• ENCOURAGEZ-NOUS !

    Les animatrices donnent bénévolement de leur temps et de leurs compétences pour répondre aux questions que se posent les mamans qui allaitent et accompagner celles qui le souhaitent tout au long de leur allaitement : en réunion, par courriel et au téléphone... et sur le forum !
    Si vous appréciez notre travail, nous vous invitons à nous le faire savoir par quelques mots d'encouragement à notre intention, et/ou par un don ou une cotisation - si ce n'est déjà fait - qui nous permettront de continuer à nous former pour toujours mieux répondre aux besoins des mamans qui choisissent d'allaiter.
    Rendez-vous sur le site LLL et choisissez le groupe 00-Forum pour soutenir l'équipe du forum LLL.

CamilleCLC

Colostrum
Bonjour à toutes,

J'avais déjà écrit quelques messages sur ce forum pour présenter ma situation et avoir des conseils et du soutien, aujourd'hui j'avais besoin de faire un point sur les faits.

Bébé est né grand prématuré, à 32 semaines, par césarienne, il est resté 45 jours en néonatalogie. Les premières semaines de sa vie il était nourri par sonde, j'avais acheté un tire lait et j'apportais mon lait à chaque visite. La naissance en urgence à été un choc, une souffrance terrible, une peur de chaque instant mais nous avons tenu bon. Au début, sous les conseils des sages femmes, je tirais mon lait toutes les 3/4 heures pour lui emmener, mais rapidement ca à été compliqué avec les visites, donc je le faisais 3 fois par jour, matin, midi et soir. Les quantités étaient variables mais toujours importantes, je remplissais des biberons bien au delà des besoins de bébé, le lait était donc placé au congélateur.

Quand bébé a été prêt à téter à l'hôpital, le personnel lui a donné son premier biberon. Nous avons été déçu papa et moi car nous n'étions pas présent. Très rapidement je lui ai proposé le sein et il a de suite su téter comme il fallait mais c'était épuisant pour lui, ce qui est normal chez un prématuré, tout est très fatiguant pour ces bébés là.

J'ai continué à tirer mon lait avec un tire lait électrique mais j'avais des crevasses. Malgré 4 tailles de téterelles et différents modes et puissances de tirages, rien n'y faisait, mes seins s'abîmaient mais tant pis, je continuais et la quantité était belle.

Puis nous sommes rentrés à la maison et à partir de ce jour là, presque plus de lait. J'avais récupéré les biberons congelés de la néonatalogie, mais au bout de 15 jours à peine, le stock à été écoulé. Mes seins étaient dans un état lamentable donc il était casi impossible d'y mettre bébé. Mais j'ai continué. Je faisais à peine 200 par jour alors que bébé buvait 6 fois 120.

Je suis allée voir une conseillère qui m'a dit de tirer toutes les 3h minimum, nuit incluse, j'ai eu toutes les tisanes possibles, du fenugrec, des gélules à tout va de tous les "traitements" possibles pour booster la production, des aliments et boissons galactogènes...

Je me suis ruinée en produits, j'ai acheté d'autres tire lait, au total j'ai eu 4 tire lait différents, donc Medela et Mom Cosy, qui sont quand même des tire lait réputés ayant chacun 3 à 4 tailles de téterelles différents et de nombreux modes de tirage différents. Tous m'ont soit fait des crevasses, soit des bleus, j'en ai saigné, j'en ai perdu des morceaux de chair, et je n'exagère pas. Mais j'ai continué encore et encore. J'ai exprimé mon lait à la main, j'ai fait du peau à peau, j'ai mis bébé au sein, j'ai TOUT fait. J'ai fait des journées "OFF" pour essayer de voir... J'ai tiré toutes les heures, toutes les 3 heures, j'ai mis le réveil la nuit, j'ai fait le power pumping, j'ai regardé des vidéos et photos de bébé...

Bref, aujourd'hui je produis entre 100 et 200 par jour, en souffrant, en étant inconfortable. Ah oui bien sûr j'ai aussi des tonnes de crèmes, je fais des pansements de lait maternel et tout ce qui va avec. Je me repose, je mange équilibré, j'ai une vie saine.

Mon message ne demande plus d'astuces, ni de conseils ou de soutien. Juste un témoignage. Je n'ai pas arrêté et je n'arrive pas à arrêter, car c'est la seule chose qui me relie à ma grossesse, grossesse catastrophique, accouchement catastrophique, début de vie de bébé catastrophique. Je m'accroche, je m'épuise car je veux réussir quelque chose. Je ne le fais même plus pour bébé, pour les bienfaits, je le fais pour moi. Aujourd'hui bébé a 4 mois en âge réel et donc un peu plus de deux en âge corrigé, il va très bien il est très beau, il se développe bien.

