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Alison

Animatrice LLL
Animatrice LLL
Médication post anesthésie générale

J'ai subi une anesthésie générale, et j'ai découvert que malgré mes x avertissements et la mention fluo dans mon dossier, certaines infirmières ignoraient que j'allaitais, enfin pensaient que je tirais mon lait et que je le jetais! Alors que j'ai allaité ma fille (de 2 ans), très peu mais quand même, 3 ou 4 fois 5 minutes maxi. Ma question est double, si elle avait absorbé une substance toxique, ça se serait vu? Et mon traitement actuel est-il compatible?
Mon traitement actuel, c'est dafalgan mais codéine (j'ai lu dans le coin du prescripteur que c'était ok mais pas sur le long terme, là j'en ai pour 10 jours quand même...) et lovenox. J'ai lire que c'était ok, pour une courte durée, mais pour 10 jours?
Et à l'hôpital, j'ai eu la même chose, plus de la morphine, du biprofénid et du mopral (et j'espère rien d'autres quand j'étais trop dans le gaz!). Pas trop de morphine, mais pas mal de biprofénid quand même :(
J'ai bien repéré les sites type CRAT, e lactancia, en plus du coin du prescripteur, mais là je douille vraiment, je n'arrive plus à me concentrer et savoir ce que je peux prendre ou pas :( Du coup, ben, je prends rien, et je douille encore plus :(
 

Alison

Animatrice LLL
Animatrice LLL
Je reposte, je n'avais pas vu l'histoire des accents, du coup je ne peux pas revenir sur mon post précédent!

J'ai subi une anesthésie générale, et j'ai découvert que malgré mes x avertissements et la mention fluo dans mon dossier, certaines infirmières ignoraient que j'allaitais, enfin pensaient que je tirais mon lait et que je le jetais! Alors que j'ai allaité ma fille (de 2 ans), très peu mais quand même, 3 ou 4 fois 5 minutes maxi. Ma question est double, si elle avait absorbé une substance toxique, ça se serait vu? Et mon traitement actuel est-il compatible?
Mon traitement actuel, c'est dafalgan mais codéine (j'ai lu dans le coin du prescripteur que c'était ok mais pas sur le long terme, là j'en ai pour 10 jours quand même...) et lovenox. J'ai lire que c'était ok, pour une courte durée, mais pour 10 jours?
Et à l'hôpital, j'ai eu la même chose, plus de la morphine, du biprofénid et du mopral (et j'espère rien d'autres quand j'étais trop dans le gaz!). Pas trop de morphine, mais pas mal de biprofénid quand même :(
J'ai bien repéré les sites type CRAT, e lactancia, en plus du coin du prescripteur, mais là je douille vraiment, je n'arrive plus à me concentrer et savoir ce que je peux prendre ou pas :( Du coup, ben, je prends rien, et je douille encore plus :(
 

