Traitement de la migraine chez une femme qui allaite
A Gouraud. Journal de Pediatrie et de Puériculture 2010 ; 23 : 295-6. Mots-clés : migraine, traitement, allaitement.
La migraine touche beaucoup plus souvent les femmes que les hommes. Si la fréquence des crises baisse souvent pendant la grossesse, elle réaugmente en post-partum. Les professionnels de santé doivent donc savoir quels produits prescrire à une mère allaitante souffrant de migraines.
Le paracétamol reste l’antalgique de première intention pour le traitement de la crise. Si un anti-inflammatoire est nécessaire, la préférence ira à l’ibuprofène ou au kétoprofène, le diclofénac étant utilisé en seconde intention. En effet, ces produits passent peu dans le lait (au plus 1% de la dose maternelle ajustée pour le poids). La prise régulière d’aspirine à doses antalgiques est déconseillée chez une mère allaitant un nourrisson, en raison d’un passage important dans le lait, mais une prise isolée ne nécessite pas de suspension de l’allaitement.
Si un anti-émétique est nécessaire, la dompéridone est le meilleur choix en raison de son passage lacté infime. L’utilisation du métoclopramide est possible, mais son transfert lacté est nettement plus important, et il a davantage d’effets secondaires, en particulier extrapyramidaux. La prise d’opiacés est à éviter. Si nécessaire, une prise ponctuelle de codéine est possible. Si ces traitements sont insuffisants, on peut utiliser le sumatriptan ou l’élétriptan, en raison de leur passage lacté très faible, et de l’absence d’effet secondaire chez le bébé allaité. Il n’existe pas de données sur les autres triptans, qu’il est donc préférable d’éviter. Les dérivés de l’ergot de seigle sont fortement déconseillés.
Pour le traitement de fond, le propanolol est le premier choix en raison de son faible passage dans le lait, et de l’absence d’effets indésirables chez le nourrisson allaité. L’utilisation du métoprolol semble possible, mais les données restent limitées. Le topiramate passe bien dans le lait, toutefois il a été étudié chez des mères traitées à des doses élevées; si nécessaire, il pourrait être utilisé chez une mère allaitante sous réserve d’un suivi clinique du bébé, et éventuellement biologique (recherche du topiramate après 15 jours de traitement par exemple).
Parmi les autres molécules utilisables dans certains cas, l’amitriptyline, l’imipramine et le valproate sont utilisables pendant l’allaitement, ainsi que le timolol ou la gabapentine. En revanche, l’aténolol, le nadolol et le naproxène sont déconseillés. La dihydroergotamine, la flunarizine, l’indoramine, le méthysergide, l’oxétorone et le pizotifène sont déconseillés en raison de l’absence de données, ou d’une pharmacocinétique permettant de craindre une excrétion lactée importante ou une accumulation chez le nourrisson.