Je n'ai pas arrêté car personne ne m'a dit de le faire. Personne ne m'a dit "laisse tomber, ce n'est pas grave tu as tout fait il faut arrêter maintenant, tu es épuisée tu as mal, bébé va bien, bravo, mais stop". Avec les professionnelles, sur les forum ou les réseaux, on ne voit que des gens qui ne lâchent pas, qui tiennent bon et qui réussissent.

Simplement, nulle part on n'entend que peut-être, tout simplement il existe des poitrines non adaptées au tire lait. Il existe des bébés, même accompagnés, qui n'arrivent pas à téter. Il existe des mamans qui n'ont simplement pas assez de lait. Je suis en colère. Je suis en colère de ne voir que des réussites et d'avoir cru que ça allait marcher alors que clairement ça ne marque pas pour moi alors que j'ai tout fait.

Aujourd'hui mes seins sont clairement des gants de toilette, des genre de raisins secs vidés de toute matière. Ils sont mous, ils semblent morts. A la limite tant pis, ça ne me complexe pas. Mon corps est ruiné par cette grossesse et bien tant pis, si besoin je pourrai le réparer. Mais mon allaitement lui, il est casi inexistant et je pense qu'il est tant d'apprendre aux mamans que peut-être, ça ne marche pas parfois.
 

Pangolin

Lactarium
Adhérent(e) LLLF
Bonjour @CamilleCLC,

Je sais que tu ne demandes ni soutien ni conseil, mais ce que moi je voudrais te dire c'est bravo! Bravo pour ce parcours de combattante, bravo d'être aux côtés de ton bébé depuis ses tous premiers instants et de t'être battue pour lui. Il a de la chance de t'avoir comme Maman.

Ensuite, je voudrais te dire, si tu as besoin qu'on te le dise, que tu as le droit d'arrêter d'allaiter. Tu as donné à ton bébé quand il était en néonat et qu'il en avait le plus besoin ce lait qui est si précieux pour les petits prématurés, tu as continué à lui en donner quand il est sorti de néonat. Tu mérites une médaille pour ce que tu as fait déjà, c'est magnifique de l'avoir fait et tu as le droit d'arrêter maintenant. Tu continueras à être une super Maman.

Bravo aussi d'avoir eu la force de témoigner. Si tu en ressens le besoin, n'hésite pas à en parler aussi à un professionnel de santé, ça pourrait te faire du bien de poser tout ça.
 
Dernière édition:

Cactus2002

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
Je lis une grande souffrance dans ton message.
Aujourd'hui les formules de lait sont d'excellente qualité. Elles ont été créées pour les mères qui ne peuvent pas ou ne veulent pas allaiter. Elles sont tout à fait adaptées à un bébé. En donner n'est pas un échec. Tu as fait énormément pour ton bébé. Prendre soin de toi en fait également partie et c'est ce dont tu as besoin actuellement. Et si cela passe par des formules artificielles c'est très bien. En plus tu as fait le plus important : lui donner du lait au moment où il était le plus fragile et avait besoin de tes anticorps.
 

Tatian@

Modératrice
Membre de l'équipe
Animatrice LLL
Pfiou, c'est dur ce que tu as vécu, ce que tu vis.....
En réunion je dis souvent qu'on fait toutes du mieux qu'on peut avec les ressources dont on dispose, que ces ressources soient physiques, psychiques, matérielles, émotionnelles....
Dans un roman d'Agnes Ledig j'ai lu cette phrase que j'aime beaucoup : "Je fais de mon mieux, avec les cartes de l'instant, dans le respect de moi-même, le reste appartient à la Vie".
Tu fais vraiment de ton mieux avec les cartes de l'instant :calin:
 

Masylasw

Lactarium
Adhérent(e) LLLF
Lire ton témoignage donne une bonne piqûre d’humilité…
Tu as raison de rappeler que l’allaitement peut-être compliqué, douloureux, frustrant, épuisant,…

Merci de remettre un peu de réalité dans mes visions parfois biaisées.

Je plussoie ce qui a été dit: tu fait preuve d’une détermination impressionnante.
Je te souhaite de trouver un équilibre qui te convienne entre tes souhaits et le possible du moment :calin:
 

CamilleCLC

Colostrum
Je vous remercie toute ma pour vos réponses et votre soutien.

