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potentille24

Colostrum
Bonjour,
J'allaite mon bébé de 10 mois. Il est diversifié. Je suis en train de faire une myélite (suspection de sclérose en plaques). On va me traiter très prochainement avec du solumédrol en bollus sur 3 jours en hospitalisation de jour.
Voilà mon idée: tirer mon lait avant l'injection du bollus( qui aura lieu le matin à 9 h) de façon à ce que mon fils puisse bénéficier de mon lait en mon absence. Tirer mon lait et le jeter après la fin du bollus ( en début d'après-midi)afin de lui éviter une trop forte charge de corticoïdes.
Au bout que combien d'heures(jours?) puis-je reprendre l'allaitement au sein sans danger pour mon enfant?
Je n'ai pas posé la question au neurologue car bien souvent dans ces cas-là on nous dit de sevrer.
Pour exemple, lorsqu'il y a quelques années je suis passée au scanner ou à l'IRM (je ne sais plus duquel il s'agit) on m'a injecté un produit pour lequel on préconisait l'arrêt de l'allaitement quelques heures avant l'injection (24 heures avant je crois).:confused: Le produit était donc toxique pour mon bébé 24 heures avant même son injection! Quand j'ai demandé une explication à l'infirmière, elle n'a su que dire, trouvant même cette recommandation bizarre.
Merci pour vos réponses concernant le solumedrol.
Potentille24
PS:j'ai un peu fouillé dans la rubrique, j'ai eu quelques éléments de réponse, mais le solumédrol me semble-t-il est une grosse dose de corticoïdes et me parait être un cas particulier. N'hésitez pas à déplacer cette discussion si nécessaire.
 

Myriam

Modératrice
Membre de l'équipe
Animatrice à la retraite
Bonjour Potentille,

Donc le Solu-Médrol® est de la Méthylprednisolone. Dans le Coin du Prescripteur consacré aux Antirhumatismaux (Les Dossiers de l’Allaitement n°76, Juillet – Août – Septembre 2008) il est indiqué :
Les corticoïdes
Le passage lacté de la prednisone, de la prednisolone et de la méthylprednisolone a fait l’objet d’un certain nombre d’études. Le pic lacté survient environ 2 heures après la prise, et le taux lacté baisse rapidement ensuite. En fonction de la posologie maternelle, le pic lacté allait de 17 à 317 μg/l, avec un rapport lacté allant de moins de 0,1 à 0,25. L’enfant allaité reçoit moins de 0,1% de la posologie maternelle, une quantité qui représente moins de 10% de sa production endogène de cortisol, et aucun effet secondaire n’est attendu même avec des posologies maternelles élevées. Des études qui ont suivi au total 21 enfants qui ont été allaités par une mère suivant une corticothérapie au long cours ont confirmé cette absence d’effets secondaires. Il n’existe pas de données sur l’utilisation de la dexaméthasone, de la bétaméthasone ou de la triamcinolone pendant l’allaitement. Dans l’ensemble, les corticoïdes passent faiblement dans le lait, même lorsqu’ils sont administrés à des doses massives, et ils en sont rapidement éliminés. Voir le numéro 74 des Dossiers de l’Allaitement pour des données détaillées sur les corticoïdes.

Et dans les Les Dossiers de l’Allaitement, n°74, Janvier – Février – Mars 2008, consacré à Corticoïdes et allaitement
Méthylprednisolone (Médrol®, Dépo-Médrol®, Solu-Médrol®)
Le pic plasmatique est atteint en moyenne au bout de 2 heures. La clairance totale est de 21 à 24 heures, et le volume de distribution est de 1,2 à 2 l/kg. Ses métabolites sont eux aussi rapidement éliminés. La posologie chez les adultes est de 0,4 à 1 mg/kg/jour en traitement d’attaque, et de 4 à 16 mg/jour en traitement d’entretien. La posologie pédiatrique est de 1 à 2 mg/kg/jour. Le passage lacté de la méthylprednisolone a été évalué chez une femme qui en prenait quotidiennement 6 mg/jour (Coulam). Le pic lacté était de 7 μg/l 2 heures après la prise, le taux n’étant plus que de 2,5 μg/l 6 heures après la prise, et de 1 μg/l 10 heures après la prise. La croissance de 3 enfants allaités par des mères prenant 6 à 8 mg/jour de méthylprednisolone a été normale, et les enfants n’ont présenté aucun effet secondaire (Coulam ; Grekas). La méthylprednisolone est considérée comme utilisable pendant l’allaitement dans les mêmes conditions que celles décrites pour la prednisone.
Une étude (Hale & Ilett – voir tableau en bas de page, et DA 56, p.22) a évalué son passage lacté après administration virtuelle de doses massives (1 g par jour, traitement d’attaque des poussées de sclérose en plaques). Le rapport lait / plasma se situe aux alentours de 0,2. Un rapport de 0,25 a été pris comme base de calcul. Les auteurs ont comparé le taux lacté de la MP après administration en IV lente de 0,120 g ou de 1 g, peu de temps après l’injection, puis 8, 12 et 14 heures après l’injection. Ils ont calculé la quantité qui serait reçue par l’enfant, en tablant sur la consommation par l’enfant de 150 ml/kg/jour de lait maternel. En raison de la rapidité d’élimination de la méthylprednisolone, il n’y aura aucune accumulation dans le lait, même avec des injections quotidiennes de 1000 mg/jour. Même si le taux lacté restait au taux le plus élevé déterminé ici, l’enfant en recevrait au maximum 0,21 mg/kg/jour, ce qui représente environ 50% de la posologie la plus basse utilisée pour le traitement d’une allergie chez le nourrisson (0,5 à 2 mg/kg/jour). En pareil cas, si la mère est très anxieuse au sujet d’un éventuel effet secondaire chez son bébé, le fait de tirer son lait et de le jeter pendant les 3 à 4 heures qui suivent le début de l’injection (même si cette mesure n’est pas réellement nécessaire) abaissera considérablement la quantité de corticoïdes que recevra l’enfant et pourra la rassurer. Certes, ces chiffres constituent un calcul théorique, mais ils montrent que même des taux élevés de corticoïdes sont peu susceptibles de poser un problème chez le bébé allaité.

