Q7 – Notre séjour en maternité se termine et j'ai dû, durant ces quelques jours, à la demande des professionnels de santé, donner des compléments de lait 1er âge classique (aux PLV entières). Lors de l'examen de sortie de la maternité, le pédiatre m'a demandé de poursuivre, alors que mon bébé est dorénavant exclusivement allaité, le don de lait 1er âge ou de lait de vache stérilisé UHT à raison de 10 ml par jour (30 ml par jour, un biberon par jour, un biberon par semaine...). Que penser de cette prescription ? Que devons-nous faire ?
R JH et MC – Les recommandations de bonne pratique n’ont pas été respectées puisque, dans ce cas de figure, le produit recommandé est un hydrolysat de PLV ou une formule d’acides aminés, et non une préparation pour nourrissons (PPN) classique contenant des PLV. C’est malheureusement encore fréquent en 2025 en France.
Si un bébé a "malencontreusement" reçu une PPN avec PLV pendant son séjour en maternité, alors que le projet de la mère était un allaitement au sein exclusif prolongé, il est certain que le risque qu’il développe ultérieurement une Allergie aux PLV est nettement augmenté (multiplié par 5, et même par 11 en cas de naissance par césarienne). Il convient de le noter dans le carnet de santé.
La question se pose alors de continuer à donner une petite quantité quotidienne de PLV pendant les premiers mois, jusqu’à l’âge de la diversification alimentaire. Sabouraud-Leclerc D. et al. et Sakihara T. et al. proposent de le faire sous forme de lait de vache UHT (qui peut être donné à la seringue) ou de PPN classique 1er âge, à raison de 10 ml/j. Il n’est actuellement pas formellement démontré que cette attitude diminue le risque d’APLV. 
Cette conduite à tenir est actuellement controversée, car beaucoup d’inconnues persistent sur l’innocuité de cette prescription. En premier lieu, un impact sur le microbiote du bébé est à attendre, car il ne reçoit alors plus exclusivement du lait maternel. Il est en effet prouvé scientifiquement que la flore digestive du bébé se modifie dès l’administration du premier complément de PPN : rien qu’après un complément unique de lait artificiel, la flore met au moins 2 semaines à redevenir superposable à celle d’un bébé qui a toujours été exclusivement allaité. Il existe un effet dose : l’effet sur le microbiote sera d’autant plus marqué que les compléments de lait artificiel sont fréquents et en volume important. L’utilisation de lait 1er âge classique ou de lait de vache UHT non transformé en petites quantités pose également des questions de conservation du contenant : une boîte de poudre se garde seulement 3 ou 4 semaines après ouverture, la bouteille de lait UHT seulement quelques jours au frigo. De plus, la tentation pour les parents de donner de plus grandes quantités un soir de doute ou de fatigue peut s’avérer une pente savonneuse vers la diminution des tétées et un sevrage plus précipité que voulu.
Il faut des études solides pour bouleverser des pratiques étayées et validées. À ce jour, de tels conseils ne reposent que sur la validité interne d’un raisonnement ; il n’existe pas d’études prouvant que l’exposition régulière et ininterrompue du bébé à de petites quantités de lait 1er âge classique ou de lait de vache stérilisé UHT, diminue le risque d'APLV ultérieurement, sans impact négatif sur l’allaitement.