Je voudrais revenir sur un point important, j'ai conscience que je peux arrêter. Que j'en ai le droit, ce que je voulais dire c'est que j'aurais aimé entendre ou lire que je "devais" le faire. J'aurais voulu trouver quelque part quelqu'un qui dirait que oui, certaines femmes ne peuvent pas allaiter ou tirer leur lait. J'ai eu le sentiment que c'était impossible de ne pas réussir, d'où mon acharnement, et ça je le reproche à la société et aux professionnelles que j'ai pu rencontrer ou avec qui j'ai pu échanger. Je suis, sans être une experte, intimement convaincue que certains corps ne sont pas capables d'allaiter et il est temps de le dire. Et ce n'est pas grave.

Je n'ai aucune culpabilité, je sais que ce n'est pas ma faute, je sais que j'ai tout fait, j'ai cette chance d'ailleurs de ne pas porter de sentiments négatifs à mon égard. Mon corps n'y arrive pas, tant pis, mais j'aurais voulu qu'on me stoppe plutôt que me faire croire que ça pouvait revenir.

Je sais également que le lait artificiel est très bon pour bébé et je n'ai aucun soucis avec ça. Le plus important est qu'il aille bien. Je rêvais juste de le voir téter et de remplir des biberons grâce à mes seins remplis de lait 😁

J'espère, en toute humilité, que des personnes dans une situation similaire à la mienne, tomberont sur ce message et se diront que oui, ça arrive que ça ne fonctionne pas, oui c'est possible de ne plus avoir de lait, et qu'il y a 10 000 autres façons de faire du bien à son bébé. C'est dur de faire le deuil mais ce n'est pas grave. C'est très dur oui, c'est une déchirure, une déception, mais on ne peut pas demander à une personne muette de nous réciter une poésie. Alors on ne peut pas demander à un corps "handicapé de l'allaitement" d'allaiter un bébé. C'est injuste surtout quand on a idéalisé les choses mais il faut parfois ne pas idéaliser, au moins on ne se blesse pas.

Souvent j'entendais des femmes enceintes dire "j'aimerais allaiter mon bébé" "si je peux je vais allaiter" et à chaque fois je me disais "bah oui tu vas allaiter pourquoi ça ne marcherait pas?". Maintenant je ne pense plus rien. Je me dis que les choses seront, pour elles et leur bébé, comme elles seront et je ne me permets plus de penser que si ça ne marche pas c'est qu'elles n'en n'avaient pas vraiment envie...
 

cerise

Modératrice
Adhérent(e) LLLF
Ça arrive que ça ne fonctionne pas.
Mais c'est pas parce que ton corps ne le peut pas.
C'est pas "la faute de ton corps" ni "la faute de ton bébé" ni... C'est la faute à un ensemble de circonstances, qui ont fait que c'était tellement compliqué que c'en est presque impossible.

Ce que je veux dire, c'est que si tu as un autre enfant, tu auras le même corps mais peut-être que les circonstances seront bien différentes et que ça marchera... Ou pas... On ne sait pas à l'avance...

Aujourd'hui, les circonstances, l'ensemble des circonstances, ont fait que l'allaitement est un chemin de croix pour toi, et que dans ces conditions arrêter sera une libération pour toi. Autorise-toi à le faire.
 

Astraz

Fontaine de lait
Adhérent(e) LLLF
un corps "handicapé de l'allaitement"

si ça ne marche pas c'est qu'elles n'en n'avaient pas vraiment envie...
Je pense qu'il y a un monde entre ces deux citations. Et je pense aussi qu'aucun corps n'est incapable d'allaiter (sauf cas très particuliers). Par contre il y a tout un tas de raisons pour qu'un allaitement ne réussisse pas. Ta situation est bien particulière : bébé grand prématuré pour commencer. Le tire-lait est une machine et ne convient pas à toutes les femmes, ça, c'est clair. Et dans une situation normale, il n'a pas à intervenir. C'est quand un allaitement en dépend qu'il y a un risque d'échec supplémentaire.
Tu as fait tout ce que tu as pu et ça n'a pas marché, ça arrive. On voit ici des mamans qui suivent tout les conseils parfaitement, qui se donnent à fond et qui perdent leur allaitement quand même, sans qu'on sache pourquoi chez elles ça ne marche pas.
Je laisse ce message parce que j'avais aussi envie de te dire que si c'est fichu pour cet allaitement, ça ne l'ai pas forcément pour un autre. Les glandes mammaires se développent d'une grossesse à l'autre, les conditions pourront être plus favorable et tu pourrais avoir un beau deuxième allaitement (si c'est ce que tu souhaites). Ne ferme pas la porte parce que tu te crois handicapée de l'allaitement.
 

Pangolin

Lactarium
Adhérent(e) LLLF
@CamilleCLC tu parles de ton allaitement comme d'un échec, avec des mots qui me semblent très durs (corps handicapé de l'allaitement). C'est ton ressenti, et on le respecte. On comprend que ce n'est pas l'allaitement dont tu rêvais, et on en est désolées pour toi.