Myriam

Modératrice
Membre de l'équipe
Animatrice à la retraite
Bonjour Alison,

Je reprends point par point les médicaments que tu as pris / que tu prends :
- morphine
Esxtrait du Coin du prescripteur, Les Dossiers de l’Allaitement n°72, Juillet – Août – Septembre 2007 :
Morphine​
Elle est disponible sous forme de chlorhydrate (sous divers noms et dosages) ou de sulfate (Actiskenan®, Kapanol®, Morphine sulfate Lavoisier®, Moscontin®, Sevredol®, Skenan LP®), pour une utilisation par voie orale ou parentérale. Il existe des formes à libération progressive.
Il existe quelques études sur la morphine, portant sur peu de mères. Son taux de liaison aux protéines plasmatiques est de 20 à 35%. Deux études anciennes (Terwilliger et al, Kwit et Hatcher) ont fait état d’un passage lacté très faible. Après injection IV ou IM de 15 mg de morphine 1 mois après la naissance, cette dernière s'équilibrait rapidement entre le plasma et le lait. Le taux lacté était supérieur au taux plasmatique (0,08 à 0,5 mg/l), avec un rapport d'environ 2,45. L'enfant recevait au maximum 0,025 à 0,13 mg/kg/jour de morphine via le lait maternel. Une autre étude (Bernstein, 1989) a retrouvé dans le lait des taux de morphine plusieurs milliers de fois inférieurs aux taux urinaires maternels (12 à 86 μg/l), après injection épidurale de 5 mg de morphine. De plus, cette morphine lactée était sous forme conjuguée, pharmacologiquement inactive. Baka et al ont suivi le taux lacté de morphine et de son métabolite chez 7 mères placées sous PCA de morphine pour l’analgésie post-césarienne. Les opiacés ont été retrouvés dans le lait de 3 mères ; le taux de morphine allait de moins de 1 à 48 μg/l, et le taux de son métabolite allait de moins de 5 à 1084 μg/l. Une étude de Feilberg et al a suivi 5 mères allaitantes qui en ont reçu par voie parentérale pour une analgésie post-chirurgicale. Des échantillons de sang et de lait ont été prélevés juste avant l’administration de morphine, puis 15, 30, 45, 60,90, 120, 360 et 480 mn après administration. Le rapport lait/plasma était de 2,45 ± 0,8, et le taux lacté maximal de morphine constaté était de seulement 500 μg/l. Dans une étude de Wittels et al, le taux lacté de morphine était de 50 à 60 μg/l. Aucun problème chez le bébé allaité n’a été constaté dans ces études. Les auteurs concluaient que l'utilisation épidurale, IM ou IV de morphine de façon ponctuelle ne présentait pas de problème pour le bébé allaité. La biodisponibilité orale de la morphine est médiocre. La dose utilisée en pédiatrie est de 0,05 à 0,1 mg/kg toutes les 4 à 6 heures ; le taux sanguin thérapeutique est de 0,007 à 0,034 mg/l. Voir aussi l’étude de Nissen et al, qui évaluait également la péthidine.
Une étude de Robieux présente un cas très particulier. Elle a retrouvé un taux sérique de morphine important chez un bébé allaité de 21 jours (4 μg/l), 1 heure après une tétée et 4 heures après la prise maternelle de morphine (5 mg). Ce taux élevé, proche du taux sanguin thérapeutique, était dû à des prises maternelles répétées : 50 mg de morphine toutes les 6 heures pendant le dernier trimestre de la grossesse (la mère souffrait d'un lupus, ainsi que d'importantes douleurs vertébrales). L'enfant est né à terme et en bonne santé. A partir de J5, la prescription maternelle de morphine a été progressivement baissée sur 10 jours, de 50 mg à 5 mg toutes les 6 heures. L'enfant n'a présenté aucun trouble iatrogène, ni aucun syndrome de sevrage. Le taux lacté de morphine le jour de l’étude allait de 10 à 100 μg/l. Les auteurs ont estimé qu’il recevait, via le lait maternel, 0,8 à 12% de la dose maternelle. L'exposition in utero à des doses élevées était probablement à la base de la bonne tolérance de l'enfant. Enfin, une étude de Lindow et al a constaté une sécrétion nettement plus basse d’ocytocine en réponse à la succion de l’enfant chez des mères qui avaient reçu 5 mg de morphine avant la mise au sein que chez celles qui avaient reçu de la naloxone ou un placebo.

(copie de la page du CRAT) :
Morphine

Mise à jour : 2 février 2011


ACTISKENAN® - KAPANOL® - MOSCONTIN® - ORAMORPH® - SEVREDOL® - SKENAN®

La morphine est un antalgique de palier 3 (opioïde fort), agoniste pur des récepteurs opioïdes.

ETAT DES CONNAISSANCES

La morphine est l’antalgique de palier 3 le mieux connu chez la femme enceinte quel que soit le terme de la grossesse.

Aspect malformatif
Les données chez les femmes exposées au 1er trimestre de grossesse sont rassurantes (les publications sont nombreuses et le recul est important).
Aspect néonatal
La morphine utilisée en fin de grossesse peut être responsable chez le nouveau-né de différents types d’événements transitoires :
Un syndrome de sevrage néonatal est possible lors de prises prolongées jusqu’à l’accouchement. Il se manifeste notamment par une irritabilité, des trémulations, un cri aigu et une hypertonie, survenant à distance de la naissance (de quelques heures à quelques jours).
Une détresse respiratoire néonatale est possible en cas d’utilisation de fortes doses juste avant ou pendant l’accouchement.
EN PRATIQUE

