Bonjour, mon bébé est né avec une infection pulmonaire (il avait avalé du méconium), du coup il est parti très vite en néonat avec son papa. Encore aujourd'hui, je souffre de ne pas avoir pu faire la tétée d'accueil et de cette séparation. Je m'adresse aux mamans qui ont vécu la même chose et qui ont surmonté cette blessure: comment faites vous, ou comment avez vous fait ?
merci à vous
Bonjour mimen-lee,
Je ne vois que maintenant ton message car je viens sporadiquement sur le forum.
J’ai aussi été séparée de ma fille à sa naissance et je l’ai très peu vu pendant 5 longs jours. Une fois née, on l’a juste fait « glisser » sur mon ventre et elle a tout de suite été transférée en service de néonatologie en raison de ses souffrances. En tout elle y est restée une semaine entière.
Je me suis retrouvée dans une chambre double avec à côté de moi un petit berceau vide et dans l’autre partie de la chambre une maman qui venait d’accoucher de son fils. Dans mon malheur j’ai eu de la chance car je suis tombée sur une personne formidable qui a su m’apporter du réconfort. Mais ça n’a pas pu empêcher ce sentiment de « coquille vide », un peu comme si j’étais venue me faire opérer de l’appendicite ou, pire, comme si mon bébé était mort à la naissance.
Encore aujourd’hui j’en garde une plaie un peu douloureuse, non seulement en raison de notre séparation mais aussi de la façon dont ça s’est fait, car ses souffrances auraient pu être évitées et j’aurais pu également être moins esquintée puisque j’ai fini en fauteuil roulant (enfin j’aurais bien voulu en avoir un au lieu de m’entendre dire que c’était réservé aux césarisées !).
J’ai souvent repensé aux cours de préparation à l’accouchement, aux paroles de la sage-femme qui, émue, relatait la magie des tétées d’accueil qu’elle avait vécues, sans parler de la tendresse de ses nouvelles mamans qui étreignaient leurs bébés. Pour moi, la montée de lait n’a eu lieu qu’au cinquième jour quand on a bien voulu m’allouer une chambre en néonat et que ma puce a pu m’y rejoindre. Et il a fallu batailler pour qu’elle accepte de prendre le sein. Je me revois une nuit avec ma tétouillou lovée dans mes bras qui, ayant tété pour la première fois, s’était endormie repue et apaisée. Je crois que c’est à ce moment-là que nous nous sommes vraiment retrouvées.
Sans l’allaitement je pense que j’aurais eu beaucoup de mal à l’accepter et, au grand dam de ma famille, à plus de 10 mois maintenant je l’allaite toujours.
Je ne sais pas combien de temps ton bébé a été hospitalisé en néonat et combien de temps a passé depuis mais je trouve que cette séparation à la naissance on la paie toujours un peu. De moins en moins, mais l’ardoise reste là. Par exemple je pense que mes problèmes d’hyperthyroïdie en découlent. Et puis le bébé aussi a souffert. Ma fille a demandé énormément, ne voulant pas être posée, tétant sans cesse, ne dormant pas. Je n’ai pu commencer à refaire des repas « normaux » sans l’avoir scotché au sein, qu’à partir de ses 6 mois. Aujourd’hui elle va mieux mais elle reste tout de même très pot-de-colle.
Désolée d’avoir écrit un pavé, ça m’a permis de réaliser que j’ai beau faire comme si rien ne s’était passé, on n’oublie pas ce qui nous a profondément touché. Pour ma part, c'est un drôle de mélange de tristesse, de douleur et de haine.