puis elle m'a indiqué de tirer mon lait entre chaque tétées pour lui donner des compléments et/ou un biberon le soir pour me reposer. Mais ma fille ne dormais que sur moi et j'avais du mal à tirer assez de lait pour lui donner 8 fois par jour.
Petit à petit mes doutes ont pris le dessus, favorisés par un manque de soutien de l'entourage dans mon projet (sauf mon père qui est pro allaitement et que m' a donné un des seuls conseils que j'aurai du suivre : un bébé sait quand il a faim, fais-toi confiance).
J'ai eu droit à des conseils contradictoires de professionnels : d'espacer les tétées le soir (par le kiné à cause de ses reflux = baisse de lactation), au contraire de la laisser téter à volonté de soir (la conseillère en lactation), de limiter les tétées à 10 minutes par seins (la pédiatre qui m'expliquait qu'en 10 minutes elle avait pris tout le lait nécessaire et qu'après c'était juste une tétée câlin et que de toute façon elle ne refuserait jamais le sein si je lui donnais tout le temps).
J'ai eu droit à des remarques de l'entourage : "tu devrais passer au biberon tu es trop fatiguée", "les bouts de sein c'est pas pareil elle doit sentir que ça n'est pas ton sein", "moi j'avais du lait qui giclait partout", "machine a arrêté à 3 semaines car elle avait aussi un petit bébé et il s'épuisait il avait trop faim", "dis donc tu ne tires pas beaucoup de lait", "dès que l'on est passé au biberon notre bébé a fait ses nuits", "moi j'avais un petit bébé et dès la maternité on m'a conseillé le tire allaitement car elle se serait épuisée à téter", "on voit bien qu'elle a encore faim" et j'en passe... C'est fou comme tout le monde se permet de donner son avis sur l'allaitement même sans qu'on le demande, surtout si on montre le moindre doute. Je n'étais pas assez forte à ce moment là pour rester imperméable à ces remarques et me faire confiance.
A 6 semaines et demi, elle tétais 10 à 12 fois par 24h pendant environ 1h-1h15 et la nuit elle passait son temps au sein car elle s'endormait dessus. J'avais peur de l'étouffer tellement elle était petite car je m'endormais avec elle et parfois elle glissait un peu dans le coussin d'allaitement. Elle commençait à s'énerver au début de la tétée et j'étais si mal à l'aise quand il avait du monde autour et qu'elle pleurait au sein (ça devait bloquer mon réflexe d'éjection j'imagine). Je ne comprends pas cette intrusion des gens qui entraient dans sa chambre alors que je lui donnais le sein. Je m'isolais pour être au calme justement.
Un soir, elle est restée toute la soirée au sein et a eu d'énormes reflux ensuite. C'était le pic des 6 semaines surement. Ma femme m'a dit "plus jamais tu fais ça de la laisser au sein toute la soirée".
J'ai tellement culpabilisé que le lendemain j'ai pris la décision radicale de passer au tire allaitement comme une amie m'avait conseillé, persuadée d'épuiser ma fille avec ces tétées à rallonge et d'être la cause de ses reflux.
Sauf qu'au lieu de faire ça progressivement, je suis passée presque du jour au lendemain au biberon (avec mon lait) et quelques tétées plaisir de temps à autre. Elle a accepté tout de suite le biberon car elle avait déjà des compléments de temps en temps mais les coliques ont commencé. Avec du recul je pense juste qu'elle était frustrée de ne pas pouvoir prendre le sein qui cette fois était plein de lait (car bien stimulé avec le tire lait). Finalement je n'ai tenu que quelques jours car je n'avais pas suffisamment de relais pour tirer mon lait, et je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas remise tout simplement au sein ça aurait été bien plus simple. Je crois que je n'assumais pas ce retour en arrière après avoir dit à tout mon entourage que je tire-allaitais, alors que j'en mourrais d'envie. Je n'ai pas eu le courage d'affronter de nouvelles réflexions. Je ne me suis encore pas écoutée.
Le jour de ma visite post natale ou j'y suis allée seule, quand je suis rentrée elle avait faim et je n'avais plus assez de lait tiré (enfin si, un sachet au congel, mais on ne voulais pas la faire attendre). Et on lui a donné un premier complément de LA (car j'avais acheté une boite au cas ou sur les conseils de ma pédiatre pour donner des compléments). Au final elle l'a vomit.