Pour autant, ton corps a nourri pendant 45 jours de néonat un petit bébé qui en avait besoin. Malgré la fatigue et la douleur, malgré le traumatisme de la grossesse et de l'accouchement, malgré ce tire-lait infernal qui ne lui convenait pas. (Il y a des corps à qui les tire-lait ne conviennent pas, et des mamans qui n'arrivent jamais à tirer). En fait ton corps a assuré grave, au moment où c'était le plus important.

Personne ne t'a dit que tu "devais" arrêter, parce que c'est ton corps et que tu fais ce que tu veux avec. De la même façon que personne d'autre que toi ne peut décider si ton allaitement est une magnifique réussite qui a permis à ton bébé de grandir et de sortir de néonat dans les meilleures conditions possibles, si c'est juste une expérience douloureuse ou décevante que tu souhaites laisser derrière toi le plus vite possible, ou si c'est un "échec" parce que ce n'était pas l'allaitement dont tu rêvais.
 

CamilleCLC

Colostrum
Je pense qu'il y a un monde entre ces deux citations. Et je pense aussi qu'aucun corps n'est incapable d'allaiter (sauf cas très particuliers). Par contre il y a tout un tas de raisons pour qu'un allaitement ne réussisse pas. Ta situation est bien particulière : bébé grand prématuré pour commencer. Le tire-lait est une machine et ne convient pas à toutes les femmes, ça, c'est clair. Et dans une situation normale, il n'a pas à intervenir. C'est quand un allaitement en dépend qu'il y a un risque d'échec supplémentaire.
Tu as fait tout ce que tu as pu et ça n'a pas marché, ça arrive. On voit ici des mamans qui suivent tout les conseils parfaitement, qui se donnent à fond et qui perdent leur allaitement quand même, sans qu'on sache pourquoi chez elles ça ne marche pas.
Je laisse ce message parce que j'avais aussi envie de te dire que si c'est fichu pour cet allaitement, ça ne l'ai pas forcément pour un autre. Les glandes mammaires se développent d'une grossesse à l'autre, les conditions pourront être plus favorable et tu pourrais avoir un beau deuxième allaitement (si c'est ce que tu souhaites). Ne ferme pas la porte parce que tu te crois handicapée de l'allaitement.
Oui je me suis mal exprimée. Un corps handicapé pour cet allaitement. J'ai allaité mon aîné sans aucun soucis et j'ai arrêté mon allaitement quand c'était le momét sàs aucun soucis non plus. Et en effet je ne désespère pas, si nous mettons en place notre projet de troisième enfant, de pouvoir l'allaiter 😊
 

CamilleCLC

Colostrum
@CamilleCLC tu parles de ton allaitement comme d'un échec, avec des mots qui me semblent très durs (corps handicapé de l'allaitement). C'est ton ressenti, et on le respecte. On comprend que ce n'est pas l'allaitement dont tu rêvais, et on en est désolées pour toi.

Pour autant, ton corps a nourri pendant 45 jours de néonat un petit bébé qui en avait besoin. Malgré la fatigue et la douleur, malgré le traumatisme de la grossesse et de l'accouchement, malgré ce tire-lait infernal qui ne lui convenait pas. (Il y a des corps à qui les tire-lait ne conviennent pas, et des mamans qui n'arrivent jamais à tirer). En fait ton corps a assuré grave, au moment où c'était le plus important.

Personne ne t'a dit que tu "devais" arrêter, parce que c'est ton corps et que tu fais ce que tu veux avec. De la même façon que personne d'autre que toi ne peut décider si ton allaitement est une magnifique réussite qui a permis à ton bébé de grandir et de sortir de néonat dans les meilleures conditions possibles, si c'est juste une expérience douloureuse ou décevante que tu souhaites laisser derrière toi le plus vite possible, ou si c'est un "échec" parce que ce n'était pas l'allaitement dont tu rêvais.
Je ne sais pas, ou en tout cas plus, ce que je souhaite, c'est assez confus. Je crois que j'en suis arrivée à un stade où j'ai juste envie de produire du lait pour dire que j'en suis capable. Et je pense donc que c'est en partie pour ça que je n'y arrive plus, car je me mets une pression de dingue. Mais je prends sur moi. C'est mon combat et je l'abandonnerai quand je serai prête ou quand je n'en pourrai plus 😊
 

LilyLia

Période de pointe
Un petit bonsoir,

Comme les autres l'ont dit, déjà un énorme bravo pour tout ce chemin parcouru. Tu as déjà fait énormément, et tiré autant que tu pouvais pour les premiers mois de vie de ton enfant, pour son bien en néonat', et j'ai envie de dire que c'est déjà magnifique et que tu l'as beaucoup aidé en faisant cela.
Tu as largement le droit de t'arrêter si tu t'en sens capable. Mais je comprends aussi le fait de vouloir continuer pour dire d'en être capable. C'est cette envie de continuer qui m'a permise de le faire, personnellement, malgré les difficultés. Plein de courage, en tous cas.


