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Hyperthyroïdie et allaitement

gey64

Colostrum
Bonjour,

Suite à une analyse de sang je viens de découvrir que j'ai une hyperthyroïdie. Actuellement ma fille qui a 11 mois et toujours allaitée et je souhaiterais poursuivre son allaitement.
J'ai déjà été touché par 2 fois par ce dérèglement hormonale et on m'avait prescrit du néomercazole. A la lecture de la "notice" du médicament, c'est bien stipulé que l'allaitement est déconseillé.
Quelqu'un pourrait-il me dire si c'est le cas ? S'il existe un autre traitement qui me permettrait de me soigner et de poursuivre mon allaitement ?

Merci d'avance.

Eun J
 

Myriam

Modératrice
Membre de l'équipe
Animatrice à la retraite
Bonjour Gey64,

Concernant le médicament que tu cites, je te propose de lire un extrait du Coin du Prescripteur concernat Les pathologies thyroïdiennes, paru dans Les Dossiers de l’Allaitement, n°85, Octobre – Novembre – Décembre 2010 :
Carbimazole (Néo-Mercazole®), thiamazole (Thyrozol®)

Le carbimazole est rapidement et complètement transformé en méthimazole (ou thiamazole), qui est le métabolite actif. Sa demi-vie varie de 4 à 12 heures suivant les patients. Il n’est quasiment pas lié aux protéines plasmatiques. La posologie pédiatrique est de 0,5 à 0,7 mg/kg/jour en traitement d’attaque, puis de 30 à 60% de cette dose en traitement d’entretien. L’excrétion lactée du méthimazole a été étudiée chez des femmes qui, soit étaient déjà traitées pendant leur grossesse, soit ont débuté un traitement pendant leur allaitement ; les posologies allaient de 5 à 40 mg/jour.

Une étude ancienne (Low) faisait état d’un rapport lait/plasma de 1,05. Des auteurs rapportent le cas d’une femme, enceinte de son second enfant, et traitée par carbimazole (50 mg/semaine), qui a consulté alors qu’elle était enceinte de 30 semaines (Verd). L’endocrinologue qui la suivait lui avait dit qu’elle ne devait pas allaiter. Les auteurs lui ont fait part des données existantes sur le carbimazole. La mère a décidé d’allaiter, son enfant devant être régulièrement suivi. L’enfant est né à terme après une grossesse et un accouchement normaux. L’examen clinique du nouveau-né effectué pendant les 12 premières heures de vie était parfaitement normal, ainsi que son bilan thyroïdien. La mère était euthyroïdienne. La mère et l’enfant ont été suivis pendant 4 mois par la consultation. Le taux sérique des hormones thyroïdiennes de l’enfant a été recherché à 4 reprises (1er jour, puis à 20, 49 et 84 jours de vie), et il était dans les limites de la normale à chaque fois. Sa croissance a été parfaitement normale, et il n’a présenté aucun signe d’hypothyroïdie. Il était toujours exclusivement allaité à J84.

