Statut osseux de mères gambienne ayant de faibles apports calciques
Replenishment of bone mineral post-lactation in Gambian women with low calcium intakes. Y Sawo et al. Breastfeed Med 2008 ; 3(1) : 72-3. Mots-clés : calcium, lactation, statut osseux, Gambie.
L’allaitement induit des modifications du métabolisme osseux, avec augmentation du catabolisme et légère baisse de la densité osseuse, cette dernière revenant à son niveau antérieur par la suite, pendant la lactation ou après le sevrage. Toutefois, la plupart des études sur le sujet ont été effectuées chez des femmes vivant dans les pays industrialisés, qui ont des apports calciques relativement importants.
En Gambie, les femmes vivant dans les régions rurales allaitent à la demande pendant environ 2 ans, alors que leurs apports calciques (300 à 400 mg/jour) sont beaucoup plus bas que les recommandations actuelles.
Le but de cette étude était de suivre le contenu minéral osseux au niveau de tout le corps, des vertèbres lombaires et de la hanche, chez des femmes gambiennes ayant sevré leur précédent enfant depuis au moins 3 mois, et non enceintes et non allaitantes, ainsi que chez des femmes allaitant un enfant d’environ 1 an.
L’étude a inclus 57 femmes âgées de 30 ± 8 ans, ayant de 1 à 11 enfants. Le contenu minéral osseux (CMO) a été mesuré par absorptiométrie à rayons X. On constatait une augmentation du CMO chez les femmes qui avaient sevré par rapport à celles qui allaitaient toujours, qui était de 1,6 ± 0,4% pour le CMO au niveau de tout le corps, de 3,1 ± 0,7% au niveau lombaire, et de 1,8 ± 1,2% au niveau du col du fémur. Cette augmentation de la CMO après le sevrage était partiellement corrélée à une augmentation du poids de la femme, le poids ayant un impact plus important au niveau de la hanche qu’au niveau des autres sites.
Cette étude montre que le contenu minéral osseux réaugmente en période post-lactationnelle, même chez des femmes qui ont des apports calciques très bas.
Changes in bone turnover and calciotropic hormones in lactating gambian women supplemented with calcium during pregnancy. Jarjou LMA et al. 13th
International Conference of the International Society for Research in Human Milk and Lactation. J Hum Lact 2007 ; 23(1) : 86-87. Mots-clés : grossesse, métabolisme osseux, supplémentation calcique, Gambie.
Les besoins en calcium augmentent chez la femme pendant la grossesse et
l’allaitement, et on observe à ces périodes des modification du métabolisme calcique pour répondre à cette demande accrue. Toutefois, l’essentiel des données actuelles sur le sujet provient d’études menées sur des femmes occidentales ayant des apports adéquats en calcium. On sait peu de choses sur ce qui se passe chez les femmes vivant dans un pays en voie de développement, et ayant des apports calciques bas. Les apports en calcium des femmes gambiennes sont d’environ 350 mg/jour, ce qui correspond à la quantité théoriquement nécessaire uniquement pour les besoins supplémentaires liés à la grossesse et à l’allaitement, ce qui est susceptible d’avoir un impact néfaste, à court et à long terme, sur la santé maternelle et infantile.
Les auteurs ont évalué le métabolisme du calcium chez 125 mères gambiennes incluses dans une étude prospective randomisée en double aveugle, destinée à rechercher l’impact de la prise quotidienne d’un supplément de 1500 mg de calcium versus un placebo, à partir de 20 semaines de grossesse et jusqu’à leur accouchement. Des échantillons de sang et d’urine ont été collectés chez toutes ces femmes à leur entrée dans l’étude, à 36 semaines de grossesse, et à 13 semaines post-partum.
Par rapport au taux constaté au début de l’étude, le taux urinaire de calcium était 59 ± 15% plus élevée à 36 semaines de gestation chez les femmes supplémentées, mais tous les autres paramètres mesurés étaient similaires dans les 2 groupes. A 13 semaines post-partum, on constatait des perturbations significatives de la régulation métabolisme calcique chez les femmes qui avaient été supplémentées : taux de PTH plus bas de 17 ± 9% dans ce groupe, taux de 1,25(OH)D plus bas de 9 ± 5%, taux d’ostéocalcine plus bas de 11 ± 7%, taux de phosphatases alcalines osseuses plus bas de 11 ± 6% ; le taux de calcitonine était plus élevé de 11 ± 6%, la calciurie était plus élevée de 32 ± 16%, la phosphaturie était plus élevée de 16 ± 8%, et le taux urinaire de déoxypyridinoline était plus élevé de 9 ± 7%.
La supplémentation en calcium de femmes enceintes qui sont habituées à avoir de faibles apports calciques est susceptible de perturber la régulation du métabolisme calcique d’une façon néfaste. Les auteurs prévoient d’étudier les implications à long terme de leurs constatations pour la santé osseuse des femmes.
Impact d’une supplémentation en calcium chez des mères gambiennes
Randomized, placebo-controlled, calcium supplementation study in pregnant Gambian women : effects on breast-milk calcium concentrations and infant birth weight, growth, and bone mineral accretion in the first year of life. LMA Jarjou, A Prentice, Y Sawo et al. Am J Clin Nutr 2006 ; 83(3) : 657-66. Mots-clés : calcium, grossesse, lait humain, densité osseuse, croissance infantile, Gambie.
La croissance et la minéralisation osseuse des bébés gambiens sont moins bonnes que celles constatées chez les bébés des pays occidentaux. Les apports calciques des femmes gambiennes sont faibles, habituellement compris entre 300 et 400 mg/jour, et leur taux lacté de calcium est plus bas ; leurs enfants absorbent donc moins de calcium. La prise par ces femmes de suppléments de calcium pourrait augmenter leur taux lacté de calcium, et donc les apports calciques de leurs enfants. Le but de cette étude était de voir dans quelle mesure une supplémentation calcique des mères pendant la grossesse avait un impact sur le taux lacté de calcium, et sur la croissance et la minéralisation osseuse des enfants.
Pour cette étude randomisée en double aveugle, 125 femmes ont été incluses. Elles ont été réparties par tirage au sort pour recevoir soit un supplément de 1500 mg/jour de calcium sous forme de carbonate de calcium, soit un placebo, à partir de la 20ème semaine de grossesse et jusqu’à leur accouchement. Le poids et la taille de l’enfant ont été notés. Des échantillons de lait ont été collectés. Des données anthropométriques ont été obtenues chez les enfants à 2, 13 et 52 semaines post-partum, et leur densité osseuse a été mesurée aux mêmes âges par absorptiométrie photonique et par absorptiométrie à rayons X biphotonique.
La compliance a été élevée. Il n’existait aucune différence entre les 2 groupes pour ce qui était du taux lacté de calcium, du poids de naissance de l’enfant, de sa croissance pendant la première année de vie, ou de sa densité osseuse à un quelconque moment du suivi. Le contenu minéral osseux total a même augmenté un peu moins vite chez les enfants du groupe supplémenté que chez les enfants du groupe témoin.
Les auteurs concluent que l’instauration d’une supplémentation calcique pendant la grossesse chez ces mères qui ont traditionnellement des apports calciques très bas ne présente strictement aucun avantage, que ce soit sur le taux lacté de calcium ou sur les divers paramètres de la croissance de l’enfant pendant sa première année.