Pourquoi ne pas l'avoir mise tout simplement aux seins qui étaient engorgés? Je ne sais pas...Je n'étais plus moi même à ce moment là, incapable de prendre une décision raisonnée.
A ce moment là ma femme commençait à ne plus trop me soutenir dans mon projet, car elle n'en pouvait plus de me voir changer tout le temps d'avis, ne pas écouter les conseils, de tirer mon lait sans arrêt et d'être focalisée sur cet allaitement et ne plus parler que de ça. Elle m'a dit qu'on pouvait faire du mixte si je voulais.
Avec du recul je la comprends. Au départ elle m'a beaucoup soutenu mais elle avait besoin aussi de trouver sa place et de passer plus de temps avec notre fille. Déjà avant la naissance elle avait cette peur que l'allaitement la prive de moments avec elle et on avait dit que je tirerai mon lait pour qu'elle puisse lui donner des biberons, donc j'aurai dû lâcher du leste, ou pourquoi pas faire du mixte, pour me reposer. On a cruellement manqué de communication à ce moment là.
De fil en aiguille ma lactation a diminué, je n'avais plus le temps de tirer régulièrement en m'occupant de mon bébé presque seule nuits et jours et elle ne dormait presque pas la journée, sauf sur moi. Je faisais engorgement sur engorgement, c'était trop douloureux. J'avais peur de la traumatiser en la remettant au sein et de toute façon ma femme ne voulait plus, sauf des tétées câlin éventuellement mais j'en pleurais.
J'ai petit à petit remplacé le lait maternel par du lait en poudre (sur 10 jours environ) pour qu'elle s'habitue. J'ai essayé une relactation quelques jour après mais j'étais à bout, épuisée et je voyais que je passais à côté des moments avec elle pour tirer mon lait. Vu que ça ne serait plus de l'exclusif une part de moi me disait que ça n'en valait pas la peine.
Deux semaines après le sevrage j'ai plongé à pieds joints dans la dépression du post partum, jusqu'à ne plus pouvoir dormir alors qu'elle dormait, ne plus pouvoir manger et n'avoir envie de rien. je pleurais toute la journée. J'ai alors entamé un suivi et ça a duré environ environ 2 mois et demi. Ma mère est même venue 3 semaines à la maison pour me relayer et me soutenir.
Je ne parlais que de mes regrets de cet allaitement raté en boucle, je culpabilisais et je me plaignais aussi des mes seins tout raplapla (les engorgements et l'arrêt brutal n'ont pas du aider, je n'ai plus que deux petits sacs vides et moches). En fait ça me frustre d'avoir des seins dans cet état alors que je n'ai pas pu mener à bien mon projet : je voulais allaiter 6 mois en exclusif (et en réalité bien plus dans ma tête, je pense que je voulais un allaitement long).
Je resasse beaucoup depuis cette période. Je sais que je suis responsable, après tout personne ne m'a arraché mon bébé des bras, j'ai décidé ça tout seule, mais à ce moment là je ne voyais aucun autre issue pour avoir plus de soutien et faire taire l'entourage et mes doutes.
Pourquoi dit-on aux mamans d'arrêter d'allaiter pour se reposer? On devrait plutôt leur permettre de se reposer pour qu'elle puissent continuer à faire ce qui est naturel si elles le souhaitent non?
J'ai décidé (trop rapidement) d'arrêter l'allaitement au sein pour lui donner mon lait au biberon, car je pensais être égoïste en la laissant "s'épuiser à téter" avec les bouts de seins, mais même ça je n'ai pas réussi car je me suis précipitée. En ayant remplacé qu'une ou deux tétées par jour par un tirage et un biberon ça aurait peut être suffit à faire du stock et à relancer ma lactation (et à laisser de la place à ma femme). Je voyais bien qu'elle tétais bien quand j'avais beaucoup de lait.
Je m'en veux profondément d'avoir arrêté si vite après les tous les efforts fournis pour que ça marche alors même que ça n'était pas gagné (petit bébé, petits mamelons, césarienne...).
La seule personne que j'aurai du écouter c'était la conseillère en lactation, elle m'aurait dissuader j'en suis sûre et m'aurait aidé à trouver des solutions.