Traiter une femme enceinte
Il est possible d’utiliser la morphine quel que soit le terme de la grossesse.
Si le traitement est poursuivi jusqu’à l’accouchement, en informer l’équipe de la maternité pour lui permettre d’adapter l’accueil du nouveau-né (cf. « Etat des connaissances »).
Découverte d’une grossesse pendant le traitement
Rassurer la patiente quant au risque malformatif de la morphine.
Si un antalgique de palier 3 doit être maintenu, la morphine pourra être utilisée quelque soit le terme de la grossesse.
Si le traitement est poursuivi jusqu’à l’accouchement, en informer l’équipe de la maternité pour lui permettre d’adapter l’accueil du nouveau-né (cf. « Etat des connaissances »).
Allaitement
Dans l’analgésie intra-veineuse auto-contrôlée en post-césarienne (24 à 48 heures après l’accouchement) :
Le nouveau-né reçoit jusqu’à 2 % de la dose néonatale orale de morphine.
Aucun effet n’a été rapporté parmi une vingtaine d’enfants allaités par des mères recevant de la morphine.
L’utilisation de la morphine est donc possible dans les 24 à 48 heures qui suivent l’accouchement.
Au-delà de cette période, il y a peu de données sur la morphine en cours d’allaitement.
Il est donc préférable de suspendre l’allaitement pendant un traitement par morphine chez une femme qui allaite.
L’allaitement peut être repris environ 4 heures après la dernière prise de morphine.

Seuls quelques noms de spécialités sont mentionnés dans ce site. Cette liste est indicative et n’est pas exhaustive.

CRAT - Centre de Référence sur les Agents Tératogènes
Hôpital Armand Trousseau, 26 avenue du Docteur Arnold Netter, 75012 PARIS
Tel/fax : ++33 (0)143412622 - www.lecrat.org

Dans le livre Medications and Mothers's Milk de Thomas W. Hale © 2010, il indique en fin de notice (traduction libre) : "En résumé, la morphine est probablement l'opiacée privilégiée (préférée ?) chez les mères allaitantes surtout à cause de sa faible biodisponibilité orale. [...] Cependant, des doses élevées sur les périodes prolongées peut amener des problèmes respiratoires et de la sédation chez les bébés nouveaux-né."

- le Bi-Profénid ® est constitué de kétoprofène.
Un extrait du Coin du Prescripteur des Dossiers de l'Allaitement, n° 83, Avril – Mai – Juin 2010 :
Kétoprofène (Kétoprofène génériques, Bi-Profénid®, Kétum®, Profénid®, Topfena® ,Toprec®)​
Comme l’ensemble des AINS, le kétoprofène doit son activité antalgique à son pouvoir antiprostaglandine, mais il agit aussi par une forte activité antibradykinine directe. Une partie de sa puissance antalgique est liée à un mécanisme faisant intervenir des éléments du système nerveux central, principalement le thalamus. Ce mode d’action explique l’apparition de l’effet antalgique du kétoprofène à des posologies inférieures à celles nécessaires à l’obtention d’un effet anti-inflammatoire. Il est lié à 99% aux protéines plasmatiques, et sa demi-vie est de 1,5 à 2 heures. Une étude a évalué son excrétion lactée chez 18 femmes qui en ont reçu 100 mg toutes les 12 heures en IV pendant 2 à 3 jours en post-partum précoce (Jacqz-Aigrain). Elles ont donné des échantillons de lait entre la 3ème et la 4ème dose. Le kétoprofène était indétectable (< 20 μg/l) dans 17 des 61 échantillons collectés, Dans les autres échantillons, le pic lacté était de 91 ± 51 μg/l, et son taux moyen était de 57 ± 37 μg/l. Un nourrisson exclusivement allaité recevrait en moyenne 8,5 μg/kg/jour via le lait maternel, soit 0,3 ± 0,17% de la dose maternelle ajustée pour le poids. Il constitue un bon choix pendant l’allaitement.
La fiche du CRAT du kétoprofène indique :
Allaitement
La quantité de kétoprofène ingérée via le lait est très faible : l’enfant reçoit moins de 1% de la dose maternelle (en mg/kg).
Aucun événement particulier n’a été signalé chez des enfants allaités de mères recevant du kétoprofène.
Au vu de ces éléments, l’utilisation du kétoprofène est possible chez une femme qui allaite.
Voir également le fil de discussion de l'étude Antalait.