Une mère qui prenait 2,5 mg de méthimazole toutes les 12 heures avait un taux lacté de 67 μg/l environ 2 heures après une tétée (Tegler). Dans une autre étude, 4 mères qui allaitaient un bébé de 3 à 6 mois ont pris une dose unique de 40 mg de méthimazole. Les taux sanguins et lactés étaient similaires et évoluaient parallèlement pendant les 8 heures suivant la prise, et en moyenne 70 μg de méthimazole ont été excrétés dans le lait pendant cette période. Le pic lacté (720 μg/l) était constaté 1 heure après la prise (Cooper). Chez 6 femmes qui ont pris une dose unique de méthimazole de 15 mg, le pic lacté (320 μg/l) était constaté 2 heures après la prise, et le taux lacté était de 30 μg/l 12 heures après la prise. La demi-vie lactée du méthimazole était de 4,2 heures (Abe). Les mêmes auteurs ont suivi la fonction thyroïdienne de 5 enfants allaités dont la mère prenait quotidiennement 5 à 15 mg de méthimazole. Elle est restée normale pendant les 90 jours du suivi, et le méthimazole était indétectable dans le sang des enfants.
12 mères qui ont commencé à prendre 5 mg/jour de méthimazole à partir de l’accouchement ont été suivies, ainsi que 17 mères qui ont commencé à en prendre entre 2 et 8 mois postpartum (5 mg 2 fois par jour), et que 6 mères qui en prenaient 10 mg 2 fois par jour. Les mères dont l’enfant avait moins de 6 mois allaitaient exclusivement. Tous les bébés avaient un bilan thyroïdien normal 2 à 4 semaines après le début du traitement maternel (Azizi 1995, 1996). Une étude a suivi 10 femmes qui ont mis leur bébé au sein environ 2 heures après avoir pris 10 mg de méthimazole (au moment du pic lacté). Des échantillons de sang des enfants ont été prélevés 2 heures après la tétée. Le méthimazole était indétectable chez 7 enfants, et son taux était de 30 à 35 μg/l chez les 3 autres enfants (Azizi 2002, 2003).
Les mêmes auteurs ont suivi pendant leur première année les enfants allaités par 16 mères qui ont présenté une hypothyroïdie pendant leur traitement, par 18 mères qui n'ont pas présenté d’hypothyroïdie pendant leur traitement, et par 24 mères qui n’avaient ni problème thyroïdien, ni traitement (Azizi 2003). Les bilans thyroïdiens effectués à plusieurs reprises pendant le suivi étaient similaires dans les 3 groupes. La même équipe a suivi 51 enfants dont la mère avait été traitée par méthimazole pendant la grossesse et l’allaitement, ainsi que 88 enfants dont la mère avait commencé à prendre du méthimazole pendant l’allaitement (Azizi 2000). Les posologies maternelles allaient de 5 à 20 mg/jour. Pendant l’année du suivi, la fonction thyroïdienne est restée normale chez tous les enfants. Des tests de développement cognitifs ont été effectués chez 14 enfants qui avaient été allaités par une mère prenant du méthimazole, ainsi que chez des enfants appartenant à un groupe témoin ; les scores des enfants étaient similaires dans les 2 groupes (Azizi 2000) ; il en allait de même pour 42 enfants de mères traitées, revus à l’âge de 4 à 7 ans, comparés à un groupe témoin (Azizi 2003).
Globalement, des doses de méthimazole allant jusqu’à 20 à 30 mg/jour n’auront pas d’impact sur l’enfant allaité. Lorsque la mère reçoit des doses élevées (30 à 40 mg/jour), le taux lacté pourra être suffisant pour avoir un impact thyroïdien chez l’enfant allaité ; en particulier, des taux sanguins proches des taux thérapeutiques ont été retrouvés chez des jumeaux allaités par une mère prenant 30 mg/jour de carbimazole (Rylance). En revanche, des posologies allant jusqu’à 20 mg/jour pour des traitements au long cours n’ont pas induit d’effets secondaires chez les enfants ; les études qui ont suivi leur statut hormonal ont retrouvé chez eux des valeurs normales.

Il est donc possible d’utiliser le carbimazole pendant l’allaitement ; l’exposition de l’enfant peut être minimisée si l’administration se fait par prise unique, et si la mère attend 4 heures avant de mettre son enfant au sein (Mandel). Les fonctions thyroïdiennes de l’enfant pourront être suivies toutes les 2 à 4 semaines pendant les premiers mois du traitement maternel, et un bilan sanguin pourra être utile pour détecter une éventuelle réaction idiosyncrasique.

Il est donc possible d'allaiter en prenant ce médicament. Un dialogue avec ton médecin (ton endocrinologue) permettra d'adapter ton traitement à ton projet d'allaitement. Tu peux lui transmettre les informations ci-dessus et l'article complet peut t'être transmis par courriel (sur demande par message privé en indiquant une adresse courriel valide).
 

allreset

Lactarium
Bonjour Gey64,

j'ai eu Basedow l'année dernière pour la 4ème fois et elle était très forte. Myriam m'avait donnée comme elle vient de le faire les doc à faire suivre à mon endocrino.
Mon endocrino me suit depuis 10 ans, on se connait et elle m'a fait confiance.

Je n'ai pas pris de Néomercazole comme d'habitude mais du Proracyl 50mg (-risqué)à dosage minimal.
En fait cela a bien duré 2 mois puis mon taux s'est régulé comme par enchantement. J'ai cessé tout traitement en accord avec la spécialiste.
J'avais ouvert une discussion que tu pourrais lire si Myriam a le temps de corriger les accents du titre.