Pas un jour ne s'est passé sans que je pense à le relactation sans oser le dire à personne. Mais de toute façon en pleine dépression (entre ses 2 mois et demi et ses 4 mois et demi) je n’aurai pas eu assez d’énergie pour ça, je donnais tout ce qu’il me restait pour m’occuper d’elle, je n’ai jamais lâché ça! Et après j'ai repris le travail...
Je sais que personne me soutiendra car mon entourage est persuadé que je n'aimais pas allaiter et que c'est ça qui m'a fait déprimer et que maintenant je suis passée à autre chose.
Alors que c'est tout le contraire, c'est le fait d'avoir arrêté, si brutalement en plus, qui m'a fait plonger si bas j'en suis sure. J'adorais ces moments de fusion avec mon bébé même si oui, parfois, les tétées longues c'était dur, surtout la nuit quand j'étais seule, mais j'avais juste besoin que l'on me relaie, qu'on me laisse dormir entre les tétées, pas que l'on me suggère d'arrêter.
Le pire c'est que je n'ai pas eu le relai que j'attendais quand j'ai arrêté, notamment la nuit les deux premiers mois. Finalement je devais en plus de me lever laver les biberons et les préparer... Et elle avait encore plus de reflux. Laver les bouts de seins c'était rien comparer à ça ! Maintenant nous alternons une nuit sur deux (parce que non un bébé au biberon ne fait pas forcément ses nuits) et ça va mieux, même si on a eu un gros baby clash pendant et après ma dépression.
Je ne suis pas sûre d'avoir le courage de le faire pour quelques ML de lait, alors qu'elle va très bien, et que j'ai repris le travail (tirer 8 fois par jour ça sera forcément compliqué). Les mamans qui l'on fait, est-ce que vous travailliez en parallèle ou étiez-vous en congé? Aviez-vous le soutien de votre entourage ? Comment l'avez vous fait? Dans votre coin sans en parler ou l'avez-vous dit à tout le monde, à un petit nombre de personne? est-ce possible de le faire avec un tire lait portatif type El*** P Peri***P ou Mom****? J'avais le tire lait spectra qui certe se déplace, mais dans les faits on ne peux rien faire avec.
J'imagine que je suis maintenant entre la relactation et la lactation induite en terme de délai? Puis-je espérer lui donner au moins la moitié de ses apports si je tente une relactation? Elle boit environ 600ML de lait par jour, toujours en 5-6 biberons (c'est une petit mangeuse) et elle est diversifiée.
Je n'ai pas trouvé de détail dans les témoignages sur les quantité tirées après à la fin d'une relactation. Peut-on récupérer une lactation complète (quand j'ai arrêté je tirais jusqu'à 750ML par jour). Où c'est forcément du partiel?
Je me demande aussi si dans le cas d'une relactation le lait est aussi bien adapté à l'âge du bébé car on dit qu'il évolue avec lui mais qu'en est-il quand on reprends la production des semaines après? On repart de zero?
Voilà, merci aux courageuses qui sont allées jusqu'au bout du pavé. En vérité, je ne sais pas si j'aurai le courage de le faire et surtout d'affronter les remarques, mais déjà d'en parler ouvertement à des personnes qui comprennent, ça m'a fait du bien.
Une maman qui a fait de son mieux pour sa fille qu'elle aime plus que tout.
J'ai accouché d'une petite fille en février dernier, par césarienne programmée pour un siège décomplété, une cholestase gravidique, un placenta preavia, et petit poids de naissance, la totale. J'était un peu sous le choc après tout ça.
Malgré tout je voulais vraiment allaiter, ça me tenais d'autant plus à coeur que j'ai mis 5 ans à tomber enceinte, après 5 inséminations, 1 FIV suivie d'une fausse couche à 8 SA... Après ce parcours tant médicalisé (inévitable car je suis en couple avec une femme), j'avais besoin de créer ce lien naturel avec mon bébé.
J'avais toujours eu en tête que ca serait difficile au démarrage car j'ai des petits mamelons peu érectiles, et ma mère n'a pas réussi à nous allaiter mes deux frères et moi (pour cause d'un sein bouché). Alors je me suis bien renseignée avant. Je pensais être bien préparée, j’avais prévu des compléments alimentaires, noté tous les numéros utiles et lu le manuel très illustré de l’allaitement mais je n’étais pas préparée à la difficulté principale : garder confiance en soi dans une période de grande vulnérabilité.