Ces différents textes sont extraits de la rubrique du Coin du Prescripteur. La rubrique intégrale peut t'est envoyée en indiquant par message privé une adresse courriel.
Les Dossiers de l'Allaitement est une revue trimestrielle destinée aux professionnels de santé. Cette publication fait le point sur les dernières études sur l'allaitement publiées dans la presse internationale (découvertes scientifiques, revue de presse, études cliniques ou sociologiques), et sur les pratiques d'accompagnement des mères allaitantes (problèmes d'allaitement, suivi, prescriptions ...). Les abonnés, en faisant part de leur expérience professionnelle, contribuent à chaque numéro (rubrique "cas cliniques").
 

potentille24

Colostrum
Un grand merci pour cette réponse claire, solidement argumentée, très appropriée et rapide.C'est une bonne nouvelle, cela m'enlève un doute, je vais aborder ce traitement de choc avec plus de sérénité.
Potentille
 

potentille24

Colostrum
Bonjour,
Voilà, j'ai eu mon traitement*: solumedrol 1gr/L.
Pour les mamans qui se poseraient des questions d'ordre pratique, voici mon témoignage*:
Mon traitement s'est déroulé sur 3 jours en hospitalisation de jour*: je rentrais chez moi l'après-midi, ce qui est plus gérable quand on a des enfants.
Le bollus de solumédrol était de ½ litre , je recevais donc 0,5 gr de corticoïdes/jour . La perfusion était terminée en 3 h ( débit 180ml/min) Ce bollus était suivi d'un bollus de rinçage (une solution glucosée donc inoffensive qui durait 1h).
J'ai eu aussi 2 IRM avec injection d'un produit*: le gadolinium. Ce produit est officiellement contre-indiqué pour l'allaitement (comme presque tous). D'après ce que j'ai lu dans le livre du pr. Newman, il est en réalité compatible. Je pense que qu'une maman plus calée que moi en la matière pourra confirmer.
Le premier jour j'ai tiré mon lait avant pour mon fils et après le bollus de rinçage pour le jeter ( par précaution)*.
Le deuxième jour, ayant laissé le tire-lait à la maison, je n'ai pas tiré mon lait après le bollus de solumédrol. Mes seins n' étaient pas du tout tendus. Mon lait ne se fabrique maintenant que s'il y a tétée. Je me suis dit que les corticoïdes avaient été en partie éliminés sans passer dans mon lait.
Idem le troisième jour.
Pour ma part, dès la nuit qui a suivi le deuxième jour de traitement, je n'ai trouvé le sommeil qu'à 4h30 du matin (effet secondaire des corticoïdes qui sont des hormones de stress, l'infirmière m'avait prévenue), mon fils qui a reçu mon lait n'a eu aucun mal à s'endormir, n'a pas été grognon ni agité, ne s'est pas réveillé plus qu'à l' habitude que ce soit pendant le traitement ou les jours qui ont suivi celui-ci. Cela confirme bien ce qui a été dit plus haut*: cela passe dans le lait mais en très faibles quantités.
La seule chose que j'ai noté chez lui, ce sont des selles un peu plus molles (dues à l'alimentation*? Aux corticoïdes qui ont un effet irritant sur la paroi intestinale?)
Voilà, j'ai été un peu longue. Je voulais vous faire profiter de ma modeste expérience. C'est ma façon de dire merci pour le soutien et les renseignements donnés.

Une dernière chose, je suis en train de lire le livre de Jean Seignalet*: «*l'alimentation ou la troisième médecine*». Je le trouve très intéressant, de plus il est question d'allaitement maternel. Ce docteur donne son avis bien argumenté (très favorable à l'allaitement maternel).

A bientôt

Potentille
 

Myriam

Modératrice
Membre de l'équipe
Animatrice à la retraite
Merci Potentille pour ton témoignage. Je te souhaite une belle poursuite de ton allaitement.

(et effectivement les sels de gadolinium sont compatibles avec l'allaitement)
Un extrait du Coin du Prescripteur des Dossiers de l’Allaitement, n°59, Avril – Mai – Juin 2004, sur les Produits de diagnostic et produits radioactifs :
Les sels de gadolinium (Dotarem®, Magnevist®, Multihance®, Omniscan®, Prohance®)
Ils sont utilisés pour les IRM chez les adultes et les enfants (acide gadotérique, acide gadopentétique, gadobénate de diméglumine, gadodiamide, gadotéridol). Leur biodisponibilité orale est quasiment nulle, et leur demi-vie est habituellement très courte (au plus 90 mn). Ils passeront donc très peu dans le lait. [...]
 
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