"Milk blues" : la dépression/déprime du sevrage....

[LéaG]

Bonjour à tou.te.s !

J'ouvre une discussion, parce que je n'ai pas vu le sujet passer dans les 1ères pages (à mon étonnement d'ailleurs !)

Voilà : ma fille a décidé d'arrêter de téter à presque 15 mois, et donc mettre fin du jour au lendemain à notre bel allaitement, et moi je le vis hyper (hyper) mal...

Ça a commencé par une grève de la tétée liée aux molaires qui sortaient, j'étais un peu chamboulée mais je savais que c'était transitoire. Sauf que pendant ce temps-là elle a bien pris le biberon avec mon lait (qu'elle prenait déjà bien chez sa nounou au goûter) et elle a "découvert" qu'elle n'était plus obligée de téter ! Car oui, avec le biberon c'est génial, le lait arrive tout de suite, on peut se balader en chantant ET en mangeant en même temps, et on peut repartir explorer le monde sans rester "coincée" avec maman pour téter....... Super !

Et donc, une fois la poussée dentaire terminée elle a accepté (et réclamé) 2-3 fois le sein, elle a tété un peu, et rapidement elle s'est détachée avec un regard malicieux en disant "nan nan naaaaaaan". Et ce, de plus en plus souvent jusqu'à ne plus accepter aucune tétée.

Sauf que moi je n'étais pas, mais alors pas du tout du tout prête à arrêter, je me voyais allaiter jusqu'au sevrage naturel (or là à 15 mois c'est trop tôt pour ça) voire même co-allaiter avec un 2e bébé. Et du jour au lendemain comme ça en plus, je n'ai pas les mots pour dire ma détresse et ma tristesse. Je ne fais que pleurer, dès que je sens mes seins un peu tendus je fonds en larmes, désespérée (j'ai du lait et mon bébé n'en veut plus, et je ne souhaite pas me lancer dans un tire-allaitement-biberon à son âge). J'essaye de lui donner le biberon en mode câlin, de maintenir cette relation douce entre nous mais elle manque de patience et ça finit par me frustrer encore plus.

J'aurais donc voulu savoir si vous aviez des retours d'expérience, des conseils, des "remèdes" contre cette énorme déprime post-allaitement... Mille mercis les mamans

 

[Etoile du matin]

Je compatis, c'est très dur lorsque le sevrage arrive beaucoup plus tôt qu'on en rêvait. Surtout que le tien a été particulièrement rapide on dirait.

Quelques idées que j'espère réconfortantes:

Ta fille a décidé d'elle-même de sevrer, cela s'est passé sans aucune tristesse ou sentiment de deuil pour elle.

Ces 15 mois d'allaitement ont été pour elle un superbe cadeau qui garde toute sa valeur, même si tu souhaitais faire plus.

Si tu souhaites qu'elle continue à profiter des bienfaits de ton lait sans téter tu peux éventuellement tirer ton lait pour faire des flans ou le servir à ta fille dans un gobelet ou une gourde à paille par exemple. Pas obligé d'en passer par un biberon.

Pour les moments tendres avec ta fille, cela va revenir, pas forcement autour des moments de nourrissage, mais ne t'inquiète pas, votre relation va continuer à s'enrichir de doux moments complices, même sans tétées.

C'est très dur le sevrage subi, mais c'est un deuil qui finit par passer. Et la suite est tout aussi belle. Je te dis bon courage.

 

[LéaG]

Merci beaucoup @Etoile du matin , la majorité des commentaires que je peux avoir quand je commence à en parler autour de moi sont sur le ton de "ça vaaaaa, 15 mois c'est largement suffisant, soit fière et tais-toi" (je schématise mais c'est le fond du truc !) ou "tiens, voilà X conseils pour relancer l'allaitement au lieu de te plaindre : fais du portage, des tétées quand elle est assoupie, etc. etc." (ce qui me culpabilise encore plus parce que ça fait déjà 10 jours que je fais précisément tout ça et qu'elle continue à refuser avec son air coquin en disant "naaaaaan" donc bon, je pense que le message est clair).

Donc ça me fait immensément de bien de te lire et de voir que quelqu'un comprend, me fait confiance quand je dis que je pense que c'est fini, et m'offre de vraies perspectives tout en respectant la difficulté et la douleur que je ressens. Donc une très grande gratitude pour ton message !!

 

[Tatian@]

Que ce soit à 15 jours, 15 semaines, ou 15 mois, quand il n'est pas choisi, prévu, qu'on n'a pas cheminé en ce sens, un sevrage est difficile à accepter.
Peu importe que ce soit "déjà bien", ce n'était pas le projet initial et ça c'est dur à avaler.

AA 79 : Comment les mères vivent la fin de l'allaitement

Cet article d'Allaiter aujourd'hui évoque les émotions, ressentis et vécus des mères au moment du sevrage de leur enfant, que celui-ci soit consenti ou subi, qu'il soit précoce, planifié ou naturel.

www.lllfrance.org

 

[Eharm Hathor]

Coucou

Je passe par là sans aucune expérience de sevrage.
Ton message m'a beaucoup émue et on y lit ton étonnement et presque ta stupeur face à la fin de cet allaitement.