Pour ma part, mini témoignage si besoin…

Je n'ai pas pu "allaiter" directement au sein mon premier enfant (fente labio-palatine).
J'aurais pu ; même ma SF m'avait dit qu'elle me montrerait des positions (mais elle était enceinte en même temps que moi et a dû arrêter de travailler, j'ai été redirigée vers d'autres et on m'a simplement dit que ce ne serait pas possible de le mettre au sein, j'ai essayé mais… personne pour me montrer "en vrai" la position assise, etc.).
Et la spécialiste allaitement de la clinique avait voulu pincer mon sein pour me montrer je ne sais plus quoi, et ca m'a fait un mal de chien. J'en garde un très mauvais souvenir.

J'ai tout de même fait 8 mois de tire-allaitement et je suis passée par des phases où j'avais vraiment envie d'abandonner.

A la maternité, ils me donnaient des téterelles 22 qui passaient nickel mais c'était des trucs jetables forcément et la marque Medela ne faisait pas cette taille, donc j'ai dû avoir un ardo bellis. La "vendeuse" a mesuré 24 et 21 si je me souviens bien… j'ai tiré du sang. Littéralement. Les infirmières avaient en réalité mesuré la bonne taille, et pas la vendeuse "spécialisée".

3 mois d'engorgements, où mon mari a même dû m'aider pour drainer parce que j'hurlais de douleur et que je n'arrivais plus à le faire moi-même.
Ensuite, le côté qui produisait le plus a totalement stoppé. J'ai réussi à relancer un peu en alternant des cures de lécithine de soja puis de fenugrec (15 jours en alternance à peu près).
Vers la fin du tire-allaitement, la société qui me louait les tire-laits m'a dit "mais en fait, celui-ci n'aurait jamais dû vous être recommandé, vous auriez dû avoir un spectra" … bah trop tard. Je me demandais justement si les tire-laits étaient forcément adaptés à toutes les femmes.
Mais si jamais je dois reprendre un tire-allaitement, je ferai attention (certainement un spectra et encore, à voir si ca passe).

J'ai aussi stocké 7 litres de lait tiré au congélateur avant d'apprendre qu'il était rance et mon fils le refusait. Si seulement les conseillères en lactation m'avaient dit "surtout, testez votre lait en le congelant une fois avant de faire une trop grosse réserve"... tout jeter a été un crève-coeur mais les options proposées n'ont pas fonctionné. Les arômes, etc. ... le lait congelé par la suite a été chauffé du coup. Mais jeter tout ca... pwah. L'enfer.

Alors oui, l'allaitement n'est pas toujours un long fleuve tranquille, et personnellement le tire-allaitement m'a épuisée et cassée (et a épuisé mon mari aussi). Je ne sais même pas comment j'ai fait pour tirer aussi longtemps... Je crois que je suis têtue. xD Mais après 8 mois, je n'en pouvais vraiment, vraiment plus.

J'envie ces mamans qui vivent un allaitement merveilleux, j'espère que Bébé 2 pourra téter, j'ai peur des douleurs et de repartir dans le même schéma du tire-allaitement, même si je suis mieux "armée" maintenant grâce aux infos que j'ai pu avoir. Mais rien ne dit que cela fonctionnera.

Mais non, l'allaitement [enfin "tire-allaitement"], personnellement, je ne l'ai pas vraiment bien vécu. Alors je compatis ++++.

Je n'irais pas jusqu'à dire que des mamans ne peuvent pas allaiter, mais plutôt que les circonstances, le contexte, le manque de bons conseils, peut beaucoup jouer. Si ma marraine, dont la tante est animatrice LLL aux Pays-Bas, ne m'avait pas parlé de ce forum, je crois que j'aurais abandonné dès les premiers engorgements... Certes, ca n'a pas tout résolu et je ne garde pas un bon souvenir du tire-allaitement, mais j'ai réussi à donner mon lait et c'est le principal pour moi. <3
 