J'ai réussi à démarrer mon allaitement grâce au soutien de ma femme et d'une conseillère en lactation à la maternité en or qui avait compris à quel point ça comptait pour moi, même si je doutais beaucoup de moi. D'abord au DAL au sein avec les bouts de seins puis dans le DAL et beaucoup de peau à peau.
A un mois je n'arrivais que rarement à les retirer seule, sauf avec la conseillère.
Je doutais beaucoup de moi, j'étais obsédée par ses couches, sa succion, par ma lactation qui fluctuait au gré de ma fatigue, mes humeurs et de ses besoins qui augmentaient. Elle n'a repris son poids de naissance (2.460kg) qu'à ses deux semaines et j'étais inquiète de ne pas la nourrir suffisamment. Pourtant elle n'a jamais cassé sa courbe mais elle ne prenait qu'entre 15 et 20g par jour au début.
La conseillère m'a suggérée de pratiquer la double alternance dès qu'elle ralentissait sa succion pour stimuler mes seins et la compression pour aider ma fille à prendre plus de lait. Je le faisais à chaque tétée et ça aidait un peu.
Puis elle m'a indiqué de tirer mon lait entre chaque tétées pour lui donner des compléments et/ou un biberon le soir pour me reposer. Mais ma fille ne dormais que sur moi et j'avais du mal à tirer assez de lait pour lui donner 8 fois par jour.
Petit à petit mes doutes ont pris le dessus, favorisés par un manque de soutien de l'entourage dans mon projet (sauf mon père qui est pro allaitement et que m' a donné un des seuls conseils que j'aurai du suivre : un bébé sait quand il a faim, fais-toi confiance).
J'ai eu droit à des conseils contradictoires de professionnels : d'espacer les tétées le soir (par le kiné à cause de ses reflux = baisse de lactation), au contraire de la laisser téter à volonté de soir (la conseillère en lactation), de limiter les tétées à 10 minutes par seins (la pédiatre qui m'expliquait qu'en 10 minutes elle avait pris tout le lait nécessaire et qu'après c'était juste une tétée câlin et que de toute façon elle ne refuserait jamais le sein si je lui donnais tout le temps).
J'ai eu droit à des remarques de l'entourage : "tu devrais passer au biberon tu es trop fatiguée", "les bouts de sein c'est pas pareil elle doit sentir que ça n'est pas ton sein", "moi j'avais du lait qui giclait partout", "machine a arrêté à 3 semaines car elle avait aussi un petit bébé et il s'épuisait il avait trop faim", "dis donc tu ne tires pas beaucoup de lait", "dès que l'on est passé au biberon notre bébé a fait ses nuits", "moi j'avais un petit bébé et dès la maternité on m'a conseillé le tire allaitement car elle se serait épuisée à téter", "on voit bien qu'elle a encore faim" et j'en passe... C'est fou comme tout le monde se permet de donner son avis sur l'allaitement même sans qu'on le demande, surtout si on montre le moindre doute. Je n'étais pas assez forte à ce moment là pour rester imperméable à ces remarques et me faire confiance.
A 6 semaines et demi, elle tétais 10 à 12 fois par 24h pendant environ 1h-1h15 et la nuit elle passait son temps au sein car elle s'endormait dessus. J'avais peur de l'étouffer tellement elle était petite car je m'endormais avec elle et parfois elle glissait un peu dans le coussin d'allaitement. Elle commençait à s'énerver au début de la tétée et j'étais si mal à l'aise quand il avait du monde autour et qu'elle pleurait au sein (ça devait bloquer mon réflexe d'éjection j'imagine). Je ne comprends pas cette intrusion des gens qui entraient dans sa chambre alors que je lui donnais le sein. Je m'isolais pour être au calme justement.
Un soir, elle est restée toute la soirée au sein et a eu d'énormes reflux ensuite. C'était le pic des 6 semaines surement. Ma femme m'a dit "plus jamais tu fais ça de la laisser au sein toute la soirée".
J'ai tellement culpabilisé que le lendemain j'ai pris la décision radicale de passer au tire allaitement comme une amie m'avait conseillé, persuadée d'épuiser ma fille avec ces tétées à rallonge et d'être la cause de ses reflux.