Mais en même temps c'est si beau... Entre les lignes on lit aussi à quel point ta fille est libre, curieuse de voir le monde. Et ça franchement, n'est-ce pas une preuve magestueuse d'un maternage réussi ? Te rends-tu compte que cela signifie que tu as réussi à donner tellement de confiance en elle à ta fille en la maternant et notamment en l'allaitant ? Quel cadeau que cette confiance en soi. C'est fou comme c'est beau...

Et effectivement après avoir lu des témoignages de douleur, d'enfants qui ne comprennent pas la décision de sevrage de leur maman, que c'est beau de lire que ta fille s'est sentie tellement en confiance avec toi sa mère, et avec elle-même pour se jeter dans l'inconnu de la non-tétée.

Je lisais récemment des mamans qui compatissaient avec d'autres mamans sur des sevrages difficiles en disant "ton bébé a tété tout sa vie jusqu'à présent, il ne connait que ça et donc c'est normal qu'il ne veuille pas être sevré". Ta fille a tellement de force et de confiance que tu lui as donnée, qu'elle n'a pas eu peur de se lancer dans cet inconnu. Alors bravo déjà pour ces 15 mois d'allaitement, et surtout bravo pour cette sécurité affective que tu as commencé à donner à ta fille, et tout ce que tu lui offriras de beau encore...

Ça ne change pas ou ne gomme pas la tristesse de cette stupeur de ton côté, évidemment... Mais c'est quand même une mission réussie avec brio !
Courage pour les premiers temps, c'est très dur ce que tu vis et peu importe ce que disent les gens, c'est vraiment une épreuve. En plus avec la fin de l'allaitement les hormones qui rendent la vie toute rose retombent un peu ... Je l'ai vécu en arrêtant de tirer en journée et quand mon corps s'est adapté alors j'imagine en sevrage.

Courage et vraiment beaucoup de courage à la pelle, j'espère que tu comprendras mon message et la beauté que je lis dans ta situation, même si mon petit coeur de mère a aussi mal que toi devant cette situation que tu n'avais pas encore choisie.

 

[LéaG]

Merci beau @Eharm Hathor , ton message m'a vraiment émue aussi, mais m'a donné une précieuse perspective que je suis venue relire plusieurs fois ces derniers jours

Aujourd'hui ça va un peu mieux, je pense que mon cerveau commence à rattraper le train en route et à accepter la réalité dans toute son entièreté (OUI c'est dur et NON ce n'était pas choisi de ma part mais OUI c'est aussi très beau et positif pour ma fille, toutes ces réalités sont vraies et ont le droit d'exister en même temps)

Et pour l'anecdote, on commence à prendre l'habitude de se blottir toutes les deux pour ses biberons et j'apprécie beaucoup le contact de sa tête sur ma joue, position qui n'était évidemment pas possible quand elle était au sein. Sentir son odeur de bébé, la douceur de sa peau contre mon visage et ses petits cheveux doux, tout en ayant la possibilité de lui faire des bisous à volonté (puisqu'elle tout contre mon visage !), tout ça me procure un petit shoot d'ocytocine je suis sûre. Peut-être pas autant qu'avec la tétée, mais suffisamment pour accompagner mon propre sevrage hormonal

 

[Eharm Hathor]

Merci beau @Eharm Hathor , ton message m'a vraiment émue aussi, mais m'a donné une précieuse perspective que je suis venue relire plusieurs fois ces derniers jours

Aujourd'hui ça va un peu mieux, je pense que mon cerveau commence à rattraper le train en route et à accepter la réalité dans toute son entièreté (OUI c'est dur et NON ce n'était pas choisi de ma part mais OUI c'est aussi très beau et positif pour ma fille, toutes ces réalités sont vraies et ont le droit d'exister en même temps)

Et pour l'anecdote, on commence à prendre l'habitude de se blottir toutes les deux pour ses biberons et j'apprécie beaucoup le contact de sa tête sur ma joue, position qui n'était évidemment pas possible quand elle était au sein. Sentir son odeur de bébé, la douceur de sa peau contre mon visage et ses petits cheveux doux, tout en ayant la possibilité de lui faire des bisous à volonté (puisqu'elle tout contre mon visage !), tout ça me procure un petit shoot d'ocytocine je suis sûre. Peut-être pas autant qu'avec la tétée, mais suffisamment pour accompagner mon propre sevrage hormonal

Bonjour Léa

Quelle magnifique photo !!!!
Je suis très très heureuse que mon message ait pu te permettre éventuellement de voir aussi la beauté du moment et de t'y accrocher pour avancer !

Moi je pense souvent à ton histoire quand parfois l'allaitement est pesant, et je me dis que je lui apporte tellement plus que du lait. Et qu'un jour il sera libre comme ta fille et qu'on aura tout gagné !

Magnifique semaine à toi et encore mes excuses pour la réponse tardive,

E.