laeyll

Montée de lait
Bonjour @CamilleCLC ,

Hyper touchant ton témoignage, viscéral, même.
Tu dis ne pas vouloir de conseil et je me garderai bien de t'en donner vis à vis de l'allaitement mais je vais m'en permettre un vis à vis de la prématurité.
J'ai vécu ce que tu as vécu. Après une grossesse idyllique, ma crevette est née à 32 semaines, après deux semaines d'alitement suite à une rupture prématurée des membranes. Je me suis vue rentrer à la maison sans bébé. Puis je me suis vue rentrer avec un bébé handicapé. J'ai angoissé terriblement à chaque monitoring (3 par jour quand même...), attendu les résultats des prises de sang pour surveiller une potentielle infection la boule au ventre. J'ai serré littéralement les cuisses lorsque le travail s'est à nouveau déclenché. J'ai eu viscéralement mal au coeur lors des trois premiers jours où je n'ai pu faire de peau à peau avec ma fille à cause du cathéter. J'ai fait une crise d'angoisse à chaque trajet maison-hopital à cause de l'incertitude de l'état dans laquelle j'allais la retrouver. Je suis tombée dans les pommes quand, à l'interphone du service, ils nous ont dit d'attendre car ils ne pouvaient pas nous faire rentrer de suite, sans rien nous dire. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps quand elle a dû être traitée pour une jaunisse. On voyait déjà plus beaucoup son voyage à cause des branchements, y avait pas besoin de rajouter le masque sur les yeux.
Comme toi, je suis descendue très loin au fond de moi car l'allaitement, c'est tout ce qu'il me restait. Les 12 000 affiches en néonatalogie qui vantent l'allaitement n'ont pas aidé ma culpabilité. Comme toi, je me suis réveillée en pleine nuit pour faire face à une machine. Comme toi, je n'ai pas pu tirer de lait pendant les visites. Les aller retour quotidiens ont eu un impact sur moi et mon corps vient me le rappeler maintenant, trois mois après. Je n'ai pas pu vivre mon mois d'or, allongée pour me remettre de l'accouchement à câliner mon bébé. A la place, j'ai couru derrière les bus et les métros, j'ai transporté ma glacière avec mon lait fièrement arraché, je suis restée assise des heures sur des chaises inconfortables pour être près de ma fille.

Je déverse tout ça pour t'enjoindre, si ce n'est déjà fait, à consulter un.e psychologue. La prématurité, la néonatalogie, ça laisse des traces, ça peut même déclencher un syndrome post traumatique. C'est extrêmement traumatisant. Encore aujourd'hui, je pleure quand je pense à toutes ses nuits qu'elle a passées seule dans son berceau en plastique, loin de moi et j'ai de vraies absences dans ma mémoire de toute cette période.
Tes mots me renvoient cette souffrance, cette impuissance, cette colère -putain mais pourquoi mon bébé, pourquoi moi ???. Pourquoi elle est née en avance, pourquoi j'ai pas su la garder, pourquoi j'arrive pas à sortir du lait ???

Beaucoup de gens me félicitent de notre parcours et je ne me rendais pas forcément compte de ce que nous avions vécu (je suis même en train de faire de nouvelles réalisations en écrivant tout ce pavé !).

Tu es une rescapée, ma sœur ❤️. Autorise toi à te reconnaître comme telle, guéris toi, soigne toi ❤️.
 

CamilleCLC

Colostrum
Un petit bonsoir,

Comme les autres l'ont dit, déjà un énorme bravo pour tout ce chemin parcouru. Tu as déjà fait énormément, et tiré autant que tu pouvais pour les premiers mois de vie de ton enfant, pour son bien en néonat', et j'ai envie de dire que c'est déjà magnifique et que tu l'as beaucoup aidé en faisant cela.
Tu as largement le droit de t'arrêter si tu t'en sens capable. Mais je comprends aussi le fait de vouloir continuer pour dire d'en être capable. C'est cette envie de continuer qui m'a permise de le faire, personnellement, malgré les difficultés. Plein de courage, en tous cas.


Pour ma part, mini témoignage si besoin…

Je n'ai pas pu "allaiter" directement au sein mon premier enfant (fente labio-palatine).
J'aurais pu ; même ma SF m'avait dit qu'elle me montrerait des positions (mais elle était enceinte en même temps que moi et a dû arrêter de travailler, j'ai été redirigée vers d'autres et on m'a simplement dit que ce ne serait pas possible de le mettre au sein, j'ai essayé mais… personne pour me montrer "en vrai" la position assise, etc.).
Et la spécialiste allaitement de la clinique avait voulu pincer mon sein pour me montrer je ne sais plus quoi, et ca m'a fait un mal de chien. J'en garde un très mauvais souvenir.

J'ai tout de même fait 8 mois de tire-allaitement et je suis passée par des phases où j'avais vraiment envie d'abandonner.

A la maternité, ils me donnaient des téterelles 22 qui passaient nickel mais c'était des trucs jetables forcément et la marque Medela ne faisait pas cette taille, donc j'ai dû avoir un ardo bellis. La "vendeuse" a mesuré 24 et 21 si je me souviens bien… j'ai tiré du sang. Littéralement. Les infirmières avaient en réalité mesuré la bonne taille, et pas la vendeuse "spécialisée".