Sauf qu'au lieu de faire ça progressivement, je suis passée presque du jour au lendemain au biberon (avec mon lait) et quelques tétées plaisir de temps à autre. Elle a accepté tout de suite le biberon car elle avait déjà des compléments de temps en temps mais les coliques ont commencé. Avec du recul je pense juste qu'elle était frustrée de ne pas pouvoir prendre le sein qui cette fois était plein de lait (car bien stimulé avec le tire lait). Finalement je n'ai tenu que quelques jours car je n'avais pas suffisamment de relais pour tirer mon lait, et je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas remise tout simplement au sein ça aurait été bien plus simple. Je crois que je n'assumais pas ce retour en arrière après avoir dit à tout mon entourage que je tire-allaitais, alors que j'en mourrais d'envie. Je n'ai pas eu le courage d'affronter de nouvelles réflexions. Je ne me suis encore pas écoutée.
Le jour de ma visite post natale ou j'y suis allée seule, quand je suis rentrée elle avait faim et je n'avais plus assez de lait tiré (enfin si, un sachet au congel, mais on ne voulais pas la faire attendre). Et on lui a donné un premier complément de LA (car j'avais acheté une boite au cas ou sur les conseils de ma pédiatre pour donner des compléments). Au final elle l'a vomit.
Pourquoi ne pas l'avoir mise tout simplement aux seins qui étaient engorgés? Je ne sais pas...Je n'étais plus moi même à ce moment là, incapable de prendre une décision raisonnée.
A ce moment là ma femme commençait à ne plus trop me soutenir dans mon projet, car elle n'en pouvait plus de me voir changer tout le temps d'avis, ne pas écouter les conseils, de tirer mon lait sans arrêt et d'être focalisée sur cet allaitement et ne plus parler que de ça. Elle m'a dit qu'on pouvait faire du mixte si je voulais.
Avec du recul je la comprends. Au départ elle m'a beaucoup soutenu mais elle avait besoin aussi de trouver sa place et de passer plus de temps avec notre fille. Déjà avant la naissance elle avait cette peur que l'allaitement la prive de moments avec elle et on avait dit que je tirerai mon lait pour qu'elle puisse lui donner des biberons, donc j'aurai dû lâcher du leste, ou pourquoi pas faire du mixte, pour me reposer. On a cruellement manqué de communication à ce moment là.
De fil en aiguille ma lactation a diminué, je n'avais plus le temps de tirer régulièrement en m'occupant de mon bébé presque seule nuits et jours et elle ne dormait presque pas la journée, sauf sur moi. Je faisais engorgement sur engorgement, c'était trop douloureux. J'avais peur de la traumatiser en la remettant au sein et de toute façon ma femme ne voulait plus, sauf des tétées câlin éventuellement mais j'en pleurais.
J'ai petit à petit remplacé le lait maternel par du lait en poudre (sur 10 jours environ) pour qu'elle s'habitue. J'ai essayé une relactation quelques jour après mais j'étais à bout, épuisée et je voyais que je passais à côté des moments avec elle pour tirer mon lait. Vu que ça ne serait plus de l'exclusif une part de moi me disait que ça n'en valait pas la peine.
Deux semaines après le sevrage j'ai plongé à pieds joints dans la dépression du post partum, jusqu'à ne plus pouvoir dormir alors qu'elle dormait, ne plus pouvoir manger et n'avoir envie de rien. je pleurais toute la journée. J'ai alors entamé un suivi et ça a duré environ environ 2 mois et demi. Ma mère est même venue 3 semaines à la maison pour me relayer et me soutenir.
Je ne parlais que de mes regrets de cet allaitement raté en boucle, je culpabilisais et je me plaignais aussi des mes seins tout raplapla (les engorgements et l'arrêt brutal n'ont pas du aider, je n'ai plus que deux petits sacs vides et moches). En fait ça me frustre d'avoir des seins dans cet état alors que je n'ai pas pu mener à bien mon projet : je voulais allaiter 6 mois en exclusif (et en réalité bien plus dans ma tête, je pense que je voulais un allaitement long).
Je resasse beaucoup depuis cette période. Je sais que je suis responsable, après tout personne ne m'a arraché mon bébé des bras, j'ai décidé ça tout seule, mais à ce moment là je ne voyais aucun autre issue pour avoir plus de soutien et faire taire l'entourage et mes doutes.
Pourquoi dit-on aux mamans d'arrêter d'allaiter pour se reposer? On devrait plutôt leur permettre de se reposer pour qu'elle puissent continuer à faire ce qui est naturel si elles le souhaitent non?
