Quel traitement ?
Il est important de commencer le traitement dès l'apparition des premiers symptômes, généralement apparition d'une plaque rouge et douloureuse sur le sein, avec sensation de malaise général. Il sera donc utile que toute mère connaisse ces signes et que vous lui expliquiez que faire dans ce cas.
Allaiter fréquemment du côté atteint
C'est un facteur capital du traitement. Le fait de drainer le sein est essentiel pour éviter les complications. La mère devra être encouragée à mettre son bébé au sein toutes les deux heures dans la journée et au moins une fois la nuit, jusqu'à disparition des symptômes.
Le sein étant douloureux, vous pouvez conseiller à la mère de commencer la tétée par le sein non atteint. Une fois le réflexe d'éjection déclenché, elle changera le bébé de sein. Le lait coulera facilement et le bébé n'a pas besoin de téter aussi vigoureusement. Il sera aussi utile de varier les positions d'allaitement. Le fait que le bébé pose ses gencives à des endroits différents du sein aidera à déboucher un canal lactifère bouché. Cela pourra aussi rendre la tétée moins douloureuse.
Il sera essentiel de s'assurer que le bébé est bien mis au sein et qu'il tète efficacement, tant pour la guérison de la mastite en cours que pour la prévention de récidives. Revoir avec la mère la technique de mise au sein, et comment elle peut s'assurer que son bébé tète efficacement.
Se reposer
La mère devra être encouragée à se reposer jusqu'à la fin de l'épisode de mastite. C'est là aussi une part importante du traitement. Cette mère pourra avoir besoin de reconsidérer ses priorités par rapport à ses diverses activités. L'idéal est que la mère puisse s'installer au lit avec son bébé pendant un ou deux jours, en ne faisant rien d'autre qu'allaiter. Ensuite, il est souhaitable qu'elle continue à se reposer davantage pendant encore quelques jours afin d'éviter une rechute. Si c'est impossible, vous pourrez lui suggérer de prendre au moins le temps de s'allonger quelques heures dans la journée.
Massages et applications
La mère pourra masser délicatement la zone atteinte avec toute la main. Elle pourra faire des applications froides ou chaudes (en fonction du soulagement ressenti), voire alterner les deux. L'application de chaleur pendant quelques minutes, suivie d'un massage même doux juste avant de mettre le bébé au sein pourra apporter un soulagement apprécié. Si la douleur rend le massage très doux très pénible, il est possible d'exercer un « massage doux » par le simple fait d'effectuer quelques mouvements de circumduction de l'épaule côté atteint.
Eviter la pression sur les seins
Il sera utile de ne pas porter de soutien-gorge pendant quelques jours. Si la mère trouve cela inconfortable, vous pouvez lui suggérer d'utiliser un soutien-gorge de taille supérieure et d'éviter d'en porter un pendant la nuit. La mère devra reconsidérer l'adaptation des soutien-gorge qu'elle porte habituellement, ainsi que l'usage de coupelles ou boucliers. Proscrire les vêtements trop serrés. Porter le bébé de préférence avec un porte-bébé pouvant être mis sur le dos.
Traitement médicamenteux
Dans la plupart des cas, si le traitement est commencé précocement, les mesures ci-dessus suffiront à entraîner une disparition ou une amélioration franche des symptômes en 24 à 48 heures. Si aucune amélioration quant à la fièvre et aux signes généraux ne se manifeste au bout de 24 heures (voire plus rapidement si la mère présente un ou plusieurs des signes d'alertes décrits au début de cet article), vous pourrez souhaiter lui prescrire en outre un traitement médicamenteux : antibiotiques, antalgiques ...
Les tétées fréquentes et le repos restent cependant une part essentielle du traitement. Selon le Dr Lawrence, les classiquement utilisés sont les pénicillines M (Bristopen°, Orbénine°), ou l'amoxicilline (Clamoxyl°, Agram°), don-nées pendant dix jours, pour prévenir les récidives. En cas d'étiologie streptococcique, on préférera la pénicilline G (Oracilline°). Après un mois post-partum, et/ou devant une mastite non compliquée, la pénicilline G, l'ampicilline (Totapen°, Penicilline°) ou l'érythromycine (Ery 500°, Propiocine 500°) peuvent être utilisées en première intention.
Il faut cependant noter qu’actuellement les souches bactériennes pouvant être responsables de la mastite sont de plus en plus souvent résistantes aux antibiotiques. La plupart des auteurs recommandent donc, en cas de traitement antibiotique, l’utilisation d’une pénicilline résistante à la pénicillase.