Je sais que l'hyperthyroidie est fréquente post partum et qu'elle se soigne très bien.
Je sais aussi qu'on est mal, que l'on dort mal, qu'on a très chaud...

Je te trouve courageuse de tenir à ton allaitement malgré les symptômes de la maladie.

Bonne continuation
 

gey64

Colostrum
Merci pour ton encouragement, je dois t'avouer que le fais de savoir qu'un traitement compatible existe me fait chaud au moral !!

Merci encore !!!
 

gey64

Colostrum
Bonjour,
J'aurais une nouvelle question à vous poser concernant les problèmes de thyroïde. Mon endocrinologue souhaiterais que je fasse une échographie et je vois qu'il faut stopper l'allaitement 24h à 46h.
Dans le feuillet vous que vous m'avez remis, il parle de ce chapitre hors comment ça se passe concrètement ? Je demande à la pharmacie du 99m technétium ou je demande au labo s'ils peuvent s'en procurer pour la scintigraphie ?
Je vous remercie encore !!! J'ai aussi adorée la remarque de mon endocrinologue sur le souhait de poursuivre l'allaitement : "il serait temps d'arrêter d'allaiter votre enfant. Il est assez grand et même si vous lui donnez des anticorps, les médicaments restent dans votre lait." Heureusement que j'avais la doc et elle n'a donc pas bataillé d'avantage.
 

Myriam

Modératrice
Membre de l'équipe
Animatrice à la retraite
Une échographie ne nécessite en elle-même aucune interruption de l'allaitement. (Les ultra-sons n'interfèrent en rien avec l'allaitement et il n'y a aucune injection)

Par contre l'utilisation de produits de contraste lors d'une scintigraphie peut nécessiter une suspension de l'allaitement.
Voici un autre extrait des Les Dossiers de l’Allaitement, n°85, Octobre – Novembre – Décembre 2010 :
Le 99m technétium
Le 99m technétium (1/2 vie : 6 heures) n’est pas incorporé au métabolisme thyroïdien, mais seulement capté. L’examen peut être pratiqué rapidement après l’injection (20 mn). Il est facilement disponible, beaucoup moins coûteux que l’iode radioactif, peu irradiant, et il permet d’obtenir de bonnes images. Il est donc le produit à utiliser en première intention, tout particulièrement lorsque l’on souhaite étudier le caractère fixant ou non d’un nodule ou effectuer la surveillance d’un goitre. Il permet de plus d’obtenir une cartographie thyroïdienne, même en cas de carence iodée modérée. Il disparaît du sein en 6 à 48 heures en fonction de la molécule transporteuse, du stade de la lactation, du fait que le sein était « vide » ou non avant l’absorption du produit (faire téter l’enfant juste avant l’examen), de la fréquence avec laquelle la mère tire son lait après l’examen (plus elle le tire souvent, plus vite le 99mTc sera éliminé).
Après administration de sodium pertechnétate 99mTc, produit le plus souvent utilisé pour les scintigraphies thyroïdiennes, il est recommandé (Stabin, Howe) d’interrompre l’allaitement pendant 4 heures pour l’administration de 185 MBq (5 mCi), 12 heures pour 440 MBq (12 mCi), et 24 heures pour 1100 MBq (30 mCi). A noter qu’il est inutile d’éviter le contact entre la mère et son enfant après administration des doses couramment utilisées. Par ailleurs, la mère peut conserver au réfrigérateur ou au congélateur le lait tiré après l’examen : la radioactivité y décroît à la même vitesse que dans les seins (elle aura totalement disparu au bout de 2 à 3 jours).

Donc pour pouvoir en dire plus il serait important de savoir le nom complet du médicament pour indiquer la durée de la suspension.
Pour comment cela se passe concrètement, je ne sais pas si des mamans ont déjà passé cet examen : elles pourront t'en dire plus.
A priori c'est ton médecin prescripteur de l'examen qui doit te donner une ordonnance pour te procurer le médicament et te dire comment, quand et où ça peut se passer.
 

allreset

Lactarium
Oui rien à prendre pour l'échographie, 0 contrainte. Je n'ai pas passé de scintigraphie en 10 ans malgré mon hyperthyroidie (dernière très forte). Je sais qu'elle est demandée en cas de nodules ou de goitre trop important.

L'échographie est déjà parlante.

Sois confiante, limite ton stress.

Tiens nous au courant, courage :D
 
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