J'ai décidé (trop rapidement) d'arrêter l'allaitement au sein pour lui donner mon lait au biberon, car je pensais être égoïste en la laissant "s'épuiser à téter" avec les bouts de seins, mais même ça je n'ai pas réussi car je me suis précipitée. En ayant remplacé qu'une ou deux tétées par jour par un tirage et un biberon ça aurait peut être suffit à faire du stock et à relancer ma lactation (et à laisser de la place à ma femme). Je voyais bien qu'elle tétais bien quand j'avais beaucoup de lait.
Je m'en veux profondément d'avoir arrêté si vite après les tous les efforts fournis pour que ça marche alors même que ça n'était pas gagné (petit bébé, petits mamelons, césarienne...).
La seule personne que j'aurai du écouter c'était la conseillère en lactation, elle m'aurait dissuader j'en suis sûre et m'aurait aidé à trouver des solutions.
Pas un jour ne s'est passé sans que je pense à le relactation sans oser le dire à personne. Mais de toute façon en pleine dépression (entre ses 2 mois et demi et ses 4 mois et demi) je n’aurai pas eu assez d’énergie pour ça, je donnais tout ce qu’il me restait pour m’occuper d’elle, je n’ai jamais lâché ça! Et après j'ai repris le travail...
Je sais que personne me soutiendra car mon entourage est persuadé que je n'aimais pas allaiter et que c'est ça qui m'a fait déprimer et que maintenant je suis passée à autre chose.
Alors que c'est tout le contraire, c'est le fait d'avoir arrêté, si brutalement en plus, qui m'a fait plonger si bas j'en suis sure. J'adorais ces moments de fusion avec mon bébé même si oui, parfois, les tétées longues c'était dur, surtout la nuit quand j'étais seule, mais j'avais juste besoin que l'on me relaie, qu'on me laisse dormir entre les tétées, pas que l'on me suggère d'arrêter.
Le pire c'est que je n'ai pas eu le relai que j'attendais quand j'ai arrêté, notamment la nuit les deux premiers mois. Finalement je devais en plus de me lever laver les biberons et les préparer... Et elle avait encore plus de reflux. Laver les bouts de seins c'était rien comparer à ça ! Maintenant nous alternons une nuit sur deux (parce que non un bébé au biberon ne fait pas forcément ses nuits) et ça va mieux, même si on a eu un gros baby clash pendant et après ma dépression.
Je ne suis pas sûre d'avoir le courage de le faire pour quelques ML de lait, alors qu'elle va très bien, et que j'ai repris le travail (tirer 8 fois par jour ça sera forcément compliqué). Les mamans qui l'on fait, est-ce que vous travailliez en parallèle ou étiez-vous en congé? Aviez-vous le soutien de votre entourage ? Comment l'avez vous fait? Dans votre coin sans en parler ou l'avez-vous dit à tout le monde, à un petit nombre de personne? est-ce possible de le faire avec un tire lait portatif type El*** P Peri***P ou Mom****? J'avais le tire lait spectra qui certe se déplace, mais dans les faits on ne peux rien faire avec.
J'imagine que je suis maintenant entre la relactation et la lactation induite en terme de délai? Puis-je espérer lui donner au moins la moitié de ses apports si je tente une relactation? Elle boit environ 600ML de lait par jour, toujours en 5-6 biberons (c'est une petit mangeuse) et elle est diversifiée.
Je n'ai pas trouvé de détail dans les témoignages sur les quantité tirées après à la fin d'une relactation. Peut-on récupérer une lactation complète (quand j'ai arrêté je tirais jusqu'à 750ML par jour). Où c'est forcément du partiel?
Je me demande aussi si dans le cas d'une relactation le lait est aussi bien adapté à l'âge du bébé car on dit qu'il évolue avec lui mais qu'en est-il quand on reprends la production des semaines après? On repart de zero?
Voilà, merci aux courageuses qui sont allées jusqu'au bout du pavé. En vérité, je ne sais pas si j'aurai le courage de le faire et surtout d'affronter les remarques, mais déjà d'en parler ouvertement à des personnes qui comprennent, ça m'a fait du bien.
Une maman qui a fait de son mieux pour sa fille qu'elle aime plus que tout.
Dernière édition: