DA n°56 page 22 © La Leche League France Juillet-Août-Septembre 2003
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Traitement corticoïde à fortes doses
chez une mère allaitante
High dose methylprednisolone therapy in multiple sclerosis – Implications for breastfeeding mothers.
TW Hale, KF Ilett. University of Western Australia, Dep of Pharmacology, 2001.
La méthylprednisolone à forte dose est de plus en plus
utilisée dans le traitement de la sclérose en plaque. Bien
que les corticoïdes aux posologies habituellement utilisées
soient compatibles avec l’allaitement, une utilisation à doses
très élevées pourra poser des problèmes. Aucune donnée
n’existe sur l’excrétion lactée de la méthylprednisolone
après injection d’une dose massive par voie IV. Les
auteurs ont cherché à estimer quel serait ce passage lacté,
et quels problèmes cela poserait par rapport à l’allaitement.
De nombreuses études ont été publiées sur l’excrétion
lactée de la méthylprednisolone (MP). Même si l’effet biologique
de la MP est prolongé, elle est rapidement éliminée.
La demi-vie plasmatique est estimée à 2-3 heures.
La clairance totale est de 21 à 24 heures, et le volume de
distribution est de 1,2 à 2 l/kg. Les métabolites de la MP
sont eux aussi rapidement éliminés.
La dose administrée en IV pour le traitement d’une
sclérose en plaque est variable, mais pour cet article les
auteurs ont pris pour base de travail une prise de 1 g/jour
pendant 3 jours et plus. Les corticoïdes passent peu dans le
lait. Le rapport lait / plasma se situe aux alentours de 0,2.
Un rapport de 0,25 a été pris comme base de calcul. Les
auteurs ont comparé le taux lacté de la MP après administration
en IV lente de 0,120 g ou de 1 g, peu de
temps après l’injection, puis 8, 12 et 14 heures après
l’injection. Ils ont calculé la quantité qui serait reçue par
l’enfant, en tablant sur la consommation de 150 ml/kg/jour de
lait maternel (voir tableau page 35).
En raison de la rapidité d’élimination de la MP, il n’y aura
aucune accumulation dans le lait, même avec des injections
quotidiennes de 1000 mg/jour. Même si le taux lacté restait au
taux le plus élevé déterminé ici, l’enfant recevrait au maximum
0,21 mg/kg/jour de MP, ce qui représente environ 50%
de la posologie la plus basse utilisée pour le traitement d’une
allergie chez le nourrisson (0,5 à 2 mg/kg/jour). En prenant
comme base de calcul les taux à 8, 12 et 20 heures, l’enfant
recevrait respectivement 8,47, 1,24 et 0,002 μg/kg/jour, ce qui
est considérablement plus bas que les posologies pédiatriques.
Par ailleurs, le fait que la mère tire son lait et le jette pendant
une courte période après l’injection abaissera considérablement
la quantité de corticoïdes que recevra l’enfant.
Certes, ces chiffres se fondent sur un calcul mathématique
effectué à partir des données existantes sur l’excrétion lactée
de la MP. Ils permettent toutefois d’aider le professionnel de
santé à informer la mère qui doit recevoir ce type d’injections
sur le risque éventuel pour son enfant allaité. Il serait utile
d’avoir des études cliniques sur le sujet.