L’anesthésie/sédation chirurgicale chez les mères allaitantes 1. L’impact des médicaments utilisés pour l’anesthésie chirurgicale chez une mère allaitante dépend de divers facteurs, incluant l’âge de l’enfant, son état clinique, le stade de la lactation (précoce ou tardif), et la capacité du bébé à gérer l’élimination de faibles quantités de produits anesthésiques (43). Les anesthésiques n’auront pas ou peu d’effets sur un bébé plus âgé, mais pourront poser des problèmes chez les nouveau-nés, tout particulièrement ceux qui sont prématurés ou qui souffrent d’apnée (III).
2. Les mères d’un nouveau-né à terme, ou d’un bébé plus âgé, peuvent habituellement reprendre l’allaitement dès qu’elles sont réveillées, stables, avec un bon niveau de vigilance. Le retour des capacités mentales normales est le signe que les produits ont quitté le compartiment plasmatique (et donc le compartiment lacté), et qu’ils sont passés dans le tissu adipeux et musculaire, à partir desquels ils seront progressivement relâchés. Une exception pourrait être un produit qui est fortement liposoluble, pour qui le tissu mammaire pourrait fonctionner comme un compartiment lipidique, et se comporter comme un réservoir pour le médicament. Pour les femmes chez qui une ligature des trompes est effectuée en post-partum précoce, la suspension de l’allaitement n’est pas nécessaire, dans la mesure où le volume de colostrum est faible ; en conséquence, la dose reçue par l’enfant sera faible aussi (44). De plus, le taux plasmatique et lacté de médicaments est faible lorsque la mère a retrouvé ses capacités mentales. Une anesthésie régionale est recommandée pour ce type de chirurgie, plutôt qu’une anesthésie générale, pour la sécurité de la mère (III).
3. Les mères qui doivent subir une extraction dentaire ou une autre chirurgie ne nécessitant qu’une dose unique de produits pour la sédation et l’analgésie peuvent reprendre l’allaitement dès qu’elles sont réveillées et stables. Bien qu’il soit préférable d’utiliser des produits rapidement éliminés tels que le fentanyl ou le midazolam, il est improbable qu’une dose unique de mépéridine/péthidine ou de diazépam puisse avoir un impact sur le bébé allaité (42 - III).
4. Les mères qui doivent subir une chirurgie plastique, telle que la liposuccion, pour laquelle des doses importantes d’anesthésiques locaux (lidocaïne/xylocaïne ou lignocaïne) auront été utilisées, devraient probablement tirer et jeter leur lait pendant 12 heures avant de reprendre l’allaitement (III).
5. La dose maternelle et la capacité du bébé à métaboliser de faibles quantités de produits susceptibles d’avoir un impact cardiorespiratoire sont tout particulièrement importantes pour évaluer le temps nécessaire à la reprise de l’allaitement. Les enfants qui sont à risque d’apnée, d’hypotension ou d’hypotonie devraient probablement être protégés par une suspension de l’allaitement plus longue de quelques heures (12 à 24 heures) avant de reprendre l’allaitement (III)