3 mois d'engorgements, où mon mari a même dû m'aider pour drainer parce que j'hurlais de douleur et que je n'arrivais plus à le faire moi-même.
Ensuite, le côté qui produisait le plus a totalement stoppé. J'ai réussi à relancer un peu en alternant des cures de lécithine de soja puis de fenugrec (15 jours en alternance à peu près).
Vers la fin du tire-allaitement, la société qui me louait les tire-laits m'a dit "mais en fait, celui-ci n'aurait jamais dû vous être recommandé, vous auriez dû avoir un spectra" … bah trop tard. Je me demandais justement si les tire-laits étaient forcément adaptés à toutes les femmes.
Mais si jamais je dois reprendre un tire-allaitement, je ferai attention (certainement un spectra et encore, à voir si ca passe).

J'ai aussi stocké 7 litres de lait tiré au congélateur avant d'apprendre qu'il était rance et mon fils le refusait. Si seulement les conseillères en lactation m'avaient dit "surtout, testez votre lait en le congelant une fois avant de faire une trop grosse réserve"... tout jeter a été un crève-coeur mais les options proposées n'ont pas fonctionné. Les arômes, etc. ... le lait congelé par la suite a été chauffé du coup. Mais jeter tout ca... pwah. L'enfer.

Alors oui, l'allaitement n'est pas toujours un long fleuve tranquille, et personnellement le tire-allaitement m'a épuisée et cassée (et a épuisé mon mari aussi). Je ne sais même pas comment j'ai fait pour tirer aussi longtemps... Je crois que je suis têtue. xD Mais après 8 mois, je n'en pouvais vraiment, vraiment plus.

J'envie ces mamans qui vivent un allaitement merveilleux, j'espère que Bébé 2 pourra téter, j'ai peur des douleurs et de repartir dans le même schéma du tire-allaitement, même si je suis mieux "armée" maintenant grâce aux infos que j'ai pu avoir. Mais rien ne dit que cela fonctionnera.

Mais non, l'allaitement [enfin "tire-allaitement"], personnellement, je ne l'ai pas vraiment bien vécu. Alors je compatis ++++.

Je n'irais pas jusqu'à dire que des mamans ne peuvent pas allaiter, mais plutôt que les circonstances, le contexte, le manque de bons conseils, peut beaucoup jouer. Si ma marraine, dont la tante est animatrice LLL aux Pays-Bas, ne m'avait pas parlé de ce forum, je crois que j'aurais abandonné dès les premiers engorgements... Certes, ca n'a pas tout résolu et je ne garde pas un bon souvenir du tire-allaitement, mais j'ai réussi à donner mon lait et c'est le principal pour moi. <3
Bonjour,

Désolée je vois ton message tardivement. Merci pour ce témoignage, ça me "rassure" de lire des mamans qui ont elles aussi rencontré de grosses difficultés.

Tu soulignes un point capital, L'ACCOMPAGNEMENT. J'ai entendu une fois : quand on passe le permis, on ne nous donne pas une voiture en nous disant de nous débrouiller avec, on nous apprend comment faire. Et bien pour le tire lait c'est pareil. Il est indispensable qu'on nous apprenne à nous en servir correctement. Et comme toi, j'ai été très mal accompagnée, voire pas du tout. Personne n'a pris le temps de regarder mes 4 tire lait, ni la position de bébé, ni ma façon de tirer mon lait, ni de regarder ma poitrine... on m'a juste dit de faire comme ci ou comme ça...

Je suis aussi têtue que toi (les 2 tire lait en action en ce moment même) mais moins de jour en jour. Disons que là je maintiens un petit cycle, pour dire, car je ne suis pas prête à faire le deuil, mais c'est vrai que ça me coûte.

En tout cas merci à toi de mettre également des mots sur les choses et d'oser dire que ça ne marche pas pour toutes les femmes. Je ne dirai pas à celles qui rencontrent des difficultés d'abandonner, mais de se faire accompagner, physiquement, et de ne pas hésiter à arrêter si ca leur coûte trop, car je pense que quand le mental s'en mêle trop, il est déjà trop tard...
 