- le Mopral ® a comme constituant l'oméprazole. Un extrait du Coin du prescripteur, Les Dossiers de l’Allaitement, n°79, Avril – Mai – Juin 2009 :
Oméprazole (Mopral®, Oméprazole Bouchara-Recordati, Zoltum®) et Esoméprazole (Inexium®)​
L’ésoméprazole est l’isomère S de l’oméprazole (ce dernier étant un mélange racémique des isomères R et S). Tous deux présentent des caractéristiques similaires. L’oméprazole est lui aussi détruit en milieu acide. Il est lié à 95% aux protéines plasmatiques, et sa demi-vie est d’environ 1 heure. Il peut être utilisé en pédiatrie à la posologie de 1 mg/kg/jour. Son passage lacté a été étudié chez une femme qui en prenait 20 mg/jour depuis le 3ème trimestre de sa grossesse (Marshall). Le taux lacté était indétectable 90 mn après la prise, et un pic lacté à 20 μg/l était constaté 3 heures après la prise, ce qui représentait 7% du pic sérique. Le bébé exclusivement allaité recevrait au maximum 3 μg/kg/jour, soit 0,9% de la dose maternelle ajustée pour le poids. On peut supposer que l’essentiel de ce qui passera dans le lait maternel sera de plus détruit dans l’estomac du bébé.

Donc pour résumer sur ces trois premiers médicaments reçus pendant ton séjour hospitalier : la morphine, le kétprophène et l'oméprazole sont compatibles avec l'allaitement.

- Le Lovenox® est constitué d'énoxaparine et un extrait du Coin du Prescripteur, Les Dossiers de l’Allaitement n°68, Juillet – Août – Septembre 2006 :
Héparines de faible poids moléculaire
Ces fractions de l’héparine « normale » (daltéparine : Fragmine® ; énoxaparine sodique : Lovenox® ; nadroparine calcique : Fraxiparine®, Fraxodi® ; tinzaparine sodique : Innohep® ) ont encore un poids moléculaire élevé, ce qui les rend peu susceptibles de passer dans le lait. Une étude effectuée sur la daltéparine chez 15 mères a constaté un rapport lait/plasma de l’activité anti-Xa de 0,025 à 0,225, l’enfant absorbant au maximum 5,4% de la dose maternelle ajustée pour le poids. Une étude effectuée sur 12 mères allaitantes traitées par énoxaparine n’a retrouvé aucune activité anti-Xa chez leurs bébés. De plus, ces molécules sont aussi détruites dans le tube digestif, et il est donc hautement improbable qu’elles puissent être absorbées par l’enfant même si elles passaient dans le lait. Toutefois, il existe encore peu d’études à leur sujet. Ces molécules ont le même inconvénient que l’héparine, à savoir l’obligation d’être injectées ; toutefois, une seule injection quotidienne peut suffire, et elles demandent un suivi moins étroit des paramètres de la coagulation.

- le Dafalgan codéiné contient du paracétamol et de la codéine, un extrait du Coin du Prescripteur, Les Dossiers de l’Allaitement, n°82, Janvier – Février – Mars 2010 :
Antalgiques et anti-inflammatoires​
Le paracétamol (nombreuses spécialités en vente libre) est couramment utilisé chez les nourrissons. Les études sur son excrétion lactée permettent d’estimer que l’enfant reçoit au maximum 3,8 mg/kg/jour, soit environ 10% de la dose pédiatrique. Il peut donc être utilisé pendant l'allaitement.
Dans certaines spécialités, il est associé à la codéine. Cette dernière est largement utilisée partout dans le monde, y compris chez des mères allaitantes, et elle existe sous forme de sirop pédiatrique pour les enfants de plus de 12 mois. Toutefois, un certain nombre d’études ont fait état d’effets secondaires chez les enfants allaités par une mère prenant de la codéine (somnolence, succion faible, épisodes de bradycardie). Un décès attribué à la prise maternelle de codéine est survenu en 2007 chez un nourrisson de 13 jours, qui serait en rapport avec une particularité génétique au niveau de la métabolisation de la codéine (Koren). D’autres auteurs contestent cependant la responsabilité de la codéine dans ce décès (Bateman). Elle est utilisable pendant l’allaitement, mais il est nécessaire de recommander à la mère de cesser immédiatement le traitement en cas de sédation ou de succion faible chez son bébé, et de consulter un médecin.

Si tu es inquiète quand à la prescription qui t'a été faite, je peux te transmettre (sur demande par message privé en me transmettant une adresse courriel valide) les articles du Coin du Prescripteur concernant les anti-douleurs afin que tu puisses les transmettre à ton médecin et qu'il puisse établir un traitement qui puisse soigner ta douleur (et prendre en compte ton allaitement).
 
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