CamilleCLC

Colostrum
Bonjour @CamilleCLC ,

Hyper touchant ton témoignage, viscéral, même.
Tu dis ne pas vouloir de conseil et je me garderai bien de t'en donner vis à vis de l'allaitement mais je vais m'en permettre un vis à vis de la prématurité.
J'ai vécu ce que tu as vécu. Après une grossesse idyllique, ma crevette est née à 32 semaines, après deux semaines d'alitement suite à une rupture prématurée des membranes. Je me suis vue rentrer à la maison sans bébé. Puis je me suis vue rentrer avec un bébé handicapé. J'ai angoissé terriblement à chaque monitoring (3 par jour quand même...), attendu les résultats des prises de sang pour surveiller une potentielle infection la boule au ventre. J'ai serré littéralement les cuisses lorsque le travail s'est à nouveau déclenché. J'ai eu viscéralement mal au coeur lors des trois premiers jours où je n'ai pu faire de peau à peau avec ma fille à cause du cathéter. J'ai fait une crise d'angoisse à chaque trajet maison-hopital à cause de l'incertitude de l'état dans laquelle j'allais la retrouver. Je suis tombée dans les pommes quand, à l'interphone du service, ils nous ont dit d'attendre car ils ne pouvaient pas nous faire rentrer de suite, sans rien nous dire. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps quand elle a dû être traitée pour une jaunisse. On voyait déjà plus beaucoup son voyage à cause des branchements, y avait pas besoin de rajouter le masque sur les yeux.
Comme toi, je suis descendue très loin au fond de moi car l'allaitement, c'est tout ce qu'il me restait. Les 12 000 affiches en néonatalogie qui vantent l'allaitement n'ont pas aidé ma culpabilité. Comme toi, je me suis réveillée en pleine nuit pour faire face à une machine. Comme toi, je n'ai pas pu tirer de lait pendant les visites. Les aller retour quotidiens ont eu un impact sur moi et mon corps vient me le rappeler maintenant, trois mois après. Je n'ai pas pu vivre mon mois d'or, allongée pour me remettre de l'accouchement à câliner mon bébé. A la place, j'ai couru derrière les bus et les métros, j'ai transporté ma glacière avec mon lait fièrement arraché, je suis restée assise des heures sur des chaises inconfortables pour être près de ma fille.

Je déverse tout ça pour t'enjoindre, si ce n'est déjà fait, à consulter un.e psychologue. La prématurité, la néonatalogie, ça laisse des traces, ça peut même déclencher un syndrome post traumatique. C'est extrêmement traumatisant. Encore aujourd'hui, je pleure quand je pense à toutes ses nuits qu'elle a passées seule dans son berceau en plastique, loin de moi et j'ai de vraies absences dans ma mémoire de toute cette période.
Tes mots me renvoient cette souffrance, cette impuissance, cette colère -putain mais pourquoi mon bébé, pourquoi moi ???. Pourquoi elle est née en avance, pourquoi j'ai pas su la garder, pourquoi j'arrive pas à sortir du lait ???

Beaucoup de gens me félicitent de notre parcours et je ne me rendais pas forcément compte de ce que nous avions vécu (je suis même en train de faire de nouvelles réalisations en écrivant tout ce pavé !).

Tu es une rescapée, ma sœur ❤️. Autorise toi à te reconnaître comme telle, guéris toi, soigne toi ❤️.
Bonjour

Je lis ton témoignage et il me prend aux tripes (pas très joli comme expression mais bon) car tu résumes si bien la prématurité mais surtout tu mets les mots qu'il faut : l'allaitement c'est tout ce qu'il reste. On s'accroche à ca pour garder le lien avec bébé. Je suis sortie de la maternité avec le presque même ventre que quand j'y suis entrée, mais il n'y avait plus de bébé dedans et pire encore, je n'avais pas bébé avec moi. J'avais peur qu'on me prenne pour une femme enceinte sans l'être et j'avais peur que les gens qui me connaissent de loin (la caissière, la pharmacienne...) se demandent où était mon bébé. Peur que bébé meurre à chaque instant, peur qu'il se sente abandonné quand on sortait de la néonat... alors oui, tirer mon lait me raccrochait à lui, il ne restait que ça.

Mais aujourd'hui, ma thérapeute m'aide beaucoup, bébé est là, il va bien, et j'ai quelque chose à quoi me raccrocher, ma réussite elle est là, sous mes yeux, et je n'ai "pas besoin" de me torturer le corps et l'esprit.

Alors oui les angoisses elles sont là, on doit vivre avec, il y a un réel traumatisme et peu de gens peuvent le comprendre. J'ai la chance d'avoir une super entourage mais malgré ça, personne ne comprend ni ne réalise ce qu'on a vécu. Je ne leur en veux pas, on ne peut pas comprendre si on n'est pas dedans. Mais tout ce que tu décris, les trajets, les glacières, les nuits d'angoisse... c'est tellement ça. Et je sais que si je m'acharne autant c'est aussi parce que j'ai peur de sombrer moi. Peur que tout le rattrape. Mais c'est presque reculer pour mieux sauter...
 
Haut